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Chapitre 5 _ Chasseurs de Vent, Ivres de Rosée_03

  Plus d'un mois plus tard, un édit impérial de Jinxiujing parvint à la résidence du Protectorat.

  C'était un rescrit manuscrit sur papier de chanvre jaune, le sceau de laque encore frais, la calligraphie vigoureuse. Il fut apporté par un courrier du Temple des Rites d'Accueil, encore couvert de la poussière du voyage, ses sabots de cheval à peine refroidis, et remis directement dans le hall central.

  Les officiers et les soldats de l'armée centrale se tenaient en rangs serrés dans la cour. Le Grand Protecteur Pang et Pang Duo s'agenouillèrent pour recevoir l'édit, puis le lurent à haute voix.

  ?朕惟四海异域,同归王化;西陲贡诺,旧称礼让之邦。其王阿达师,少历艰虞,奉火不坠,远来归顺,诚意昭然。今欲召入京师,以表朝廷怀远之意,复彰皇恩之浩荡。

  敕:大都护府中郎将庞铎,风仪谨正,素有筹边之略,今特命为护使使臣,护送贡诺王启程入京,沿途州郡给与供帐,毋有怠慢。

  Nous considérons que les contrées barbares des Quatre Mers se soumettent toutes à l'influence civilisatrice de Notre Majesté ; le royaume G?nok, à l'ouest, fut jadis renommé pour sa courtoisie et sa déférence. Son roi, Ardashir, ayant connu maintes épreuves dès son jeune age, a préservé le Feu Sacré sans faillir et est venu de loin se soumettre, sa sincérité est manifeste. Nous désirons à présent le convoquer en Notre capitale, afin de témoigner de la bienveillance de Notre cour envers les contrées lointaines et de manifester à nouveau l'étendue de Notre grace impériale.

  Par Notre ordre : Pang Duo, Commandant de la Moyenne Armée de la Grande Résidence du Protectorat, homme à la prestance irréprochable et versé depuis toujours dans la stratégie des frontières, est par la présente spécialement désigné comme envoyé escorteur. Il accompagnera le roi G?nok dans son voyage vers la capitale. Les préfectures et commanderies situées le long de la route devront lui fournir tentes et provisions, sans la moindre négligence. ?

  à peine la lecture de l'édit terminée, un silence tomba sur le hall.

  Derrière le rideau de perles, Madame Pang se tenait immobile.

  Elle ne dit pas un mot. Ce n'est qu'une fois la foule dispersée qu'elle ordonna à une servante de fermer les portes.

  Madame Pang leva les yeux vers son époux, sa voix basse et froide :

  ? Que signifie Sa Majesté ? Laisser Duo'er l'escorter personnellement ? Une fois entré dans la capitale, pourra-t-il encore en revenir ? ?

  Le Protecteur Pang resta silencieux un instant, tapotant légèrement du bout des doigts la table devant lui, puis dit : ? L'édit impérial a été promulgué, il ne saurait être enfreint. ?

  ? Il ne saurait être enfreint ? ? Madame Pang laissa échapper un rire froid. ? Du temps de feu l'Empereur, il redoutait encore quelque peu la famille Pang. Voilà que maintenant, un simple édit suffit à convoquer Duo à la capitale ? Qui sait ce qu'il manigance ! ?

  Le Protecteur Pang fron?a les sourcils et dit d'une voix grave : ? Surveille tes paroles. ?

  Mais Madame Pang n'en tint aucun compte et poursuivit : ? Depuis son accession au tr?ne, la réduction des fiefs, la reprise du pouvoir militaire, laquelle de ces mesures n'était pas dirigée contre les anciennes familles ? Et maintenant, même Duo... Sa Majesté veut-elle prendre mon fils en otage ? ?

