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4. La promesse non tenue

  Dès le lendemain, l’escouade s’entra?nait au complet après leur garde. Tsukinoko, assise dans l’herbe, étudiait le bois de Kimaru quand une idée lui vint en tête. Elle se leva brusquement et fit irruption au milieu de ses camarades qui la regardèrent surpris.

  - On pourrait combiner nos techniques ! s'exclame-t-elle.

  - Comment ? demande K?.

  - Avec Kimaru, explique-t-elle, pas toi. L’encha?nement que j'ai fait, ?a me prend trois techniques et du temps et beaucoup de chakra. Mais en soit, le bois a la même dureté que la boue séchée, je l'ai fait exploser aussi. Et le bois c'est de l’eau et de la terre non ?

  - Si on veut... dit Kimaru en l'écoutant attentivement.

  - Donc la foudre a autant le dessus sur ton bois qu'il l'a sur la terre. Et l’eau à l'intérieur va permettre de conduire l'électricité pour amplifier le phénomène. Comme un arbre frappé par la foudre quoi ! crie-t-elle en les faisant sursauter devant ses gestes brusques. Et pas besoin de ma boue ni mes flammes vu que tu les tiendras avec ton bois, hein ?!

  Kakashi écarquille les yeux en comprenant où elle voulait en venir, intrigué de ses capacités mentales à présent. Tsukinoko continuait à s'emporter en faisant les cent pas avec de grands gestes devant eux.

  - Et du coup, si tu lances ton bois en même temps que je lance ma technique, enfin quelques secondes avant, on économise du temps, parce que c'est presque simultané, et moi j'économise mes forces, et on réduit le nombre de techniques de trois à deux. Et puis c'est plus marrant à deux ! s'écrie-t-elle surexcitée. Hein ?!

  Ils la dévisageaient, stupéfaits, mais le doute s’empare d’elle devant leurs têtes. Kimaru propose alors d’essayer, et l’escouade les suit.

  Ils se positionnent devant un pantin d’entra?nement, Y?ji, K? et Kakashi à l’écart. Ce dernier approche juste un instant, pour bien rappeler à son subordonner de se détacher de son bois à temps pour éviter d’être prit dans la foudre à son tour.

  Mais, à bout de forces et électrocuté plusieurs fois, Kimaru demande la fin de l'entra?nement en début de soirée, épuisé par Tsukinoko qui ne lui laissait pas de répit. K? et Y?ji étaient déjà rentrés, mais Kakashi surveillait leur entra?nement.

  Une silhouette approche du fond du terrain, et Tsukinoko va à sa rencontre en reconnaissant son amie, J?net.

  - Tsuki-débile ! crie-t-elle soudain d’un pas décidé.

  - Yo, glousse-t-elle. Qu'est-ce que tu fais là ?

  - Je te retourne la question abrutie, s'écrie-t-elle l'air contrariée.

  Tsukinoko plisse les yeux, car J?net avait l'air d'attendre quelque chose. Kimaru en profite pour reprendre son souffle alors que Tsukinoko range ses sabres en dévisageant son amie.

  - On a rendez-vous au restaurant dans dix minutes ! Je devais passer chez toi pour qu'on se prépare ensemble !

  - Ah bon... ? s'étonne-t-elle. Bon peut-être mais c'est pas la peine de t'énerver comme ?a, rale-t-elle.

  - C'est pour toi qu'on y va imbécile ! s'agace-t-elle.

  - Hein ? Pourquoi ?

  J?net soupire en voyant sa tête et s'écrie en la secouant comme un prunier.

  - C'est. Ton. A-nni-ver-saire, grosse débile ! Aujourd’hui même ! Putain, Hina m'avait dit que t'oublierais mais je l'ai pas cru !

  Tsukinoko ouvre grand les yeux avant de glousser bêtement et la repousse.

  - Oui c'est vrai, s'amuse-t-elle. Mais on a pas encore fini de s'entra?ner.

  - Si si ! s'écrie tout à coup Kimaru.

  Il se relève en soufflant et Tsukinoko le juge du regard devant son manque d'endurance.

  - Il va survivre ou j'appelle un médecin ? se moque J?net en le voyant. C'est qui lui ? chuchote-t-elle à Tsukinoko. Et pourquoi t'es dans cette tenue ? T’es vraiment à la Colonie alors ?

  - Qu’est-ce que vous faites ? demande Kakashi qui les avait rejoints.

