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Chapitre 9 : Les chaînes du silence

  Deux semaines après l’attaque de Typhon, Neopolis vivait sous une étrange normalité forcée. Les rues principales étaient nettoyées, les immeubles critiques reconstruits à la hate, et les écrans publics diffusaient des images de Mizuki et d’autres Avatars triomphants, proclamant : La ville est protégée. Mais dans les quartiers périphériques, la réalité était différente – des zones bouclées par des barrières holographiques, des patrouilles d’Avatars rang C et D surveillant chaque coin, et un couvre-feu strict dès la nuit tombée. Les rumeurs disaient que Typhon r?dait encore au nord, et personne ne voulait prendre de risques.

  Akira était allongé sur son matelas dans le gymnase, fixant son écran dans la pénombre :

  [Nom : Akira Kaizen]

  [Rang : F]

  [Puissance : 2.5 | Agilité : 3.2 | Endurance : 2.2 | énergie Mythique : 1]

  [Divinité liée : Chronos]

  [Skill : Infinite Momentum – Activé | Chrono Surge – Disponible]

  [Progression : En attente]

  Deux semaines d’entra?nements secrets avaient porté leurs fruits. Chaque nuit, lui, Toma et Airi s’échappaient pour traquer des sbires de Typhon dans les ruines ou affronter des pillards imprudents. Les combats étaient brefs, épuisants, mais ils faisaient grimper ses stats petit à petit – des gains modestes, entre 0.1 et 0.2 par affrontement, accumulés au fil des jours. Infinite Momentum vibrait en lui constamment maintenant, une pulsation qui s’amplifiait à chaque effort, et Chrono Surge lui offrait des éclats de vitesse qu’il apprenait à ma?triser. Il n’était toujours qu’un rang F officiellement, mais il sentait la différence – un mur qui se fissurait, même s’il n’avait pas encore cédé.

  Toma s’approcha, sa démarche presque normale maintenant que sa jambe guérissait. Il tenait une lampe de poche volée, son faisceau dansant sur les murs du gymnase. ? T’as l’air pensif, ? dit-il, s’asseyant à c?té de lui. ? à quoi tu rêves ? ?

  ? à rien, ? répondit Akira, éteignant son écran d’un geste. ? Juste… à ce qu’on fait. ?

  Airi les rejoignit, son sac léger sur l’épaule. Elle avait troqué son couteau de cuisine pour une lame plus solide, récupérée dans un entrep?t abandonné – rien d’extraordinaire, mais mieux équilibré. ? T’es prêt pour ce soir ? ? demanda-t-elle, s’asseyant en tailleur.

  ? Ouais, ? dit Akira. ? Où on va ? ?

  Toma sourit, un éclat malicieux dans les yeux. ? Une zone interdite, près de l’ancienne usine Titan. Les Avatars l’ont bouclée après Typhon – trop dangereux, qu’ils disent. Mais y’a des sbires qui tra?nent encore là-dedans. Parfait pour toi. ?

  Airi fron?a les sourcils. ? C’est risqué. Les patrouilles sont plus fréquentes là-bas. ?

  ? On sera discrets, ? assura Toma. ? Et puis, Akira a besoin de quelque chose de plus costaud. Les petits trucs qu’on chasse, c’est plus assez. ?

  Akira hocha la tête, partagé entre l’excitation et l’appréhension. Les sbires qu’ils affrontaient jusque-là étaient faibles – des restes de Typhon, à peine plus dangereux que des chiens errants. Mais dans une zone interdite, près de l’usine où son père travaillait autrefois, les choses pouvaient être différentes. ? OK, ? dit-il enfin. ? Mais si ?a chauffe trop, on dégage. ?

  La nuit tomba, et ils sortirent du gymnase par une fenêtre cassée, longeant les ruelles sombres pour éviter les patrouilles. Neopolis était silencieuse sous le couvre-feu, ses néons éteints, ses rues hantées par des ombres mouvantes. Ils atteignirent la barrière holographique de l’usine Titan – une grille lumineuse clignotant en rouge : Accès interdit – Danger. Toma désactiva un panneau avec un vieux code piqué sur un drone de maintenance, et ils se glissèrent à l’intérieur.

  L’usine était un labyrinthe de métal tordu – des machines éventrées, des passerelles effondrées, une odeur d’huile et de rouille flottant dans l’air. Akira sentit la pulsation s’éveiller doucement, prête à répondre. ? ?a sent le piège, ? murmura-t-il.

  ? Ou le jackpot, ? répondit Toma, sa lampe balayant les ténèbres.