  ? Assez ! ? Le Protecteur Pang frappa violemment la table, faisant tinter les tasses de thé. Il prit une profonde inspiration et baissa la voix : ? L'édit impérial a été scellé et promulgué, toute la cour en est informée. Désobéir serait un acte de haute trahison. ?

  Madame Pang pin?a les lèvres, mais ses yeux brillaient toujours d'un ressentiment contenu.

  Le jour du départ, une pluie rare tomba sur le désert de Gobi.

  Ardashir leva la tête, laissant les gouttes de pluie frapper son visage, et se souvint vaguement que son père avait dit qu'une pluie douce sur les bancs de sable était un présage favorable. C'est ainsi qu'une procession composée de cavaliers en armure de fer, d'un cortège portant les insignes et les bannières, de fonctionnaires des rites de la commanderie et d'interprètes, quitta la Grande Résidence du Protectorat. Pang Duo et Ardashir chevauchaient c?te à c?te. Ils prirent la route.

  Ce voyage devait durer huit mille lis.

  Deux mois plus tard, la délégation atteignit enfin les environs de la capitale et s'installa à l'extérieur du relais de poste du Pont de Ba.

  La nouvelle de l'arrivée du général Pang Duo escortant le roi G?nok à la capitale se répandit comme une pierre jetée dans un lac, provoquant des vagues successives.

  à la cour, certains louaient ? un vent de bienveillance envers les contrées lointaines, florissant pour un temps ?, tandis que d'autres raillaient ? les barbares qui sèment le désordre dans le gouvernement, qui pourra y échapper ? ?. Des censeurs allèrent même jusqu'à présenter des mémoires, demandant que l'envoyé soit ? consigné dans une résidence en banlieue ? et ne soit pas autorisé à pénétrer à la légère dans l'enceinte du palais. Mais l'empereur ne dit mot, ordonnant seulement au Temple des Rites d'Accueil de préparer une résidence et de le traiter comme un h?te de marque.

  Le Sous-Secrétaire du Temple des Rites d'Accueil vint en personne à leur rencontre, apportant le protocole d'entrée dans la ville, la liste des tributs à enregistrer et l'heure de l'audience impériale. Plus de trente tentes avaient été dressées à l'extérieur du relais, avec des bannières vermillon et des étendards à plumes, disposées selon l'ancien rite d'accueil.

  ? Le roi G?nok est venu de loin, le voyage a d? être éprouvant. Qu'il se repose d'abord trois jours au relais de poste ?, dit le Sous-Secrétaire du Temple des Rites d'Accueil en joignant les mains. ? Dans trois jours, il entrera dans la capitale par la Porte du Phénix Vermillon, se rendra directement à la résidence du Temple des Rites d'Accueil, puis la date de l'audience sera fixée. ?

  Pang Duo acquies?a, mais son regard s'assombrit légèrement – les règles de Jinxiujing avaient toujours été fastidieuses.

  Ardashir comprit l'essentiel, inclina légèrement la tête et dit dans un langue de Xu hésitante mais claire : ? Merci. ? Puis il s'inclina profondément.

  Trois jours plus tard, après trois roulements de tambour, la Porte du Phénix Vermillon s'ouvrit.

  La délégation G?nok, guidée par des fonctionnaires du Ministère des Rites et du Temple des Rites d'Accueil, entra dans la ville par la rue Shenwu. Les bannières brodées du zodiaque avancèrent lentement sur l'avenue impériale ; les cent fonctionnaires s'écartèrent, les passants s'arrêtèrent.

  Les deux c?tés de la rue étaient déjà noirs de monde.

  ? Le roi G?nok arrive. ?

  Ardashir, assis sur une selle finement sculptée, releva lentement la tête.

  La porte de la ville se dressait, imposante comme une montagne, ses avant-toits semblables à des ailes déployées, ses grandes portes laquées de vermillon brillant dans la lumière matinale. De chaque c?té, des lions de pierre, la gueule ouverte, les yeux furieux, lan?aient des regards per?ants.

