Les semaines passèrent et J?net voyait le bout du tunnel. Profitant d’une pause pour dévorer des dangos en observant les nuages, Tsukinoko et J?net paressaient à l’ombre devant la grille du terrain de la mort.
Des ricanements vinrent perturber leur repos, provenant d’un groupe d’enfants qui s’introduisit dans la sombre forêt par un trou dans le grillage. Les filles se moquèrent d’eux en attendant de voir leurs têtes lorsqu’ils ressortiront, après avoir fui les nombreuses monstruosités qui habitaient le bois.
Les minutes passaient, mais ils ne ressortaient pas, jusqu’à ce que des cris retentissent. Tsukinoko continuait sa méditation, indolente, mais les enfants crièrent à nouveau de terreur cette fois-ci.
Elles se relèvent brusquement et Tsukinoko saute par-dessus le grillage pour s'enfoncer dans la forêt maudite, sautant d'arbres en arbres, malgré les avertissements de J?net.
Pris au piège par un immense serpent couleur de vase aux yeux jaunes, les enfants étaient terrorisés. Alors que les filles allaient charger, J?net est prise de violentes douleurs à la nuque et chute de l’arbre.
Face au serpent, Tsukinoko ressent à son tour l’essence démoniaque d’Hebimaru la recouvrir, comme s’il était lié à lui. J?net hurlait de douleur derrière, luttant contre la marque maudite qui se répandait sur son visage et son cou, dévorant sa raison pour chaque centimètre parcouru sur sa peau.
Il n’y avait plus une seconde à perdre. Par une diversion, Tsukinoko réussit à libérer les enfants qui disparurent, et une boule de flammes embrase l’air pour cramer le serpent qui rampait jusqu’à J?net, faisant fondre ses yeux et peler ses écailles.
Elle se précipite auprès de sa camarade agonisante, dont sa détresse se lisait dans ses yeux. Ses yeux dont les pupilles reflétaient derrière le serpent fon?ant droit sur elles.
La gueule grande ouverte, le monstre est brusquement arrêté par Tsukinoko à pleines mains. Elle bloquait ses crocs, l’empêchant d’aller plus loin. Sa gueule putride résistait à Tsukinoko, accroupie devant J?net. Dans un effort brave, elle fait émaner son aura pour repousser son amie sur la branche du dessous.
Le serpent finit par faire basculer Tsukinoko en arrière. Un silence pesant règne alors que ni Tsukinoko ni le serpent ne bougeait. Ses crocs avaient transpercé la branche, d’où perlaient des gouttes de sang chaud sur J?net.
La progression de la marque maudite s’arrêta nette, perturbée par son h?te davantage effrayé par ce qui se déroulait devant ses yeux que par son emprise. Ce n’était pas le sang chaud du serpent qui perlait sur ses joues, mais celui de son amie prise dans sa gueule.
Le serpent se redresse après de longues secondes, Tsukinoko empalée sur son croc, avant de secouer la tête pour la dégager, la faisant virevolter dans les airs. Avec elle, ses sabres plantés dans la tête du serpent s’écrasent contre un tronc humide avant de retomber au sol.
Les yeux écarquillés, J?net resta tétanisée devant son amie à la respiration grasse de sang accumulé dans la gorge. Elle jurerait entendre son ancien ma?tre se moquer, son ricanement profond sifflait à travers les arbres, alors que le serpent les jaugeait d’un air supérieur. Affamé, ce dernier se mit à ramper jusqu’à sa proie, qui peinait à reprendre ses esprits, et se dresse de son long corps.
D’une main habitée, J?net attrape un sabre et enfonce la lame dans le palet du serpent, qui se fige de douleur. Le bras recouvert de serpents blancs qui s’enroulaient autour du sabre, ils s’engouffrent dans la gorge du monstre pour le dévorer de l’intérieur.
Le serpent gigantesque s'effondre à ses pieds dans un rale, vaincu.
D’un geste, J?net chasse les derniers sveltes reptiles alors que la marque se résorbe. Un souffle de soulagement s’échappe de ses lèvres, qui affichaient un fier sourire de victoire, ayant réussi à surmonter la marque pour sauver son amie. Cette marque maudite qui lui offrait dorénavant la ma?trise de ces créatures au sang-froid.
