En plein mois de juin, Tsukinoko se reposait à l'ombre sur son arbre en profitant de l'air frais matinal qui soufflait au-dessus du village, avant la chaleur de la journée. Lisant tranquillement, elle entend tout à coup des aboiements en dessous d'elle.
Sunifa, au pied de l’arbre, tenait son sac de voyage préparé aux quartiers de la Colonie dans la gueule, venu la prévenir du départ de l’escouade Ro pour une mission.
Elle arrive à l'entrée de Hanamaru avec Sunifa affalé dans ses bras, séduit sous les papouilles données tout le long du chemin. K?, Kakashi et Kimaru les y attendaient. Alors que Kakashi les dévisage tous les deux avec K? et Kimaru, Tsukinoko esquisse un petit sourire narquois en caressant le bidon de Sunifa.
- Vous voulez des papouilles aussi ?
Ils s'offusquent tous les trois en levant les yeux au ciel, rougissant ou grima?ant, puis s'en vont pendant que Kakashi explique la mission sur le trajet.
La mission consistait à escorter une assemblée entre les seigneurs du pays du Soleil qui devaient s'entretenir avec les seigneurs du pays des Oiseaux pour maintenir le traité de paix, par courtoisie. Mais des rumeurs de trahison avaient été rapportées et l'équipe est alors là par précaution.
Finalement, un des hommes d'affaires du pays des Oiseaux avait détourné de l'argent sur le dos de Hanamaru, et avait été arrêté en conséquence, sans encombre.
Sur le chemin du retour après la mission, l'escouade remonte une rivière et arrive au pied d'une grande cascade en plein soleil. La fin de journée se faisait attendre, et Tsukinoko ne tient plus sous la chaleur. Elle ralentissait la marche de plus en plus, tout en se plaignant, en dépit de l'agacement de ses collègues.
- Eh ralentissez, souffle-t-elle. Vous marchez trop vite ! Et-
- Tu m'épuises à jacasser, se plaint K?.
- Mais il faut trop chaud !
- On a l'air de contr?ler la température ?! s'agace-t-il.
- Idiot ! J'allais juste demander si on peut faire une pause à la cascade là-bas ! crie-t-elle en la pointant du doigt. Boss ? insiste-t-elle. Eh... Boss !
Aucun d'eux ne prête attention à elle et elle soupire en se remettant en route. Ils arrivent devant la cascade pour traverser le cours d'eau, mais Kakashi accepte finalement en constatant que la chaleur les accable tous.
Alors que les gar?ons remplissent leurs gourdes, sous le grand soleil et la chaleur, elle retire alors son plastron et ses gardes pour aller se rafra?chir plus loin.
Mais elle se relève et constate qu'ils la dévisagent tous les trois avec leurs sacs encore sur le dos, et elle doute alors de la durée de la halte.
- Il fait encore jour, répond Kakashi, on peut arriver avant la nuit si on ne s'arrête pas.
- Mais... rale-t-elle. J'ai envie de me baigner ! C'est trop beau ici !
- Nous-
- Je peux te donner une partie de ma paie pour que t'accepte de prolonger le retour, marchande-t-elle, je sais que t'es radin.
Kakashi lève un sourcil, vexé, mais ignore son chantage. Kimaru approche, épuisé et suant à grosses gouttes et s'écrie.
- Commandant Kakashi, je vous donne ma paie aussi si vous souhaitez.
- Qu’est-ce que-
- Je donne rien mais si on peut rester ici, ?a ne serait pas de refus, sourit K? en admirant la cascade.
- Mais oui, on a fini la mission ! s'écrie-t-elle. En soit on est juste entre nous, sur notre temps libre, hein ? C'est pas parce qu'on travaille à la Colonie qu'on peut pas s'amuser entre collègues, hein ? C'est bien pour l'esprit d'équipe ! Même si K? est vieux on est entre nous et-
- Je suis pas vieux j’ai vingt-six ans ! se vexe-t-il.
- Vieux papy... marmonne-t-elle. On a tous moins de vingt ans ici !
- Mais non ! Le commandant a vingt-et-un ans !
- Hein ? s’étonne-t-elle. Mais c’est le Boss, c’est comme s’il avait quarante ans t’fa?on, glousse-t-elle.
- Quoi ? se vexe le concerné.
