Les oreilles prises d’acouphènes et en sang, Kakashi, se relevait difficilement, désorienté et le corps engourdi. Trois secondes s’étaient écoulées entre l’explosion et la détonation, comme un tonnerre qui gronde après la foudre.
L’étendue des dégats devant ses yeux le laisse sans voix. Sur toute la longueur du terrain d'entra?nement et jusque dans la forêt au loin, le vert de l’herbe avait laissé place à un gris cendré. Tout était brulé, le sol fissuré, les arbres les plus proches disparus, la forêt derrière eux dévoilait une plaie béante encore rougeoyante.
Kakashi approche Tsukinoko d’un pas craintif, et sa peur se justifia devant son épaule calcinée, la chair à vif jusqu’aux omoplates. Le blanc saillant des os lui éblouit la vue. Ses longs doigts sveltes qui avaient soigné ses plaies auparavant n’étaient plus que reliques pendues dans le vide
Ses plaies ne saignaient pas, car les br?lures avaient fait coaguler le sang. Kakashi leva les yeux jusqu’aux siens, priant d’y apercevoir une lueur, mais le regard de Tsukinoko était aussi éteint que la forêt devant eux.
Une lueur dorée luit subitement sous sa peau, avant de dispara?tre sous son débardeur pour reprendre sa place sur son ventre. L’adrénaline quitte le corps de Tsukinoko qui s’effondre. Kakashi laissait les secondes se succéder sans pouvoir réagir, la tête de Tsukinoko posée sur ses genoux et tenue fermement entre ses mains tremblantes. Le bout des doigts collé au creux de son cou, il comptait les fébriles battements de son c?ur.
Dans le service des urgences de l’h?pital de Hanamaru, Haruo et le Général de la Colonie essayaient de récapituler la situation.
- Un flash de lumière a surgit derrière le Monument et ébloui tout le village, suivi d'un tonnerre hors du commun, explique le général. Mais le ciel n'a pas un seul nuage. Tu as pourtant dit qu’elle venait de s’entra?ner toute la journée, avec ce qui lui restait de chakra elle n’aurait pas pu faire autant de dégats. Tu es certain que c'est bien elle qui a fait ?a ? insiste-t-il.
- ?a se voit, non ? marmonne Kakashi la tête baissée.
- Bien, conclut le Chef. Vous pouvez disposer. Kakashi rédigera un rapport sur l’incident et vous le validerez, ordonne-t-il au général.
Ce dernier dispara?t et Haruo cogite en silence devant les portes de la salle d’opération. La nuit était tombée et l’h?pital respirait enfin dans la lenteur de la nuit qui apaisait les soignants après l’agitation de la journée. Kakashi s'exclame à c?té de lui, perplexe.
- Chef ? Où est le problème alors ? Ses sabres l'aident à se concentrer... Si elle ne s'entra?ne qu’avec depuis le début, elle s'est inconsciemment habituée à n'utiliser que ce qu'il faut comme chakra pour le contenir dans ses sabres sans aller chercher plus loin, est-ce cela ? C’est une technique qu'elle a essayé de mettre au point et je pense qu'elle s'est laissée dépassée.
- Plus ou moins, dit-il en relevant la tête.
- Que voulez-vous dire ? Tsukinoko a beaucoup de chakra, par rapport aux réserves d'un militaire moyen. Est-ce que... vous auriez sous-estimé ses réserves ?
Le Chef hoche négativement la tête, un bras dans le dos.
- Tsukinoko a un don pour la perception, et pour ressentir l'énergie autour d'elle. Malheureusement, elle ne s'en aper?oit pas.
Alors qu'il allait reprendre, un médecin sort de la salle d'opération, d’un pas éreinté.
- Son état est enfin stable, souffle-t-il de soulagement. Elle a des br?lures au troisième degré sur plus d'un tiers du corps, la cicatrisation va être longue. Concernant son bras, nous avons essayé des cultures de cellules souches, issues de son ADN. Comme vous nous l'avez demandé, la procédure a été classée confidentielle, ainsi que cet accident. Si les résultats sont positifs, cela pourrait grandement faire avancer nos recherches ! La greffe est en cours en ce moment-même. Nous la garderons endormie le temps que sa chair se régénère, puis sous observation ensuite.