Son répit est de courte durée alors que la blessure de Tsukinoko saigne abondamment à ses pieds, debout dans l’herbe. De toutes ses forces, J?net presse la plaie immense, mais ni ses larmes ni ses suppliques ne réussissent à stopper l’hémorragie. Tsukinoko rouvre enfin les yeux, puis frotte son poignet marqué sur son menton ensanglanté.
Une immense panthère surplombe tout à coup les filles, et J?net hurle de peur mais le félin au pelage gris renifle Tsukinoko, avant de s’en aller à toute vitesse.
Les secondes s’écoulent alors que J?net restait penchée sur Tsukinoko, démunie. Une idée lui vint en tête et son regard s’illumine aussit?t.
D’un coup, elle retire ses mains pour invoquer un de ses serpents blancs, le dépèce puis enfonce la peau visqueuse dans la blessure pour combler la large plaie avant de lui faire un bandage de fortune avec d’autres. L'hémorragie s’était enfin arrêtée et Tsukinoko reprend ses esprits.
La grimace horrifiée sur son visage en découvrant des peaux la recouvrir arrache un rire de soulagement à J?net, qui la serre de toutes ses forces. Elle avait pris Tsukinoko sur son dos pour sortir rapidement de cet enfer, alors qu’un bruit angoissant s’amplifiait du fond de la clairière.
Une horde de mille-pattes géants était venue dévorer la carcasse du serpent. En quelques secondes, la chair avait été rongée. Les insectes se redressèrent en ch?ur, agitant leurs antennes comme s'ils humaient l'air à la recherche de nourriture.
- Cours... marmonne Tsukinoko en comprenant.
L’odeur du sang de Tsukinoko les intéressait, répandu au pied de l’arbre et au goutte à goutte derrière elles. Friands, ils se mettent à ramper à toute vitesse en leur direction. Aussi rapide que J?net pouvait courir, les répugnants insectes gigantesques étaient sur ses talons.
Une tornade stoppa net la horde pour l’envoyer valser de part et d’autre de la forêt. Ma? était arrivé à temps, et pendant qu'il contemplait les insectes assommés, fier de lui, Takeshi et Mikio arrivent à toute vitesse.
- Ah ! s'esclaffe fièrement Ma?. Vous êtes trop lents, j'ai gagné ce pari !
- C’est pas le moment ! rale Takeshi.
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- De toute fa?on, lance-t-il en se retournant, si je vous avais attend-
Il était devenu pale comme un linge, bégayant en pointant du doigt J?net.
- Un fan- Un fan-fan- Un fant?me ! Meurs ! hurle-t-il en prenant son élan.
- Je suis pas un fant?me imbécile ! panique-t-elle en tentant d’éviter ses coups. Et par quelle logique tu voudrais tuer un fant?me ?! hurle-t-elle.
- Tu... s'étonne Takeshi. Qu'est-ce que tu fais là ? Enfin comment tu... Euh ? grimace-t-il. On croyait que t'étais morte !
- En fait, s’exclame-t-elle calmement, tout a commencé il y a un mois quand-
- Je t'en prie J?net, installez-vous, vous voulez un thé aussi ? marmonne tout à coup Tsukinoko. Du sucre ?
- Oh tu as du thé-
- Je vais mourir ! hurle-t-elle en gigotant dans tous les sens. Fermez-la, je veux rentrer !
- Tsuki ! s'affole Mikio en allant la voir.
- Tout va bien, s'exclame fièrement J?net, si t'allais mourir tu crierais pas comme ?a ! Grace à mes peaux de serpents tu-
- Elle m'a mis des serpents dans les poumons... pleure-t-elle à Mikio. Je suis maudite maintenant !
- J?net ?!
- Des serpents ? Hebimaru a déserté Hanamaru, alors tu es devenue son espion ! s'écrie Ma? s?r de lui. Ou pire encore, sa réincarnation ! Meurs ! hurle-t-il en prenant son élan.
