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Chapitre 5 : Le temps s’arrête

  Le chaos avait englouti Neopolis. Les rues, autrefois vibrantes de néons et de vie, n’étaient plus qu’un champ de ruines fumantes. Les immeubles s’effondraient comme des dominos, leurs carcasses d’acier tordues par une force implacable. Le grondement de la créature – Typhon, bien que personne ne l’ait encore nommé – résonnait dans chaque recoin de la ville, un hurlement primal qui faisait trembler l’ame autant que le sol.

  Akira courait, le souffle court, ses jambes br?lant sous l’effort. Toma et Airi étaient juste derrière lui, leurs visages pales et couverts de sueur. La fissure dans la rue les avait forcés à bifurquer, loin de Mizuki, loin de toute aide. Autour d’eux, des cris per?aient l’air, mêlés au fracas des débris qui pleuvaient du ciel. Les écrans publics encore debout clignotaient en rouge : évacuation totale – menace critique.

  ? Faut trouver un abri ! ? cria Toma, sa voix presque noyée par le vacarme.

  ? Où ?! ? répondit Airi, esquivant un morceau de béton qui s’écrasa à quelques mètres d’eux. ? Tout s’effondre ! ?

  Akira ne dit rien, ses yeux scrutant frénétiquement les alentours. La silhouette colossale de Typhon dominait l’horizon, plus proche que jamais. Ses contours étaient enfin visibles – une abomination titanesque, haute de dizaines d’étages, avec une tête hérissée de cornes, des yeux rougeoyants comme des brasiers, et un corps enveloppé de tentacules noirs qui frappaient tout sur leur passage. Chaque pas faisait trembler la terre, chaque rugissement fissurait les immeubles restants.

  Ils débouchèrent sur une avenue dévastée, jonchée de voitures renversées et de corps immobiles. Akira sentit son estomac se nouer – certains bougeaient encore, gémissant faiblement, mais ils n’avaient pas le temps de s’arrêter. Pas maintenant.

  Un éclair doré traversa le ciel au loin – Mizuki, ou un autre Avatar, tentant de repousser la bête. Mais même les rangs S semblaient impuissants. Une explosion illumina l’horizon, suivie d’un hurlement qui fit vibrer leurs os. Typhon riposta, un tentacule balayant une tour entière, la réduisant en poussière.

  ? Par là ! ? cria Airi, pointant une station de métro effondrée à moitié. ? On peut se cacher là-dedans ! ?

  Ils sprintèrent vers l’entrée, mais un nouveau tremblement les projeta au sol. Akira heurta le pavé, ses mains rapant contre les débris. Son écran clignota violemment, le code ERR_XXXX_CHRONOS_001 pulsant comme un avertissement. La voix revint, plus claire cette fois : ? …temps… critique… activation… ?

  Il n’eut pas le temps de comprendre. Un craquement assourdissant retentit, et une ombre s’abattit sur eux. Un tentacule de Typhon – pas le monstre lui-même, mais une extension de sa puissance – frappa l’avenue à quelques mètres, projetant une onde de choc qui les fit voler en arrière. Akira s’écrasa contre une voiture abandonnée, le souffle coupé, tandis que Toma et Airi atterrissaient dans un tas de gravats.

  ? Akira ! ? hurla Airi, se relevant malgré une entaille sanglante sur son front.

  ? J’vais bien ! ? cria-t-il, se redressant péniblement. Mais Toma gémissait, une jambe coincée sous un bloc de béton. ? Merde, Toma ! ?

  Il courut vers lui, ignorant la douleur qui irradiait dans son dos. Airi l’aida, et ensemble, ils soulevèrent le débris juste assez pour libérer Toma. Il grima?a, se tenant la jambe. ? ?a va… je peux marcher. ?

  Mais un nouveau hurlement les figea. Typhon était là, à quelques rues à peine, son ombre engloutissant la lumière. Ses tentacules balayaient tout, et un immeuble s’effondra dans leur direction, envoyant une pluie de verre et d’acier droit sur eux.

  ? Courez ! ? cria Airi, poussant Toma en avant.

  Ils plongèrent derrière une carcasse de bus, les débris s’écrasant autour d’eux dans un fracas assourdissant. Akira sentit une douleur aigu? dans son épaule – un éclat de verre s’était planté là, mais il l’ignora. Ils n’avaient pas le temps.

  Puis il l’entendit – un cri, faible mais distinct, au milieu du chaos. Une petite fille, pas plus de six ou sept ans, pleurait sous un étal renversé, coincée par une poutre tordue. Ses cheveux blonds étaient couverts de poussière, ses yeux écarquillés de terreur.

  ? Merde, ? murmura Akira, son c?ur s’emballant.

  ? Akira, non ! ? cria Airi, devinant son intention.