Le Chef remercie les médecins puis invite Kakashi à sortir avec lui. Les couloirs de l’h?pital étaient déserts et Kakashi fixait le sol carrelé sous ses pieds, les mains dans les poches.
- Tu as dit que tout ceci était le résultat d'une technique qu'elle viendrait de mettre au point, comment peux-tu l'affirmer ? Rien de tout cet incident n'a l'air abouti au vu de son état, et de ses objectifs.
- Je l'ai entendue murmurer quelque chose, juste avant l’explosion. Je ne sais pas s’il s’agit du nom de cette technique, ou de ce qu’elle a ressenti.
- Et qu'a-t-elle dit ?
- Shinigami no Hikari.
Le Chef s'étonne avant d'esquisser un sourire en coin, approuvant ce début de technique prometteur. Arrivés à la sortie de l’h?pital, il s’adresse autoritairement à son agent pour lui confier une mission informelle.
- Hanamaru a aujourd’hui la possibilité de mettre au point une arme militaire puissante. Si le rayon d'impact est aussi grand, un seul essai devrait être suffisant, vu les ravages que cette technique cause. Kakashi, je sais que tu sauras deviner d'où vient le don de Tsukinoko. Je ne peux t’en parler davantage pour l’instant. Je compte sur toi.
Le bras de Tsukinoko avait miraculeusement cicatrisé en quelques jours, grace à son Gardien, sous l’?il stupéfait des médecins. Kakashi était venu la raccompagner jusqu’à chez elle à sa sortie d’h?pital, mais reste sur la terrasse alors qu’elle le salue.
- Excuse-moi pour la dernière fois, j'ai fait n'importe quoi, rie-t-elle nerveusement. ?a m'apprendra à foncer dans le tas, hein ? sourit-elle.
- Peu importe. On part demain matin, dans les montagnes au nord. Je superviserai ton entra?nement là-bas.
- M'entra?ner ? à quoi ? demande-t-elle en levant un sourcil.
- Shinigami no Hikari.
- Mais... Pourquoi ?! s’affole-t-elle.
- Ordres du Chef. Il exige que tu perfectionnes ta technique. à l'écart.
Tsukinoko fixait le sol, morte de peur à l'idée de renouveler l’expérience. Elle serre les dents et relève la tête pour garder la face devant son chef, mais ce dernier arborait soudain un regard perplexe après ses fermes consignes.
- Je... suis soulagé que tu ailles mieux, souffle-t-il tout bas. On se retrouve à l'aube au pied de ton arbre.
- Ok ! s'écrie-t-elle en serrant son poing bandé d'un air déterminé.
La porte vitrée refermée, elle s’effondre, le visage entre les mains. Terrorisée, elle retenait ses sanglots dans la pénombre de son appartement.
Ses souvenirs étaient flous, mais l’intensité de l’incident était bien claire dans son esprit.
Ses vieux démons remontaient jusqu’à la surface, et elle avait beau essayer de les noyer, ils savaient nager. Depuis la nuit tragique, cette énergie intarissable était de plus en plus étrange. Toujours plus oppressante, nichée au fond de ses entrailles, grondante comme un dragon.
Arrivés en soirée au bout des sentiers paumés des montagnes au nord du pays du Soleil, Kakashi ordonna d’établir le camp sur les plateaux entre les sommets.
Un médecin était du voyage, ce qui ne rassurait pas Tsukinoko. Dans les montagnes, les roches étaient à nu, la végétation souffrait en été de cet environnement aride, même si l’air était respirable et la température clémente la journée.
Tous les trois emmitouflés dans leurs sacs de couchage, en-dessous de la voie lactée qui brillaient librement au-dessus des montagnes, Tsukinoko ne trouvait pas le sommeil, anxieuse. Le froid lui gla?ait les joues, et alors qu’elle allait les frotter pour les réchauffer elle réalise que ses larmes avaient encore coulé. Du revers de la main, elle sèche son chagrin et s’extirpe de son sac pour aller se dégourdir les jambes sans faire de bruit.
