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Chapitre B _ Le Feu sous le Bois Sec_02

  Zhang Huaiqian, déambulant, atteignit le quartier NanQu de Liquanfang. D'un mouvement vif, il pénétra dans la cour de l'Antre de la Lune. Son regard acéré balaya les quelques silhouettes indistinctes dans la cour et se figea finalement sur la petite tête agitée de Wei. Ses sourcils se froncèrent instantanément : ? A-Wei ! Que fais-tu ici ?! Est-ce un endroit pour toi ? ?

  Wei, entendant sa voix, se retourna. Loin d'être effrayée, elle lui tira la langue et s'apprêtait à répliquer lorsque Zhang Huaiqian, en quelques grandes enjambées, fut sur elle. Sans plus de cérémonie, il l'attrapa par le col, comme on saisirait un petit chat sauvage désobéissant, à la fois exaspéré et légèrement irrité : ? Toi alors, fillette, tu deviens de plus en plus effrontée, tu t'éclipses en un clin d'?il ! ?

  Wei, ainsi attrapée, se balan?ait de droite à gauche, mais grima?ait de manière exagérée en geignant d'un ton tra?nant : ? A?e, a?e, a?e, grand frère, pitié, ?a fait mal, mal, mal — ?

  C'est alors qu'une voix douce, à l'accent légèrement étranger, s'éleva à c?té d'eux, ni trop forte ni trop basse, mais aux mots clairs : ? Monsieur, c'est moi qui les ai invitées. Elles semblaient chercher quelque chose tout à l'heure... ?

  Zhang Huaiqian s'interrompit en entendant cette voix et, suivant le son, vit un jeune homme des confins à l'allure distinguée. Il ma?trisa aussit?t sa colère, inclina légèrement la tête, son regard empreint d'une certaine prudence et d'interrogation : ? Vous êtes... le roi G?nok ? ?

  Ardashir sourit avec franchise, soutenant son regard avec calme, et hocha la tête : ? Oh ? Vous me reconnaissez ? ?

  ? Il y a quelques jours, lorsque Sa Majesté le Roi s'est présenté en audience devant Sa Majesté l'Empereur, Huaiqian a eu l'honneur d'être présent dans les rangs de la cour et a pu admirer de loin la prestance de Votre Majesté ?, répondit Zhang Huaiqian d'une voix respectueuse, ses paroles courtoises, son ton déférent, mais ne pouvant dissimuler une pointe de curiosité.

  Ardashir réfléchit un instant, puis esquissa un sourire d'excuse : ? Pardonnez-moi, j'étais très nerveux ce jour-là, il y avait tant de monde dans votre grand hall, je n'ai pas fait très attention. Vous êtes ? ?

  Zhang Huaiqian joignit les poings en signe de salut et dit avec respect : ? Mon nom est Zhang Huaiqian, prénom de courtoisie Zijing. Aujourd'hui, je me suis réuni avec quelques collègues au Pavillon Xingyi. Ma jeune s?ur est espiègle ; si elle a importuné Votre Majesté, j'espère que vous voudrez bien lui pardonner. ?

  En entendant cela, le regard d'Ardashir s'adressa quelque peu. D'un geste nonchalant de la main, il dit : ? Pas du tout, pas du tout, Frère Zijing, vous êtes trop poli. Appelez-moi simplement Ardashir. ? Son ton était amical, dépourvu de toute arrogance.

  Wei, voyant cela, profita de l'occasion pour se dégager de l'emprise de Zhang Huaiqian et ajouta, les yeux brillant d'une curiosité non dissimulée : ? Ouah, il s'avère que tu connaissais déjà Sa Majesté le Roi Ardashir ? C'est vraiment une co?ncidence extraordinaire ! ?

  Zhang Huaiqian lui lan?a un regard noir : ? Toi, tu parles trop ! Tu n'as pas encore assez honte ? Rentre vite à la maison avec moi ! ?

