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Lyk, le druide ( partie 1 )

  Une sensation désagréable puis une douleur vive, Lyk fut tiré de son profond sommeil. Une aigrette blanche venait de farfouiller de son bec effilé, les cheveux ébouriffés d'un homme nu et l'avait pincé à la joue.

  Il ouvrit un premier ?il et fut immédiatement ébloui par le soleil qui était à son zénith, il lui fallut ouvrir le deuxième ?il et plusieurs clignements pour apercevoir les contours de son agresseur. L'aigrette était plantée devant lui, elle le regardait en semblant satisfaite du mauvais tour qu'elle venait de faire. Le volatile ouvrit grand ses ailes et commen?a à inspecter son plumage, lissant certaines plumes pour les remettre à leur place, il attendait que son h?te soit prêt à communiquer.

  Le druide avait encore le corps endolori, son flux de mana commen?ait tout juste à se régénérer. Il prit son temps pour s'asseoir en tailleur, avec l'aide de ses bras et de mouvement de bassin. Il recula et plaqua son dos contre la paroi faite de craie et de silex, colonisée par une végétation éparse.

  Il était chez lui, dans son ?le au milieu de l'océan. L'homme lacha un profond soupir, se permettant de contempler le paysage, une multitude de petites ?les de formes et de taille différentes, ayant su attirer une avifaune et une flore sauvage, étincelantes de mille couleurs.

  Lyk observa l'oiseau devant lui, il le connaissait très bien. Le druide, lors d'une sortie en mer, non loin d'ici l'avait secouru, quatre années auparavant. L'aigrette, c'était emmêlée dans un filet de pêche, elle était à bout de force et seul son bec sortait de l'eau et la tempête faisait rage. L'homme après l'avoir aper?u, c'était jeté dans l'eau tumultueuse pour la sauver. Le pauvre volatile exténué ne dut son salut que par les soins endigués et les poissons que l'humain lui donna. Une amitié se créa entre ces deux-là.

  - Bonjour chère amie ! Dit il, d'une voix encore endormie.

  Lyk avait le don de communiquer avec les animaux, nul besoin de mots, de sons et autres cris, il y parvenait grace à son esprit.

  - Bien le bonjour ! As-tu aimé mon réveil ? C'est que tu as le sommeil profond ! L'oiseau entama une petite danse qui amplifia l'effet de moquerie.

  - Un vrai bonheur ! Le druide massa ses joues encore endolories. Tu as l'air en forme à ce que je vois !

  - Cela fait un cycle lunaire que tu étais parti. Où étais-tu ? Dit l'animal qui avait du mal à cacher son inquiétude.

  - Te raconter serait trop long, le temps me manque, j'ai grand besoin de ton aide. L'heure est grave ! Je dois m'entretenir avec ton roi et le plus rapidement possible. Peux-tu m'obtenir une audience ?

  Bien s?r que je le peux, que dois-je dire à notre grand roi ?

  - Qu'une terrible menace est à l'?uvre...

  - Rien de plus ? Mon seigneur n'acceptera pas de vous rencontrer pour si peu.

  - Dit lui que Lyk a besoin de son aide, tout simplement.

  - Tout simplement ? Rien avec toi n'est simple... Ai-je le temps de me reposer avant ce voyage ? La route est longue pour aller jusqu'aux ?les Plumes. L'oiseau secouait la tête nerveusement, comme pour montrer son mécontentement.

  - Il faut partir dès maintenant ma douce amie.

  L'Aigrette baissa sa tête et la secoua comme pour montrer son désaccord. Elle n'avait guère envie de faire cette fastidieuse traversée. Mais l'amitié qu'elle éprouvait vis à vis de son sauveur, lui intimait de s'y rendre dans les plus brefs délais. L'oiseau se dressa sur ces frêles pattes noiratres, quasiment à la verticale, déploya au maximum ces ailes blanches ayant des reflets légèrement jaunatres. L'animal fit de grands moulinets pour se dégourdir les muscles, qui eut pour résultat de faire voltiger tout sur son passage, plumes, poussière et petites brindilles. L'Ardeidae sautilla sur place quelques secondes, puis se dirigea au bord de la falaise. Makeow, tel était le nom que lui avait donné Lyk, se stoppa et lui lan?a un regard profond, là où se mêle, sincérité, amitié, honneur et plein d'autres choses. Sa nuque ornementée de très longues plumes et son bec noir anthracite venaient compléter cette scène.

  Son amie s'élan?a dans le vide avec prestance, elle piqua vers la mer après quelques battements puis plana jusqu'à capter le courant qui lui permettra de reprendre de la hauteur.