Tsukinoko devenait nauséeuse à force d’être ballottée sur le dos de J?net qui sautait pour éviter Ma?, mais elle la lache brusquement avant qu’elle ne dégueule sur elle. La pauvre blessée se met à brailler sous la douleur, alors que Ma? restait en garde devant J?net, méfiant.
Mikio voulait porter Tsukinoko pour rentrer mais il se retrouvait à devoir séparer Ma? et J?net qui s’affrontaient sous l’incompréhension. La zizanie des pleurs de Tsukinoko et des cris d’agacement de J?net réveilla la forêt. Derrière, Takeshi assistait à la scène d’un air désemparé, et tentait de les calmer.
- Du calme... Ohé les gars... Ohé ! La ferme ! hurle-t-il d'un coup.
Son cri résonne dans toute la forêt, figeant net ses camarades. Un silence s'ensuit et Takeshi se relève triomphant, mais le sol se met à trembler tout autour d'eux. Comme si des centaines de pas se rapprochaient, martelant le sol dans leur précipitation.
Un soupir de dépit s’échappe du buisson où se cachait Furoggu, alors que les jeunes dévisagent Takeshi. Blême en ayant compris son erreur, il n’a pas le temps de se défendre qu’une horde de mille-pattes, plus grande encore que la précédente, fonce en furie sur eux du fond de la forêt.
- Crétin ! peste Tsukinoko sur le dos de Mikio en cavale. Tu parles d'une unité de secours !
- Tais-toi ! Pourquoi tu chiales comme ?a, tu vas pas mourir, t'es vraiment chiante à crier !
- Maintenant si ! crie-t-elle effrayée. Toi aussi tu vas mourir, bien fait !
La bande sautait dans les arbres pour échapper aux insectes, qui venaient s’enrouler autour des immenses troncs pour les atteindre. Bondissant d’un arbre à l’autre, ils évitaient de justesse les insectes montés jusqu’à eux qui retombaient dans la vague noire au sol, telle un tsunami affamé.
Une nuée ardente vint recouvrir les insectes au sol, avant de prendre feu pour les carboniser. Les derniers perchés dans les arbres retombaient pour griller à leur tour. Ren et Hina avaient embo?té le pas à la bande, accompagnés de Yukihyō.
- Juste à temps ! souffle Ma?.
- Eh, ricane Ren. Comment vous vous êtes débrouillés ?
- Takeshi ! dénoncent-ils en ch?ur.
- Bande de tra?tres !
- La première brigade n'était pas suffisante, alors je suis allé chercher les adjudants, précisa Yukihyō à Tsukinoko.
Ma?, Mikio et Takeshi se retournent en le regardant de travers, contrariés, mais sans répliquer, peu fiers après leur bourde malgré leur grande volonté.
Enfin sortis du terrain, les jeunes reprenaient leur souffle sous l’?il désabusé de Ren et Hina, qui remercient la panthère. J?net se disputait encore avec Tsukinoko, en même temps qu’elle tenait Ma? à distance.
- A?e putain ! insiste-t-elle. ?a gratte ta pourriture ! Pourquoi tu m'as maudit alors que je t'ai sauvé la vie ?!
- T'es pas maudite merde !
- C’est ?a oui, on verra quand des serpents vont me sortir par les yeux !
Hina était venue calmer Tsukinoko qui s’était réfugiée dans ses bras. En chemin pour rentrer, Ma? s'écrie tout à coup.
- Donc on va continuer à faire comme si c'était normal que le fant?me de J?net nous suive ? Vous ne la voyez pas ?! se désole-t-il.
Ren et Hina explosent de rire mais J?net se vexe alors qu'Mikio et Takeshi l'analysaient à leur tour des pieds à la tête. La situation avait enfin été expliquée et les esprits calmés autour d’un bol de nouilles chez Teuchi, pour déjeuner.
Dans le bureau du Chef, la bande se chamaillaient sur à qui la faute de cet épisode catastrophique, puis les filles s’était expliquées pour l’évolution de la marque maudite une fois les gar?ons partis.
- Je pense que ?a ira maintenant, s'écrie Furoggu derrière la fenêtre.
Tsukinoko grimace et hurle en le pointant du doigt.
- Eh, ce vieux shnock ! Il nous mate depuis des semaines ! J'étais en train de mourir et il a rien fait Jījī !
