La nouvelle mission de l’escouade Ro, confiée au trio Kimaru, Tsukinoko et Kakashi consistait à assassiner pour le compte du Seigneur du pays des Griffes un de ses hommes qui tentait de retourner le pouvoir contre lui, aidé de ses fidèles.
Arrivés au pays des Griffes, les agents firent une halte pour la nuit dans la forêt à l’écart d'un petit village. Tsukinoko avait enfilé un gros pull par-dessus sa tenue pour ne pas avoir froid et alors que les deux autres se couchaient contre l'arbre, elle avait encore une fringale.
Un restaurant de nuit sur la grande route faisait aussi épicerie, et elle s’y rendit les mains dans les poches et ses sabres sous le pull. Malgré les environs déserts à cette heure tardive, deux hommes, un grand et imposant au visage simplet et l'autre de taille moyenne à l’allure soignée, croisèrent son chemin sur la grande route. Sans aucun gêne, ils se retournèrent tous les deux sur son passage.
Enfin à l’épicerie, Tsukinoko arpentait les rayons et les restes des plats du jour. Le patron la regardait s’éterniser devant le rayon de sucreries et patisseries, tandis que les deux hommes rencontrés plus t?t entrèrent à leur tour. Tsukinoko resta aux aguets, car les deux s'en allaient dans le sens inverse il y a quelques minutes.
Un assortiment de daifukus et une bouteille de lait en main, elle surveillait les deux hommes errer dans les rayons. Le baraqué la rejoint soudain à la caisse pour lui proposer de lui payer ses patisseries et sa boisson, d’un air aguicheur, ce qu’elle refuse immédiatement. Le patron de l’épicerie hésitait devant les deux billets tendus, ne sachant qui encaisser.
L’homme pose sa main sur l’épaule de Tsukinoko et elle se dégage rapidement, croyant qu’il allait saisir ses armes, puis laisse finalement l’argent sur le comptoir et s’en va.
Dehors, enfin seule, la fatigue la gagnait lentement, baillant aux corneilles avant de vider la moitié de la bouteille de lait. Quelques pas plus loin, sur la grande route, les deux nigauds l’avaient suivie et celui à l’allure soignée, un foulard en soie sur l’épaule, lui barre la route, un mauvais sourire au coin des lèvres.
- Dis-moi, tu habites au village pour sortir en pyjama ? lance-t-il. Il est tard, tu devrais être prudente ma jolie.
L’autre, l'armoire à glace, était juste derrière elle, l’encerclant comme une proie qu’ils jugeaient facile. De plus en plus fatiguée, sa patience était limitée. Le premier croise les bras, toujours dans le passage, puis s’exclame à nouveau.
- Tu ne viendrais pas de Hanamaru par hasard ?
- On s'est peut-être déjà croisés là-bas, hausse-t-elle les épaules.
- T’as beau être en pyjama, on devine tes armes sous ton pull-over rose, ma jolie.
Le grand daudet ricanait bêtement, révélant l’ampleur du vide derrière ses yeux. D’un mouvement, Tsukinoko dégaine ses sabres mais il attrape ses poignets sans difficulté. Etonnée que sa vitesse puisse équivaloir à la sienne, elle tente de se défaire, mais quelque chose n’allait pas. Ses mouvements étaient bien plus lents qu’elle ne le pensait, croyant l’avoir déjà frappé alors que son bras était toujours en mouvement. Le regard tangent, elle mobilise alors son aura pour les immobiliser, mais rien ne se passe.
Rien n'émane, comme si son chakra ne pouvait se concentrer, ou n’était plus assez conséquent pour être mobilisé. L’impression d’être vidée de son énergie, Tsukinoko gardait son sang-froid et ne laissait rien para?tre.
Alors que le gêneur était parti dans un monologue, elle ferme furtivement les yeux pour mieux visualiser l’énergie autour d’elle. Son chakra était en fait directement aspiré par l’homme derrière elle, qui la tenait par les poignets, après avoir s?rement puisé une première partie dans l’épicerie.
Sans attendre, elle bondit, ou plut?t dégage de là sur ses quatre pattes, avant de grimper sur le toit de l’épicerie pour leur échapper. Pourtant, n’ayant pas l’air inquiets, les deux se moquaient de sa détresse et l’observaient tenter de fuir, sereins.
