Hanamaru, quatre ans après l’attaque de G?me, début du printemps.
La surprenante chaleur malgré la fin de l’hiver donna envie à Tsukinoko d’aller lire dehors. En tenue décontractée, elle avait grimpé sur le camphrier pour se nicher au calme. Un chignon tenait ses cheveux noués entre eux, pour dégager sa nuque sous la chaleur du soleil.
Bercée par l'ambiance du village qui résonnait à peine en haut de la falaise, ses paupières s’alourdissent mais une gêne la tenait aux aguets.
Les oreilles grandes ouvertes mais les yeux clos pour ne pas éveiller de soup?ons, elle surveillait les alentours. Pourtant, elle n'entendait personne, juste le vent qui faisait doucement bruisser les feuilles au-dessus d'elle.
Alors qu'elle allait tourner la tête en direction de là où elle sentait une présence, une ombre file à travers la forêt. Un mauvais pressentiment. Ni une ni deux, elle s'élance, son livre à la main et pieds nus, ses Geta laissées aux creux des racines.
La forêt était truffée de leurs qu’elle démasque aussit?t, avant d’appeler Yukihyō pour ne plus perdre de temps. Une odeur de renfermé alors que le vent frais circulait entre les arbres, comme de vieux livres, attire l’attention du fauve. L’odeur ne suivait pas le vent, mais slalomait entre les arbres comme pour semer sa trace, en restant dans un périmètre restreint en direction de l’Ouest.
Tsukinoko le caresse entre les oreilles pour le remercier et il dispara?t aussit?t. Cette odeur qu'avait repéré Yukihyō, elle n’avait aucune idée de ce que ce pouvait être. Elle évoluait en dissimulant sa présence et identifie la trace de l'ennemi parmi celles qu'il avait camouflé, puis aper?oit enfin une silhouette devant elle filant à travers les arbres, de plus en plus proche.
Au pire, des excuses seront présentées après son arrestation et la personne repartira si elle s’avère être innocente, mais mieux valait en avoir le c?ur net. Avant même que Tsukinoko ne puisse se lancer, une présence surgit derrière elle. La silhouette devant elle s'évapore subitement et Tsukinoko se retourne en parant un coup, repéré à temps du coin de l'?il.
L’individu essayait de lui poignarder le ventre et elle retient son bras d'une main. Elle en profite pour l'immobiliser en n'ayant plus de doute à présent sur sa culpabilité. L'homme s’éloigne sur une branche et elle recule sur l'arbre suivant, au même niveau que lui. Le bras tendu, elle le maintenait prisonnier grace à son aura prolongée, son livre dans l'autre main. Ses cheveux retombent sur son visage une fois l'agitation passée.
- Pourquoi tu t'enfuies ? demande-t-elle doucement.
L'homme ne dit rien et explose en une pluie de feuilles, permuté. Une pluie de poignards s’abat sur elle qu’elle dévie en balayant son aura au-dessus d’elle. Tsukinoko se cache dans le feuillage et signe la technique de la Coulée de boue, son livre entre les dents, qui fond le sol en torrents boueux. Le chakra de l’individu remuait dans la boue. En un éclair, Tsukinoko l’extirpe de la coulée en le tenant par la gorge, sans se salir, son livre toujours entre les dents. L’individu avait un visage singulier, des cernes noires sous les yeux et de longs cheveux bruns hérissés. Une barbe mal rasée de quelques jours habillait son menton, malgré sa vingtaine d’années. Alors qu'elle resserrait sa prise pour le faire parler sous la torture, l'homme à genoux s'apprête à signer à nouveau. Elle ne lui laisse pas le temps de joindre les mains qu’elle attrape ses poignets en faisant un salto au-dessus de lui. Gracieusement, elle retombe sur ses pieds et la résistance dans ses épaules le fait hurler de douleur alors que ses bras étaient sur le point d’être disloqués, à l’envers.
- Pourquoi tu t'enfuies ? redemande-t-elle en mordillant son livre, accroupie derrière lui.
L'homme grima?ait de douleur mais ne répondait pas, et elle s'impatiente. Elle prend appui sur ses poignets jusqu'à entendre ses articulations craquer. Il hurle à nouveau et capitule.
- Je... J'ai été envoyé pour récupérer des-des documents, c'est tout ! C'est juste de la paperasse sans importance, et c'est plus rapide de passer par la forêt.
- Alors pourquoi tu m'attaques si c'est sans importance ?
Elle lui lache immédiatement les mains et ses bras reviennent en position normale comme des ressorts. Elle appuie sur ses épaules douloureuses pour revenir face à lui. Tout en douceur, sa jupe volant en même temps qu'elle fait le tour du menteur.