  - Désolée Kakashi, c'est l'anniversaire de Tsuki-débile, je vous l'emprunte !

  Cette dernière n'a pas le temps de répliquer que J?net la tire brusquement par le bras pour la ramener au village. Elle se retourne vers Kakashi en se demandant s'il l'autorisait à partir mais il acquiesce et elle se laisse alors trimballer.

  - On dirait qu'une tornade vient de passer sur le terrain... soupire Kimaru en regardant les dégats de leur entra?nement. Comment elle a encore autant d'énergie... Je crois qu'elle a pris mes dernières réserves en partant, soupire-t-il.

  Kakashi le dévisage, déconcerté en se disant qu'il exagérait, même si la nouvelle recrue était venue chambouler leur équilibre, eux qui étaient si calmes et posés.

  Au restaurant, la petite bande d’amis de Tsukinoko lui avait offert pour son anniversaire un surprenant kigurumi noir et blanc en forme de panda, avec des yeux et des oreilles sur la capuche. Ils lui ordonnèrent de l'enfiler aussit?t avant de continuer leur soirée en se chambrant gaiement.

  Nichés au sommet de la tour de surveillance, cachée à l’orée de Hanamaru, Tsukinoko montait la garde avec K?. La salle était équipée d’écrans de surveillance reliés à des caméras disséminées dans Hanamaru.

  Seize heures passées, la relève allait arriver. Tsukinoko se met à faire la moue, certaine qu’elle avait quelque chose de prévu à cette heure-ci, avant de bondir de sa chaise.

  Il y a plusieurs jours maintenant, elle avait promis au petit Midareta de le retrouver sur le ponton. Une demi-heure plus tard, elle arrive en courant sur la rive en espérant qu'il soit là. Elle le connaissait à peine mais se sentait mal de l'avoir laissé tomber, sachant en plus le calvaire qu'il endurait chaque jour.

  Une petite silhouette au bout du ponton lan?ait des ricochets dans l’eau et elle se rassure. Midareta était venu ici chaque jour dans l’espoir de revoir Tsukinoko, l’attendant jusqu’à ce que la nuit tombe.

  Ses yeux s’illuminent en la voyant enfin, mais il se met à bouder, face à la rivière les bras croisés. Ne sachant comment briser la glace, Tsukinoko s’assoit à c?té de lui pour être à son niveau, mais les secondes défilent.

  - Eh, dit-elle doucement. Pardon pour la dernière fois... J’ai été appelée en mission, puis les choses se sont encha?nées. Tu sais on choisit pas toujours ce qu’on fera de sa journée quand on est militaires. Mais j'essayerai de faire attention la prochaine fois, promis, dit-elle tendrement.

  Il se retourne à peine en l'entendant parler de prochaine fois, mais se remet à bouder dès qu’elle croise son regard.

  - Même aujourd'hui, j'ai réussi à m’échapper à temps pour venir te voir et me rattraper. Tu me pardonnes ?

  - Nan, s'écrie-t-il tout à coup.

  - Ah ? T'es pas gentil.

  - C'est toi qui es méchante, t’avais promis ! s'énerve-t-il.

  - Je sais petit Maki, mais je t'ai dit, je ne choisis pas quand je suis appelée en mission. Et puis après j’ai oublié, j’avoue. Mais même là maintenant, on pourrait m'appeler alors que je rentre chez moi.

  - C'est vrai ? demande-t-il sans se retourner.

  - Oui. Si jamais je viens pas, c'est que je travaille, mais je t'oublies pas. Enfin... marmonne-t-elle.

  Il baisse doucement la tête et desserre les bras en se calmant enfin.

  - ?a veut dire qu'on va encore se revoir ? demande-t-il timidement.

  - Oui si tu veux. Si tu me pardonnes déjà.

  Il la regarde en hésitant puis s'exclame s?r de lui.

  - Il te reste des brioches ?

  Elle s'étonne et rigole en l'entendant, attendrie. Il se vexe mais elle le regarde tendrement et il cède enfin pour faire na?tre un timide sourire sur sa frimousse. Main dans la main, Tsukinoko l’emmène chez Teuchi, son restaurant de nouilles préféré, où elle connaissait bien le patron.

  Ce dernier s’étonne de voir le petit gar?on et Tsukinoko craint une remarque, mais Midareta tra?nait de fait souvent devant le restaurant, l’air affamé, sans oser s’y aventurer. Teuchi était soulagé que Tsukinoko l’y amène, et cette dernière lui conte alors ses missions pendant le d?ner.