- Eh les vieux vous allez avoir de l’arthrose si vous passez une nuit dehors ou quoi ?! s’agace-t-elle. Allez, juste pour ce soir !
- D?tes... souffle Kimaru. Est-ce que c’est permis ?
- J’en suis pas si s?r, mais la mission est terminée donc ?a me dérange pas de faire une halte, reprend K?.
Ils se regardent tous les trois dans le blanc des yeux mais Kakashi continue la route. Ce dernier s'arrête avant de traverser car ses subordonnés ne le suivaient plus. Il se dirige alors au pied de la cascade et capitule. Ils font tous les trois une ridicule danse de la victoire en silence dans son dos, ravis.
La cascade était haute de plusieurs mètres, et se jetait dans un bassin profond turquoise. L'eau dégringolait jusque sur un plateau de calcaire plein de cavités, donnant l'air de petits bassins pleins de remous et de rapides avant de continuer à dévaler le relief, disparaissant au milieu de la forêt.
Au bord du bassin, Kimaru était allongé à l'ombre en soufflant un coup, Kakashi plongé dans son livre adossé à la falaise et K? en train de fouiller dans son sac. Tsukinoko, en débardeur et pieds nus, escalade en silence la cascade en s’accrochant aux racines.
Au sommet, elle profite de la vue quelques instants. Cheveux au vent, elle reconna?t Hanamaru au loin de l'autre c?té des reliefs. Juste au-dessus du bassin, elle jette un dernier coup d'?il en bas, et calcule son saut pour atterrir au plus près de ses collègues.
Elle hésite un instant, car il ne valait mieux pas qu'elle ab?me le livre de Kakashi au risque de se faire disputer. Grace à son aura qu’elle étire jusqu’en bas, elle retire discrètement le livre de ses mains. Il lève brusquement les yeux en voyant son livre s'envoler mais elle se penche au bord et lui fait signe de se taire. Il récupère alors son livre et part s'installer un peu plus loin sans rien dire.
Elle prend son élan avant de sauter dans le vide, mais elle n'arrive pas à se retenir de crier en sentant l'apesanteur dans son ventre. Kimaru et K? ont à peine le temps de lever le nez en l'entendant qu'ils sont éclaboussés par sa bombe aquatique. Elle nage jusqu'à la surface et explose de rire en les voyant tous les deux trempés, fière d'elle.
K? la traite de tous les noms d’oiseaux, fumant.
- Pourquoi tu rales, je croyais que tu voulais te rafra?chir aussi, glousse-t-elle en flottant à la surface.
- Imbécile ! Mon sac est trempé !
- ?a va sécher, il fait 30° débile !
Désinvolte, elle nage dans le bassin en profitant de l'eau fra?che. Ses longs cheveux recouvrent ses épaules et elle dégage les mèches de son visage en nageant jusqu'au bord. Elle retrouve K? tout seul en train d'étendre ses affaires, ralant dans sa barbe tout du long.
- Il est où Kimaru ? J'ai cru qu'il avait clamsé, ricane-t-elle.
K? rigole avec elle mais hausse les épaules comme réponse.
L’équipement de Kimaru était soigneusement plié sur son sac, et Tsukinoko a à peine le temps de lever les yeux qu'il atterri dans l'eau juste à c?té d'elle. Encore plus explosif, son atterrissage inonde K? et ses affaires à nouveau.
- Bande de connards ! s'énerve-t-il.
Ils explosent de rire tous les deux mais K? saute dans l'eau pour les attraper.
Tsukinoko abandonne la partie pour aller se reposer dans une des cavités. Debout sur les rochers, les pieds dans l'eau, elle frotte rapidement son crane pour décoller ses racines et essorer ses longs cheveux trempés. Elle soupire doucement, la fatigue de la journée loin derrière, mais se retourne vers les deux en se demandant s'ils s'étaient finalement épuisés car ils ne faisaient plus de bruit.
C’était sans compter sur leurs yeux écarquillés, tous les deux immobiles en train de flotter dans l'eau, un air ahuri sur le visage. Au-dessus d’eux, Tsukinoko réalise que son débardeur n'était pas aussi long qu’elle espérait et offrait une vue dégagée d’en bas.
Son visage se tend immédiatement, horrifiée, et elle projette son chakra dans le bassin pour les électrocuter. Sans oublier de les traiter de pervers sans nom, elle les électrocute alors qu’ils convulsent sous la décharge en bégayant des suppliques, avant de couler.