Il s'effondre sur ses mains tremblantes, mais elle avait dérobé deux Kuna? de sa sacoche, dans son dos, et en plante un dans chacune de ses mains. Cloué au sol, il geint à nouveau, accablé par la douleur. Tout s’était déroulé en un battement de cils.
Tsukinoko pose son livre juste devant lui, dégage ses cheveux derrière ses oreilles. Elle fouillait ses poches pour trouver lesdits documents mais il gesticulait encore, la traitant de nom d’oiseaux et mena?ant de se plaindre au Chef d’être traité de la sorte.
Il se prend un coup de pied en plein dans la machoire en réponse.
- Tu me casses les oreilles, abruti.
La fouille corporelle pouvait reprendre dans le calme. Des parchemins étaient cachés dans un chiffon dans une des poches intérieures. Il s’agissait de répertoires de techniques secrètes appartenant au clan Nara. Elle attrape le voleur par sa tignasse pour le redresser, mais son visage lui était inconnu. Quelques claques virulentes chaleureusement offertes l’aident à reprendre ses esprits, mais il s’effraie de la voir juste devant son nez. Il tente de s'enfuir mais Tsukinoko était montée en équilibre sur les kuna? et ses mains clouées au sol se remettent à saigner de plus belle, pris au piège.
- Qui t'as demandé de récupérer ?a ? Tu viens d'où ? Comment t'es rentré dans le village ? demandait-elle en jonglant avec les trois parchemins. Montre-moi ton ordre de mission. Active-toi merde, j’ai pas que ?a à foutre !
Tout à coup, plusieurs présences les encerclaient. Le chakra de Tsukinoko émanait lentement à ses pieds, comme une brume matinale, pour se préparer à l’assaut imminent.
- T'es venu seul ? demande-t-elle d'un ton grave.
- Tu vas vite le savoir, ricane-t-il tant bien que mal. Si tu me laisse partir, il va rien t'arriver.
Elle s'accroupit sur les kuna? pour lui relever délicatement la tête, puis murmure avec un grand sourire, son nez juste devant le sien.
- Je m'occupe d'eux et je t'emmène voir J?net, elle va prendre soin de toi t'inquiètes pas.
Le voleur la regardait avec horreur, comme si un démon se tenait devant lui en croyant un instant l'avoir dissuadé grace à ses menaces.
Tsukinoko se redresse brusquement alors qu’on approche, mais se calme en reconnaissant une présence familière. Sagi.
Il se baisse pour ramasser son livre alors qu’elle fron?ait les sourcils. L'homme à ses pieds souffle un grand coup, puis vocifère.
- Tu peux descendre maintenant ?!
Tsukinoko était à peine descendue des kuna?s qu’il lance d’autres jurons vers les arbres, et un agent de la Colonie se précipite vers lui.
- C’est quoi ce bordel ? crie-t-elle en récupérant son livre avant que Sagi n'aie une crampe.
- Et bien, dit-il d'une voix sage, je pense que le Chef a su te redresser. Un minimum.
Sur ses gardes depuis le début de la traque, Tsukinoko se détend enfin. Le jeune homme serrait les dents derrière eux alors que son commandant lui retire les lames des mains.
- C'est qui lui alors ? demande-t-elle en le pointant du doigt.
- K?, un agent du chef, lui répond-il en souriant. J’ai préféré utiliser ses hommes.
Se sentant mal pour lui, Tsukinoko esquisse un sourire embarrassé alors qu’il était enfin debout, les bras ballants et dégoulinants de sang.
- Sans rancunes, crache-t-il par terre alors que l'autre lui enveloppe les mains dans un bandage.
Tsukinoko était étonnée de leur comportement, révélateur de leur quotidien peu enviable. Sagi, appuyé sur sa canne, récupère les rouleaux dans la main de Tsukinoko qui se transforment en vieux parchemins poussiéreux sans importance, qui dormaient aux archives depuis des années. Ce qui expliquait enfin l’odeur étrange qu’avait senti Yukihyō.
Désormais aussi grande qu’Haruo, Tsukinoko, Adjudant spécialisé de Hanamaru, avait su se faire une place au village malgré sa renommée peu flatteuse. Son caractère ne s’était pas adouci, contrairement aux traits de son visage.
Ses techniques et aptitudes physiques avaient quant à elle évoluées au point que son nom était connu des pays voisins alors même qu’elle n’en avait jamais foulé le sol. Son aura et sa Foudre redoutables semaient le doute chez ses ennemis, mais lorsqu’elle dégainait ses sabres la partie était perdue d’avance pour eux.
