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Chapitre 4 : Fissures dans le ciel

  Le lendemain du combat de Mizuki, Neopolis ne ressemblait plus tout à fait à elle-même. L’excitation du duel s’était éteinte, remplacée par une tension sourde qui pesait sur la ville comme un ciel trop bas. Les écrans publics, d’habitude saturés de rediffusions triomphantes et de publicités criardes, restaient étrangement silencieux. Quelques-uns diffusaient encore des images de Mizuki saluant la foule, mais la plupart clignotaient sur ce message d’alerte vu la veille : Anomalie détectée. Restez vigilants.

  Akira se réveilla avec un mal de tête lancinant, les échos du grondement de la nuit précédente encore dans ses os. Son écran flottait au-dessus de lui, imperturbable, ses stats figées dans leur lumière bleutée.

  [Nom : Akira Kaizen]

  [Rang : F]

  [Puissance : 1 | Agilité : 1 | Endurance : 1 | énergie Mythique : 0]

  [Divinité liée : Aucune]

  [Potentiel de progression : Inactif]

  Il fixa la ligne un moment, repensant à ce ERR_XXXX_CHRONOS_001 qui revenait sans explication. Trois fois maintenant. Il avait essayé de chercher des réponses sur le terminal familial après que Toma et Airi étaient partis, mais rien – juste un Code inconnu qui le laissait dans le flou. Il soupira, se leva et enfila un sweat usé.

  En bas, sa mère était déjà partie, laissant une assiette de riz froid sur la table. Aucun mot cette fois – elle avait d? courir pour attraper son premier boulot. Akira mangea rapidement, le go?t fade à peine perceptible, et sortit dans une ville qui semblait retenir son souffle.

  Toma l’attendait au coin de la rue, les mains dans les poches, l’air moins enjoué que d’habitude. ? T’as dormi ? ? demanda-t-il, sa voix plus basse qu’à l’accoutumée.

  ? Un peu, ? répondit Akira. ? Et toi ? ?

  ? Pas vraiment. Ce grondement… c’était pas normal. ?

  Akira hocha la tête. Il n’avait pas rêvé cette lueur rouge à l’horizon, ni cette sensation pesante qui avait suivi. Même les rues de Neopolis semblaient différentes ce matin-là – moins de drones dans le ciel, moins de bruit dans les foules. Les passants marchaient vite, têtes baissées, comme s’ils sentaient quelque chose que personne n’osait nommer.

  Ils retrouvèrent Airi près du lycée, son sac lourd pendu à une épaule. Ses cheveux noirs étaient détachés, tombant en mèches désordonnées sur son visage. ? Vous avez vu les infos ? ? demanda-t-elle sans préambule.

  Toma haussa un sourcil. ? Quelles infos ? Ma télé a planté après le combat. ?

  ? Ils parlent d’une perturbation énergétique près de l’arène, ? répondit-elle, ses yeux sombres plissés. ? Quelque chose qui interfère avec les Dashboards. ?

  Akira sentit un frisson lui remonter le dos. ? Les Dashboards ? Comme… des bugs ? ?

  Elle hocha la tête. ? Pas partout, mais dans le centre-ville, oui. Certains Avatars ont signalé des glitches hier soir. ?

  Toma siffla. ? Sérieux ? Même les gros rangs ? ?

  ? Même eux, ? confirma Airi.

  Ils entrèrent dans le lycée, mais l’ambiance était électrique. Les élèves chuchotaient dans les couloirs, leurs écrans clignotant nerveusement au-dessus d’eux. Un gar?on de rang D passa en courant, criant à un ami : ? Mon agilité a droppé de 0,1 ce matin, sans raison ! ? Une fille près des casiers fixait son Dashboard, paniquée : ? Pourquoi ?a dit Erreur système ? ?

  Le portail d’entrée scanna leurs écrans comme d’habitude, mais il y eut un décalage – une seconde de trop avant que la flèche rouge n’envoie Akira au sous-sol. Il descendit les escaliers, le c?ur battant, et s’installa dans la classe F. L’hologramme du professeur apparut, mais sa voix grésilla : ? Cours annulé pour cause… d’interférences techniques. Restez… en attente. ?

  Un murmure parcourut la salle. Les autres élèves de rang F échangèrent des regards, certains nerveux, d’autres indifférents. Akira, lui, fixait son écran, guettant un nouveau bug. Rien – pour l’instant.

  à la pause, il retrouva Toma et Airi dans la cour. Toma agitait sa tablette, l’air agité. ? Regardez ?a ! Ils viennent de couper la retransmission d’un entra?nement public au centre-ville. Ils disent que c’est à cause d’un incident non identifié. ?

  Airi fron?a les sourcils. ? Non identifié ? ?a ressemble pas aux guildes. D’habitude, ils adorent montrer leurs combats. ?

  ? Peut-être un Mythic qui s’est échappé, ? suggéra Toma. ? Genre, un truc plus gros que Fafnir. ?

