L’air qui coulait le long de la peau, les frissons sur les poils de ses bras. Tout cela avait lieu dans un sifflement constant que venaient rythmer son passage à toute allure dans les couches d’air raréfié, alors que ses poumons luttaient sans fin pour respirer. Une éternité, voilà ce que c’était. Une éternité non pas faite de doute, mais de sérénité, alors même qu’il pouvait sentir la gravité tordre ses muscles. Le froid de la haute atmosphère, la vibration de l’oxygène sur sa peau : tout cela était à la fois douloureux et doux. Il ouvrit les yeux. Il avait eu peur de le faire au début, peur de voir l’immensité sous lui. Mais maintenant qu’il s’était habitué à la chute, il comprenait à quel point cette idée était stupide. Alors qu’il luttait pour ouvrir ses paupières, il le vit : l’infini du ciel et des nuages s’étendant face à lui, et, derrière l’horizon des étoiles, la courbure du monde et la lueur de l'aube.
Bient?t, il arriva lui aussi : le soleil, qui venait de ce qui devait être l’est, montant, projetant une lumière plus belle que toute celle qu’il avait jamais vue dans sa vie, alors que lui se dirigeait vers la nuit, plus bas, toujours plus bas.
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Son passage dans les couches les plus basses de l’atmosphère se fit dans le fracas et la souffrance. Ses membres se tordaient de douleur. Son corps se brisait, la gravité le remodelait. Des flammes enveloppaient son corps. La chaleur commen?ait à br?ler sa chair et sa peau. C’était le moment fatidique. Il aurait pu s’abandonner à cela, il aurait pu se laisser consumer. Mais ce n’était pas ce qu’il voulait. Il avait cru être prêt à mourir, mais alors même qu’il approchait de sa fin, quelque chose se réveilla en lui. C’était plus que de la peur : c’était de la colère, de la haine, de la rage. Il voulait vivre.
Une étincelle jaillit. Le tonnerre retentit. Les flammes s’évanouirent. Il sentait l’électricité courir sur sa peau. Elle ne br?lait pas, ne lui faisait pas mal. Cet orage était le sien, comme une extension de lui-même. La tempête s’enroula autour de lui en un cocon, et la chute continua encore, et encore. L’air devenait plus dense. Il distinguait les montagnes, les collines, des villes aux formes étranges. Puis des villages, une forêt, une rivière, un rocher... et enfin, un choc fracassant.