Lors de ses missions, elle ne portait pas l’équipement militaire de Hanamaru, car il jurait avec son style vestimentaire. Habillée d’un yukata court noir à manches longues, qui avait les coutures et les pans du même violet lilas que sa jupe circulaire. L’obi, en cuir beige tressé, tenait à la fois son kimono fermé et ses sabres dans son dos. De hautes chaussettes noires rejoignaient sa jupe, par-dessus lesquelles des sandales lacées jusqu’aux mollets masquaient les bandes de protection par-dessus les chaussettes. Elle ne salissait jamais ses habits, qui dissimulaient sa carrure svelte mais ferme.
Dans son bureau, le Chef Haruo Sato attendait Tsukinoko. La désertion d’Hebimaru il y a quatre ans avait donné un teint grisatre à ses cheveux, et les rides de son visage se creusaient davantage année après année en tant que Chef.
Tsukinoko allait avoir seize ans, légalement majeure aux yeux du code militaire, et le sursis voté prendrait fin. Pour son anniversaire, dans quelques jours, Haruo lui offra l’appartement où elle vivait.
Le village avait beaucoup évolué ses dernières années et s’était agrandi. Alors qu'il regardait l’enveloppe sur son bureau, elle s'émeut de son geste et se précipite à son cou. Surexcitée, elle se redresse pour le harceler de questions sur son r?le désormais. Les Adjudants, lorsqu’ils n’étaient pas en mission, était chargés de former une équipe de soldats dès leur sortie de l’Académie, pour les accompagner jusqu’à l’obtention du grade supérieur. Mais face à la gestion d’enfants, la grimace de dégo?t sur le visage de Tsukinoko surpris le Chef.
- Je me sens pas à l’aise avec les mioches, ?a pleure, ?a crie, ?a pue, ils ont les mains collantes et ils sont cons ! énumère-t-elle sur ses doigts.
- Alors que comptes-tu faire ?
Sa décision était déjà prise depuis longtemps. Un genou à terre devant lui, elle s’écrie fièrement en baissant les yeux. Il réajuste son chapeau et se prostre devant sa disciple, les mains dans le dos, puis répond enfin alors qu’elle dégoulinait d’impatience et d’angoisse.
Désormais, Tsukinoko allait ?uvrer aux forces spéciales d’Hanamaru.
Haruo s'enfonce dans son fauteuil dès qu'elle disparait et souffle un grand coup, comme si une tornade venait de lui passer dessus. Mais un grand sourire se dessinait sur ses lèvres et il se remet au travail sans y prêter attention, non pas moins soucieux.
Dans les quartiers de la Colonie, situés dans les tréfonds de la Résidence du chef et reliés jusqu’à l’Académie, différents agents étaient affairés. Tsukinoko les observait silencieusement après avoir rejoint Sagi sur le perron.
Dans quelques jours, sa carrière d’agent de la Colonie commencera enfin. Le contrat d'adhésion et deux masques en porcelaine avec une figure de panthère aux traits violets et noirs lui sont remis avec sa nouvelle tenue..
Dès l’aube, Tsukinoko se préparait, bien en avance car impatiente de rencontrer son commandant d’escouade. Ses cheveux tombaient sur le masque et elle défait alors sa tresse. Elle opte finalement pour un demi-chignon derrière les oreilles, qu'elle fixe fermement avec des baguettes chinoises noires. Les petites mèches autour de son visage étaient trop courtes pour tenir et retombaient sur ses tempes.
Cela fera l’affaire.
L'esplanade au-dessus du Monument des Chefs surplombait le village. Après plus d’une heure d’attente, assise sur les rochers au bord du vide, Tsukinoko perdit patience.
Alors qu’elle descendait la première marche, une silhouette la rejoint enfin. Sans avoir le temps de faire remarquer son retard ou de se présenter l’un l’autre, son nouveau chef d’escouade l’embarque avec lui.
Une impression de déjà-vu trottait dans la tête de Tsukinoko, qui ne pouvait s’empêcher de fixer son masque. Il avait les cheveux gris mais d'après sa voix et sa stature, devait avoir à peine plus de seize ans aussi.
Sa première mission confidentielle consistait à retrouver et neutraliser un déserteur de Gyoson qui s’était infiltré dans le pays du Soleil.
Aper?u pour la dernière fois à mi-chemin entre Hanamaru et la frontière, pillant des villageois. Le Chef du pays c?tier avait accordé sa mise à mort sous condition qu'on détruise le corps et lui restitue l'épée, par précaution.
Le nouveau commandant. répétait les quelques règles primordiales de fonctionnement de la Colonie, mais Tsukinoko lui rappela qu’elle venait de les étudier. Son air prétentieux l’aga?ait et elle souffle lourdement sous son masque.
