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Eulalie et Solaë ( partie 1 )

  Un peu à l’écart de la ville fortifiée, ou l’insécurité était omniprésente, loin du tumulte ambiant. Une femme observait l’architecture d’une batisse, fascinée. Face à elle, se trouvait une maison blanche à étage et aux poutres apparentes. à intervalles réguliers, se trouvait une multitude de persiennes en bois, entrouvertes. Une petite lanterne rouge se balan?ait paresseusement au-dessus de la porte d’entrée. La nuit était fra?che, un vent glacial venait de se lever. C’était les premiers signe annonciateur de l’hiver. L’aventurière solitaire nullement gênée par le froid secoua ses habits endimanchés et entra.

  - Bonsoir Madame Eulalie. Dit l’h?tesse debout derrière son bureau impeccablement rangé. Je me doutais bien que vous veniez ce soir. Je vous ai réservé votre chambre habituelle.

  - Quel geste attentionné de votre part mademoiselle Mylodie. Dit la femme rousse aux yeux verts qui venait de franchir la porte. J’ai grand besoin de me détendre, je suis las de ses missions incessantes.

  - Permettez-moi d’être franche madame ? Demanda timidement la jeune femme gérant les entrées.

  - Vous avez acquis ce droit depuis la fois où nous avons mélangé nos… Points de vue dirons nous.

  - Un moment inoubliable… Dit la brune aux cheveux longs et bouclés, perdu dans ses pensées. Je connais votre appétit insatiable. Alors je me suis permis une petite folie. Je vous ai réservé une surprise.

  - Vous éveillez ma curiosité chère amie ! Une surprise pour ma dernière nuitée dans cette ville ? Vous n’avez rien à envier à vos concurrents. Ces grosses maquerelles qui attirent les badauds écervelés. Vous, on peut dire que vous savez recevoir.

  La femme aux cheveux de feu, fouilla dans sa petite besace en cuir attachée à sa ceinture. Elle en sortit une pièce d’or et la déposa dans la main de l’h?tesse. En prenant le temps d’effleurer sa paume du bout de ses doigts, avec douceur. Eulalie plongea son regard pénétrant dans celui de la jeune femme. Grace à sa longue expérience, elle savait reconna?tre les personnes qui étaient méritantes.

  - Je ne puis accepter madame. Dit l’h?tesse en remontant ses lunettes, les joues empourprées. Je fais simplement ce pour quoi on me paye.

  Sur la table en bois de noyer joliment ornementée, reposait un unique chandelier. La flamme de la bougie à moitié consumée se mit à trembloter anormalement. Au-dessus, une multitude de petites étincelles apparurent en émettant des crépitements. La lumière qu’elle ém?t devint plus intense. La gardienne des lieux fut surprise. Elle observa ce phénomène sans oser souffler sur la bougie. La jeune brune ne vit même pas son invitée dispara?tre, ni la lueur étrange qu’elle avait dans les yeux.

  *

  Eulalie ouvrit la porte de sa chambre, tous ses sens en ébullition. Comme d’habitude, la pièce avait été aérée et nettoyée avant son arrivée. Le parquet en chêne massif venait d’être ciré, donnant un effet miroir au sol. Une douce odeur de jasmin planait grace aux bouquets de fleurs dispersées dans la chambre. Une carafe d’eau fra?che et un verre étaient posés sur une table.

  - Elle a un don, cette petite et un go?t exquis. Ce dit Eulalie mentalement.

  Coutumière de ce genre d’établissement, la belle rouquine ne perdit pas de temps. Sur la droite de la porte, se trouvait une fine cordelette dorée, reliée à un ingénieux système de clochette. Une légère pression sur celle-ci, avertissait que l’invité était prêt. Elle ?ta son chapeau pointu tout cabossé puis le posa sur la table avec délicatesse. Son couvre-chef, usé par les années, pointait vers le bas. Un étrange petit diamant noir était accroché à sa pointe.