Grace à l’absence de la lune, les étoiles éclairaient subtilement les environs. Installée sur un rocher au-dessus du campement, les pieds dans le vide, la méditation était son échappatoire intérieur.
Shinigami no Hikari, ce pouvoir était peut-être la source de ses forces. Quitte à détenir de telles capacités, autant les utiliser à bon escient, pour protéger le village. Même si son père devait se retourner dans sa tombe devant ses choix, Tsukinoko ne changera pas d’avis. Plus bas, les deux étaient enviés, pouvant dormir sans avoir de si lourd secret à porter.
Mais, Kakashi ne dormait pas non plus, et la surveillait d'un ?il, les bras derrière la tête.
Le lendemain, les deux agents et le médecin avaient établi le déroulé de l'entra?nement. Tsukinoko s’échauffait, la peur au ventre. Son chakra émane un instant autour d’elle, violacé puis blanc une fois chargé de Foudre. Aspiré au creux de sa main, il se condensait petit à petit.
La boule grossit plus vite qu'elle ne cro?t alors qu’une énergie intarissable tourbillonnait autour, attirée spontanément à nouveau. Des pieds à la tête, elle avait l’impression de br?ler de l’intérieur. Sa main était prise de fourmillements.
Les yeux toujours fermés pour se concentrer, seule la voie de Kakashi l’arrête après quelques secondes. La boule était plus imposante que la fois précédente mais moins concentrée, d’une forme incertaine, et des éclairs pleuvaient dans tous les sens. Tsukinoko se déconcentre et se retrouve projetée en arrière alors que l’énergie explose à nouveau.
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De moindre ampleur, le plateau caillouteux essuie les dégats de l’échec de Tsukinoko. Le médecin se précipite pour l'aider, passant plusieurs heures à soigner minutieusement chacune des plaies sur son corps dès leur création.
Le vieux bandage de son bras s'était évaporé et ce dernier se retrouvait à nouveau br?lé. Dans l'après-midi, Tsukinoko rouvre enfin les yeux, dans le brouillard.
Kakashi, assis à c?té d'elle, avait le regard posé sur elle, perdu dans ses pensées. Il l’aide à s’asseoir mais, elle enroule ses bras autour de ses genoux pour poser la tête dessus et cacher son échec, serrant les dents sans rien dire.
- Si tu hésites et que tu as peur, tu n'y arriveras pas, dit-il calmement. Je crois que j'ai compris pourquoi tu te laisses dépasser. Tu es de type sensoriel, n’est-ce pas ?
Elle acquiesce à peine, pleurant en silence dans ses bras, mais il continue. Enfin, il cesse son interrogatoire pour appeler un faucon messager fourni pour faire délivrer des nouvelles, puis retourne auprès de Tsukinoko et vide à ses pieds le contenu d’une besace.
Le sol se retrouve recouvert de parchemins et de livres. Il en consulte un quelques minutes puis s'exclame à nouveau.
- Tu médites avec ton aura d'habitude ?
- Hein ? s'étonne-t-elle. Bah nan, pourquoi faire ?
- Quand tu seras rétablie, tu essayeras. On va changer d'approche, réfléchit-il en tournant les pages. J'espère que ?a fera moins de dégats. Pour toi.
- Comment ?
Pris d’agitation, il se met à lire plusieurs livres à la fois. Perturbée par sa soudaine énergie, Tsukinoko se rallonge pour se reposer de son c?té. Réveillée au d?ner par le médecin qui l’aidait à manger, Kakashi derrière elle était toujours plongé dans ses recherches.
D’un ?il curieux, elle observe et tripote ses documents, mais la douleur dans ses doigts l’empêche de l’aider plus longtemps.
- Tu fais quoi Boss ? demande-t-elle au bout d'un moment.
D’un geste brusque, il relève la tête et son ?il écarquillé la surprend. Le cerveau en ébullition, il parlait d’un ton plus vif que d’ordinaire.
- Euh... Tu vas bien ? grimace-t-elle.