  La rue Shenwu était large et droite, ses dalles de pierre bleue comme lavées. Les lanternes le long de la rue n'étaient pas encore éteintes ; l'aube les baignait d'une lueur, leur surface réfléchissant la lumière comme une rivière d'étoiles.

  Le long de la route, les pavillons et les batiments se succédaient, murs rouges et tuiles sombres, poutres sculptées et charpentes peintes, se déroulant comme une fresque. Plus loin, plusieurs palais aux toits d'or et aux tuiles vernissées se devinaient dans la brume légère, majestueux et inaccessibles au regard.

  Les habitants, vêtus de brocart, avaient une expression grave. Bien qu'ils n'osassent pas faire de bruit, on entendait des enfants chuchoter et des femmes se couvrir la bouche pour parler à voix basse, rapidement réprimandés par les gardes.

  Une lueur de surprise passa dans les yeux d'Ardashir. Il avait grandi sur les vastes hauts plateaux, où les cités étaient rudimentaires ; même les palais royaux et les temples étaient loin d'égaler la magnificence, la splendeur et l'ordre rigoureux de la ville qui s'offrait à ses yeux.

  La délégation fut installée dans un quartier tranquille à l'ouest de la cité impériale, en attendant les ordres.

  Les rumeurs n'avaient pas cessé que la nuit était déjà profonde. Ce soir-là, le président de la guilde des marchands G?noks de Jinxiujing vint leur rendre visite.

  C'était un vieil homme aux cheveux et à la barbe grisonnants, vêtu d'une longue robe blanc cassé. à peine entré, il s'agenouilla et se prosterna, la voix tremblante d'émotion : ? Mon roi ! Razmir... nous vous avons enfin attendu ! ?

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  Ardashir se hata de le relever. Mais le vieil homme continuait de sangloter : ? Tout le monde vous attend au Temple du Feu du quartier Liquan. Nous... ?

  Il n'acheva pas sa phrase, déjà submergé par les larmes. Ardashir se tourna vers Pang Duo, qui réfléchit un instant avant de dire à voix basse : ? C'est possible. ?

  La nuit était avancée, le vent soufflait avec force. Ardashir, accompagné de Mithrana et escorté par Pang Duo, se rendit secrètement au Temple du Feu.

  Plusieurs centaines de G?noks étaient agenouillés dans le hall, hommes et femmes, jeunes et vieux. Certains portaient des vêtements en toile du royaume de Xu, d'autres avaient conservé les costumes de leur pays natal ; tous avaient une expression solennelle. Lorsqu'ils virent Ardashir entrer, un silence soudain tomba sur le hall, suivi d'une explosion de sanglots étouffés et de murmures.

  ? C'est le prince... C'est vraiment le prince ! ?

  ? La lignée de Sa Majesté Iskandar perdure ! ?

  Razmir s'écria d'une voix forte : ? Notre roi, Sa Majesté Ardashir, est arrivé à Jinxiujing ! ?

  Dans la foule, quelqu'un demanda d'une voix tremblante : ? Passar... Passar est-elle vraiment tombée ? Sa Majesté le Roi, lui... ?

  Ardashir resta silencieux un instant, puis hocha lentement la tête.

  En un instant, les pleurs éclatèrent dans le hall. Certains se prosternèrent à terre en sanglotant, d'autres maudissaient les Kawahirs en serrant les dents, d'autres encore regardaient autour d'eux, hébétés, murmurant : ? Ma femme et mes enfants... sont-ils encore en vie ? ?

  Mithrana serra fort la main de son frère, les larmes aux yeux.

  Razmir leva les bras, la voix rauque mais ferme : ? Mais le Feu Sacré n'est pas éteint ! La volonté de Sa Majesté Iskandar n'est pas anéantie ! Ce soir, ici, nous reconnaissons Ardashir comme nouveau roi des G?noks ! ?