- Au fait, tu t'appelles comment ? demande-t-elle sans hésiter.
- On ne prononce pas nos noms en mission, répond-il sans la regarder. C'est une des règles principales, tu as vraiment écouté pendant ta formation ?
Sans pouvoir se retenir, elle souffle à nouveau en roulant des yeux, mais il secoue la tête d’un mouvement agacé.
- Pardon Commandant... Dis t'as quel age ?
- Ne m'appelle pas comme ?a. Et ?a ne te regarde pas, répond-il en accélérant le pas.
La suite de l’aventure promettait vu son enthousiasme. Même s'il devait avoir à peine son age, Tsukinoko le trouvait mou comme un vieux. Après deux heures de route, il ordonne une halte et le bin?me se terre derrière des buissons.
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- C'est dans le village juste derrière qu'il a été aper?u hier dans la nuit, pris sur le fait par des villageois, explique-t-il. Il serait parti par-là, dit-il en montrant du doigt un chemin de terre un peu plus loin.
- Et ? On va le pister ? Je peux demander à-
- Je m'en occupe, la coupe-t-il.
Le chef d’escouade invoque un petit chien à la fourrure blanche, qui portait un brassard.
- Yo, s'écrit le toutou en levant la patte. C’est quoi l’affaire ?
Tsukinoko s’allonge juste devant lui, prête à le caresser mais il pose la patte sur son masque.
- Enchanté, répond-il. Moi c’est Sunifa, tu veux toucher mes griffes ?
Elle se redresse à genoux et presse sa petite patte sous ses doigts avec joie, mais son ma?tre le rappelle à l’ordre. Le petit chien dispara?t dans les buissons puis réappara?t la truffe à même le sol pour renifler le chemin, avant de revenir la queue entre les jambes.
- Je sens presque rien, il reste plus grand chose, déclare-t-il. C'est pas assez pour retrouver sa trace.
- Dans ce cas, on va-
- Laisse-moi essayer Boss, soupire Tsukinoko. Les félins ont plus de flair que les chiens.
- Félins ? répètent-ils en ch?ur.
- Des panthères. Tu devrais rentrer... Euh...
- Sunifa, répète le petit chien.
Ce dernier se retourne vers son ma?tre qui lui fait signe de la tête qu'il pouvait partir. Il dispara?t aussit?t et Tsukinoko attendait l'approbation de son chef pour se lancer, hésitante pour son premier jour.
- Alors ? demande-t-il accroupi dans l'herbe. On n’a pas toute la journée, ils s’éloignent en ce moment même.
- On vous punit si vous êtes agréables dans les forces spéciales ou quoi ? s'agace-t-elle.
Pour mettre fin au malaise, Pansā appara?t entre eux deux, manquant de peu de faire basculer le jeune commandant. Mais le fauve retroussa tout à coup les babines, sa tête de la même taille que son masque de porcelaine. Il reculait sur les fesses au même rythme que Pansa avan?ait vers lui d’un air mena?ant.
- Pansā, soupire-t-elle, laisse-le. Il a un chien oui, mais il est parti.
Le léopard s'arrête enfin et retourne auprès de sa petite protégée sans le quitter des yeux. Assise dans l'herbe, elle lui caressait le menton le bras en l'air, s'amusant d'avoir un peu secoué son responsable.
Ce dernier n'avait pas bougé d'un cil, les observant tous les deux. Pansā donne un petit coup de tête dans le masque de Tsukinoko et elle lui explique alors son nouveau grade, avant de le guider vers leur objectif. Pansā grogne légèrement.
- Comment il peut le reconna?tre ? demande-t-elle.
- Le fugitif devrait sentir l'iode, il vient du pays c?tier. Il a aussi une grande épée, et a d? emporter avec lui des objets de valeur volés au village.
Pansā retrousse les babines en l'entendant parler puis renifle en direction du village. Il sort des buissons sans encombre en les enjambant de sa grande taille. Il s’empresse de le suivre mais Tsukinoko le retient et le léopard part devant.
- Reste avec moi, glousse-t-elle. Il aime vraiment pas les chiens. Mais il était trop mignon Sunifa ! hausse-t-elle joyeusement les épaules.
Après plus d’une heure de cavale, Tsukinoko décide de tenter une énième fois de briser la glace mais son commandant la devance cette fois-ci.
- Tu as plusieurs panthères ?
Pansā grogne à nouveau sans se retourner et elle lui répond.
- ''J'ai pas'', mime-t-elle des doigts. C'est mes amis, mes p'tits bébés, glousse-t-elle. Y en a trois. Et tes toutous ?