  Ils avancèrent jusqu’à une cour centrale, où des cuves renversées formaient un cercle de débris. Un grognement sourd résonna – plus grave, plus lourd que ceux des sbires habituels. Une silhouette émergea d’une passerelle brisée : un rejeton de Typhon, plus gros que les précédents, presque deux mètres de haut. Son corps chitineux était bardé de plaques épaisses, ses griffes aussi longues que des dagues, et ses yeux rougeoyants brillaient d’une lueur presque intelligente.

  ? Merde, ? souffla Toma, serrant sa barre rouillée. ? C’est pas un petit. ?

  Airi dégaina sa lame, ses yeux plissés. ? On peut le prendre. Akira, t’es prêt ? ?

  Il ramassa une barre d’acier sur le sol – plus lourde que ses armes habituelles, mais solide. La pulsation s’accéléra, un battement qui synchronisa son souffle. ? Ouais, ? dit-il, fixant la créature. ? Allons-y. ?

  Le sbire chargea, ses griffes labourant le béton dans un fracas assourdissant. Akira plongea sur le c?té, esquivant de justesse alors que la bête fracassait une cuve là où il se tenait une seconde avant. La pulsation monta, et il sentit ses mouvements s’affiner – pas encore Chrono Surge, juste Infinite Momentum qui le portait. Il frappa, visant une patte, mais la barre ricocha sur la chitine dans une gerbe d’étincelles. La créature rugit, balayant l’air avec une griffe, et Akira roula au sol pour éviter le coup.

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  Toma et Airi entrèrent dans la danse. Toma lan?a un débris pour distraire la bête, tandis qu’Airi visait une articulation avec sa lame, entaillant la chair sous une plaque. Mais le sbire était rapide – trop rapide pour eux seuls. Il se tourna vers Airi, ses griffes visant sa poitrine.

  Akira réagit par instinct. ? Airi ! ? cria-t-il, sprintant pour l’intercepter. La pulsation explosa, et il sentit une chaleur familière – Chrono Surge s’activait. Le monde ralentit légèrement, juste assez pour qu’il glisse entre Airi et la griffe, repoussant la patte avec sa barre dans un choc qui fit trembler ses bras. La créature recula, surprise, et Akira haleta, le skill déjà en cooldown.

  ? OK, ? murmura-t-il, un sourire naissant malgré la tension. ? ?a va être intéressant. ?

  Le sbire rugit, ses griffes labourant l’air alors qu’il se redressait, furieux d’avoir été repoussé. Akira haletait, la barre d’acier tremblant dans ses mains après avoir dévié l’attaque qui visait Airi. Chrono Surge était en cooldown – trente minutes avant de pouvoir l’utiliser à nouveau – mais la pulsation d’Infinite Momentum continuait de battre en lui, un feu constant qui refusait de s’éteindre. Airi se releva derrière lui, sa lame prête, tandis que Toma lan?ait un autre débris pour attirer l’attention de la bête.

  ? Merci, ? murmura Airi, essuyant une goutte de sueur sur son front. ? Mais fais gaffe, c’est pas un faible. ?

  ? J’ai vu, ? répondit Akira, serrant la barre. ? On finit ?a ensemble. ?

  La créature chargea à nouveau, ses plaques chitineuses luisant sous les lampes vacillantes de l’usine. Akira esquiva sur le c?té, plus rapide qu’avant grace à ses semaines d’entra?nement, et frappa une patte arrière. La barre ricocha encore, mais il insista, visant le même endroit avec un deuxième coup. Cette fois, la chitine craqua légèrement, et la bête grogna, pivotant pour le balayer avec sa queue.

  Toma plongea dans la mêlée, frappant la queue avec sa barre rouillée pour détourner l’attaque. ? Occupe-le devant ! ? cria-t-il. Airi contourna le sbire, sa lame cherchant une faiblesse entre les plaques. Elle planta son couteau dans une jointure près du cou, arrachant un hurlement à la créature, mais elle riposta d’un coup de griffe qui for?a Airi à reculer.

  Akira sentit la pulsation s’amplifier, une chaleur montant dans ses jambes et ses bras. Chaque esquive, chaque frappe semblait affiner ses réflexes, comme si son corps apprenait à chaque instant. Il sprinta vers la bête, visant la tête cette fois. Ses muscles hurlaient sous l’effort – il n’avait pas encore l’endurance d’un rang D – mais il frappa de toutes ses forces, la barre s’écrasant contre une corne. Elle se fendit dans un craquement, et le sbire tituba, désorienté.

  ? Maintenant ! ? cria-t-il.

  Toma et Airi réagirent instantanément. Toma abattit sa barre sur une patte avant, la faisant plier, tandis qu’Airi enfon?ait sa lame plus profondément dans la jointure du cou. Akira profita de l’ouverture, sautant pour planter sa barre dans un ?il rougeoyant. La créature hurla, un son guttural qui fit vibrer les murs, avant de s’effondrer dans un nuage de poussière, ses pattes convulsant une dernière fois.

