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Chapitre 2 - De l’autre côté

  D’abord, rien.

  Pas un bruit. Pas une couleur. Pas même un souffle intérieur.

  Puis… une sensation.

  Minuscule.

  Comme un courant tiède sous la peau. Un picotement, presque agréable, presque vivant.

  Il rouvrit les yeux.

  Et tout était là.

  Pas lentement, pas progressivement - tout, d’un coup.

  L’air, la lumière, la matière. Le monde s’écrasa sur lui comme une évidence brutale.

  Eli se retrouva allongé sur un sol qu’il ne reconnaissait pas, mais qu’il sentait. Un sol légèrement humide, couvert d’un tapis d’herbe froide.

  Il tendit la main, effleura une feuille tombée. Elle craqua sous ses doigts. Trop réelle.

  Un bruit d’oiseaux éclata dans le ciel. Trois cris, répétés à l’envers, dans une boucle imparfaite.

  Il cligna des yeux plusieurs fois.

  Le ciel était… vert pale. Pas par effet artistique. Plut?t comme une erreur mal corrigée.

  Les nuages se formaient, puis se dissipaient trop vite, comme si le système n’arrivait pas à suivre.

  Il se redressa lentement, les mains tremblantes. Son c?ur battait dans ses oreilles, trop fort, trop précis.

  “C’est pas normal.”

  La phrase sortit toute seule.

  Il scruta les environs.

  Une forêt immense l’entourait, mais elle n’avait rien de naturel. Les troncs étaient trop lisses. Les branches, parfaitement réparties. Pas une feuille ne tombait sans raison.

  Tout semblait calibré. Parfait. Trop parfait. Et c’est ce qui le dérangeait.

  Pas de menu. Pas de HUD.

  Aucune option, aucun radar, pas même une jauge de vie ou un indicateur de carte.

  Il se leva. L’équilibre était bon, trop bon. Comme si son corps s’était adapté à un nouveau référentiel physique.

  Ses pas ne produisaient aucun son. Juste un léger affaissement du sol, comme si ce monde acceptait son poids à contrec?ur.

  Et puis, la voix revint.

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  “Sujet 1 stabilisé.”

  “Rythme cardiaque contr?lé. Intégrité corporelle : 98 %.”

  “Migration cognitive : phase une terminée.”

  Elle n’émanait pas d’un endroit. Elle était là, dans l’air, dans son crane, dans la matière.

  Elle parlait de lui, sans lui parler.

  Comme une machine lisant un dossier sans voir la personne derrière.

  


      
  • Hé. Je suis là. Je t’entends, merde.


  •   


  Pas de réponse.

  Il leva les bras, fit un geste connu, une commande gestuelle de Project Ascension. Rien.

  


      
  • Menu. Carte. Inventaire. Quitter.


  •   


  Rien. Le vide.

  Il tenta de décrocher le casque, par réflexe.

  Sa main rencontra son front nu.

  Plus de casque.

  Le vertige le frappa d’un coup.

  Il ferma les yeux, respira lentement. Une, deux, trois fois.

  “Analyse comportementale : en cours.”

  “Réaction à l’instabilité : stable.”

  “Compatibilité CORE : en observation.”

  Il se tut.

  La forêt s’étendait à perte de vue.

  Pas de point d’intérêt. Pas de chemin tracé.

  Mais, au loin, une brume. épaisse. Vivante.

  Elle pulsait. Elle l’appelait.

  Pas avec des mots.

  Avec une impression.

  Il s’y dirigea.

  Il ne savait pas combien de temps il avait marché.

  Peut-être quelques minutes. Peut-être des heures. Le ciel n’avait pas bougé.

  La lumière était toujours la même, uniforme, sans origine.

  Le décor changeait par petites touches : une racine qui n’était pas là avant, un tronc plus épais, une odeur différente.

  Et soudain, une silhouette.

  Debout, à quelques mètres.

  Pas d’ic?ne. Pas de pseudo. Pas d’effet visuel.

  Une femme. Ou une forme féminine.

  Elle le regardait.

  Il hésita.

  


      
  • T’es un PNJ ? Une joueuse ?


  •   


  Elle ne répondit pas.

  Mais s’approcha d’un pas.

  


      
  • Tu viens d’arriver, toi aussi ? dit-elle d’une voix neutre, presque lasse.


  •   


  


      
  • Ouais. Enfin… je crois.


  •   


  Elle le fixa un instant.

  


      
  • Alors fais pas comme les autres. Cours pas trop vite. Ici… tout n’est pas encore fixé.


  •   


  Et sans un mot de plus, elle tourna les talons.

  Avan?a dans la forêt.

  Et disparut.

  Là où elle était, l’espace vibrait encore.

  Un frisson remonta le long de la nuque d’Eli.

  Puis, une pulsation dans le ciel.

  L’air changea. Devint plus dense. Plus froid.

  Et une fenêtre s’ouvrit.

  Pas sur son écran.

  Devant lui. Flottante. Gravée dans l’air comme une balafre de lumière :

  [Quête re?ue : Retrouver ce que vous n’avez jamais perdu]

  Récompense : Connexion renforcée

  échec : Fragmentation initiale

  Il tendit la main. Toucha le message. Rien.

  Pas d’acceptation. Pas de retour.

  C’était là. C’était lui.

  Le message ne demandait pas son avis.

  Il regarda autour.

  Tout était silencieux.

  Et quelque part, dans le sol… une vibration. Rythmée.

  Comme un battement.

  Pas le sien.

  Il inspira lentement. Expira.

  Et marcha.

  Pas par curiosité.

  Pas par courage.

  Mais parce que rester immobile semblait encore pire.

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