- Huit, reprend-il.
- Autant ! Je pourrai les voir ? Hein ?! Allez !
- Non.
Toujours aussi tendu. Tsukinoko grimace sous son masque et bondit pour se réfugier sur le dos de Pansā. Les espoirs d’adoucir l’ambiance au sein du bin?me s’amenuisaient.
Pansā s'arrête enfin et fait un signe de tête à Tsukinoko avant de dispara?tre dans un nuage de fumée.
- Le fuyard est à peu près deux cents mètres devant, chuchote-t-elle en s'abaissant.
L’embuscade démarre alors. Le fugitif, un sac en toile à la main et une immense épée accrochée dans le dos, marchait tranquillement sur le chemin de terre.
En diagonale derrière lui, cachés à travers les arbres, le bin?me commence sa capture. Tsukinoko attendait une ouverture puis lance d'une main un bras de chakra pour l'immobiliser, suivi par son commandant prêt à agir subséquemment, mais elle se retourne simultanément. Sans hésiter, un second bras de chakra capture le second individu qui les encerclait.
Les bras écartés, une prise à chaque extrémité alors qu’elle était en équilibre sur une branche. Sans avoir rien remarqué, il avait suivi le plan pour transpercer l’individu de front. Son coup, chargé de Foudre, émet un bruit strident qui déconcentre Tsukinoko l’espace d’un instant.
Alors qu'il essayait de dégager son bras du torse du fugitif, il paraissait coincé. L’ennemi devenait pale, sa peau se liquéfiait avant que son corps entier n’explose en un torrent. Une bulle d’eau se forme avant d’avaler entièrement le commandant. Pris au piège.
Tsukinoko dissipe aussit?t son chakra pour ne pas y succomber à son tour. Le vrai déserteur était celui qu’elle tenait derrière, et son clone avait su tromper l’agent. Sans laisser la panique s’emparer d’elle, elle analyse la situation.
- Et bien, vous en avez mis du temps pour me trouver, ricane tout à coup le fugitif. Je vois que le niveau des services secrets de Hanamaru n'est pas aussi haut qu'on le dit, continue-t-il en se moquant de son prisonnier.
L'observant depuis sa bulle d'eau, ce dernier calculait le temps qu'il lui restait avant de manquer d'oxygène, tout en mettant au point un plan pour se libérer.
Leur première mission tournait au vinaigre et tout reposait désormais sur la nouvelle recrue. Un premier kuna? avait transpercé la bulle d’eau, mais son élan f?t absorbé et il s'enfonce lentement à l'intérieur sans la faire éclater. Le second, pourtant lancé à la même vitesse, fait éclater la bulle et l’agent saute à l’abri pour reprendre sa respiration. Juste à temps, il avait aper?u les explosifs apposés sur le manche de l’arme et s’était protégé de l’impact.
Alors que Tsukinoko laisse échapper un cri de victoire malgré elle, sa tête se met à tourner et elle s’agenouille. Le déserteur, les mains jointes, puisait sans efforts son chakra à travers le lien qui les tenait. Tsukinoko comprend qu’elle avait sous-estimé les atouts de ce type, en y faisant face pour la première fois.
Son aura déferlante avait trouvé une faille. Difficilement, comme si la gravité la clouait au sol, elle se relève alors que son chef engage le combat dans l’arbre. D’un pas lourd, elle approche de la lutte et dégaine un sabre, en accumulant ses dernières forces dans la lame qui grésillait de Foudre.
Devant, l’agent assène un dernier coup de talon directement dans la gorge du déserteur. Paralysé par la douleur, les agents en profitent pour lui administrer le coup final. Le sabre de Tsukinoko se plante dans ses lombaires en même temps que le poing du commandant traverse son torse.
Le fugitif, empalé et br?lé de l’intérieur, chute lourdement à terre. La branche se met à tournoyer sous les pieds de Tsukinoko et elle chute à son tour, dépourvue de repères et épuisée. Dans un dernier effort, elle s’accroche à son plastron et son masque faisait face au sien, pour lui demander ce qu’il avait pensé de ses compétences, avant de s’évanouir.
Le tonnerre fait sursauter Tsukinoko qui émergeait de son malaise. Dehors, l’orage battait son plein, à l’abri dans une grotte en attendant la fin de l’averse.
Plongé dans un livre, le jeune commandant avait son masque relevé sur la tête, après avoir pris soin de poser une fine couverture de survie sur Tsukinoko. Cette dernière se relève alors que sa voix nonchalante résonne dans la cavité.
- Je me suis occupé de tout pendant que tu dormais. Tu te sens mieux ? demande-t-il sans lever les yeux.