  La jeune femme prête, retira les deux sangles de son large bustier en cuir puis le laissa tomber au sol. La ceinture avait en son centre une émeraude taillée en losange. Elle dénoua le corsage au niveau de sa poitrine. Ses seins reprirent instantanément leur véritable volume. Sa longue robe vert sombre à capuche et ses manches trompette évasée glissèrent sur son corps parfait. D’un geste délicat, elle retira ses poulaines rembourrées de laine de mouton.

  à présent, complètement nue, elle s’admira. Sa peau était dépourvue de poil. Seuls ses longs cheveux, ondulés, semblaient résister à sa magie offensive. Son teint rose pale lui donnait l’apparence d’une jouvencelle. Les tétons de ses seins aux proportions harmonieuses durcissaient déjà sous l’effet de l’excitation. Une douce chaleur venait se lover dans le bas de son ventre. Ses jambes fuselées, commencèrent lentement à se frotter l’une contre l’autre.

  Le heurtoir métallique à l’extérieur de la porte se fit entendre à trois reprises. C’était le signal qu’attendait Eulalie. Elle s’inspecta une dernière fois. à l’aide de ses doigts, remit de l’ordre dans sa chevelure écarlate. Puis fit deux tresses à la hate permettant de bloquer ses mèches récalcitrantes. Chassant du bout du pied ses vêtements laissés par terre. La jeune femme regarda amuser la flamme de la lampe à huile suspendue. Celle-ci dansait et virevoltait faisant écho aux émotions de l’utilisatrice de mana.

  Quand la porte s’ouvrit, un homme couleur ébène fit son apparition. Il ne portait qu’un simple pantalon en lin blanc. Ce qui permettait d’admirer sa musculature puissante. Ses cheveux étaient tressés directement sur son crane. Ce fils d’Adan avait est un regard pénétrant et sauvage. De lui, se dégageait une douce odeur de musc extrêmement attirante.

  - Bonsoir Madame Eulalie, enchanté de vous rencontrer. Je suis là pour vous tenir compagnie cette nuit. Dit l’amant d’un soir. Je me nomme Arloty.

  - En voilà une bien jolie surprise ! Enchantée également. Répondit la femme aux cheveux roux, sentant déjà la fièvre monter.

  - Pardonnez-moi cette erreur, je ne suis pas votre surprise, mais NOUS sommes votre surprise.

  Arloty tendit son bras et attrapa quelque chose, hors de son champ de vision. Dans un mouvement délicat, il fit venir à lui une jeune femme blonde. Celle-ci était vêtue d’une longue chemise blanche en lin, sans manche, arrivant un peu au-dessus des genoux. Cette fille d’Eve était bien différente des autres dames ?uvrant ici. Son corps affichait de légères rondeurs. Ce qui lui valait régulièrement des railleries de ses cons?urs malgré une beauté saisissante.

  - Bonsoir Madame Eulalie. Je m’appelle Dorialda et je suis là pour vous apporter le réconfort que vous souhaitez. Dit-elle timidement.

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  - Ne soit pas timide mon trésor. Ce soir, je vais t’apprendre à être toi-même.

  Sans même lui laisser le temps de répondre. Eulalie l’attira vers elle et retira lentement sa chemise en prenant soin de détailler toute son anatomie. Son corps était légèrement bronzé, ce qui mettait sa chevelure plus en valeur. Sa poitrine devait en faire rougir plus d’un. La femme aux cheveux écarlate fit tournoyer la blondinette sur elle-même afin de terminer son observation. D’un clin d’?il malicieux, elle fit comprendre au jeune gar?on d’?ter son pantalon.

  - Ce soir, soyez vous-même ! Dit la rousse, en les regardant tour à tour. Je ne vous donnerai qu’un seul ordre, OSEZ !

  Malgré une timidité apparente, Dorialda alla s’allonger sur les draps en soie du lit, nue. Elle entrouvrit imperceptiblement les jambes, laissant à peine appara?tre son sexe. Cet appel à la tentation fut tout de suite compris par les deux autres personnes dans la pièce. Eulalie fut la première à réagir. Telle un félin, elle monta délicatement sur la couche en se positionnant juste au-dessus des jambes de la blonde. Deux mains fines se glissèrent entre les cuisses de la fille d’Eve. Tout en les caressant, elle appliqua une pression pour les ouvrir pleinement. Eulalie se cambra à l’excès, relevant son postérieur en position haute et plongea sa tête vers l’ab?me de volupté de la blondinette. Avec sa langue habile, les premiers gémissements se firent entendre.