  Akira tomba à genoux, le souffle court, la barre glissant de ses mains tremblantes. La pulsation ralentit, mais il sentait encore son écho dans ses os. Son écran clignota, enregistrant ses progrès :

  [Puissance : 2.8 | Agilité : 3.6 | Endurance : 2.5 | énergie Mythique : 1]

  [Progression : +0.3 (Puissance) | +0.4 (Agilité) | +0.3 (Endurance)]

  Toma siffla, essuyant la sueur de son front. ? Mec, t’as vu ?a ? T’as tanké ce truc comme un boss ! ?

  Airi rengaina sa lame, le regard fixé sur Akira. ? Tes stats montent plus vite maintenant. C’est Infinite Momentum, non ? ?

  ? Ouais, ? haleta-t-il, se relevant péniblement. ? Plus je pousse, plus ?a va. Mais j’suis encore loin des gros rangs. ?

  ? Loin ? ? ricana Toma. ? T’as presque 3 en puissance et t’es qu’un F ! à ce rythme, tu me dépasses avant le mois prochain. ?

  Akira esquissa un sourire, mais une fatigue écrasante pesait sur lui. Il avait repoussé ses limites – pas juste physiquement, mais mentalement. Chaque combat le rapprochait d’un seuil qu’il ne comprenait pas encore. ? Faut qu’on bouge, ? dit-il. ? Cet endroit est trop exposé. ?

  Ils ramassèrent leurs armes et s’apprêtèrent à partir, mais un bruit sec les figea – un claquement de bottes sur le métal, venant d’une passerelle au-dessus. Une lumière vive balaya la cour, et une voix résonna : ? Qui va là ? Zone interdite ! Identifiez-vous ! ?

  Un Avatar patrouilleur – rang C, à en juger par son armure légère et son écran flottant au-dessus de lui – descendit d’un bond, une lance énergétique à la main. Son Dashboard clignotait :

  [Nom : Inconnu]

  [Rang : C]

  [Puissance : 15 | Agilité : 12 | Endurance : 14]

  Akira sentit son c?ur s’emballer. Ils étaient blessés, épuisés, et cet Avatar était hors de leur portée. ? Merde, ? murmura Toma, serrant sa barre. ? On est foutus. ?

  Le patrouilleur les toisa, son regard dur sous son casque. ? Des gamins ? Qu’est-ce que vous foutez ici ? ? Il pointa sa lance vers le sbire mort. ? C’est vous qui avez fait ?a ? ?

  Airi prit la parole, calme mais ferme. ? On s’est perdus. On cherchait un abri, et ce truc nous a attaqués. ?

  L’Avatar plissa les yeux, peu convaincu. ? Perdus, hein ? Montrez-moi vos écrans. ?

  Akira hésita, mais ils n’avaient pas le choix. Leurs Dashboards s’affichèrent – Toma et Airi en rang E, Akira toujours en F, malgré ses stats améliorées. Le patrouilleur haussa un sourcil en voyant celui d’Akira. ? Un F avec 3.6 en agilité ? T’es une anomalie, toi. ?

  ? Juste de la chance, ? murmura Akira, la gorge sèche.

  L’Avatar grogna, mais avant qu’il ne puisse insister, un grondement lointain vibra dans l’air – pas aussi fort que Typhon, mais assez pour tendre l’atmosphère. Il tourna la tête, jurant à voix basse. ? OK, déguerpissez. Si je vous revois ici, je vous colle en détention. Compris ? ?

  Ils hochèrent la tête, ne demandant pas leur reste. L’Avatar remonta sur la passerelle, disparaissant dans l’obscurité, et ils sprintèrent hors de l’usine, franchissant la barrière holographique avant qu’elle ne se réactive.

  De retour dans une ruelle près du gymnase, ils s’effondrèrent contre un mur, le souffle court. Toma ricana nerveusement. ? On a failli y passer, là. ?

  Airi fixa Akira, sérieuse. ? Il t’a remarqué. Ton écran… ?a commence à se voir. ?

  ? Ouais, ? murmura-t-il, regardant ses mains. ? Faut que je sois plus discret. Mais ce combat… j’ai senti un truc. Comme si je pouvais aller encore plus loin. ?

  Toma sourit. ? Alors on continue. Mais la prochaine fois, on évite les patrouilles, OK ? ?

  Akira acquies?a, la pulsation en lui toujours là, un murmure qui promettait plus. Sous le silence oppressant de Neopolis, il grandissait – et quelqu’un, quelque part, pourrait bient?t le remarquer.

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