  Mais il était déjà parti. Il sprinta vers l’enfant, chaque pas envoyant une décharge de douleur dans son corps. Typhon rugit à nouveau, et un tentacule frappa le sol à une rue de distance, projetant une vague de débris dans l’air. Akira atteignit la fille, s’agenouillant près d’elle. ? Tiens bon, OK ? Je vais te sortir de là ! ?

  Elle hocha la tête, les larmes roulant sur ses joues. Il attrapa la poutre, ses muscles hurlant sous l’effort, et tira de toutes ses forces. Elle bougea à peine – trop lourde pour lui, trop lourde pour un rang F avec des stats à 1. Mais il insista, grognant sous la tension, jusqu’à ce qu’elle se soulève juste assez.

  ? Sors ! ? cria-t-il.

  La fille rampa hors du piège, tremblante mais vivante. Akira la poussa derrière lui, cherchant un abri des yeux. Mais il n’eut pas le temps de bouger. Un grondement plus fort que tous les autres déchira l’air, et il leva les yeux juste à temps pour voir un tentacule de Typhon s’abattre droit sur eux.

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  ? Akira ! ? hurla Airi, sa voix brisée.

  Il n’eut qu’une seconde pour réagir. Il attrapa la fille et la projeta hors de la trajectoire, la poussant vers Toma et Airi. Puis le tentacule frappa, une force colossale qui le percuta de plein fouet. Il sentit ses os craquer, son souffle s’éteindre, son corps voler comme une poupée de chiffon. Il s’écrasa contre un mur effondré, à des mètres de là, et le monde devint flou.

  La douleur était partout – dans sa poitrine, ses jambes, sa tête. Du sang coulait sur son visage, brouillant sa vision. Il entendit vaguement Toma et Airi crier son nom, leurs voix étouffées par le rugissement de Typhon. Son écran clignota une dernière fois, le code CHRONOS pulsant frénétiquement, puis s’éteignit.

  Il essaya de bouger, mais son corps ne répondait plus. La fille était en sécurité – il l’avait vue courir vers Airi – mais ?a ne changeait rien. La lumière s’éteignait dans ses yeux, et un froid glacial envahissait ses membres. Typhon hurla encore, un son qui semblait célébrer sa victoire.

  Alors qu’il sombrait, une dernière pensée traversa son esprit : C’est fini.

  Mais au bord du néant, une voix résonna – grave, ancienne, comme un écho venu d’un autre temps : ? Pas encore, Akira Kaizen. ?

  Le noir avait tout englouti. Plus de douleur, plus de bruit, plus de chaos. Juste un vide absolu, un silence si profond qu’Akira ne savait même pas s’il existait encore. était-il mort ? Il n’en était pas s?r. Son corps ne répondait plus, mais une part de lui – son esprit, peut-être – flottait, suspendue dans une obscurité sans fin.

  Puis une lumière per?a le néant – faible d’abord, comme une étincelle lointaine, avant de grandir en un éclat argenté qui pulsait doucement. Une voix résonna à nouveau, grave et ancienne, chaque mot vibrant comme un roulement de tonnerre : ? Akira Kaizen. ?

  Il voulut répondre, mais il n’avait pas de voix, pas de bouche, rien de tangible. Pourtant, il sentit une présence – massive, écrasante, mais pas hostile. L’éclat argenté se précisa, prenant forme devant lui : une silhouette colossale, humano?de mais irréelle, drapée dans des robes fluides qui semblaient faites de temps lui-même. Des cha?nes brisées pendaient à ses poignets, et ses yeux – deux puits sans fond – le fixaient avec une intensité qui le transper?a.

  ? Qui… êtes-vous ? ? pensa-t-il, incapable de parler.

  La silhouette inclina légèrement la tête, comme si elle entendait ses pensées. ? Je suis Chronos, le Titan oublié du Temps. Celui qui voit au-delà des ages, celui que les autres divinités ont banni dans l’ombre. ?

  Akira sentit son esprit vaciller. Chronos. Ce nom – ce mot – qui clignotait sur son écran depuis des jours. Ce n’était pas un bug, pas une erreur. C’était… lui.

  ? Tu es au bord de la fin, ? reprit Chronos, sa voix résonnant dans le vide. ? Ton corps est brisé, ton souffle s’éteint. Mais ton heure n’est pas venue. Pas encore. ?

  Une image flotta devant Akira – une vision floue de la réalité qu’il avait quittée. Il se vit, écrasé contre le mur effondré, du sang coulant de sa bouche, ses yeux mi-clos. Toma et Airi hurlaient son nom, luttant pour l’atteindre alors que Typhon avan?ait, implacable. La petite fille qu’il avait sauvée pleurait dans les bras d’Airi, tremblante mais vivante.