  - Que les dieux du ciel te protègent ma chère amie ! Dit il, d'un ton ampli d'espoir.

  L'homme regarda l'aigrette s'éloigner dans l'horizon rougeoyant du soleil du soir, il lui faudra trois jours complets pour arriver à son ?le natale. Makeow devra obtenir une audience, qui ne sera certainement pas chose aisée et s'accorder un repos nécessaire pour faire le voyage retour. Le druide estimait qu'une dizaine de jours pour un tel périple serait suffisant.

  Lyk prit enfin conscience qu'il était nu, la plupart du temps, sa peau était recouverte de poils, de plumes et parfois des écailles. Sa nudité ne le gênait nullement, car son ?le n'était accessible à aucun homme et personne sain d'esprit irait s'aventurer ici. Sur son archipel, la température est très fluctuante, la marée y était pour beaucoup.

  Une bourrasque de vent lui fit dresser les poils sur son corps athlétique, toutes ces transformations lui avait permis de muscler l'ensemble de son anatomie. Sa peau était d'un rose pale, ses cheveux long, chatains clair si mirent à onduler au rythme de la brise. Un second frisson lui remonta le long de la colonne vertébrale suivi d'un grognement caverneux. Son estomac lui lan?ait un ultime appel, il en était à plus de deux jours de je?ne. Le druide dut se résoudre, premièrement, mettre des vêtements qui lui permettraient de réguler sa température et de manger rapidement.

  L'année passée, il avait entrepris de se créer un refuge, des mois durant, Lyk fabriqua de ses mains, à même la terre et la pierre, une cave souterraine pour stocker des vivres, une chambre et une énorme bibliothèque où il avait installé une cheminée. La mer semblait participer aussi, lui apportant une multitude de matériaux au grès des marées.

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  L'érudit se releva doucement en s'aidant de la paroi rocheuse, quelques pas supplémentaires lui permit de rejoindre son foyer. La porte d'entrée était une ancienne passerelle de chargement de bateau en bois d'acacia, qui fut happé par l'océan et recraché sur les rochers. Aucune serrure, ni même de poignet, seulement un cordage de chanvre, tressé qui enlace un flotteur en verre bleuté de chaque c?té servant à l'ouverture ou la fermeture de cette porte de fortune. Plongé dans le noir, le druide toucha sur sa droite, le mur brut, à la recherche d'une variation de chaleur. Une fois trouvé, entrepris de sortir la pierre non scellée du bout des doigts. Dans ce bloc, était dissimulé un petit coffre en fer noir qui contenait son artefact le plus utile, une flamme éternelle. Cadeau que lui avait offert le roi des oiseaux. à peine le couvercle soulevé, une lumière vint tamiser l'entrée. Il longea un couloir qui desservait deux pièces, taillé à même la roche, ou les silex viennent former des lignes horizontales noires. Sa chambre était à gauche, une moitié de mat et le restant de sa voile faisaient office de rideau de séparation.

  Dans cette chambrette, un hamac était fixé à des anneaux en fer encastrés. Des lampes à huile, qu'il se hata d'allumer, posées sur une sorte de petit bureau où se trouvait une carte étrange. Suspendue au plafond, une seconde source de lumière, venait d'une lanterne, dont la paroi en verre qui protégeait la flamme semblait être ébréchée.

  Le druide se dirigea au fond, vers l'unique rangement de sa cellule, un coffre ancien, fait de bois et d'acier, où il y avait rangé, tous les vêtements à sa taille qui jonchaient le rivage.

  Lyk prit une braie en lin de couleur beige, une tunique bordeaux en laine, fendue à l'encolure, ornementée d'arabesques dorées aux extrémités. Il chercha au fond de cet amas de vêtements pour trouver une ceinture, son pantalon était un peu grand. Nul besoin de chaussures, le contact avec le sol, même humide ou gelé, lui convenait parfaitement.

  Une fois habillé plus chaudement, son estomac, se fit entendre de nouveau et bruyamment. Le jeune homme ressorti de sa modeste maison, alluma une torche, pour se rendre à la cave enfouie sous le sol. Avant d'y descendre, il dut déplacer quelques planches condamnant l'entrée, permettant de garder la fra?cheur. Seulement cinq marches le séparait de son futur repas.

  Ses yeux mirent un moment à s'habituer à la noirceur malgré l'éclairage de la torche pointée droit devant lui. La température dans cette pièce était très basse, idéale pour conserver ses vivres et alimentaires. Face au druide, se trouvaient plusieurs pots rangés sur une étagère faite avec des débris de bateau échoué sur la c?te nord de cette ?le. Les récipients en terre cuite étaient tous recouverts par un voilage épais et une cordelette en guise de bouchons.