  Attentif, Midareta se met tout à coup debout sur son tabouret, les bras tendus en présentant son bol vide à Teuchi avec un grand sourire. Plusieurs bols de ramens engloutis, Tsukinoko règle l’addition mais Midareta tire sur son bras avant de partir.

  - On pourra revenir ? Hein ?

  - Tu reviens quand tu veux, lui dit Teuchi avec un sourire conquis devant la note salée. Je mettrai tes bols sur la note de Tsukinoko.

  - Pour de vrai ? demande-t-il des étoiles dans les yeux.

  - Mais bien-s?r !

  Midareta se réjouit et Tsukinoko le raccompagne alors que le soleil se couchait, mais il tra?nait des pieds sur le chemin en se tenant le ventre après avoir trop mangé. Au parc à jeux ou au ponton, là où Midareta tra?nait tous les jours, Tsukinoko le rejoindrait dès qu’elle serait disponible.

  Un mois était passé et Tsukinoko profitait de son jour de repos pour faire la grasse matinée. Enfin debout et habillée de son kigurumi, elle méditait au soleil sur sa terrasse quelques minutes.

  Une pensée pour ses parents, pour les rassurer qu'elle allait bien et vantant ses exploits à sa mère, priant pour qu'ils soient en paix, où qu'ils soient.

  Elle retourne à l'intérieur en refermant la porte vitrée le temps de préparer son petit déjeuner. De bonne humeur, elle avait allumé la cha?ne hifi pour mettre la musique si fort dans son appartement que les murs tremblaient sous les basses.

  En plein déhanché, elle sursaute en apercevant quelqu'un sur la terrasse. La tasse de thé dans ses mains se retrouve propulsée sur l’intrus pour le faire fuir, oubliant que la porte-fenêtre était fermée. Jetée trop fort, la tasse avait explosé en mille morceau en même temps que la vitre.

  Tsukinoko se tenait la bouche pour ne pas crier après le résultat de son geste alors qu’il ne s’agissait que de Kakashi. De l’autre c?té, ce dernier n'avait pas bougé d'un cil et la dévisageait avec de gros yeux, effaré.

  Ils se regardent un instant dans le blanc des yeux puis elle va éteindre la cha?ne hifi, morte de honte. Pour se décharger, elle porte la faute sur lui, mais il lève un sourcil l’air blasé.

  La panique s’empare alors d’elle et elle se retrouve à faire les cent pas dans le salon, la tête entre les mains. Les jurons pleuvaient contre elle-même, désemparée. Elle est coupée par Kakashi qui se racle la gorge dehors, toujours là et attendant que le cirque finisse. Elle brandit son poing vers lui mais remarque qu’il était habillé simplement, pas de la tenue des militaires.

  This book was originally published on Royal Road. Check it out there for the real experience.

  - Yo... hésite-t-il. C'est de la part du Chef, le bijoutier n’avait pas pu le finir à temps pour ton anniversaire le mois dernier.

  Elle plisse les yeux en se demandant s'il souriait derrière son masque alors que son ?il se plissait en lui tendant un joli petit paquet cadeau qu'il cachait derrière son dos depuis le début.

  - Pour moi ? Mais... Tu pouvais pas toquer au lieu de rester planté là ?!

  - ?a fait cinq minutes que j’étais là à te faire signe.

  Elle ouvre grand les yeux en comprenant qu'elle était trop occupée à danser pour le voir et qu'elle n'avait rien entendu à cause de la musique. Elle tire sa capuche duveteuse jusque sur ses yeux pour se cacher, dépassée par la honte qui s’accumulait depuis qu'il était là.

  Elle avait seize ans mais l'impression d'en avoir dix devant lui à chaque fois. Elle prend une grande inspiration pleine de courage pour mettre fin au malaise et vite aller chercher son cadeau pour qu'il s'en aille.

  Mais il se redresse brusquement en faisant de gros yeux, comme pour l'arrêter, alors qu'elle saute par-dessus le canapé devant la fenêtre.

  - Attends !