  ? Nous reconnaissons Ardashir comme roi ! ? crièrent plusieurs centaines de personnes à l'unisson, leur voix déferlant comme une marée.

  Ardashir prit une profonde inspiration et sortit de sa poitrine le petit coffret d'argent – la flamme sacrée qu'Iskandar lui avait laissée. Il s'avan?a lentement vers l'autel, y déposa la flamme, puis y répandit de ses propres mains une pincée de résine de pin sacré d'un blanc immaculé.

  (???? ?? ??? ?????? ????????? ???? Que le feu pur br?le avec plus d'ardeur.)

  La flamme s'éleva avec un rugissement, sa lueur bleu et or illuminant tout le temple, ainsi que chaque visage baigné de larmes.

  Pang Duo, la main sur son épée, se tenait devant la porte du Temple du Feu, son armure de fer sombre brillant d'un éclat bleu glacial sous la lueur de la lune.

  Le vent nocturne balayait la Grande Avenue du Phénix Vermillon, faisant tournoyer quelques feuilles mortes autour de ses bottes de guerre.

  Il leva la tête vers la cité impériale, dont la silhouette aux multiples avant-toits superposés se dessinait, fantomatique, parmi les nuages sombres.

  ? Général ! ? Un de ses gardes du corps s'approcha rapidement, la voix basse et empreinte d'inquiétude. ? Le Commandant Zhao de la Garde Impériale demande à vous voir. ?

  Pang Duo inclina légèrement la tête et le suivit dans une longue ruelle derrière le temple. Une faible lanterne y diffusait une lueur de pois chiche, les pavés humides luisaient froidement. Une silhouette grande et mince sortit lentement de l'ombre –

  ? Frère Pang. ? Zhao Su avait retiré son plastron, son armure brillante était maculée de sang séché. Il joignit les poings, sa pomme d'Adam bougeant tandis qu'il déglutissait difficilement. ? Le Prince Héritier va se rebeller cette nuit. ?

  L'expression de Pang Duo ne changea pas. Il posa seulement lentement sa main gauche sur la garde de son épée et dit d'une voix grave : ? L'information est-elle certaine ? ?

  ? Absolument certaine. ? Les yeux de Zhao Su étaient injectés de sang. ? Je l'ai vu de mes propres yeux. Les ordres de mobilisation de Han Yi, plus d'une dizaine d'hommes en armure sont entrés dans la ville en pleine nuit, le feu ne s'éteint pas dans la résidence du Prince Héritier. Cette nuit, ils prendront d'abord les portes du palais, puis entreront dans le hall central. ?

  Pang Duo resta silencieux un instant, son ton glacial : ? Sa Majesté est-elle au courant ? ?

  ? Les portes du palais sont fermées, toute communication avec l'intérieur de la cour est coupée. ? Zhao Su secoua la tête. ? Il y a encore de vieux généraux dans le palais prêts à se battre, mais ils n'ont aucun moyen de coordonner leurs actions. De la Garde Impériale, je ne peux contr?ler que deux cents hommes, les autres sont pour la plupart gagnés à sa cause. ?

  ? Tu es venu me trouver pour que je te prête des troupes ? ? Pang Duo le fixa, son regard aussi acéré qu'une épée. ? La Grande Résidence du Protectorat n'a amené avec elle que moins de trois cents cavaliers d'élite. ?

  Zhao Su fron?a les sourcils : ? Et les G?noks ? Combien d'entre eux sont capables de se battre ? ?

  Pang Duo réfléchit un instant : ? L'escorte de la délégation G?nok compte environ cent hommes, mais leur capacité de combat est inconnue. Quant aux réfugiés G?noks à Jinxiujing... ? Il jeta un regard en arrière vers le Temple du Feu. ? Ce n'est pas clair. ?