Un registre en main, le premier feuillette jusqu’à une fiche concernant Tsukinoko, qui précisait ses compétences et une promesse de récompense en cas de capture.
- J’ai fait bien fait de te dire de la vider de son chakra d’abord, on aurait jamais pu la cerner sinon, s'écrie-t-il à son bin?me qui ricanait encore.
- J’ai cru que ?a en finirait jamais, souffle-t-il.
- Tu le gaspilles de toute manière, incapable que tu es de t’en servir ensuite ! Bref, où en étions-nous ma jolie ? s’impatiente-t-il vers Tsukinoko. Chère disciple du Chef Haruo Sato, tu dois valoir une fortune tu sais, si on te veut vivante.
Tsukinoko pose un genou sur les tuiles du toit, épuisée. Pour l’instant, il y avait plus important que de comprendre pourquoi et comment elle s’était retrouvée avec une mise sur sa tête.
A bout de souffle, elle prend son élan pour sauter sur un arbre et dispara?tre dans la forêt, mais ils envoient un fil de nylon lui saisir les chevilles pour la tirer brusquement jusqu’à eux. A plat ventre derrière la boutique, son bras avait malheureusement réceptionné sa chute, sans réussir à sauver ses achats. Son état second la ralenti dans ses mouvements, et alors qu’elle cherchait ses sabres pour couper le fil, le grand nigaud s’amusait à agiter les lames sous son nez. Le temps qu’elle les remarque, ce dernier l’immobilise dans ses bras afin d’aspirer ses dernières forces. Elle geigne, son bras lui faisait un mal de chien, se débat, mais finit par s'épuiser. Les yeux plissés, l’auto-proclamé chef du bin?me approche pour comparer son minois avec la photo du registre.
- Oui c'est bien toi, marmonne-t-il. Tu vaux que si on te ramène vivante, donc tu vas sagement nous accompagner, sourit-il avant de la baillonner.
Les compères reprirent leur chemin sur la grande route, avec Tsukinoko ligotée comme un sac sur leur épaule, inconsciente.
Kimaru dormait déjà profondément et Kakashi avait posé son livre un instant. Tsukinoko n'était toujours pas revenue, cela allait faire une heure qu’elle était partie.
Si cette dernière était partie s'isoler à cause de ses insomnies, elle n'aurait pas prétexté une fausse fringalle. Et peu importe si elle était allée dormir ou faire un tour ensuite, elle aurait prévenu son responsable. Tsukinoko prenait ses aises, faisait ce qu'elle voulait, mais elle prévenait toujours Kakashi pour la moindre chose. Finalement, il avait appris à lui faire confiance et la laissait faire, tant qu'il savait où elle était.
Ce dernier réfléchissait, un mauvais pressentiment grandissant en lui. Résigné, il réveille Kimaru.
Arrivés à l’épicerie et mal réveillé, ce dernier remarque cependant des traces de lutte avec une bouteille de lait renversée et un paquet de patisseries par terre, à quelques pas derrière l'épicerie.
Le volume exagéré de la radio dans la boutique laissait suggérer que le vendeur n’avait rien entendu de ce qu’il aurait pu se passer dehors. Kakashi appelle aussit?t Sunifa après son constat.
Le petit chien renifle la boutique, renifle la terre, et se retourne vers eux. L’odeur de Tsukinoko était accompagnée de deux hommes qui ne dégageaient rien de bon, partis sur la grande route tous les trois, sans pour autant sentir les pas de leur camarade.
Les hommes avaient pris de l’avance et il fallut plus d’un quart d’heure aux agents pour les rattraper. Kakashi avait fait signe de rester en retrait pour les observer, puis lance l'assaut.
Il envoie des bombes fumigènes et les deux se retrouvent dans un nuage qui leur obstruait la vue et les privait de repères. Kakashi usait de son flair pour se guider à travers l’épaisse fumée, et plante un kuna? dans le bras du nigaud pour le forcer à lacher Tsukinoko. Il récupère sa subordonnée puis saute à l’abri alors que Kimaru file comme une ombre pour neutraliser les deux.
- Vite ! s'écrie celui au foulard de soie. Retrouve là, elle a pas pu aller bien loin !
- Elle est pas seule, Chef...
- Perspicace, s'agace-t-il. Imbécile !
Réveillée sous l’agitation, débarrassée de ses liens et du baillon, Tsukinoko s’agitait mais Kakashi la retient. De son flair prestigieux, il pouvait jauger ses réserves, bien trop minces.