  Une vive douleur accompagne le bruissement de verre brisé. Debout en équilibre sur les éclats de verre, du sang s’écoulait entre les débris sous les pieds nus de Tsukinoko, à quelques centimètres de la porte. Les morceaux les plus gros s’enfon?aient péniblement dans la plante de ses pieds sous son poids, alors qu’elle réfléchissait à une échappatoire. Kakashi fait un pas à l'intérieur, chaussé, pour la sauver.

  A l’abri sur le transat de la terrasse, Tsukinoko examinait ses pieds. Des dizaines de débris de toutes tailles y étaient plantés, dégoulinants de sang par terre. Sans oser relever la tête, elle attrape le kit de secours tendu par Kakashi, rouge de honte et d’adrénaline.

  - Tu vas y passer des heures pour tout nettoyer si ton autre pied en a autant, dit-il en attrapant des compresses.

  - C’est bon je vais me débrouiller, dit-elle gênée.

  Pourtant, son chef n’avait ni l'air gêné ni agacé, ce qui rassure Tsukinoko. Il lui confie la pince à épiler et se relève pour lui apporter le cadeau du Chef puis demande une dernière fois si elle s’en sortira, peu convaincu.

  - Ouais ouais, mis à part que je vais devoir m'installer dehors maintenant, rale-t-elle avec sarcasme.

  L'air niais de son chef lui rappela qu’il était très premier degré en plus d'être mou, et elle soupire.

  - Je peux pas retourner à l'intérieur Boss, dit-elle sérieusement en pointant du menton les éclats. L’aspirateur et le balai sont dans la cuisine.

  Il ressort les mains des poches avant d’entrer chez elle.

  - Eh ! s’offusque-t-elle. Fais comme chez toi hein !

  Mais elle se calme alors qu’il revient les bras chargés. Le balai rassembla les plus gros éclats qui finirent à la poubelle, avant que l’aspirateur ne se mette en route, semblant aspirer des tonnes de morceaux de verre. Tsukinoko observait son responsable s’atteler à la tache à travers la fenêtre, amusée.

  Kakashi revient après avoir tout nettoyé, alors que Tsukinoko avait commencé à dépiauter son pied, tout en tachant son kigurumi, et s'assoit à c?té d'elle en sortant son livre.

  - Qu'est-ce que tu fais ? s'étonne-t-elle.

  - Je me demande comment tu fais pour être encore en vie.

  - Quoi ? se vexe-t-elle.

  - Le Chef s'excuse de ne pas pouvoir venir te voir ces derniers temps. Il avait l'air nostalgique ce matin, il m'a raconté tes premiers exploits avant de me demander de te livrer le paquet, explique-t-il.

  Elle se remet à nettoyer son pied, et il aspire alors les bouts de verre qui tombaient par terre, sans lever les yeux de son livre.

  - Pour commencer, qu'il venait à peine de signer ta garde, quand tu es arrivée, que tu avais déjà failli perdre un doigt, br?ler ton appartement, et te faire éliminer par la Colonie de Sagi car tu étais sortie du village sans autorisation.

  - Hein ? Il me l'avait pas dit ?a, marmonne-t-elle. Tu sais, tu peux y aller. Je veux pas que tu meurs de honte à force de rester avec moi, glousse-t-elle en riant de ses bêtises.

  - Tu perds beaucoup de sang, je reste au cas où tu t’évanouisses.

  Elle doutait de sa réponse mais hausse les épaules et continue.

  - Alors, t'as quel age du coup ? demande-t-elle tout à coup.

  - Dix-huit ans, soupire-t-il. En quoi ?a t'intéresse-

  - Hein ? Et t'es mon responsable ? s'étonne-t-elle.

  Il relève la tête car elle l'empêchait de lire avec ses questions, et lui raconte en quelques phrases son parcours à la Colonie depuis ses treize ans, après être monté en grade il y a deux ans. Tsukinoko peinait à retirer le dernier morceau de verre, bien enfoncé et qui chatouillait ses nerfs. Kakashi soupire devant son entêtement alors qu’elle manquait de tourner de l’?il et se rassoit au fond du transat en attrapant ses chevilles sur ses genoux.

  - ?a aussi ?a fait partie de mon travail, dit-il pour la calmer. Je veille sur mon escouade. Et puis j'entends d'ici le Chef- s'affoler, il ne me laisserait pas repartir sans t'aider.

  - Bon, boude-t-elle en croisant les bras.

  - Si tu as un soucis au sein de la Colonie, avec les autres ou quoi que ce soit, n'hésite pas à m'en parler.

