Cinq ans plus t?t
Au nord du pays d’Hinokuni, non loin de la frontière avec le pays voisin, des familles de fermiers s'étaient installées dans les nombreuses vallées de la cha?ne de montagnes séparant les deux pays pour profiter de la terre fertile, à l’écart des guerres. Regroupées en hameaux, il y avait au loin une maison isolée de toutes, cachée à travers les prairies. Alors que la pleine lune éclairait les creux de la montagne, deux petits yeux brillaient vers le ciel, perchés sur les tuiles de sa maison. Tsukinoko admirait la voie lactée, perdue dans ses pensées.
Elle avait de longs cheveux noirs et de petites cernes, hérités de son père, et des yeux de couleur améthyste, hérités de sa mère, accompagnés d’un petit nez retroussé qui siégeait fièrement au milieu de sa figure. Elle portait son pyjama bleu pale, pieds nus après être sortie discrètement par la fenêtre de sa chambre, malgré la fra?cheur de l’automne.
Depuis sa naissance, Tsukinoko vivait dans le hameau, seule avec ses parents. Elle ne sortait jamais du fond de la vallée, ne voyait jamais ce qui se cachait de l'autre c?té des crêtes rocheuses, ni ne conna?trait Hanamura, la capitale. Une solitude qui lui pesait de plus en plus, comme dans une prison, coupée du monde, depuis sept longues années.
Hanamura, ses parents y avaient vécu toute leur vie puis étaient partis pour s'installer ici, quelques mois après sa naissance.
Pourtant, d’après son père, les dirigeants du village en avaient après eux, ils avaient été forcés de s'exiler dans la vallée. Elle pensait souvent à ce Village, dont lui parlait seulement sa mère au coucher ; un havre de joie, un endroit merveilleux.
Avant de se coucher ce soir, sa mère lui avait raconté une énième anecdote sur son enfance au sein de son clan dans le Village, le clan Anba, parmi les nombreux qui composaient le Village. Finalement, sa mère lui avoua que ce Village n’était qu’à quelques longues heures de marche d’ici.
Tsukinoko ne savait plus qui croire, mais une chose était s?re, elle voulait en voir plus, plus que cette maison, plus que cette vallée et ses parcelles, ses champs de fleurs et sa sombre forêt, voir plus loin que le sommet des montagnes. Convaincue qu'elle arriverait à atteindre le village sans se faire repérer, son père posa une couverture chaude sur ses épaules.
- Tu me racontes une histoire avant d’aller dormir ? changea-t-elle de sujet en s’allongeant sur ses genoux. Allez !
- Soit. Connais-tu la signification derrière ton prénom ? Tsuki-no-ko... articula-t-il lentement. Cela signifie ? L'enfant de la Lune ?. Ce f?t moi qui l'eu choisi-
- C'est pas une histoire ?a, je le sais déjà Papa .
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- Ce n’est pas tout, dit-il en lui caressant les cheveux, tu es assez grande pour comprendre maintenant...
Il inspira un grand coup avant de reprendre.
- Ce monde est meurtri par les guerres, les gens sont aveuglés par la haine, tout cela à cause d’une source de pouvoir. Un pouvoir que beaucoup croient intarissable depuis des siècles. Chacun souhaite devenir plus puissant que l'autre, et nous nous entretuons pour obtenir ces pouvoirs et dérober les trésors des autres. C’est pour cela que j’ai fui le Village, pour te mettre en sécurité et éviter ces démences. Mais il y a une solution pour arrêter ce cycle de haine. Pour puiser dans cet énergie considérable. La source originelle s’est divisé et transmise entre chaque être peuplant cette planète, te rappelles-tu ?
Tsukinoko acquies?a, cachée dans la couverture car peu emballée par cette histoire qui obnubilait chaque jour son père qui reprit.
- Aux prémices de ce monde, l’Originel, le descendant direct de la source hérita de tous ces pouvoirs et devint le plus puissant soldat de l'histoire Il eut deux fils, et ses pouvoirs ont été divisés entre eux, continua-t-il. Et à chaque génération, les pouvoirs ont été répartis peu à peu pour former notre monde tel que nous le connaissons aujourd'hui. éparpillés entre les clans. C’est là que se trouvent les origines de la haine entre le clan Karumin et le clan Anba, piliers de notre pays, qui se perpétue aujourd'hui. Une haine pour le pouvoir, pour la paix. Mais ils se trompent depuis le début, méprisa-t-il brusquement.
- Comment ?a ?
- La solution est de réunir les deux clans, et non pas de les opposer. Depuis que je suis s?r que la paix ne s'obtiendra jamais grace à eux, je n'ai plus besoin de leur aide. Ils sont aveuglés par la haine, répéta-t-il. Il existe une solution, certaine d'apporter la paix...
- Une solution ? C'est quoi ? ?a veut dire que tu vas ramener la paix ? Je pourrais sortir alors ? On sera plus obligé de rester ici ?! s’enthousiasme-t-elle soudain.
- Tu pourras parcourir le monde autant que tu le désires, dit-il doucement en lui pin?ant le nez.
- A?e... Mais quand ? Comment tu vas faire ?!
- Il faut encore du temps. De longues années.
- Années... se désola-t-elle.
- Cela fait déjà de nombreuses années que j’y travaille, reprit-il. Il a d’abord fallu réunir les pouvoirs de L’Originel, qui résident essentiellement dans la Lune.
Tsukinoko soupira, tout en jouant avec les longs cheveux de son père d’un air boudeur.
- Mais j'en ai marre moi Papa... C'est long des années... Je m'ennuie ici, je veux voir dehors et-
- Il est tard Hōseki, la coupa-t-il. Va te coucher.
- Alors, c'est quoi le rapport avec mon prénom ? Tu m'as... tu m'as pas dit, bailla-t-elle doucement alors qu’il souria.
- Quelques minutes après ta naissance, je me suis rendu au Temple Naka avec toi pendant que ta mère se reposait. Au même instant, tu as ouvert tes yeux pour la première fois, si brillants et plein d’espoir. Ton destin a été scellé à cet instant-là, face à la stèle, alors que je te regardais puiser tes premiers souffles.
- Et donc... demanda-t-elle en plissant les yeux. La Lune j'ai compris ?a, mais j'ai quoi à voir avec la Lune alors ?
Son père se perdit dans ses pensées en regardant la peine lune mais Tsukinoko la pointa du doigt en ricanant.
- On va aller vivre là-bas ?!
Jinmuya baissa les yeux pour lui caresser tendrement le visage, l'air songeur. Sa fille bailla à nouveau puis s'endormi finalement sur ses genoux, sans avoir pu obtenir de réponses.
Papa
Tr : Pierre précieuse. Surnom affectif
Temple sacré de la mythologie japonaise.