Elle haletait, le front en sueur malgré qu’elle f?t immobile depuis un long moment. Les deux compères se retrouvent ligotés au pied de l’arbre. En partant, Tsukinoko tra?nait des pieds, vidée de ses forces et Kakashi la porte alors sur son dos, avec Sunifa sur sa tête.
De retour au campement pour la nuit, Kakashi feuilletait le registre qu’il avait récupéré pendant que Kimaru tentait de faire une atèle sur le bras de Tsukinoko. Les kidnappeurs n'avaient pas de brassards ou quelconque signe d'appartenance à un village armé. Il s’agissait vraisemblablement de chasseurs de tête indépendants. Le registre en leur possession était celui de Somitto, du pays des montagnes. Le Chef de Somitto, quatrième du nom, réclamait qu'on la ramène car il soup?onnait que l’on ait copié ou volé les pouvoirs de son prédécesseur pour les lui donner. Sous la juridiction du pays des montagnes, il était bien l’auteur de cet avis de recherche d’après Kakashi.
- Je vais prévenir le Chef et demander un autre agent pour la mission, reprend Kakashi en voyant sa subordonnée avec une atèle. Tsukinoko, tu vas rentrer avec Sunifa dès maintenant.
- Hein ? Nan attend ! s'affole-t-elle.
- Tu dois te faire soigner. Et s'ils en ont après toi, il vaut mieux que tu ne restes pas ici. On ne sait pas quoi faire d'eux, et cette histoire avec Somitto n'est pas normale.
Tsukinoko soutenait son regard, mais Kakashi s’avance jusqu’à la grande route. Il lui tend un assortiment de daifukus, les mêmes qu'elle avait fait tomber tout à l'heure.
- Comment tu sais ce que j'aime ? Tu m'as encore espionnée ? plisse-t-elle les yeux. Perv-
- C'est l'épicier qui nous a renseigné, soupire-t-il. Tu as besoin de reprendre des forces pour la route.
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Prêts à rentrer, Sunifa s'élance sur la route avec un message pour le Chef, à toute allure vers le pays du Soleil. Tsukinoko grimace et reste sur place, alors que Kakashi la dévisageait en attendant qu’elle se mette en route.
- Tu sais que j’ai ma propre escorte, hein ? sourit-elle. Et c’est bien plus confortable ! Allez, à plus.
A peine prononce-t-elle ses derniers mots que Pansa surgit et s’enfuit au galop avec Tsukinoko sur son dos, rattrapant vite Sunifa qu’il se retient de croquer, avant que le petit chien ne se réfugie sur l’épaule de Tsukinoko.
Le Seigneur du pays des Griffes avait accordé l’emprisonnement des hors-la-loi, que la police locale était venue récupérer bien après le départ discret des agents.
L'esprit plus tranquille, Tsukinoko f?t cependant mise en arrêt deux semaines après qu'on lui ait posé un platre sur son bras dès son retour à Hanamaru. Le Chef l'avait mise en garde sur sa discrétion, inquiet, mais ne pouvant cacher sa fierté quant à sa renommée. Il ferma les yeux pour la provocation du Chef de Somitto, car il était calme depuis plusieurs années, mais garda les oreilles grandes ouvertes sur leurs agissements.
Le petit Midareta s’était empressé de dessiner sur le platre de Tsukinoko, ce qui ne f?t pas du go?t des anciens du Conseil qui le firent remarquer à Tsukinoko lors de son travail auprès du Haruo, laissant sous-entendre que leur relation n’avait pas lieu d’être, préférant laisser le soi-disant démon livré à lui-même.
De bon matin, Haruo accueillit son bras droit pile à l’heure, en tenue classique de militaire avec une immense fourrure par-dessus pour contrer le froid glacial de l’hiver. Avec lui, Shikaru et deux agents de la Colonie saluent Tsukinoko. Avant qu'elle ne puisse parler, il souffle sa fumée entre eux.
- Tsukinoko, j'ai re?u un message de Somitto te concernant.
- Ah ? réfléchit-elle. C’est en rapport avec leur registre ?