  Akira ne dit rien, mais cette lueur rouge lui revint en tête. Il ouvrit la bouche pour parler, mais un grondement sourd l’interrompit – le même que la veille, mais plus proche, plus fort. Le sol vibra sous leurs pieds, et un cri per?a la cour alors qu’un écran public au-dessus de l’entrée s’éteignit d’un coup.

  ? C’est quoi, ?a ?! ? lan?a Toma, se levant d’un bond.

  Airi attrapa son sac, ses yeux scrutant le ciel. ? ?a vient du centre. ?

  Avant qu’ils ne puissent réagir, une alarme stridente déchira l’air – pas une sirène de routine, mais un son rauque, primal, qui fit taire tout le monde. Les élèves autour d’eux s’immobilisèrent, certains lachant leurs affaires. Puis un craquement résonna, comme si le ciel lui-même se fissurait.

  Akira leva les yeux. Au loin, au-dessus des gratte-ciel du centre-ville, une masse sombre se dessinait – une silhouette indistincte, colossale, entourée de volutes de fumée noire. Des éclairs rougeatres zébraient l’air autour d’elle, et un vent soudain balaya la cour, renversant des chaises et arrachant des cris aux élèves.

  Stolen from its original source, this story is not meant to be on Amazon; report any sightings.

  ? C’est… un Mythic ? ? murmura Toma, pale.

  Airi secoua la tête. ? Non. C’est plus que ?a. ?

  L’écran d’Akira clignota à nouveau, plus fort cette fois, et le code réapparut : ERR_XXXX_CHRONOS_001. Mais il ne disparut pas immédiatement – il resta, pulsant comme un battement de c?ur, avant de s’éteindre avec un grésillement. Une voix mécanique, à peine audible, crépita dans l’air près de lui : ? …activation… imminente… ?

  Il recula, le souffle coupé. ? Vous avez entendu ?a ? ?

  Toma écarquilla les yeux. ? Entendu quoi ? ?

  Mais avant qu’Airi ne puisse répondre, un hurlement déchira le ciel – un son guttural, inhumain, qui fit trembler les vitres du lycée. La silhouette au loin bougea, ses contours se précisant légèrement : une tête massive, des cornes tordues, une aura qui semblait dévorer la lumière elle-même.

  L’incident venait de commencer.

  Le hurlement de la créature résonna encore, un son qui semblait déchirer l’air lui-même. Dans la cour du lycée, le chaos éclata en un instant. Les élèves couraient dans toutes les directions, certains trébuchant sur leurs sacs, d’autres criant des ordres que personne n’écoutait. L’alarme continuait de hurler, stridente et implacable, tandis que le sol vibrait sous leurs pieds comme si la terre elle-même voulait se fissurer.

  Akira resta figé une seconde, les yeux rivés sur la silhouette colossale au loin. Elle bougeait lentement, ses contours encore flous dans la fumée noire, mais chaque pas semblait faire trembler Neopolis tout entière. Des éclairs rougeatres jaillissaient autour d’elle, illuminant des cornes tordues et une gueule béante qui semblait avaler le ciel.

  ? Faut qu’on bouge ! ? cria Toma, attrapant Akira par le bras. ? ?a va pas rester là-bas ! ?

  Airi hocha la tête, son sac déjà sur l’épaule. ? Par l’entrée ouest – c’est plus près de chez toi. ?

  Ils s’élancèrent, slalomant entre les élèves paniqués. Un gar?on de rang C passa en hurlant, son écran clignotant follement : Erreur système – recalcul en cours. Une fille trébucha devant eux, ses livres s’éparpillant au sol. Akira s’arrêta pour l’aider, mais Toma le tira en avant. ? Pas le temps, mec ! ?

  Le vent s’intensifia, portant une odeur acre de br?lé. Au-dessus d’eux, les écrans publics restants basculèrent sur une diffusion d’urgence : une voix mécanique, hachée par des interférences, répétait : ? évacuation immédiate… menace non identifiée… centre-ville compromis… ? Mais l’image restait brouillée, parasitée par des lignes noires qui dansaient comme des ombres vivantes.

  Ils atteignirent l’entrée ouest, mais la grille était bloquée par une foule d’élèves qui poussaient pour sortir. Un professeur holographique vacillant tentait de donner des ordres : ? Restez calmes… suivez les protocoles… ? Personne ne l’écoutait. Toma for?a le passage, écartant deux gamins qui bloquaient le chemin, et ils se retrouvèrent enfin dehors.

  Les rues de Neopolis étaient méconnaissables. Des drones gisaient au sol, écrasés ou désactivés, leurs carcasses fumantes. Les passants couraient dans tous les sens, certains abandonnant leurs affaires pour fuir plus vite. Un écran géant s’effondra à quelques mètres d’eux, projetant des étincelles dans l’air. Akira sentit son c?ur cogner dans sa poitrine – ce n’était pas un simple Mythic échappé. C’était autre chose, quelque chose de pire.

  ? Par là ! ? cria Airi, pointant une ruelle étroite qui menait vers le sud. ? Faut éviter les artères principales ! ?