  ? Pourquoi… moi ? ? pensa-t-il, un mélange de confusion et de désespoir traversant son esprit. ? Je suis rien. Un rang F. Un loser. ?

  Chronos le fixa, et pour la première fois, un semblant de sourire – ou peut-être une grimace – apparut sur son visage intemporel. ? Tu te trompes. Les autres divinités choisissent la force brute, le talent évident, ceux qui brillent dès le départ. Moi, je choisis ceux qui br?lent dans l’ombre, ceux que le monde ignore. Toi, Akira Kaizen, tu as été retenu – verrouillé – pour une raison. ?

  ? Retenu ? ? répéta-t-il mentalement, son esprit s’accrochant à ce mot. ? Par qui ? ?

  ? Cela viendra en son temps, ? répondit Chronos, énigmatique. ? Mais sache ceci : ton destin n’est pas celui d’un faible. Il est celui d’un feu qui grandit, d’une force qui défie les limites. ?

  Akira sentit une chaleur na?tre en lui, faible mais croissante, comme une braise ravivée par le vent. Chronos tendit une main – ou ce qui ressemblait à une main, faite de lumière et d’ombres entrelacées – et un flot d’énergie argentée s’écoula vers lui. Elle s’infiltra dans son être, réparant ce qui était brisé, rallumant ce qui s’éteignait.

  ? Je t’offre un don, ? dit Chronos. ? Un pouvoir que nul autre n’a porté avant toi : Infinite Momentum. Chaque action, chaque effort, chaque instant de lutte augmentera ta vitesse, ta force, tes réflexes, tes compétences. Plus tu persévères, plus tu deviens puissant. Et une part de cette force restera avec toi, éternellement. ?

  Akira sentit les mots s’imprimer dans son esprit, lourds de sens. Infinite Momentum. Une progression sans fin, un pouvoir qui grandissait avec le temps – pas un éclat instantané, mais une montée lente, inexorable. Il pensa à ses stats bloquées, à ses années de stagnation, et une question jaillit : ? Pourquoi ?a marchait pas avant ? ?

  Chronos inclina la tête. ? Ton potentiel était scellé, caché par ceux qui craignaient ce que tu pourrais devenir. J’ai brisé ce sceau. Maintenant, il t’appartient de prouver qu’ils avaient raison de te craindre. ?

  L’énergie argentée s’intensifia, enveloppant Akira dans une chaleur presque douloureuse. Il sentit son corps se reformer – os se ressoudant, sang cessant de couler, souffle revenant dans ses poumons. Mais il y avait plus : une pulsation nouvelle, un rythme qui battait en lui, comme une horloge invisible qui s’éveillait enfin.

  ? Relève-toi, ? ordonna Chronos. ? Le temps ne pardonne pas l’hésitation. ?

  La lumière s’éteignit, et le vide se dissipa. Akira ouvrit les yeux – ses vrais yeux – et inspira une goulée d’air poussiéreux. Il était de retour dans Neopolis, allongé parmi les débris, le mur effondré à quelques centimètres de son visage. La douleur était encore là, mais atténuée, comme un écho lointain. Son écran flottait devant lui, entièrement transformé :

  [Nom : Akira Kaizen]

  [Rang : F]

  [Puissance : 1 | Agilité : 1 | Endurance : 1 | énergie Mythique : 1]

  [Divinité liée : Chronos]

  [Skill : Infinite Momentum – Activé]

  [Progression : En attente]

  Il cligna des yeux, abasourdi. énergie Mythique : 1. Ce n’était presque rien, mais c’était un début – une fissure dans le mur qui l’avait retenu si longtemps. Il entendit des cris – Toma et Airi, tout près.

  ? Akira ! ? hurla Airi, sa voix brisée par les larmes. Elle courut vers lui, tombant à genoux à ses c?tés. ? T’es vivant… comment… ? ?

  Toma arriva derrière elle, boitant sur sa jambe blessée. ? Mec, t’étais mort ! J’veux dire… presque mort ! ?

  Akira se redressa lentement, chaque mouvement envoyant une décharge dans ses muscles. ? J’sais pas… j’suis là, c’est tout. ?

  Mais au loin, Typhon rugit à nouveau, son ombre écrasant ce qui restait de la ville. Mizuki et d’autres Avatars combattaient encore, leurs éclairs de lumière per?ant la fumée, mais la bête semblait inarrêtable. Akira serra les poings, sentant cette pulsation nouvelle en lui – faible, mais réelle.

  ? Faut qu’on bouge, ? dit Airi, l’aidant à se relever. ? T’es pas en état de rester ici. ?

  Il hocha la tête, mais ses yeux restèrent fixés sur Typhon. Pour la première fois, une étincelle br?lait en lui – pas de la peur, pas de la résignation, mais quelque chose d’autre. Quelque chose qui grandissait déjà.

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