- Le Chef de Somitto a eu vent de l'incident au pays des Griffes l'automne dernier, et il en profite pour demander des comptes à Hanamaru à ton sujet. Il exige de s'entretenir avec toi pour comprendre la situation, et espère qu'il n'aura pas à mettre ses menaces à exécution s'il s'avère que Hanamaru leur a dérobé des informations.
- Hein ? Quelles menaces ? Il est frappé lui ! s'agace-t-elle. Je pars quand ? Je vais lui faire comprendre à ce-
- Tsukinoko, soupire-t-il. Nous essayons de les raisonner avec le Haut Conseil. Si nos efforts ne sont pas suffisants, Shikaru ira à Somitto pour mettre les choses au clair.
Outrée, elle prend appui sur le bureau et son regard furieux surplombe le Chef. Tsukinoko exigeait d’aller à Somitto elle-même pour régler la situation, agacée qu'on la prenne pour une expérimentation, et par-dessus tout que son village soit accusé à tort. Cette histoire ne devait pas non plus raviver les doutes sur ses origines dans l’esprit du Haut Conseil. Shikaru s'avance alors pour calmer les esprits et, malgré l’entêtement de Tsukinoko, Haruo conclut que les négociations entre les deux pays étaient pour le moment maintenues.
Le printemps avait tiré sa révérence au pays du Soleil pour laisser la chaleur estivale prendre place. Tsukinoko s'entra?nait avec l’escouade Ro au milieu du terrain. Kimaru, K? et Y?ji furent envoyés en mission par Kakashi, qui resta finalement avec elle. Ce dernier, curieux de voir ses progrès, l’observait en même temps qu’il lisait, adossé contre un arbre, gardant un ?il sur ses mouvements. Mais il n’arrivait pas à comprendre ce qu’elle tentait de réaliser. Et finalement elle non plus. Accroupie dans l’herbe pour réfléchir, il la rejoint.
- C’est la deuxième fois, soupire-t-elle, qu’on réussit à m’avoir.
- Tu parles des chasseurs de têtes l’année dernière ?
- Ouais, comment on peut parer de telles techniques ? s’indigne-t-elle. Aspirer le chakra comme ?a, doit bien y avoir un moyen de les en empêcher !
- Je ne pense pas, ou il faut les avoir avant. Ces techniques sont redoutables, mais ce sont généralement les seules qu’ils possèdent. Tu sais, sourit-il en s’accroupissant à c?té d’elle, ce n’est pas une tragédie d’avoir un point faible.
- Je ne suis pas faible.
Son regard noir et son visage fermé le laissent pantois, mais il se reprend, caché derrière son masque en tissu. Du bout du doigt, il pousse son épaule et elle tombe sur les fesses, déséquilibrée.
- Tu es si fluette, et délicate, dit-il doucement, mais tu es la plus endurante et puissante de mes agents. Donc, je ne pense pas que tu devrais t’attarder sur ?a. Sois plus maligne qu’eux et décèle leurs faiblesses avant qu’ils n’attaquent, tu gagneras du temps.
Le doigt en l’air et les joues rouges, Tsukinoko reste sans répartie et se contente de le suivre des yeux alors qu’il retourne s’adosser contre l’arbre.
- Contente-toi de finaliser Uchitaoshi Kusari pour l’instant. ?a, ?a nous sera utile.
Perturbée, elle se lève d’un bond et croise les bras l’air hautain, pour cacher son embarras.
- T’as pas à me dire ce que je dois faire, je me débrouille très bien seule ! souffle-t-elle avant de partir plus loin.
Après quelques heures et une pause, elle range ses sabres puis s'éloigne davantage. Son aura émane autour d’elle, les bras tendus.
Elle n’avait pas progressé depuis des heures, échouant toujours en ne réussissant pas à tenir plus que quelques secondes sa technique. Sur le dos de Yukihyō, en train de fuir les déserteurs, l’adrénaline lui avait donné l’énergie nécessaire pour ne pas flancher, mais là, les efforts devaient être réellement fournis.
A court d’idées, elle ne réfléchit plus et se lance. Le résultat ne sera peut-être pas celui espéré mais elle conna?tra au moins l’aboutissement de ses efforts au maximum.
Petit à petit, la tension s’accumule au bout de ses mains, et la concentration de sa Foudre dépasse ses capacités. Le flux se répand dans l’aura tout autour d’elle pour décompresser, électrifiant son chakra sur son passage. Comme un effet contre-productif, l’entièreté de l’aura s’alimente et grésille. Redoublant d’efforts malgré sa fatigue après la journée d’entra?nement, elle tente de maintenir l’énergie entre ses mains, malaxant de plus en plus de chakra pour le manier devant elle.