Oubliant de lui répondre, le regard fixé sur lui, elle crapahute jusque devant ses yeux. L’un ouvert qui lisait les lignes, l’autre coud et traversé d’une longue cicatrice.
Il portait un masque en tissu noir qui recouvrait son nez et sa bouche entièrement, et ses cheveux gris ébouriffés retombaient sur son visage. Il lève un sourcil alors qu’elle le dévisage mais elle hurle brusquement dans la grotte.
- C’est toi !
- Moi quoi ? dit-il niais.
- Je me rappelle de toi !
Il la regardait sans comprendre. Elle pointe alors son visage comme une évidence. Il soulève finalement le masque en porcelaine qu’elle portait avec délicatesse. Son grand sourire rempli d’excitation le paralyse tout à coup.
Sa nouvelle recrue n’était autre que la disciple du Chef, alors que ce dernier ne lui avait donné qu'une fiche d'informations anonyme pour faire jouer l'objectivité dans son évaluation. Les souvenirs lui revenaient en tête.
La pas des moindres célèbre Capricieuse de Hanamaru, qu’il avait surveillé pendant de longues semaines à son arrivée. L’apparence de Tsukinoko avait légèrement changée après ces quelques années, même si son caractère était toujours aussi insolent.
Son visage jadis enfantin arborait désormais des traits fins et féminins. Les petites cernes sous ses grands yeux violets étaient toujours là, et habillaient élégamment son regard plein de vie. Son sourire moqueur mais charmeur lui rosit les joues et il lui remit alors son masque sur le visage.
- Au fait, ils sont comment ceux de ton escouade ? Je les connais ? demande-t-elle en se rasseyant.
- Quelques-uns oui. Le Chef a choisi l'unité que tu intègreras. La mienne, explique-t-il, qui vient d’être formée. Je n'étais pas là pour assister au test de Sagi, mais de ce que m'a dit K?-
- Attends... le coupe-t-elle, K? ? Mais pourquoi c'est lui qui a fait le test alors ? Je l'ai défoncé ! Il m'en veut pas ? Et-
- Si tu me laissais répondre, je pourrais t'expliquer, soupire-t-il.
Il était étonné par son énergie à toute épreuve et la trouvait candide. Son caractère explosif était tout de même enthousiaste et attentif aux autres. Lui qui était plut?t détaché et calme de nature, il avait l'impression de converser avec une pie bavarde, infatigable jusqu’à ce que l’on draine son énergie, littéralement. Il envia les capacités du fugitif mais se reprend alors qu'elle le dévisageait en attendant la suite.
- Le Chef a approuvé le déroulé du test pour que les membres te rencontrent aussi et se fassent leur propre idée-
- Et du coup ?
- Du coup, ils ont hate de faire équipe avec toi, tu les amuse beaucoup même s'ils ont un peu p- Tu les rencontreras, se racle-t-il la gorge.
- Un peu quoi ? Je les amuse ? Je suis pas là pour faire l'animation ! peste-t-elle. Un peu quoi ? insiste-t-elle encore.
Il soupire car il avait espéré qu'elle n’aurait pas entendu et demande pardon à ses hommes de devoir les mettre à nu.
- Un peu peur.
- Peur ? De moi ?! s'esclaffe-t-elle.
Il l'ignore et continue ses explications alors qu’elle se marrait derrière son masque.
- Le Chef hésitait. Mais on est tous unanimes finalement, tu sais rester professionnelle quand il le faut.
- Bah bien s?r que je sais ! Qu'est-ce que vous avez tous à me prendre pour une gamine, marmonne-t-elle dans sa barbe. Bon, faut ramener les objets volés au village.
Le soleil réussi une percée à travers les nuages et elle s’élance sur le chemin boueux sans l’attendre. Conscient de sa bourde, il jette le lourd sac en toile sur son épaule avant de sortir.
Assise sur un tas de vieilles planches de bois posées contre une maison, Tsukinoko n’avait pas encore récupéré toutes ses forces. Les yeux fermés, elle se délectait de la douce odeur de pain chaud qui embaumait l’air pendant que son chef restituait les affaires aux villageois.
- T'es qui ? s’étonne-t-on soudain.
Une petite fille aux joues roses la toisait de haut en bas.
- Euh... Toi t'es qui ? demande-t-elle prise au dépourvu.
- Tu veux quoi à ma maman ? demande-t-elle en pointant du doigt la femme dans la maison, aux fourneaux.
- C'est ta maman ? Elle est boulangère ? espère-t-elle.
- Ouais, qu’est-ce tu lui veux ?