  - D’accord, s'étonne-t-elle timidement. Et... Je suis désolée si tu me trouves chiante, ou que je crie trop fort... C’est ce que me disent toujours les autres.

  - Tu parles trop fort, et tu as trop d’excitation, c’est vrai. Mais tu es surtout forte, courageuse, et tu réfléchis avant d’agir, c’est tout ce qui compte. Bon, ?a devrait aller, dit-il en finissant le dernier pansement. Ne force pas dessus. Eh attends...

  Gênée devant ses inhabituels compliments, le c?ur battant la chamade, Tsukinoko s’enfuit chez elle l'air de rien alors que toutes les entailles la faisaient bo?ter de douleur. Kakashi dépose le cadeau dans son salon puis lui ordonne de prendre un jour supplémentaire de repos mais elle rétorque aussit?t.

  - J’ai dit non ! Je peux marcher et-

  - Je vais prévenir le Chef, dit-il sérieusement en pointant du menton la fenêtre, et lui dire que tu reprendras dans plusieurs jours.

  - T'avais dit après demain ! s'agace-t-elle. Et c'est mon appartement maintenant, y a pas besoin de le prévenir !

  Il soupire et remet les mains dans les poches en la regardant de haut en bas.

  - Comment tu comptes réparer la fenêtre alors ?

  - Hein... réfléchit-elle. Il faut... Euh... Jījī doit savoir comment faire lui... marmonne-t-elle dans sa barbe.

  - Exactement. Je vais le prévenir et tu reviendras travailler quand tu seras rétablie.

  - Hors de question ! insiste-t-elle.

  - Quand tu seras chef d'escouade, tu pourras en décider.

  Aussit?t sa phrase finie, Kakashi avait disparu. Le petit cadeau du Chef était une belle paire de boucles d'oreilles en argent. Ravie, elle les accroche à ses oreilles puis enfile sa longue jupe rose et une blouse blanche, attrape une toile et son matériel de peinture, mais tombe sur le masque en porcelaine de rechange de la Colonie et décide de le repeindre, amusée d'essayer autre chose qu'une toile classique, avant de sortir.

  Alors que Tsukinoko passait devant le terrain de jeu d’un pas maladroit, elle aper?ut le petit Midareta jouer tout seul et s'attrista encore une fois. Finalement, elle alla le chercher, épuisée par sa démarche douloureuse. Il la surnommait gaiement ? Grande s?ur ?, et proposa de porter son matériel pour l’aider après avoir aper?u ses bandages aux pieds.

  - T’as quoi ?

  - Les risques du métier, glousse-t-elle en cachant sa gêne.

  Installés dans un parc au pied d'un chêne feuillu, légèrement à l'ombre sous le branchage, Midareta s'assoit sagement mais se met à tripoter tout son matériel alors qu'elle ouvrait sa mallette. Dubitatif, il lui redemande plusieurs fois ce qu’il était censé peindre. Il fait la moue un instant en réfléchissant alors qu'elle s'installait les jambes tendues pour ne pas appuyer sur ses pieds. Debout devant elle, avec le pinceau en main l'air niais, il attendait toujours une réponse. Il n’avait pas l'air convaincu par l'activité et elle se désole alors qu'il se relève après s'être à peine assis.

  - Quoi encore ?

  - ?a pique l'herbe, dit-il penaud en se grattant les jambes.

  Elle lève les yeux au ciel et écarte les jambes pour étendre sa jupe comme une nappe.

  - Assied-toi là, dit-elle en tapotant entre ses jambes. Mais mets pas de la peinture partout ! Et enlève tes chaussures avant.

  Midareta s'exécute et s'allonge sur sa jupe en posant sa toile dans l'herbe. Elle ne peut s'empêcher de vouloir chatouiller ses petits pieds qui s'agitaient devant elle alors qu'il balan?ait les jambes, allongé sur le ventre. Il se retourne pouffant, avant de crapahuter pour attraper le masque, appuyé sur elle pour rester debout.

  - Tu vas dessiner quoi ? C’est quoi ?a ?

  - C'est un masque des services spéciaux, et je sais pas encore je t'ai dit.

  - Un masque ? Moi aussi je veux un ! crie-t-il.

  - Je crois pas, s'amuse-t-elle. Quand tu seras dipl?mé de l'Académie tu pourras en avoir un, si t'es doué.