  Ils sprintèrent, le grondement dans leur dos devenant plus fort, plus proche. Les immeubles autour d’eux vibraient, des vitres se fissurant sous la pression. Akira jeta un coup d’?il par-dessus son épaule – la silhouette était plus nette maintenant, une masse titanesque qui dominait les gratte-ciel. Des tentacules noirs, ou peut-être des volutes de fumée, s’élevaient de son corps, frappant les batiments comme des fouets. Une tour s’effondra dans un nuage de poussière, et un nouveau hurlement déchira l’air.

  ? C’est quoi ce truc ?! ? haleta Toma, le souffle court.

  ? Je sais pas, ? répondit Airi, sa voix tremblante mais ferme. ? Mais c’est pas un Mythic normal. ?

  Ils débouchèrent sur une place déserte, bordée de boutiques abandonnées. Le sol trembla violemment, et Akira trébucha, tombant à genoux. Son écran clignota à nouveau, plus fort cette fois, et le code réapparut : ERR_XXXX_CHRONOS_001. Mais il y avait plus – une ligne supplémentaire, brouillée mais lisible une fraction de seconde : Séquence activée.

  ? Akira ! ? cria Airi, s’arrêtant pour l’aider.

  Il se releva, les mains tremblantes. ? Mon écran… il parle encore. ?

  Toma s’approcha, les yeux écarquillés. ? Quoi ? Qu’est-ce qu’il dit ? ?

  ? J’sais pas, ? murmura Akira. ? Quelque chose sur une activation. ?

  Avant qu’ils ne puissent creuser, un craquement assourdissant retentit derrière eux. Une ombre s’étendit sur la place, et ils levèrent les yeux. Une silhouette massive – pas la créature principale, mais une sorte de rejeton – surgit d’une rue adjacente. C’était une abomination à six pattes, avec une tête hérissée de cornes et des yeux rougeoyants qui les fixaient. Plus petite que le monstre principal, mais assez grande pour écraser une voiture d’un seul pas.

  ? Merde ! ? jura Toma, reculant. ? C’est un sbire ou quoi ? ?

  Airi attrapa une barre métallique qui tra?nait au sol – un débris d’un étal renversé. ? Faut courir ! ?

  Mais la créature chargea avant qu’ils ne puissent bouger. Akira sentit son corps réagir par instinct, plongeant sur le c?té alors que les griffes de la bête labouraient le pavé là où il se tenait une seconde plus t?t. Toma cria quelque chose d’incohérent, lan?ant un caillou qui rebondit inutilement sur son flanc. Airi frappa avec sa barre, visant un ?il, mais la créature la repoussa d’un revers, l’envoyant valser contre un mur.

  ? Airi ! ? hurla Akira, se précipitant vers elle.

  Elle se releva, le souffle coupé, une main sur le bras. ? ?a va… je vais bien. ?

  Mais la créature ne leur laissa pas de répit. Elle se tourna vers Akira, ses yeux rougeoyants brillant d’une lueur malfaisante. Il recula, cherchant désespérément une arme, un plan, n’importe quoi. Son écran clignota encore, plus frénétiquement, et cette fois, une voix claire – faible, mais distincte – murmura dans son esprit : ? …temps… en attente… ?

  Il n’eut pas le temps de comprendre. La bête bondit, ses griffes visant sa poitrine. Toma le poussa hors de la trajectoire au dernier moment, et ils roulèrent au sol ensemble, le souffle coupé. La créature rugit, frustrée, et leva une patte pour frapper à nouveau.

  Mais alors, un éclair doré traversa l’air. Une lance – familière, éclatante – s’enfon?a dans le flanc de la bête, la faisant hurler de douleur. Takao Mizuki atterrit devant eux, sa silhouette imposante nimbée de lumière. Son armure était éraflée, son visage crispé, mais il restait inébranlable.

  ? Restez derrière moi ! ? ordonna-t-il, sa voix tranchante.

  Akira, Toma et Airi se relevèrent, pantelants, tandis que Mizuki faisait face à la créature. Mais au loin, le grondement principal s’amplifia, et la silhouette colossale avan?a, écrasant un autre immeuble dans un fracas assourdissant. Des cris résonnèrent dans toute la ville, et une pluie de débris commen?a à tomber.

  Mizuki tourna la tête vers eux, ses yeux plissés. ? Partez, maintenant ! C’est pas un combat pour vous ! ?

  Akira voulut protester, mais Airi l’attrapa par le bras. ? Il a raison. On peut pas rester ici. ?

  Ils s’élancèrent à nouveau, laissant Mizuki derrière eux. Mais alors qu’ils couraient, un nouveau tremblement secoua le sol, et une fissure s’ouvrit dans la rue devant eux. Akira trébucha, son écran clignotant une dernière fois : Séquence imminente. Puis tout devint noir – un instant seulement – avant qu’un hurlement inhumain ne les enveloppe, et que la silhouette massive ne soit plus qu’à quelques rues d’eux.

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