- Des brioches, dit-elle avec un grand sourire derrière son masque. Je reviens de mission, j'ai trop faim !
Sans répondre, la petite fille se précipite à l'intérieur puis Tsukinoko l’entend prévenir sa mère que les agents envoyés par Hanamaru, qui avaient ramené leurs affaires, mourraient de faim. La femme jette un regard par la fenêtre avant d’ouvrir son immense four à pain en pierres.
Sur le chemin du retour, Tsukinoko dévorait ses brioches encore tièdes, ravie. Son chef n’en avait pas réclamé, mais il vient briser le long silence après avoir terminé le constat de sa nouvelle recrue.
- Tu es de type sensoriel ?
- Bah ouais, hausse-t-elle les épaules.
- C'est comme ?a que tu as senti le déserteur dans ton dos au début ?
- Ouais. D'autres questions Boss ? glousse-t-elle.
Elle le regardait en attendant sa réaction mais il replonge dans son livre, ce qui conclut son évaluation.
- Je t’acceptes dans l’escouade, mais-
- Enorme ! crie-t-elle réjouie. Alors c'est quoi la suite ?
Dépassé par son énergie qui jouait aux montagnes russes et son manque de discipline, il soupire lourdement et referme son livre.
- Je disais, que je compte sur toi maintenant que tu as rejoint mon unité. Mais, canalise-toi un peu. Dès qu'on aura une mission, je te préviendrai. Tu es chargée de la surveillance et de la protection d’Haruo Sato en attendant.
- D’accord Boss. Alors, j'ai le droit de savoir comment tu t'appelles maintenant ?
- Kakashi Shiroi.
Elle n’eut pas le temps de répondre qu’il avait disparu, arrivés aux portes de Hanamaru.
- Ah ? marmonne-t-elle en en faisant tomber sa brioche sous la surprise.
Kakashi Shiroi avait une grande renommée autour de son nom, qui ne mentionnait pas nécessairement sa langueur. Il avait possédé un Negin, bien qu’étranger au clan Karumin, qui se cachait derrière sa cicatrice, inutilisable à présent. Sur ses gardes, Tsukinoko ne p?t s’empêcher de le craindre dorénavant.
Presque arrivée chez elle, Tsukinoko entendit des éclats de voix venant d’un attroupement plus loin dans la rue. Curieuse, elle se faufila entre les passants, son panier de brioches sous le bras et son masque en porcelaine caché dedans. Un petit gar?on, qui aurait à peine quatre ans, criait sur la foule qui le méprisait du regard. Il avait les cheveux blonds en pétard, de petites taches de rousseur sous de grands yeux ambres.
- Ce monstre ! s'écrie une femme.
- C'est lui, ce Démon-
Cette dernière est coupée par son amie qui lui donne un gros coup de coude.
- Chut ! Tu sais pourtant que l'on n’a pas le droit d'en parler.
- De quoi ? s’incruste Tsukinoko sans gêne entre elles.
Après un regard hésitant, l’une des commères se cache derrière sa main pour lui chuchoter.
- Ce serait lui le fils du démon chacal aux cinq yeux, d’après les dernières nouvelles, chuchote-t-elle. Tu devrais l'éviter, il n'apporte que des malheurs !
Haruo avait mentionné que le fils de l’homme qui s’était sacrifié face à G?me se trouvait parmi les orphelins de l'attaque, sans préciser son identité. Tsukinoko avait aper?u ce petit gar?on quelques fois auparavant errer dans le village, sans y prêter attention.
Ses petites taches de rousseur lui donnaient un air attendrissant. Les habitants continuaient à s’en prendre à lui, ce qui l’offusqua somme toute. Le petit gar?on se mit à criser, les larmes aux yeux, pleurant envers ces individus d’arrêter de le regarder et de le traiter de monstre sans qu’il ne sache réellement pourquoi.
Orphelin de naissance, Tsukinoko reconnaissait dans son regard ce sentiment de solitude qui l’habitait depuis plusieurs années, s’exprimant par l’insolence et des caprices. La compassion était plus forte que la haine et son c?ur la suppliait d'aller l'aider.
Le petit détale à toute vitesse pour les fuir et arrête sa course au bras de la rivière, derrière le centre-ville, pour s'asseoir au bout d'un des pontons.
Il reniflait grossièrement en essuyant ses larmes et sa morve sur les manches de son pull blanc, porté sous un t-shirt marron. Alors que Tsukinoko pensait être accueillante, le petit gar?on sursaute en la voyant.
- Tu vas encore t’enfuir ? Je suis tellement moche que ?a te fait peur ? glousse-t-elle.