Kakashi, debout dans la rivière juste en bas, était en train de pêcher avec une canne à pêche de fortune. Amusée de le voir dans cette activité, Tsukinoko décide d'aller l'enquiquiner un peu. Elle s'assoit au bord des rochers mais alors qu'elle le regarde curieusement faire, assise dans le cours d'eau en balan?ant les pieds dans le vide, elle le voit sortir un poisson de l'eau qui frétille au bout de la ligne. Elle lache une exclamation, surprise, puis croit deviner qu'il lui sourit fièrement, et lui sourit en retour en regardant le poisson gigoter. à force, le malheureux réussit finalement à se défaire de l'hame?on et replonge dans l'eau pour s'enfuir. Elle lève les yeux vers Kakashi. Ce dernier avait le regard perdu dans ses améthystes, qui brillaient en reflétant la clarté de la rivière, translucide et baignée de la lueur rosée du coucher de soleil. Les éclaboussures des rapides derrière Tsukinoko donnaient l’impression que l’air scintillait, léger.
Elle se laisse tomber dans l’eau et il sursaute avant de se remettre à la tache, l’air confus, alors qu’elle le rejoint timidement en marchant sur l'eau.
- Dis, tu comptes pêcher un truc pour ce soir ou tu t'amuses juste ?
- Je... Je verrais, marmonne-t-il en fixant sa ligne.
Elle l'interroge du regard devant sa réponse vaseuse en se demandant s'il rougissait, ou si cela était d? aux lumières du coucher de soleil. Elle observe les poissons nager entre leurs pieds.
- J’étais allée pêcher une fois avec mon père quand j’étais petite, dit-elle d’une petite voix. Mais ?a prenait tellement de temps, j’en avais marre, alors j’ai trouvé une astuce. Il a bien rigolé quand il a vu le résultat, sourit-elle fièrement, mais y avait beaucoup trop de poissons pour nous trois. Regarde, je vais te montrer !
Elle part au courant au milieu de la rivière et observe discrètement les poissons en dessous, puis s'agenouille lentement en apercevant une anguille bien dodue.
La main posée à la surface, elle propage une décharge dans l'eau pour surprendre le poisson, mais il semble peu affecté par son attaque. Elle finit par l’attraper à main nue, dépitée, mais l’anguille gluante se dandine et l’électrocute en retour. Elle crie sous la surprise et tombe dans l’eau, et Kakashi ricane sur la rive. Elle rumine dans sa barbe, puis se hisse sur l’eau à nouveau et signe l’incantation du tigre à genoux. Elle pose les mains à la surface et des remous bullent autour d’elle, suivis de dizaines de poissons qui émergent à la surface, flottant sur le flanc.
- C’est vrai que ?a fait beaucoup de poissons, juste pour nous quatre, soupire-t-il dans son coin.
- T'as vu ?a ?! s'écrie-t-elle au loin avec un grand sourire.
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Il acquiesce et ils partent ramener les prises au campement.
Tous autour du feu, K? et Kimaru s'amusent à raconter des histoires d'épouvante à la nuit tombée, puis Tsukinoko coupe les longs cheveux de Kimaru pour qu'il ait moins chaud dorénavant.
Tsukinoko ne trouvait pas le sommeil en repensant à la mission, après toutes les discussions diplomatiques et cordiales qui avaient eu lieu, se demandant pourquoi son père et son rival n'avaient pas pu y parvenir, eux.
Alors que Kimaru se met à ronfler, elle se lève discrètement et escalade à nouveau la cascade pour aller profiter de la vue au calme, dans la fra?cheur de la nuit.
Les yeux rivés sur Hanamaru au loin, elle soupire tristement en repensant à ses parents sans pouvoir se retenir, et laisse ses larmes couler librement en s’asseyant au bord de la falaise. Appuyée sur ses mains, elle admirait les étoiles, le nez en l’air.
En pleine méditation avec Tenryū, qu’elle espérait apercevoir dans le ciel, elle est interrompue par Kakashi. Agacée d'être dérangée, elle marmonne.
- Qu’est-ce tu veux ?
- Je me demandais où tu étais et si tout allait bien. Pardon, je ne voulais pas te déranger. Je redescends.
- Non attends...