  Il repart s'allonger en boudant mais se rassoit aussit?t en attrapant des gouaches de peinture bleu, rouge et vert, qu'il vide sur sa palette. Elle lève les yeux en entendant les bruits de bulles que font des tubes vidés. Le nez pincé pour sa bêtise, Midareta se met enfin à la tache sagement. Il peint un petit arbre dans un coin de sa toile puis plusieurs autres. Enfin calmé, Tsukinoko soupire de soulagement. De la peinture marron, rouge, blanche et noire ornait sa palette à elle, et l’inspiration transposait petit à petit les couleurs sur le masque en porcelaine. Le visage innocent du petit maki, avec son grand sourire, orné de la teinte du Démon à cinq yeux, prenait vie. Au bout d'une heure, Midareta se relève en admirant son ?uvre puis se retourne pour la montrer fièrement à Tsukinoko. A peine avait-elle félicité son ?uvre enfantine, que son visage se fronce. Midareta avait taché sa jupe de peinture, mais il se précipite pour froisser le tissu et cacher les taches en s'asseyant dessus avec un grand sourire, l'air de rien. Inépuisable, il crapahute à nouveau et glisse tout à coup la tête entre les bras de Tsukinoko mais son pinceau s'étale alors sur sa joue. Elle rigole mais il se retourne finalement pour s'asseoir entre ses jambes. Il contemplait le masque à moitié peint, et elle lève les bras juste à temps avant qu'il ne le tripote.

  - Stop ! Pas touche. Et arrête de gigoter bon sang !

  - Tu fais quoi ? demande-t-il en tirant son bras pour le rebaisser.

  - Tu verras. Ouste maki. Mais lache-moi putain ! s'agace-t-elle.

  - Putain, peste-t-il en lachant enfin. Putain !

  Elle ricane à nouveau malgré sa gaffe, mais il se vexe en croyant que ses insultes allaient marcher. Après un moment à observer ses coups de pinceaux, sa petite tête penchait en avant. Il se laisse glisser entre ses jambes pour se servir de son ventre comme d’un coussin, et s'endort paisiblement sur elle en quelques secondes. Attendrie, Tsukinoko pouvait enfin finir son ?uvre en silence, en méditant sur G?me. Ce monstre qui l'avait attrapée et retenue prisonnière toutes ces années, qui était à la merci de son père lors de cette nuit-là. Même si elle éprouvait une profonde ranc?ur contre lui, elle ne pouvait pas en vouloir à Midareta comme les autres habitants. Il était difficile de penser que l’on pourrait avoir tant de ressentiment envers un enfant, innocent et même victime. Cela aurait pu être-elle. La peinture terminée, Tsukinoko laissait sécher le masque pendant qu’elle jouait affectueusement avec les cheveux de Midareta qui roupillait profondément. Au loin, Shikaru se baladait avec son fils. L’ancienne élève salue de la main son professeur, alors que son fils restait accroché à lui en la dévisageant, du même age que Midareta.

  Assoupie, un sentiment oppressant compressait la poitrine de Tsukinoko. Une voix grondante l’appelait. G?me, gigantesque devant elle, ne cessait de l’écraser sous son essence malsaine. Elle sursaute à nouveau avant de se réveiller véritablement, et la voix grondante s’apaise alors que G?me avait disparu. Le masque de porcelaine fra?chement repeint de la figure du Démon à cinq yeux avait pris vie devant son nez et ricanait. Les yeux de Midareta brillaient à travers alors qu’il l’appelait pour la réveiller. Tsukinoko reprend enfin son souffle, de retour à la réalité, même si une sueur froide perle le long de sa colonne. Appuyé sur elle, Midareta lui écrasait la poitrine et elle le fait s’asseoir sur ses genoux.

  - Dis, je peux le garder ? s’écrie Midareta. Le masque, il est joli !

  - Je t'ai dit que tu pourras avoir un masque quand tu auras fini l'Académie.

  - C'est nul l'Académie ! rale-t-il en croisant les bras.

  - T’es s?r ? Je croyais que tu voulais devenir militaire ?

  - Ah si ! Le plus fort des militaires ! s'écrie-t-il.

  - Bah tu vois, glousse-t-elle. Tu veux devenir Chef alors ?

  - Chef ?

  - Oui, c'est lui qui protège et veille sur Hanamaru. C'est le plus fort de tout le pays.

  - Waouh... s'étonne-t-il avec de grands yeux. C'est lui qui dirige les missions des militaires ?