Il la regarde d’un air ahuri, surpris par sa question. L'enfant se demandait ce qu'elle lui voulait, mais il restait captivé par son sourire et ses yeux brillants qui donnaient à Tsukinoko une présence chaleureuse à laquelle il n'était pas habitué.
- T'as perdu ta langue ? Tu criais comme un poissonnier tout à l'heure pourtant.
- Qu'est-ce tu veux ? fronce-t-il les sourcils apeuré.
- Rien de spécial, j'ai vu qu'ils étaient méchants avec toi et ?a m'a rendue triste, alors je voulais voir comment tu allais, dit-elle honnêtement.
- Mais tu me connais pas... dit-il avec un air suspect.
- C’est vrai, tu t'appelles comment ? Moi c’est Tsukinoko, lance-t-elle en s’asseyant au bord du ponton, les jambes dans le vide.
- Midareta Udon.
- Udon ? Comme les ramens ?!
Alors qu'elle explose de rire, il commen?ait à se vexer et elle s'arrête avant d'aller trop loin.
- C'est plut?t mignon, pourquoi tes parents t'ont appelé comme ?a ? demande-t-elle sans réfléchir.
Son visage se décompose et il serre les poings de colère.
- J’ai pas de parents moi ! crie-t-il prêt à fuir.
- Attends ! Pardon, j’ai pas fait exprès...
- Tu mens ! Et pi' qu'est-ce tu me veux ? s'énerve-t-il.
- Je veux juste discuter un peu avec toi, c'est tout, rale-t-elle. Je sais que tu dois t'ennuyer tout seul, moi aussi je m'ennuyais parfois. On m'a donné des brioches, je me suis dit qu'on pourrait les partager, mais si je t'embête je m'en vais alors.
Tsukinoko ramasse son panier et remonte le ponton. Au fond, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle s'entêtait à essayer de discuter avec lui, intriguée par ce petit gar?on. Arrivée sur la rive, une petite voix l’interpelle timidement.
- On peut jouer plut?t ? Et je veux une brioche steuplait...
L’après-midi passe et toutes les brioches avait été dévorées. Midareta avait fini par être à l’aise et avait harcelé Tsukinoko de questions sur sa carrière de militaire. Ses missions, ses exploits, toutes les scènes avaient été rejouée par Tsukinoko devant ses grands yeux ébahis.
Ils s’étaient promis de se retrouver le lendemain à la même heure, au même endroit, pour que Tsukinoko puisse terminer ses récits. Le soleil se couchait et elle le ramenait jusqu’à l’orphelinat, ou plut?t se faisait trainer par Midareta qui ne lui lachait plus la main. De retour dans le centre-ville, l’ambiance s’alourdit en passant devant les mêmes commer?ants qui avaient enguirlandé le petit gar?on plus t?t. Midareta agrippait son pantalon, apeuré. D'une main, elle lui caressait la tête pour le rassurer et le protéger des insultes qu'on lui lan?ait. Outrée du comportement des habitants qui n'avaient aucune considération pour lui, même si leurs sentiments envers Midareta ne risquaient pas de changer de sit?t.
- Ils sont méchants, s'attriste-t-il. Ils s'en fichent de moi ici... Ils disent je suis un monstre maintenant. Même quand je fais rien !
Tsukinoko ne savait plus quoi lui dire, dépitée. Midareta baisse les yeux en sanglotant.
- Tu sais, sourit-elle tendrement en lui pin?ant le bout du nez, je vois pas de quel monstre ils parlent. Moi, je vois juste un tout petit maki, tout mignon.
Son sourire réchauffe le c?ur de Midareta un instant, qui rigole de son nouveau surnom avant de la regarder partir en se frottant les yeux, rassuré.
Malgré son épuisement après cette première mission au sein de la Colonie, Tsukinoko ne trouvait pas le sommeil.
Midareta et elle n’étaient pas si différents après tout. Tous les deux sans famille, tous les deux craints pour ce qu'ils sont malgré eux.
Kakashi et son Negin. Aurait-il tué son coéquipier pour obtenir son pouvoir, qu’il prétend lui avoir légué à sa mort.
Pour elle, ne pas utiliser son Pouvoir était de coutume désormais.
Seulement lorsqu'elle s'entra?nait chez elle, et de rares fois, elle l’utilisait pour pousser l'amplitude de ses mouvements et sa rapidité, habituer son corps à garder cette aisance apportée par le Pouvoir lorsqu'elle était en situation réelle où elle ne se risquait à utiliser ses yeux.
Lors de l’attaque il y a quatre ans, un agent de la colonie s’est sacrifié en se laissant posséder par G?me, avant d’être tué en emportant avec lui le démon
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