- Mais non ! s'écrie Furoggu en sautant à c?té du chef. Je ne devais intervenir qu'en cas de débordement avec la marque maudite.
- Le serpent me mangeait ! crie Tsukinoko. Espèce de pervers trouillard ! Tu regardais et t'as rien fait !
- Parce que J?net a réussi à surmonter la marque à temps, se défend-il.
- Et moi ?! Tu m’as laissé crever par terre ! Tu-
- ?a suffit ! s'agace Sh?d?.
Son courroux fait trembler les meubles du bureau à peine entrée dans la pièce, accompagnée de Shizune. Pour bouder, Tsukinoko s’était assise à terre dos à eux, les bras croisés, en plein milieu du bureau. Furoggu soupire un grand coup, puis approche de J?net.
- Comment te sens-tu ? Tu penses pouvoir la contr?ler dorénavant ?
- Oui ma?tre Furoggu ! s'écrie J?net.
- Ma?tre ? marmonne Tsukinoko. Eh ben super le trio... Il me fout les jetons avec son sourire de pervers, grimace-t-elle, c'est pas comme ?a que je voyais des héros, un monstre dégueulasse, une hystérique qui hurle et un vieux pervers qui en fout pas une, ils-
- Quoi ?! se vexe Sh?d?.
Le Chef se racle la gorge et change de sujet avant que Tsukinoko ne continue. J?net avait été promue Adjudant, maintenant que la marque maudite était sous contr?le. Le Chef donnait les détails de sa future orientation, au sein de la brigade des examinateurs de l’examen militaire. Ravies, les filles s’apprêtaient à partir mais Sh?d? les interpelle.
- Toi, lance-t-elle à Tsukinoko, qu’as-tu sur la poitrine ? Je devait te réanimer en arrivant ici.
- Ah ?a ! s'étonne-t-elle en s'en rappelant. C'est J?net, elle m'a mis des peaux de serpents ! crie-t-elle s?re d'elle en arrachant le bandage visqueux. Je suis comme neuve maintenant !
Le Chef se redresse brusquement, horrifié de voir Sh?d? à travers le trou béant dans la poitrine de sa jeune disciple. Cette dernière reste pantoise alors que l'hémorragie avait repris de plus belle et Tsukinoko s’évanouit comme une masse. Shizune se précipite pour la soigner alors que J?net hurlait de panique.
- Où est-ce que tu as trouvé cette perle déjà ? se moque Furoggu à Haruo, appuyé sur le bureau.
Ce dernier se laisse retomber dans son fauteuil en reprenant son sang-froid, tant bien que mal. J?net partit s'installer à la station de veille des Adjudants, et vint chercher à son tour Tsukinoko à sa sortie d'h?pital pour aller s'amuser avec leurs amis, de nouveau réunis.
Assis dans la salle du conseil de l’Académie, les conseillers, Sagi, le Chef et Shikaru attendaient de pied ferme Tsukinoko. Cette dernière grimace en arrivant mais ne dit rien. Le Chef la regarde longuement alors que les conseillers échangeaient un regard, puis Shikaru soupire en croisant les bras d'un air hésitant. Le Chef se lance avant que Sagi ne s’exprime.
- Tsukinoko. Le Haut Conseil de Hanamaru souhaitait te féliciter pour ta découverte de l'affaire Hebimaru. Tes compétences en filature, infiltration et identification ont été soulignées lors de cette affaire. Tu ma?trise trois natures de Chakra désormais et a mis au point ta propre technique, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Cependant, à cause de tes fautes dernièrement, le moindre écart sera puni.
- Je sais, je serais bannie, dit-elle d’une petite voix.
- Tu es en probation jusqu’à la fin de l’année. Tu as réussi à guider J?net Mochi dans son combat intérieur, tu es ainsi apte à devenir Adjudant. Tu seras promue en bonne et due forme à la fin de l’année. Si tout se passe sans encombre.
Tsukinoko écarquille les yeux, surprise. Fière de cette montée en grade qu’elle n’aurait jamais espéré, elle surprend tout de même Sagi pester dans son coin, mais Shikaru le fusille du regard.