Tsukinoko avait des tas de questions qui lui trottaient dans la tête à son sujet. C'était peut-être l'occasion d'en parler maintenant qu'ils étaient seuls à seuls. Elle lève la tête vers lui. Il admirait Hanamaru au loin, les mains dans les poches de son pull, et elle sourit anxieusement.
- Pourquoi tu dors pas ?
- S?rement pour les mêmes raisons que toi, répond-il sans hésiter.
- Dis, je peux te poser une question ? Assied-toi, tu me stresses à rester dans mon dos, dit-elle timidement.
Il s'avance à c?té d'elle mais reste debout, et elle prend une grande inspiration avant de poser la question qui la hante depuis sa première mission avec lui.
- Comment tu pouvais avoir un Negin ?
Il ne répond pas, le regard plongé dans la nuit.
- Enfin je sais comment tu l'as eu, de ce qu'on dit, c'est lors d’une mission, mais... c'est la vérité ?
Il ne répond toujours pas et elle regrette aussit?t d’avoir posé cette question, mais il parle enfin.
- Pourquoi crois-tu que ce serait une histoire inventée ?
Elle hésite un instant mais se dépêche de répondre pour ne pas éveiller ses soup?ons.
- Parce que je connais les avantages qu'offre ce pouvoir. Tu as pu en prendre possession pour ?a... hésite-t-elle. On te surnomme Kakashi au sang-froid, Kakashi le tueur d’amis... c'est pour ?a que je me demande si ces surnoms viennent de là... Non pardon, je veux pas être irrespectueuse... Je- oublie... soupire-t-elle.
Le mal-être s’était emparé d’elle car elle avait réalisé qu'il était pourtant attentionné avec son équipe, malgré les rumeurs, et qu'il tenait à sa défunte équipe plus qu’à sa propre vie. Outre la question indiscrète, la curiosité et l'appréhension la piquaient.
- Ils ne viennent pas de là, répond-il enfin.
- Les surnoms ? Ils viennent d'où alors ? hésite-t-elle.
Elle se tait alors qu'il s'assoit à c?té d'elle et fuye son regard. Mais il lui tend un mouchoir et elle le dévisage.
- Tu pleures, dit-il doucement.
Encore une fois ridicule devant lui. Elle lui prend aussit?t le mouchoir et rit de la situation pour en chasser la gêne.
- Tu n'as pas à t'excuser pour ?a. Et tu t'excuses trop en général aussi.
- Tu dis ?a comme si c'était mauvais, grimace-t-elle.
- ?a cache souvent un manque de confiance en soi, ou un manque de confiance en général. Et ce sont des choses primordiales pour la stabilité d'une équipe, donc je souhaite juste m'assurer que ce n'est pas la raison pour laquelle tu t'excuses autant.
Elle reste sans voix quelques secondes, sans oublier qu'il ne lui avait toujours pas répondu, avant de le rassurer à son tour.
- T’inquiètes Boss. Je veux juste décevoir personne, hausse-t-elle les épaules. J'ai pris des mauvaises habitudes, c'est tout.
Il insiste pour comprendre ce qu’étaient ces mauvaises habitudes. Peut-être qu'en étant honnête, il le sera à son tour, et elle obtiendra les réponses qu’elle attend.
Même avec toute l’appréhension de découvrir ces réponses, Tsukinoko avait une grande confiance en son chef. Son père lui avait tout appris sur les arts martiaux, et sa mère sur le reste, tout ce qui comptait dans la vie.
Lorsque Tsukinoko était arrivée à Hanamaru, ce f?t un autre monde qui s’ouvra à elle, où il fallut tout reprendre à zéro. Elle faisait de son mieux pour se fondre de la masse, et s’excuser à chaque pas de travers, espérant ne pas être dénigrée.
- Je comprends. Tu fais de ton mieux, dit-il doucement. Je vois bien tes efforts, et je sais que ce n'est pas facile pour toi. Haruo Sato m’avait dit lors de ton arrivée que tu ne savais même pas ce qu’était un ballon. Et avec la situation et Sagi qui tentait de te corrompre, tu as mis du temps à trouver tes repères.
- Tu le penses vraiment... ? hésite-t-elle. C’est vrai qu’à mon époque il y avait pas encore de ballons ! s’amuse-t-elle.
- Ton époque ?
- Euh... Là où je vivais je voulais dire.
- C’est pour ?a alors, dit-il d'un ton rassurant.