  La flamme de la lampe à huile accrochée à une poutre, semblait être prise dans une tempête. La lueur vacillait avec l’ardeur de la passion, tant?t feu de joie, tant?t flammèche.

  Arloty n’attendit pas d’appels cette fois-ci. Le fils d’Adan s’approcha du bas du dos d’Eulalie. Il plaqua sa virilité naissante contre la matrice s’offrant à lui. Du bout de ses doigts, en effleurant, il tra?a des lignes imaginaires, des spirales sur les fesses galbées. à l’aide de légers mouvements du bassin et de doux frottements, le jeune homme parvient à amadouer l’écrin rosatre. Il prenait son temps dans une série de va-et-vient qui gagnaient en force et en profondeur. Dans le feu de l’action, sans même y réfléchir, il claqua l’une de ses mains puissantes contre le fessier d’Eulalie. L’utilisatrice de mana, surprise, stoppa net ses préliminaires et se retourna instantanément. Elle passa du regard noir prêt à foudroyer à celui d’amusé et finit par un haussement d’épaules disant ? et pourquoi pas ! ?.

  Dorialda profita de ce moment de répit pour agir à son tour. Elle glissa son corps tiédi par l’excitation sous celui d’Eulalie. à présent, leurs seins et leurs bijoux féminins, suivaient le rythme imposé par le jeune homme. La fille d’Eve caressa le dos de son amante. Plaquant volontairement son corps contre le sien en suivant cette danse charnelle. Elle plongea son regard affriolant dans celui de son invitée d’une nuit. Elles fusionnèrent leurs lèvres dans un baiser fort en émotions.

  Dorialda et Arloty ne furent pas surpris, car Mylodie avait tout anticipé. Elle leur avait expliqué que certaines choses anormales allaient se produire. La lumière de la flamme devenue complètement folle augmentait graduellement son intensité. Une douce chaleur salvatrice vint remplir la pièce. La ma?tresse de ces lieux avait omis volontairement un détail important. à l’approche de l’extase, l’utilisatrice de mana ne serait plus exactement la même.

  La chevelure d’Eulalie était à présent, un feu ardent. Des flammes qui comme des cheveux ondulaient follement au rythme endiablé de cet ébat. Ses iris verts émeraudes avaient laissé place à des yeux couleurs ambre. Une légère fumée s’échappait de son corps nu. Elle était aux portes du plaisir extrême.

  à bout de souffle, le jeune Arloty jeta ces dernières forces dans cette bataille sensuelle. Il sentit le corps d’Eulalie, allongée sur le c?té, se contracter. Elle l’enveloppa dans ses bras et plongea son bassin contre sa virilité ardente puis y maintenu la pression. Dorialda se rapprocha des deux amants sur le point d’exulter. Une main caressant avidement la poitrine de la manipulatrice de mana et l’autre s’immis?ant dans son écrin à délices personnel.

  Durant une longue minute, malgré une nuit sombre, la pièce fut éclairée comme une belle journée d’été. Des cris de jouissance profonde furent entendus dans toute la batisse.

  *

  Le fils d’Adan et la fille d’Eve s’étaient endormis sur le lit à baldaquin, paisibles. La nuit avait été éprouvante. Eulalie était allongée entre ses deux compagnons d’une nuit. Songeant à remercier cette charmante Mylodie pour cette magnifique surprise. La femme aux cheveux encore flamboyants se leva et fouilla dans le compartiment secret de sa besace. Elle en sortit un mélange de tabac et de fleurs de rêves. Eulalie pla?a sa préparation dans le creux de sa main puis ferma le poing et activa son mana. Une fine fumée s’éleva de sa dextre, libérant une douce odeur florale. La combustion étant terminée, elle aspira la totalité et bloqua sa respiration. Eulalie ouvrit une persienne délicatement et expulsa la fumée de ses poumons, emportée par le vent. L’utilisatrice de mana scruta l’horizon, un sourire béat aux lèvres.