Kakashi, le nez dans son livre, lève un ?il sous la tension dans l’air, croyant la venue d’un orage de chaleur rempli de foudre. Devant lui, l’aura de Tsukinoko envoyait des petits éclairs dans tous les sens.
Perplexe, il intervient enfin pour lui préconiser de rassembler l’énergie dissipée dans l’aura au lieu d’en produire à nouveau. L’impression de parler dans le vide, il réalise que le manteau de grésillements autour de Tsukinoko agissait comme une barrière imperméable. Il se plante devant elle en lui faisant signe de s’arrêter, mais elle fermait les yeux.
L’air devenait de plus en plus lourd, ses longs cheveux flottaient autour d’elle. Kakashi l’analysait, ne sachant que faire, le ventre noué alors que tous ses sens lui soufflaient d’interrompre sa subordonnée avant la catastrophe.
Pétrifié, jusqu’à ce qu’une solution s’offre à lui, expéditive. La faire disjoncter.
Il recule de quelques pas pour prendre son élan, puis fonce droit sur elle en chargeant son poing de Foudre à son tour. Son poing vient se heurter de plein fouet contre le tumulte de son aura, comme s’il fendait un éclair. Le surplus d’énergie se décharge instantanément dans l’air et les propulse tous les deux de part et d’autre.
L’énergie enfin dissipée, le vent frais vient à nouveau souffler sur le terrain, comme pour aider les deux agents à reprendre leurs esprits.
Assis dans l’herbe, Kakashi observait longuement Tsukinoko au loin et rassemblait les éléments qui avaient mené à cet échec.
Pourtant, cette dernière, indemne, saute immédiatement sur ses pieds, avant de dégainer ses sabres à nouveau, dépitée mais motivée.
Jadis, son père l'entra?nait ainsi, durement et sans relache jusqu’à obtenir des résultats, peu importe les retombées et les conséquences. De maintes fois, elle avait perdu le contr?le devant ses réserves gigantesques de chakra.
Son père lui avait appris à contr?ler sa puissance car elle avait fini par prendre peur d'elle-même, réalisant les techniques de manière toujours plus amplifiée. Les sabres qu’il lui avait offerts pour son anniversaire l’avaient aidée à se canaliser. Tsukinoko allait recommencer, ignorant encore Kakashi qu’elle avait senti intervenir, mais ce dernier la retient.
- Ne fonce pas tête baissée. Ce n’est pas en te surchargeant que tu arriveras à quelque chose. A part te blesser.
Hésitante, elle baisse la tête, et ses yeux tombent sur la main de Kakashi posée sur ses sabres. Sa mitaine était déchirée, et le tissu fondu sous la chaleur brusque de l’explosion révélait des br?lures sur ses phalanges et le dos de sa main. Mal à l’aise, elle fuyait son regard qu’elle n’arrivait pas à décrypter sur l’instant et n’osait affronter.
Finalement, elle range ses sabres avant d’attraper la main de Kakashi pour retirer la mitaine déchiquetée de ses doigts sveltes. Grace aux plantes médicinales du clan Betto, Tsukinoko s’était concocté plusieurs médicaments et sort un petit pot de baume cicatrisant de sa sacoche. Appliqué du bout du doigt, le baume à l’odeur fleurie recouvre toutes les plaies une à une. La main de Kakashi se met à trembler avant qu’il ne la retire brusquement.
Son regard indicible englobait les mains de Tsukinoko, tandis qu’elle fixait le sol. Cachées derrière ses cheveux, ses joues rosies échappaient à la vue de Kakashi qui finit par tendre la main à nouveau alors qu’elle attendait de finir de le soigner. En silence, il laissa sortir un profond soupir pour faire passer le tremblement, car l’odeur du baume de Tsukinoko s’étalait jusque sur son c?ur. Dont il ne s’occupait pas, et ne laissait plus personne approcher.
La main pansée et soignée, Tsukinoko murmure des bribes d’excuses étouffées avant de dispara?tre dans le feuillage de l’arbre derrière, perchée sur les branches.