  Mais Wei lui tira la langue, posa les mains sur ses hanches fines et, relevant le menton, déclara : ? Je refuse ! ?

  Zhang Huaiqian était désemparé. Du coin de l'?il, il aper?ut soudain un objet familier attaché au cordon de soie de sa ceinture, qui brillait légèrement à la lumière des lampes. Il regarda attentivement, et son visage s'assombrit brusquement : ? Ah, toi alors ! Tu oses même me voler mon pendentif de jade ? Rends-le-moi vite ! ?

  Wei secoua fièrement la tête, souriant comme un petit renard qui aurait attrapé une poule : ? Qui l'a volé ? Ce pendentif de jade est joli, il me va bien, alors naturellement, il est à moi ! ?

  Zhang Huaiqian sentit une boule lui monter à la gorge, manquant de s'étouffer de rage. Serrant les dents, il dit : ? Tu te rebelles ! Tu déformes la vérité ! Attends voir aujourd'hui si je ne... Rentre vite à la maison avec moi ! ?

  Wei, tout en esquivant sa main, pointa en riant d'un air mutin une danseuse non loin de là qui s'apprêtait à entrer en scène, et s'écria : ? Je ne rentre pas ! Les danseuses ici sont si belles, je veux rester pour apprendre à danser avec elles ! ?

  En entendant cela, Zhang Huaiqian fut surpris un instant, son visage s'assombrissant aussit?t, son ton se faisant plus sévère : ? Quelle folie ! Une jeune fille de bonne famille, au lieu d'étudier les choses sérieuses, veut apprendre ces... ces arts de divertissement ?! ?

  Wei, le voyant se facher, redoubla d'ardeur et, levant son petit visage, rétorqua avec assurance : ? Quels arts de divertissement ai-je appris ? C'est plut?t toi, mon frère, si tu ne me laisses vraiment pas apprendre, je vais de ce pas à la résidence en informer notre père. Je lui dirai que le lauréat dont il est si fier passe ses journées à fréquenter les chanteuses et les danseuses du Pavillon Xingyi, qu'il ne rentre pas la nuit, qu'il s'y attarde avec plaisir, déshonorant ainsi notre famille ! ?

  En entendant cela, Zhang Huaiqian devint tour à tour vert et blanc de colère, manquant de bondir : ? Toi... tu me calomnies ! ?

  Dugu Rong, à c?té, voyant la scène, tira timidement Wei par la manche et la supplia doucement : ? Mademoiselle... Jeune ma?tre... Arrêtez de vous disputer, ce n'est pas bien si on vous entend. ?

  Zhang Huaiqian était passablement énervé par elle, ses joues même un peu rougies. Il se hata de se justifier : ? Quand ai-je fréquenté ces femmes ? Je ne faisais que me réunir ici avec des amis et collègues pour discuter de littérature ! C'est plut?t toi, petite coquine, au lieu de rester sagement à la maison, tu me suis en cachette jusqu'ici, quelles sont tes intentions ?! ?

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  Wei releva fièrement le menton, l'air parfaitement justifié : ? Je suis naturellement venue voir quel genre de personnage est ce nouveau lauréat des examens impériaux ! Et accessoirement, pour me chercher aussi un parti, voir s'il n'y aurait pas quelque jeune homme beau et érudit, digne de devenir mon époux idéal. à ce propos, ce lauréat Nangong est bien plus agréable à regarder que toi, mon frère ! Pas étonnant qu'il t'ait surpassé aux examens, non seulement il est savant, mais il est aussi un peu plus beau gar?on ! ?

  Zhang Huaiqian, pris de court par cette tirade, sentit ses tempes palpiter. Son visage changea plusieurs fois de couleur, puis finalement, il se dégonfla et, désignant Wei d'un air impuissant, il dit : ? Bien, bien, petite effrontée à la langue bien pendue ! Tu ne voulais pas rester ici ? Parfait ! Autant que je te mette en gage aujourd'hui même à ce Pavillon Xingyi, on verra bien quel écervelé sera prêt à payer cher pour t'acheter, toi, petit tracas ambulant ! ?