  Elle ne remarqua pas les deux yeux félins fixés sur elle, tapie dans le noir, au bord d’une corniche.

  Un hurlement d’une femme, la fit sortir de sa léthargie. Une succession de jurons et de rire sarcastique résonnaient dans le couloir juste derrière la porte de sa chambre. Eulalie, encore nue sortie avec hate.

  Le couloir était peu éclairé, créant une certaine discrétion pour les clients ne souhaitant pas être reconnus. Ce corridor long de plusieurs mètres donnait accès à une vingtaine de chambres. Malgré la distance, Eulalie vu un homme au ventre proéminent. Ce malotru tenait les cheveux longs d’une femme et l’obligeait à se mettre à genoux. Il avait un visage rubicon et boursouflé, à chaque mot qu’il brayait, un jet de salive s’en échappait. Avec ses doigts boudinés, l’homme tentait vainement de baisser son pantalon. La jeune fille affolée, tordue de douleur, pleurait et suppliait de l’aide.

  - J’ai payé, salle garce et je n’en ai pas fini avec toi. éructa le dénommé Palicron, complètement ivre.

  La pauvre demoiselle savait qu’elle ne pouvait rien faire et rien dire. Cet homme dépensait des sommes astronomiques pour se divertir dans ses lieux. Il faisait partie des clients les plus rentables pour cet établissement. Triska?l, jeune métisse aux cheveux noir, allait devoir céder et subir une avalanche de coups, d’injures et le déshonneur.

  - Lache la, gros lard, vil butor écervelé ! Cria fièrement Eulalie, complètement nue.

  - Barre-toi sale puterelle ! Beugla Palicron, fou de rage.

  - Retourne-toi quand tu t’adresses à moi, forban. MAINTENANT ! S’époumona l’utilisatrice de mana.

  L’homme ventru fit volte-face, près à décha?ner sa colère. Il reconnut instantanément la personne devant lui. Puis recula précipitamment, manquant de tomber sur la jeune femme agenouillée.

  - Tu n’as pas à intervenir ici, sorcière. Nulle guilde n'opère dans un bordel. Bredouilla-t-il, cherchant inutilement sa dague dans son dos.

  - Sache sinistre crétin, qu’aucune de vos lois pourrait m’empêcher de te tuer sur-le-champ. Ta perte serait un cadeau pour cette ville et ses habitants.

  - Je … Je … Suis un homme important, protégé par des personnes influentes. Un claquement de doigts de ma part et tu finis au bout d’une corde, Eulalie SombreSang. Tu n’es qu’une engeance qu’il faut éradiquer.

  Eulalie remarqua que la jeune métisse, heureuse d’être secourue, s’était échappée furtivement par les escaliers. Dans le couloir, la température se fit de plus en plus intense. L’air se ratifia. Palicron peinait grandement à respirer. Il fixait la sorcière à plusieurs mètres de lui, tout en cherchant une issue. L’espace d’un clignement de ses yeux, la femme à la chevelure flamboyante était nez à nez avec lui. Son corps en lévitation était entouré d’une aura de fumée. Ses cheveux crépitaient, tel un feu ardent. Le temps s’arrêta.

  - Fuis si tu tiens à la vie et ne reviens plus jamais ici ! S’exclama la sorcière d’un ton cinglant. Ne croise plus jamais mon chemin, mécréant. FUIS !

  L’homme bedonnant, tressaillit de peur et chuta à la renverse. Heurtant le parquet lustré avec l’arrière de son crane dégarni. Luttant contre les battements violents de son c?ur, il marcha à quatre pattes en poussant des petits cris d’effroi. Le corps trempé de sueur et d’autres substances, Palicron dévala les escaliers. Dans sa fuite hystérique, haletante, il hurla une dernière menace.

  - Sorcière, je te tuerai, j’en fais le serment.

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