  Lyk réfléchit un instant puis prit le pot le du milieu, contenant des pommes, des noix plongées dans le miel. Il tapota sur différents couvercles, hésitant encore. Le druide saisit la jarre posée au sol et l'ouvrit, enleva une grosse poignée de sel, en dessous, suffisamment de légumes s'y trouvaient pour faire une bonne soupe. Il ramassa la marmite en argile, une poêle en fer, un couteau et une louche en bois patiné.

  Le jeune homme prépara un feu avec les branches, des brindilles glanés près de son habitation puis y mit feu avec sa torche. Il déposa sa poêle sur les pierres qui encerclaient le foyer, y versa délicatement l'intégralité de la préparation marinant dans le pot. En fondant, sous l'effet de la chaleur, le miel viendra caraméliser l'ensemble.

  Après quelques minutes de marche, Lyk arriva devant une cascade, issue de la fonte des neiges de la plus haute montagne de cette ?le. Le bruit était assourdissant, les eaux cristallines venaient rebondir avec vacarme, sur les pierres rongées par ce flot incessant, projetant des éclaboussures loin de sa source. Malgré la pénombre naissante, le paysage sous ses yeux était époustouflant, la végétation avait pris place sur des rochers les moins exposés. Des fleurs d'une myriade de couleurs apparaissaient dès les premières lueurs du jour.

  Le druide, prit le temps de contempler cette telle beauté, un espace sauvage, non ravagé par les peuples de ce monde. Son ventre, émit une énième complainte, un grondement puissant, suivit d'une douleur avant-gardiste. Il plongea sa main dans la jarre qu'il avait amenée, évacua le maximum de sel et la remplie de cette eau pure. Sur le chemin du retour, le jeune homme ramassa des herbes aromatiques, donnant un go?t exquis et aux vertus thérapeutiques.

  Quand Lyk arriva au camp, la nuit s'était totalement installée. Le feu produisait une lumière dansante au grès du vent et une douce chaleur. Une légère brise poussa l'odeur suave du plat en cours de cuisson. L'envie était trop forte, il prit une pomme du bout des doigts pour éviter de se br?ler. Le fruit tiède dégoulinait de miel, il fut avalé en trois bouchées, trognon et pépins y compris. Tout en se léchant les doigts, le druide versa le contenu de la jarre dans la marmite, y ajouta les herbes récoltées. à l'aide du trépied, il installa la cuve au-dessus du foyer rougeatre. La cuisson sera longue et nul besoin d'être présent. Le jeune homme savait ce qu'il devait faire, peut être trouverait il un début de solution dans les livres et parchemins de sa bibliothèque. Lyk remua les braises puis partit, avec la poêle remplie de pommes au miel et des noix caramélisées.

  Après avoir lut de nombreuses heures, mangé toutes les pommes, but plusieurs bols de soupe, il n'avait pas trouvé l'ombre d'une piste. Les prophéties étaient pour lui, trop vague, sans la moindre information. Son esprit était embrouillé, la fatigue le gagnait peu à peu. Son mana était au plus bas. Le jeune homme savait qu'il lui restait un atout à jouer. Lors de son apprentissage, son ma?tre lui avait expliqué, qu'il existait une transe permettant aux utilisateurs de mana, de récupérer plus rapidement. Pour cela, il fallait inhaler de la fleur des rêves, drogue connue pour déclencher des visions chez leurs consommateurs et s'immerger dans un sommeil paradoxal. à l’époque, le jeune druide n’y avait pas le droit alors il rangea ce souvenir utile au fond de sa mémoire. Plus le repos dure, plus la récupération est importante, en contrepartie, plus le mana se recharge, plus le corps sans alimentation s’affaiblit.

  Lyk récupéra dans sa besace en cuir, suspendue au mur, sa blague à tabac et un pochon de fleurs des rêves. C’est devant la cheminée qu’il décida de se mettre. De ses doigts agiles, il roula une feuille de tabac remplie des fleurs broyées. L’homme s’assit en tailleur sur un tapis en laine représentant une femme et un homme nus, jouant avec un bébé portant des ailes. Il ramassa une brindille dans l’atre et alluma son batonnet. Dès les premières bouffées, ses muscles se détendirent instantanément. Le druide regardait les flammes qui virevoltaient devant lui, son esprit apaisé. Il sombrait dans un état second, là ou plus rien n’avait d’importance. Le craquement du feu était une douce mélodie à ses oreilles. Dans un dernier sursaut de courage, le jeune homme trouva la force d’aller dans sa chambre. Atteindre son lit fut son dernier exploit, le sommeil gagna son duel.

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