  Wei, loin de se facher, se mit à rire. D'un tour sur elle-même, agile comme un petit singe espiègle, elle bondit sous un grenadier dans la cour, serra fort le tronc de ses deux mains et dit d'un air goguenard : ? Je n'ai pas peur ! Vends-moi, vends-moi donc ! Je reste ici et je ne bouge plus, on verra bien ce que tu pourras me faire ! ?

  Dugu Rong, à c?té, n'osait pas parler fort et se contentait de la supplier à voix basse : ? Mademoiselle, il se fait vraiment tard, si nous ne rentrons pas, le ma?tre va vraiment se facher... ?

  Ardashir, à c?té, observait cette dispute entre frère et s?ur avec un amusement non dissimulé, un sourire aux lèvres. Il se tourna, prit une torche de réserve sous l'avant-toit de la taverne, l'alluma avec un amadou, et le parfum de la résine de pin se répandit avec la lueur des flammes. Il tendit la torche à Zhang Huaiqian, son ton doux et sincère : ? Frère Zijing, la route est sombre la nuit, veuillez accepter cette torche. C'est le Feu Sacré, vénéré comme une divinité par nous, les G?noks. Puisse cette lumière éclairer votre chemin de retour et vous apporter une prière de paix. ?

  Zhang Huaiqian fut légèrement surpris. Regardant les yeux sincères d'Ardashir à la lueur des flammes, sa propre irritation se dissipa considérablement. Il accepta la torche avec solennité. La flamme dansante adoucit les traits de son visage. Il joignit les poings en direction d'Ardashir et s'inclina : ? Merci infiniment à Votre Majesté le Roi Ardashir pour ce don généreux. Huaiqian vous en est profondément reconnaissant. ? Son respect pour la franchise et la bienveillance de ce roi étranger s'accrut encore.

  Ardashir éclata d'un rire franc : ? De rien. Cet 'Antre de la Lune' est un lieu où mes compatriotes se réunissent souvent. Soyez les bienvenus quand vous le souhaitez. ?

  Zhang Huaiqian inclina la tête avec gravité : ? Certainement. Si Votre Majesté ne le dédaigne pas, vous pourriez aussi un autre jour honorer ma demeure de votre visite. ?

  Après avoir pris congé, Zhang Huaiqian ne discuta plus avec Wei. Il l'attrapa et se dirigea vers la sortie, tout en appelant à voix haute les serviteurs qui attendaient devant le Pavillon Xingyi pour qu'ils amènent les chevaux. Mais Wei se mit à faire des siennes, refusant absolument de monter à cheval seule. Huaiqian, ne sachant plus que faire, dut la hisser de force sur la selle. Mais qui e?t cru que cette fillette ne tiendrait pas en place un instant ? à peine montée, elle se tortillait pour descendre, tirant sur sa manche en le suppliant d'une voix mielleuse, insistant pour que son grand frère la porte sur son dos pour rentrer. Zhang Huaiqian, à la fois faché et amusé, finit par céder. Il tendit la torche qu'il tenait à Dugu Rong, à c?té, et s'accroupit devant Wei d'un air résigné. Wei poussa aussit?t un cri de joie et grimpa avec agilité sur son dos. Zhang Huaiqian la soutint fermement et, d'un pas assuré, se dirigea lentement vers la résidence du Grand Tuteur. Wei, qui s'était agitée pendant une bonne partie de la nuit, était maintenant blottie sur le dos large de son frère, humant l'odeur familière et fra?che de savon noir qui émanait de lui. Elle ne tarda pas à succomber à la fatigue et s'endormit profondément contre son épaule, un léger sourire satisfait flottant sur ses lèvres.