  Zhao Su prit une profonde inspiration, ses yeux brillant d'un éclat ardent : ? Frère Pang, cette affaire concerne la survie de l'état. Es-tu prêt à me suivre pour protéger Sa Majesté ? Le mérite d'avoir soutenu le tr?ne... ne fais surtout pas l'erreur de t'égarer. ?

  Pang Duo ne répondit pas immédiatement, mais leva les yeux vers la cité impériale.

  Sous la lueur des flammes, son regard était aussi tranchant qu'une lame.

  ? Je vais demander à Ardashir. ?

  à l'intérieur du Temple du Feu, les volutes d'encens ne s'étaient pas encore dissipées, le Feu Sacré br?lait toujours.

  Les G?noks, agenouillés, n'avaient pas bougé, encore sous le coup de l'émotion du serment prêté.

  Pang Duo entra à grands pas, son armure d'or brillant d'un éclat froid à la lueur des flammes. Il se dirigea droit vers Ardashir et dit à voix basse : ? Il y a un problème. ?

  Ardashir leva les yeux et lut l'anormal dans l'expression tendue de Pang Duo. Il fit signe à la foule de se taire et suivit Pang Duo dans une salle latérale.

  ? J'ai des ennuis, j'ai besoin de plus de troupes. ? La voix de Pang Duo était aussi dure que la pierre et le fer. ? C'est difficile à t'expliquer, Jinxiujing risque de sombrer dans un grand chaos. ?

  Razmir traduisit ces mots à Ardashir. Les pupilles d'Ardashir se contractèrent brusquement.

  ? Que veux-tu que je fasse ? ? demanda-t-il directement.

  Pang Duo le fixa : ? J'ai besoin de troupes. Les guerriers G?noks, combien sont capables de se battre ? ?

  Razmir, accompagné d'une dizaine de jeunes guerriers, s'était déjà agenouillé, prêt à obéir. La barbe du vieil homme tremblait, mais ses yeux br?laient d'une ardeur guerrière : ? Mon roi, à Jinxiujing, les G?noks capables de manier le sabre sont au moins deux cents ! ?

  Ardashir se tourna légèrement vers Pang Duo, porta son poing fermé à son c?ur – le salut du serment des guerriers G?noks : ? Mon sabre est avec toi. Parce que tu es mon ami. Je te crois. ?

  Au troisième coup du gong de veille, les rebelles contr?laient déjà trois des portes du palais impérial.

  Sous la porte Donghua, Pang Duo et Ardashir, à la tête de trois cents cavaliers d'élite et de deux cents guerriers G?noks, attendaient, prêts au combat. La nuit était aussi noire que l'encre, la lumière froide glissait sur les armures, comme des lames, comme du givre.

  ? Attaquez la porte ! ? Au cri sec de Pang Duo, les chevaux hennirent, la cavalerie de fer chargea comme le vent.

  Du haut des remparts, une pluie de flèches s'abattit ; trois guerriers G?noks tombèrent aussit?t. Ardashir poussa un hurlement de rage, lan?a son cimeterre à revers et cloua un arbalétrier au mur.

  La cavalerie de fer percuta les portes de la ville, boucliers et haches s'abattant de concert. En un instant, les étincelles jaillirent, les portes de bois résonnèrent avec fracas. Les guerriers G?noks suivirent de près, leurs lames tra?ant des arcs glacés. Le combat de rue éclata, les cris de guerre secouaient le ciel, les flammes illuminaient la nuit.

  Dans la mêlée, Ardashir para d'un coup de sabre une lance qui le mena?ait de près. Soudain, il vit le Prince Héritier Chu Xi, accompagné de plusieurs dizaines de gardes du corps, traverser une porte latérale et se précipiter vers l'intérieur du palais. Une marée d'armures noires déferla de toutes parts sur Pang Duo.

  ? Pang Duo, attention ! ? hurla Ardashir.

  Presque au même instant, il bondit, fit tournoyer son sabre en l'air dans un moulinet d'argent qui dévia les trois traits d'arbalète. Les pointes des flèches éraflèrent l'épaulière de Pang Duo, faisant jaillir des étincelles.