- Ce n'est pas ton chakra que tu sens tourbillonner autour de toi, s'écrie-t-il en brandissant un livre ouvert devant son nez. C'est de l'énergie naturelle, que tu confonds et concentres en pensant que c'est ton chakra, s'agite-t-il en tapotant du doigt la page. C'est extrêmement dur à manipuler et je comprends pourquoi tu arrives à ce résultat ! C'est incroyable que tu arrives à la puiser sans t'en rendre compte... Regarde !
Il lache le livre en l'air pour chercher quelque chose autour de lui, et elle rattrape de justesse le bouquin.
- Hein ? De l'énergie nat-
- Ce que tu manipules était différent de ton chakra, je ne peux pas le voir ! s'écrie-t-il en déroulant un parchemin. Enfin je crois, mais ce n'était pas ton chakra. Mais si c'était ?a, ?a expliquerait tout... Tiens !
Il colle le parchemin devant son nez mais elle baisse sa main en grima?ant alors qu'il la regardait impatiemment.
- ?a quoi ?
- Tu ne vois pas ce que c'est ?
- Non... ? hésite-t-elle en haussant l'épaule.
Elle attend alors une explication mais il lui reprend le livre des mains, tourne quelques pages puis le lui redonne. Le chapitre s'intitulait ? Arts des Gardiens ? et elle lit alors rapidement les quelques pages, mais s'arrête aussit?t.
- Et ? ?a a rien à voir. Enfin je sais pas. Si ? Boss ! crie-t-elle alors qu'il était occupé ailleurs.
- Je suis s?r que si. Il n'y a qu'une fa?on de le vérifier.
- Comment ?
- En méditant, comme font les ermites du Temple des Gardiens.
- Les quoi de quoi ? grimace-t-elle.
Il la dévisage devant son ignorance et s'exclame d'un ton condescendant.
- Tu n'as rien retenu à l'Académie ?
- Comme si j’y étais allée, imbécile ! se vexe-t-elle.
Il reste silencieux et elle fait la moue, se rappelant qu'ils étaient en mission et qu'il était son chef. Elle n'arrivait pas à savoir s'il était contrarié derrière son masque qui recouvrait la moitié de son visage, et esquisse alors un grand sourire avec des yeux doux pour se faire pardonner, au cas où.
Il lève les yeux au ciel puis se replonge dans son livre mais elle pose la main dessus pour attirer son attention.
- Alors, tu m'expliques ?
Le chakra est composé d'énergie physique, produite par le corps, et d'énergie spirituelle, acquise avec l'expérience et l’entra?nement. Le principe des Gardiens démoniaques est d'ajouter au chakra de l'utilisateur l'énergie naturelle, présente partout dans l’environnement. Ce nouveau chakra permet aux utilisateurs humains d'entrer dans un état second, lorsqu’ils sont possédés par un Gardien.
Tsukinoko réalise petit à petit que Kakashi avait s?rement raison, mais hésitait encore car elle n'en avait jamais entendu parler ni avait parlé de sa marque à personne.
Le soir, elle s'endort plus facilement, soulagée. Rien ne clochait avec elle, même si cette technique était rare et compliquée, l’engouement de son chef pour démêler la situation et sa présence la rassuraient.
Le lendemain, la matinée f?t dédiée à de la méditation pour se préparer à la suite. Assis en tailleur l’un en face de l’autre, le médecin à l’abri derrière un rocher, Kakashi donne les consignes. Tsukinoko allait devoir méditer jusqu’à ressentir l’énergie naturelle autour d’elle.
- Et tu comptes rester là ? panique-t-elle.
- Oui, pour te forcer à rester concentrée si tu ne veux pas qu'on se retrouvent carbonisés tous les deux.
Elle lève un sourcil en doutant qu'il oserait prendre autant de risques, et lance furtivement un caillou sur lui pour vérifier que si c'était un clone. Mais il arrête le projectile avec son livre, juste devant sa tête, et la regarde avec de gros yeux.
- Oups... glousse-t-elle penaude.