Après la légère peur bleue, Tsukinoko s'émeut au plus haut point et se remet à pleurer, touchée par son ami.
Juste avec ces quelques paroles, Kakashi l'avait rassurée, comme si ces mots simples valaient tout l'or du monde, comme s’ils reconnaissaient ces années d’efforts.
Tsukinoko lui sourit même si les larmes dévalent ses joues, et il lui rend son sourire avant de lever la tête.
- Tu passes tes nuits à regarder les étoiles lorsqu'on est en mission, dit-il tout à coup. Tu pleures sans arrêt aussi, ajoute-t-il. Tu devrais avoir plus confiance en toi.
Elle s'étonne de sa douceur, l’impression qu’il tentait de la rassurer, et se dit qu'il doit se sentir sympathique après l'avoir vu pleurer.
- Tu sais tu dois pas te sentir obligé de vouloir me rassurer Boss. T’inquiètes. T’es bien bavard ce soir d’ailleurs. Euh... Je voulais dire, du coup ? Tu veilles sur tes amis, soupire-t-elle. Alors pourquoi on te surnomme Kakashi le tueur d’amis ?
Il soupire encore une fois mais elle persévère.
- Je sais que ?a doit pas être dr?le, dit-elle honteusement. Je me moque pas hein, j'essaye juste de... de pas être trop... Enfin... J’ai envie de te comprendre. Je sais que c'est un sujet sensible pour toi, désolée. T’en parleras quand t'en auras envie, si t'en as envie. De m'en parler... Pardon d'avoir posé toutes ces questions, j'aurais pas d?. Tiens ! s'écrie-t-elle soudain. Tu sais quand j'ai rencontré Hina, j'étais allée dormir chez elle pour la première fois, en espérant que je ferais plus de cauchemars si je dormais avec quelqu'un. C'était quelques mois après l'Attaque de G?me. Mais ?a a pas marché et je l'ai réveillée en faisant un énième cauchemar au beau milieu de la nuit, même son père a été réveillé... Je me sentais tellement mal, mais elle m'a prise dans ses bras et elle m'a dit qu'il fallait raconter ses cauchemars pour les faire sortir de la tête, et pouvoir se rendormir tranquillement après. Et c'est ce que j'ai fait avec elle ce soir-là, et on s'est rendormie ensemble, sourit-elle. Cette nuit-là, c'était la première fois depuis la disparition de mes parents où j'ai, vraiment, bien dormi, sourit-elle nostalgique. Où je me suis sentie un peu mieux le lendemain, plus motivée. Depuis, quand j'arrive pas à dormir parce que j'ai trop de choses sur le c?ur par exemple, je sors prendre l'air et me vider la tête. C'est pour ?a que je suis venue ici, pour faire sortir ma peine et réessayer d'aller dormir après.
Tsukinoko souriait seule en pensant à Hina. Elle se rend compte qu'elle venait de bavarder sans s'arrêter et se sent embarrassée de son déballage en pensant ennuyer Kakashi.
- Pardon, je parle trop, glousse-t-elle. Si jamais t'en as trop sur le c?ur, il faut vider tout ?a avant que ?a déborde. Seul avec les étoiles, ou avec un ami en qui tu as confiance, en fixant le plafond de ta chambre avant de dormir, autour d'un verre avec une vieille connaissance... Peu importe, sourit-elle. Désolée d'avoir insisté, Boss, t'as dit que t'étais là pour les mêmes raisons que moi, et je t'embête avec mes questions... Donc c'était un petit conseil qui m'a beaucoup aidé, et j'espère qu'il te servira aussi, pour réparer mes bêtises, sourit-elle tendrement en haussant les épaules. T’as pas l’air de parler à beaucoup de monde de ce que t’as sur le c?ur...
Toujours aucune réponse.
Kakashi fixait l'horizon pendant ses monologues. Tsukinoko se retourne pour s'allonger la tête au bord du vide, bouleversée. Le calme et la sérénité de la nuit les enveloppaient tous les deux. Alors qu'elle observait les constellations, Kakashi soupire doucement puis se lance d'une petite voix.
- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ?a, surtout quand on n’est pas en mission.
- Kakashi alors ? répond-elle sans décrocher son regard.
- S’il-te-pla?t.
Comme s’il venait de créer un refuge dans le temps avec sa demande, se protégeant par leur amitié, il replonge son regard sur le paysage et ouvre enfin son c?ur.