  ? Divisez les troupes, coupez-lui la retraite ! ? ordonna Pang Duo d'une voix grave, levant la main comme pour trancher. ? Encerclez sur trois c?tés, laissez une issue, ne faites pas de quartier ! ?

  à son commandement, une centaine de cavaliers et de guerriers G?noks forcèrent les portes sur trois fronts. Une colonne pénétra par la porte ouest sur la voie impériale, une autre escalada les murailles et monta sur les tours, des flèches enflammées tirées en salve repoussant les défenseurs. Les guerriers G?noks, se dépla?ant à la faveur de la nuit, légers comme des hirondelles, sautèrent des avant-toits sur les galeries intérieures des cours ; les éclairs des sabres jaillirent, des cris s'éteignirent.

  Ardashir mena personnellement une petite troupe, fit irruption par le chemin derrière le hall Xuanzheng et abattit le mat de la bannière des rebelles.

  à l'intérieur comme à l'extérieur des murs du palais, les flammes montaient vers le ciel ; les partisans du Prince Héritier n'avaient plus d'issue. Chu Xi, se sachant piégé, éclata d'un rire dément tout en abattant d'un coup d'épée un lettré de la cour intérieure qui n'avait pas eu le temps de se retirer ; le sang coula sur les marches de jade blanc.

  Pang Duo chargea à cheval dans la cour intérieure, sa longue épée pointée vers le général ennemi : ? Ardashir, va par là ! Je couvre la retraite ! ?

  ? Bien ! ? Ardashir avait déjà compris son geste. Il se retourna, cria en langue G?nok, et mena ses hommes à travers le portique d'une salle latérale, taillant et chargeant tout au long du chemin.

  La situation militaire se déroulait comme une partie de go, chaque coup bloquant une issue. Les gardes du corps du Prince Héritier furent divisés et encerclés, les cris de mort venant de toutes parts. Mais lui, profitant d'un endroit où le feu faisait rage et où murs et toits s'effondraient, sauta soudain à cheval et s'enfuit à travers les flammes !

  ? Poursuivez ! ? Pang Duo n'hésita pas un instant et, rapide comme le vent et l'éclair, mena ses hommes à sa poursuite.

  Au sud-ouest du palais impérial, au bord d'une digue de pierre longeant l'eau.

  La nuit était sombre, la surface de l'eau reflétait une étendue de roseaux. Une légère brise les agitait, produisant un bruissement.

  Le Prince Héritier Chu Xi, seul sur son cheval, avait galopé jusqu'au bord de la digue. Il arrêta brusquement sa monture, voulant traverser la rivière pour s'échapper.

  Mais l'instant d'après, un bruit de sabots de fer retentit derrière lui. Pang Duo bondit à cheval et, d'un coup de sabre, désar?onna le Prince Héritier.

  Ardashir arriva au galop, encore haletant. Il regarda le corps tordu qui gisait à terre et demanda dans un langue de Xu hésitante : ? Lui... qui est-ce ? C'est lui, celui qui a déclenché cette bataille ? ?

  Pang Duo parla lentement, son expression froide : ? Un fils qui voulait tuer son propre père. Seulement, c'était le fils de l'empereur. ?

  Sur ce, il se pencha et, d'un coup d'épée, trancha la tête de Chu Xi. Le sang gicla.

  Le sang éclaboussa la digue de pierre. Pang Duo déchira un pan de sa robe, enveloppa la tête, et l'attacha au flanc de son cheval.

  Il se tourna vers Ardashir, sa voix basse : ? Allons-y. ?

  Ardashir, encore sous le choc, le suivit en silence.

  Le vent balayait la surface de l'eau, les roseaux ondulaient sans bruit. Un corps sans tête gisait silencieusement dans l'ombre, au bord de la rive.

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