  - Oui.

  - C'est lui qui te dirige ?

  - Oui.

  - C'est lui qui t’a donné le masque ?

  - Oui.

  - Quand je serai Chef je donnerai des masques à tout le monde alors ! se réjouit-il d'un air déterminé.

  - Ah bon ? s'amuse-t-elle. Super, dit-elle moqueuse. Mais tu vas avoir besoin d'aide, une petite tête comme toi peut pas diriger tout Hanamaru.

  - Hein ? Tu dis que je suis bête ? hésite-t-il.

  - Ouais. Je t'aiderai si tu veux, sourit-elle pour le calmer.

  - Pour de vrai ? Promis ?

  - Promis.

  - Super ! Je serai le meilleur Chef !

  Il lui fait un grand sourire, contaminé par le sien. Il s’était mis à sautiller sur ses genoux mais elle repose le masque avant de le pousser, car le chahut avait réveillé la douleur dans ses pieds. Il se retourne pour tripoter ses orteils, voulant en attester de lui-même.

  Les bandages étaient rouges de sang. Incapable de se tenir debout sur ses pieds, Tsukinoko rassemble ses affaires et Midareta lui offre sa peinture gribouillée, fier de lui, avant de partir en la saluant de la main jusqu’à être sorti du parc. Tsukinoko souffle un grand coup, n’étant pas prête à devoir rentrer dans cet état, les mains crispées sur ses chevilles.

  Quelque chose se met à gigoter au-dessus d’elle, entre les branches, mais avant qu'elle ne puisse lever les yeux Kakashi saute devant elle, désinvolte comme à son habitude. Elle sursaute encore devant son apparition puis esquisse une grimace confuse.

  - Je t'avais dit que tu étais de repos, soupire-t-il en voyant ses pieds.

  - Bah c'est ce que je fais, j'ai l'air de travailler ? s'agace-t-elle.

  - Je ne pensais pas avoir besoin de préciser que tu devais rester chez toi. Je te ramène.

  - Non merci ! s'offusque-t-elle gênée. Tu vas me coller tout le temps ?! Et puis qu'est-ce que tu faisais dans l'arbre ?! Tu me surveilles ? C'est Jījī qui t'as demandé ?

  Alors qu'elle fronce les sourcils, il réfléchit un instant puis déclare que là non, s?r de lui. Ses apparitions soudaines, alors qu'elle était dans son intimité à chaque fois, Tsukinoko en concl?t rapidement la raison.

  - Donc tu m'espionnes en fait... Depuis le début ! Tu me suis partout !

  - Non je voulais dire-

  - Recule pervers ! crie-t-elle en le repoussant de coups de pieds. Je vais le dire à Jījī !

  Offusqué mais davantage mort de honte devant le revirement de situation, il tentait de s’expliquer sans bégayer, en vain.

  - Dégage ! Pervers ! A l’aide ! crie-t-elle en lui jetant ses gouaches à la figure. T’es peut-être mon boss mais si tu veux me peloter tu vas finir en prison, sale pervers ! hurle-t-elle.

  - Tais-toi ! s'écrie-t-il décontenancé. Je voulais juste te proposer de te ramener chez toi !

  Elle s'arrête enfin en le fusillant du regard, à l'abri derrière l'arbre, alors qu’il continue rouge d'embarras.

  - Le Chef avait peur que tu ne t’en sortes pas seule, alors j’ai décidé de veiller sur toi le temps que tu t'adaptes, se reprend-il. Même s’il ne me l’a pas demandé, concrètement...

  Examiné des pieds à la tête par le regard lourd de jugement de Tsukinoko, les secondes de silence lui paraissent des heures. Elle sort enfin, marchant sur les genoux avec un air effronté pour ne pas laisser para?tre que son attention la touchait. Elle ramasse ses affaires, et il la prend sur son dos pour la ramener chez elle. A peine relevé, elle marmonne alors qu'il la tenait par les jambes.

  - En profite pas pour me peloter, sale pervers. Je-

  - Tais-toi, s’il-te-pla?t...

  Ramenée chez elle, il disparait sans la saluer. Malgré la réputation couverte d’éloges de Kakashi, Tsukinoko se demandait d’où cet énergumène pouvait bien venir, avant de s'étonner devant sa baie vitrée déjà réparée, comme neuve.

  Mikio, Hina, Ren, Takeshi, J?net, pour rappel

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