Pour sa technique, Tsukinoko avait décidé de tout reprendre à zéro. La forme ne convenait pas, il y avait trop de volume à occuper à la fois. Il serait plus simple à tenter dans un premier temps un maniement réussi, avant de la modeler jusqu’à de longues cha?nes. Observant les nuages et leurs formes, Tsukinoko imaginait sa technique sous divers attraits, jusqu’à tomber sur le soleil. Une sphère. C’était la forme ayant le meilleur rapport entre la surface et le volume. Elle pourra alors concentrer un maximum de Foudre sans occuper un espace trop important, et se focaliser sur la forme l’aidera à ne pas s’éparpiller. Sans s’aider de ses sabres. D’un coup, elle se laisse pendre par les pieds depuis la branche et s'écrie, surgie juste devant le nez de Kakashi.
- Dis Boss, t'as pas un truc plus... rond, que ton poing ?
Curieuse, elle saute à ses c?tés et il fait na?tre une sphère grise comme son chakra dans le creux de sa main, qui ne cessait de tournoyer sur elle-même. Cette technique exigeait un contr?le extrêmement raffiné du chakra, étant donné sa forme et sa consistance en perpétuel mouvement.
- Qu’est-ce que tu essayes de faire ? s’interroge-t-il.
- En concentrant l'énergie dans une sphère, la forme ayant le meilleur rendement, ?a réduit l'effort tout en maintenant l'intensité. Après, c’est temporaire, parce qu’avec ?a je passe d'une technique de demi portée à du combat rapproché. Le but c'est d'étendre la sphère jusqu'à obtenir mes cha?nes !
- Certes, mais ce n’est pas sans efforts. Je doute que tu puisses y arriver si facilement. Et pourquoi commencer par le plus dur ?
- Je peux faire une boule, se vante-t-elle en faisant émaner simplement son chakra au creux de sa main à son tour. Et en tentant de créer une sphère chargée de Foudre, je vais pouvoir cerner le rapport idéal pour maintenir la Foudre quelle que soit la forme que je veux. Vise le sommet, au lieu de perdre ton temps à fouiller sous chaque pierre de la montagne ! balance-t-elle.
- Autrement dit, tu vas encore foncer tête baissée, soupire-t-il.
Avant qu’elle ne puisse répliquer, le point déjà en l’air pour signifier son mécontentement, il approuve son raisonnement mais la met en garde de la difficulté. Elle grimace, perplexe, puis part se positionner face à un pantin.
Inutile de faire tourbillonner sa Foudre comme lui. Ou peut-être juste au début, pour aider à guider l’énergie. Dos au village et face à la forêt au loin, Kakashi à c?té d'elle tentait de rester serein derrière sa curiosité. Tsukinoko prend son souffle puis tend une paume face au pantin, de profil.
L’aura violacée l’englobe avant d’être siphonnée au creux de sa main tout en se chargeant de Foudre. Une espèce de sphère rosatre se forme dans sa paume puis la forme devient plus régulière. Son chakra fa?onne une sorte de boule de Foudre lisse et rose.
Tsukinoko rouvre brièvement les yeux et, surexcitée par le résultat prometteur, augmente ses efforts. Un maximum de chakra était concentré, l'impression qu'elle aspirait même l'énergie autour d'elle. La boule arrive à son paroxysme, aussi grosse qu'un ballon.
Le semblant d’astre né au creux de sa main brillait intensément alors que l'atmosphère devenait pesante à nouveau. Les doigts crispés, br?lés par l’énergie accumulée qui tentait de se libérer à travers les vaisseaux et les cellules de sa main, de son bras, grignotant sa route en elle. La douleur lui donnait envie de crier à s’en briser la voix, insoutenable, mais Tsukinoko serrait les dents. L’énergie lui poignardait jusque le ventre.
Il fallait se débarrasser de cette énergie avant qu’elle n'explose sur elle. Une voix grondante dans sa tête lui ordonnait de tout relacher, immédiatement, de plus en plus oppressante.
L’adrénaline lui arrache un hurlement qui résonne sur le terrain, avant de s’estomper dans un murmure, alors que la sphère émet un flash lumineux qui aveugle les environs. La Foudre ultra concentrée est expulsée en une fraction de seconde vers le pantin. Dans un silence inou?, le souffle de l’explosion carbonise les environs et déracine les arbres les plus proches.
La détonation retentit enfin, fracassante comme le tonnerre, en même temps que les cendres s’envolent hors du terrain.