Le récit achevé, Tsukinoko contemple le ciel sans savoir quoi répondre. Toute son appréhension avait disparue. Kakashi avait perdu tous ses proches au fur et à mesure de sa vie, dans de tragiques incidents se succédant les uns après les autres. Toute sa douleur circulait à travers elle, jusqu’au plus profond de son ame.
- Et pour te répondre enfin, conclut-il, on me surnomme ainsi parce que tout le monde n'a pas besoin de savoir la vérité.
- Tu te bats pour protéger ceux que tu aimes, sourit-elle d’une petite voix, malgré tout. Ce que tu m'as dit l'autre soir, lorsqu’on se disputait... c’était les paroles de ton ami ?
- Oui.
- Ah oui, soupire-t-elle longuement. Il doit être content de voir que tu l'appliques aujourd'hui. Je t'ai vu plusieurs fois planté au cimetière, avoue-t-elle. J'allais me recueillir, mais t’étais toujours là quand j'avais fini, et t'avais pas l'air d'avoir l'intention de partir bient?t.
- Quand je vais me recueillir, je finis toujours par me reprocher pendant des heures mes erreurs. Comme toi, je perds la notion du temps, soupire-t-il. Si j’avais eu plus t?t la maturité que j’ai aujourd’hui, je n’aurais pas fait autant d’erreurs.
- Si tu n’avais pas fait autant d’erreurs, tu n’aurais pas la maturité que tu as aujourd’hui, reprend-elle.
- ?a ne serait pas plus mal, je ne pense pas être quelqu’un de bien aujourd’hui.
- Tu te trompes, sourit-elle, je t’aime comme ?a moi. Même si tu me trouves chiante.
Il ne répond pas, et elle n’arrive plus à décrypter leurs émotions, surchargées. Elle se redresse en soufflant un coup, jette un ?il mais il fixait toujours l'horizon sans rien dire, et elle continue alors, laissant les paroles sortir de son c?ur.
- Tu sais, te lamenter et ressasser les erreurs du passé ne changera rien au présent. Il faut les accepter et avancer. Même si ?a semble insurmontable, même si ?a fait peur. J'ai mis du temps à y arriver, et j'ai encore souvent peur... comme ce soir. C'est ?a le plus dur en fait, soupire-t-elle. La plupart des gens pensent que c'est le manque qui va faire le plus mal, le fait de ne plus les revoir. Mais c'est les remords et la ranc?ur qui nous pourrissent, on culpabilise, on se dit que si on avait pas fait ?a, ou si on avait écouté ce qu'a dit un tel, alors peut être qu'ils seraient toujours là avec nous. On s'accuse de tout, on se sent responsable. Kakashi... Tu sais, si tu veux arrêter de passer ton temps là-bas, il y a une solution. Il faut se pardonner à soi-même, se pardonner de les avoir laissés. On leur demande pardon, on se demande pardon, et on se relève, murmure-t-elle déterminée. On emprunte la force et la bonté qu'ils avaient chaque jour lorsqu'ils étaient encore là, et on continue de se lever chaque matin, chaque jour plus motivé que la veille. On apprend de nos erreurs au lieu de les ressasser et on se réconcilie avec soi-même. Je te vois trop souvent seul, comme si tu te coupais des autres. C'est pas en rejetant tout le monde parce que les choses ne se passent pas comme tu l'aurais voulu que tu vas t'en sortir, au bout d'un moment plus personne ne viendra te tendre la main.
Elle le voit la regarder furtivement du coin de l'?il mais continue, espérant qu'il ne prenne pas mal ses paroles.
- Continue tes efforts, et un jour tu te réveilleras entouré d'amis à nouveau, dit-elle en le regardant, ou avec une nouvelle famille, dit-elle en pensant à Hanamaru. ?a fait neuf ans et tu as survécu, et tu survivras pour les dizaines d'années qui t'attendent encore, donc autant en tirer le meilleur, non ? Je vis un enfer depuis la disparition de mes parents, ils me manqueront aussi pour le reste de ma vie... Mais aujourd'hui je veux juste leur dire merci. Merci pour tout ce qu'ils ont fait pour moi, et en retour je leur ai promis de faire de mon mieux avec ce qu'ils m'ont laissé. Pas de me morfondre comme si leur sacrifice ne signifiait rien.