  Dugu Rong, tenant la torche, les suivait en silence. La flamme dansante se reflétait dans ses yeux calmes, vacillant, son esprit perdu dans des pensées insondables.

  Zhang Huaiqian, sentant la respiration régulière sur son dos, tourna la tête pour regarder le profil endormi de Wei. Il ne put s'empêcher de la gronder à voix basse, son ton pourtant empreint d'une grande tendresse : ? Cette folle ! Tout à l'heure, elle griffait et mordait, et maintenant elle dort à poings fermés. à part me causer des ennuis, je ne sais pas ce qu'elle sait faire d'autre. ?

  Un léger sourire flotta sur les lèvres de Dugu Rong. Elle dit d'une voix douce : ? Mademoiselle avait aussi entendu dire qu'il y avait une Fête des Cent Fleurs ce soir au Pavillon Xingyi. Elle était sans doute curieuse de voir l'animation de ces lettrés composant des poèmes sur-le-champ, c'est pour cela qu'elle n'a pu s'empêcher de sortir jeter un coup d'?il. ?

  Zhang Huaiqian secoua la tête en souriant amèrement : ? Elle s'est bien amusée, elle, sans se soucier des conséquences. Si elle avait vraiment causé quelque esclandre, c'est encore moi qui aurais d? en répondre devant notre père. Tout à l'heure, en vous apercevant dans la salle, j'ai cru mourir de peur. Heureusement que tu étais à ses c?tés, cela m'a un peu rassuré. Rong, tu as toujours été plus calme et plus sensée qu'elle. à l'avenir, il faudra absolument que tu la surveilles de plus près, pour éviter qu'elle ne se laisse vraiment embobiner par quelque séducteur à la langue bien pendue. ?

  En entendant cela, Dugu Rong se contenta d'un léger sourire et répondit d'une voix douce : ? Monsieur le jeune ma?tre est bien prévenant. Avec vous qui veillez ainsi sur elle, Mademoiselle, aussi espiègle soit-elle, ne pourra pas causer de véritable catastrophe. ?

  Zhang Huaiqian secoua de nouveau la tête, son ton empreint d'une certaine résignation, mais cachant aussi une pointe d'inquiétude à peine perceptible. Il demanda, comme pour sonder le terrain : ? Au fond, si elle s'est comportée de manière aussi inhabituelle ce soir, ne serait-ce pas que... elle s'est vraiment entichée de quelque jeune homme ? ?

  Le sourire sur les lèvres de Dugu Rong s'accentua quelque peu. Elle tourna légèrement la tête et, face à la lueur de la torche, dit doucement : ? S'il faut parler d'inclination, l'esprit de Mademoiselle est effectivement tourné vers un jeune homme. ?

  En entendant cela, Zhang Huaiqian fron?a aussit?t les sourcils, son ton trahissant une certaine nervosité : ? Oh ? De quelle famille est-il ? Ne me dis pas que... c'est ce Nangong Bo ? ?

  Dugu Rong, retenant un rire, secoua doucement la tête : ? Ce n'est pas le Lauréat Nangong. ?

  ? Mais qui est-ce donc ? ? demanda Zhang Huaiqian avec insistance, sa curiosité de plus en plus piquée.

  Dugu Rong baissa la voix et dit lentement : ? Celui qui a retenu l'attention de Mademoiselle, c'est ce... Monsieur Qiongliang, qui était assis à la table voisine de la v?tre, tout à l'heure, au Pavillon Xingyi. ?

  En entendant ces mots, Zhang Huaiqian s'arrêta net. Son visage perdit instantanément toute couleur, son expression stupéfaite. Son esprit fut traversé d'un ?嗡? (onomatopée pour un bourdonnement), et un vide total s'y installa, comme si on lui avait versé un baquet d'eau glacée sur la tête en plein hiver, le gla?ant des pieds à la tête.

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