Elle se met aussit?t à méditer pour éviter une remarque, puis fait émaner son aura une fois stable. Une heure s’écoule et cette énergie commen?ait à communiquer paisiblement avec elle. Elle était partout. Dans l'air, dans le sol, dans les rochers, dans les plantes, dans le ciel et au-delà. Tsukinoko passe plusieurs heures sans bouger, fascinée, et essayant de rester concentrée.
La fra?cheur de la nuit vient balayer son visage au bout d'un moment et elle rouvre doucement les yeux. Kakashi avait allumé des torches et lisait tranquillement dans la nuit noire, toujours à son poste, alors que le médecin dormait devant le feu. Il relève la tête et ferme son livre en la regardant des pieds à la tête. Avant qu’elle ne puisse demander l’heure, il s'approche d'elle et tire ses sourcils en l'air, puis tripote son crane. Elle le repousse brusquement, bousculée.
- Qu’est-ce t’as sale pervers ? grimace-t-elle.
- Tais-toi. Je vérifiais quelque chose.
Elle le dévisage d’un air de dégo?t. Surprise de sa découverte, elle partit se détendre autour du feu. Jamais auparavant elle n’avait ressenti ceci, malgré toutes les fois où elle avait médité.
Mais comment expliquer que cette énergie ne se manifestait que maintenant, pourtant maudite et contr?lée par les Gardiens. Tsukinoko avait vraisemblablement capté l’énergie naturelle autour d’elle sans s'en rendre compte précédemment, s’emmêlant les pinceaux en voulant puiser dans ses forces sans se concentrer.
Alors qu’elle change ses bandages, elle découvre une à une ses plaies cicatrisées, à tel point qu’aucune trace de blessure n’était visible. Même certaines de ses anciennes cicatrices avaient disparues. Elle croise le regard éberlué de Kakashi devant sa guérison miraculeuse et hausse les épaules. Après avoir d?né, son responsable était toujours dans son coin. Elle profite de l’occasion pour aller s’incruster dans son espace personnel, après plus d’un an à ses c?tés aux services secrets.
- Pourquoi t'es si silencieux ? Parle-moi un peu de toi !
- Pourquoi faire ?
- Bah pour... baille-t-elle. Faire connaissance.
- Qu'est-ce que tu veux savoir ?
- Bah je sais pas, tu faisais quoi avant la Colonie ? T'aimes quoi, tu fais quoi de ton temps libre, tout ?a...
- J'aime pas mal de trucs, et je m'occupe sur mon temps libre, hausse-t-il les épaules.
Elle grimace devant sa réponse vaseuse puis baille encore aux corneilles juste devant lui, emmitouflée dans sa couverture jusqu'au cou.
- Eh ?
- Quoi encore ? soupire-t-il. Tu n'es pas fatiguée ?
Elle se vexe de sa remarque mais baille à nouveau avant de répondre, le doigt en l’air.
- Va te coucher, soupire-t-il. Tu as besoin de repos.
Elle peste dans sa barbe et n'arrive pas à savoir s'il était vraiment agacé, car elle pensait deviner un rictus sous son masque grace aux ombres créées par le feu de camp.
- Tu souris là ? plisse-t-elle les yeux.
- Pourquoi tu demandes ?a ?
- Tu- non rien, soupire-t-elle démunie en se levant. Bonne nuit Boss.
- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ?a, dit-il en replongeant dans son livre.
- On est en mission, non ? On doit pas prononcer nos noms.
- Pas vraiment, ce n’est pas une mission pour la Colonie, même si notre présence ici est un secret.
- Bah alors ? grimace-t-elle. C’est une mission, parce que sinon j'ai déjà vu plus confortable comme vacances !
- Tais-toi et dors, Tsukinoko.
Elle lui tire la langue avant d'aller chiper une double ration de nourriture avant de dormir.
Le lendemain matin, Tsukinoko se réveille la première avec les lueurs de l’aube et fait chauffer du thé. Elle décide d'aller faire la salutation au soleil pour se préparer à une nouvelle journée de méditation.