Elle soupire tristement et il la regarde une seconde à nouveau. Apaisée après son beau discours, la fatigue la rattrape enfin et elle décide de conclure sur ses conseils.
- Moins t'excuses, plus le chemin sera long et douloureux. Mais si... baille-t-elle, si tu fais tout ?a, petit à petit tu verras le bout du chemin, et tu les libéreras en même temps que toi. Ils attendent que ?a, ils veillent sur toi de là où ils sont et ils n'ont besoin de rien d'autre. Ils ont pas besoin de tes excuses, mais de voir que tu portes leurs rêves avec toi et que tu t'en sors. Et tu es sur la bonne voie, dit-elle doucement.
Recroquevillé, la tête posée sur ses genoux, Kakashi avait toujours le regard dans le vide, comme incapable de répliquer, incapable de se défendre, incapable d’acquiescer, incapable de s’avouer la situation.
- Kakashi, t'es pas un monstre ou responsable de ce qu'il leur est arrivé tu sais. Même si les rumeurs disent ?a, même si moi j'y ai cru aussi au début. Pardon. J'espère que tu ne m'en veux pas, et que t’arriveras à mieux dormir, au moins ce soir, sourit-elle en fermant les yeux.
Elle croise les bras derrière la tête, mais la dureté des cailloux la gêne. Allongée sur le ventre, rien n'y fait, et il baisse un ?il sur son agitation.
- Va te coucher, dit-il d'une voix enrouée, ?a n'y changera rien de gigoter comme ?a, le sol ne va pas devenir confortable.
- Nan... rale-t-elle. Je suis mieux ici. J'aurais juste d? prendre mon sac de couchage pour faire un coussin, baille-t-elle.
Elle gigote encore puis repose sa tête sur ses bras, à plat ventre face à la vue panoramique. Kakashi jette un ?il alors qu’elle se met à piquer du nez rapidement, comprenant qu’elle appliquait ses propres conseils. La nuit passe alors qu’il reste là à méditer dans la fra?cheur de la nuit, son pull gardant Tsukinoko au chaud et sa sacoche lui servant de coussin, déposés délicatement sans la réveiller.
L’aube et la fra?cheur de la rosée réveillent Tsukinoko. Alors qu'ils dorment tous encore, elle fait silencieusement du thé en méditant sur sa discussion de la veille.
Kakashi se redresse doucement et elle lui sert une tasse de thé, avant de s'agenouiller à c?té de lui en faisant la moue. D’une main, elle essaye de démêler ses cheveux rêches, mais il la dévisage avant de la repousser.
Alors que les deux autres ronflent toujours, le soleil se lève. De bonne humeur matinale, Tsukinoko les asperge chacun d’eau glacée et rejoint Kakashi en trottinant et gloussant, fière d'elle. Amusé par ses bêtises, il la regarde avec un air affectueux, rassuré de l'avoir avec eux. Il repense à ses défunts amis et cro?t reconna?tre une bonne entente comme autrefois, mais différente, à leur fa?on, même si le début avait été semé d'emb?ches avec elle. Il se retourne vers les deux qui étaient encore en train de s'habiller avant de dispara?tre dans la forêt sur l'autre rive, leur sommant de se dépêcher, alors qu’ils maudissaient leur camarade.
Les semaines suivantes, Kimaru et Kakashi travaillèrent avec Tsukinoko sur la nouvelle formation, qu’ils nommèrent ? Formation T ?. Entre-temps, Tsukinoko était partie en vacances quelques jours avec Hina et J?net dans une ville branchée, et les filles lui avaient offert les tatouages que Tsukinoko avait toujours voulu faire, un Daruma en couleur sur l’avant-bras, un clin d’?il aux Panthères sur la cheville, un démon sur la cuisse.
Après avoir découvert sa capacité à ma?triser la possession il y a presque deux ans, Tsukinoko souhaitait s’améliorer davantage en temps normal pour ne pas avoir à recourir à ce mode. Alors qu’elle était affectée à la surveillance de Haruo la journée, elle partait tous les soirs s’entra?ner.
Mais Haruo finit par remarquer ses efforts et lui proposa alors de prendre congés pour s’entra?ner sérieusement, comptant sur elle. Elle prépara alors un sac d’affaires et se rendit dans les montagnes là où elle avait fait la rencontre de Tenryū, pour être tranquille avec lui.