Sans faire de bruits, elle monte à l'écart dans les rochers et fait plusieurs encha?nements face au soleil, puis se met en équilibre sur un pied, dans la position de l'arbre. Sa respiration était lente, et son esprit apaisé dans le silence qui surplombait les environs déserts.
Son aura émane lentement, et elle se laisse envelopper par l’énergie naturelle. Pleine de sérénité dans le calme, elle absorbait petit à petit l’énergie, profitant de cette opportunité.
Elle suivait aveuglément son instinct, qui lui chuchotait la marche à suivre, comme un vieux sage qui habitait dans sa tête et la guidait. Les énergies en harmonie, elle avait l'impression de flotter dans les airs. Enfin arrivée à un équilibre parfait, elle rouvre doucement les yeux en conservant son état et redécouvre sous un autre ?il le monde. Les chakras de Kakashi et du médecin, mieux perceptibles que jamais, étaient juste en dessous d’elle. Un troisième les accompagnait, plus puissant encore, et elle reconna?t aussit?t le Chef. D’un saut léger, elle atterri juste devant eux en brisant brutalement le sol sous ses pieds. Tous les quatre étaient confus, mais elle réalise que les trois hommes la regardaient avec insistance.
- Comment te sens-tu ? demande finalement Haruo bouche bée.
- ?a va... hésite-t-elle. Qu’est-ce qu’y a Jījī ?
- Tu... Il semblerait que tu sois possédée ? hésite-t-il.
Le médecin lui tend d’une main fébrile un miroir. Tsukinoko manque de tomber à la renverse en découvrant son apparence. Ses paupières étaient recouvertes d'une marque dorée jusqu'aux sourcils, ses yeux violet foncé aux pupilles complètement dilatés, et pour finir sa peau était parsemée d'écailles grisatres sur tout le corps.
Son cri strident résonne entre les sommets, rempli d’effroi. Elle jette le miroir de dégo?t, qui s'encastre dans un rocher. Dépassée par sa force qu’elle ne semble plus contr?ler, elle trépignait devant eux.
- Jījī ?!
- Tout va bien Tsukinoko, c'est enfin stabilisé semble-t-il, dit-il doucement en essayant de la canaliser.
- Enfin ?
- Tu avais les sourcils longs et dorés le premier jour, lorsque ?a a explosé, puis des cornes de dragon après ta première méditation. Noires ! crie Kakashi surexcité.
- Mais...
Peut-être n’était-ce qu’un rêve, elle avait d? s’assoupir en méditant. Elle se pince le bras, mais la douleur était bien là. Mille questions lui traversaient l'esprit mais elle ne parvenait qu’à bégayer en esquissant une grimace effroyable.
- Cela fait une semaine que tu étais perchée là-haut, s'exclame Kakashi flegmatique. On a hésité à venir te chercher, puis j’ai prévenu le Chef au bout du cinquième jour, mais-
- Hein ?!
Elle se laisse tomber, sur le cul. Ni la faim, ni la soif, ni la fatigue n’étaient venues la déranger dans ses efforts. Qu’elle ne sentait d'ailleurs toujours pas.
- Mais je ressemble pas à un dragon ?!
- Un peu, sourit Le Chef.
- C'est quoi alors... ?
- J'aurais pensé que ce soit lié à Janguru, mais cela n'y ressemble pas trop... On dirait plut?t qu'il s'agit du Gardien à deux yeux, au vu de tes écailles, comme celui sur ton ventre...
Elle se rassoit en cogitant à toute vitesse. De plus en plus terrifiée, la vue de sa peau écaillée l’angoisse davantage. Elle se frotte frénétiquement les bras, jusqu’au sang, pour les retirer avant qu’on ne la démasque. Suffocante, la panique la submerge.
Le Chef approche pour tenter de la rassurer, mais à peine pose-t-il la main sur son bras qu’elle le chasse d’un mouvement. Sa force encore indomptée le projette contre la montagne, comme un moucheron qu’on chasserait du revers de la main qui éclate contre la vitre.
- Jījī... murmure-t-elle effrayée.
La possession s'épuise et Tsukinoko accuse le coup, vidée de ses forces et perd connaissance.
La Lumière du Dieu de la mort