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9. Piège orageux

  Au bout de quatre jours de marche, Tsukinoko et son escorte constitué de Shikaru et deux agents de la Colonie, se retrouvèrent pris dans une tempête au beau milieu des montagnes enneigées du pays des montagnes.

  Evoluant lentement dans l’épais brouillard, ils arrivèrent finalement au pied de l’ascension dissimulée dans la roche, qui menait jusqu’au village caché de Somitto.

  Tsukinoko restait en retrait.

  Une présence étrangère attirait son attention, avant d’en comptabiliser quatre de plus. Elle fait halte puis son aura émane discrètement autour d’elle. Shikaru acquiesce et s'exclame alors à voix haute, sur ses gardes alors que les deux agents masqués attendaient armes en mains.

  - Je suis Shikaru Betto, je représente Hanamaru et suis accompagné de Tsukinoko Sato. Nous sommes invités par le Chef de Somitto. Déclinez votre identité.

  Un homme appara?t dans le brouillard et approche. Habillé d’une simple cape en toile de jute, il n’arborait aucun signe distinctif d’appartenance à Somitto, comme un brassard ou une enseigne. Shikaru fronce les sourcils après avoir aper?u un katana à sa ceinture, dissimulé derrière un pan de tissu.

  - Hanamaru ? s'écrie-t-il brusquement avec un sourire en coin. C’est parfait !

  Les quatre autres personnages sortent de l'ombre pour les encercler dangereusement.

  - On dirait des brigands de petit chemin, s'écrie un des agents. Nous nous en occupons, filez à Somitto, nous vous couvrons.

  L'homme claque des doigts et les quatre hommes se jettent sur eux. Shikaru s'enfuit avec Tsukinoko dans les escaliers. Tout juste sur leurs talons, l’homme échappe aux agents aux prises avec ses sbires.

  Le brouillard les ralentissait dans leur course, ne distinguant que les marches deux par deux devant eux. Au bout de quelques mètres, Tsukinoko trébuche sur une marche douteuse. Shikaru la rattrape, avant de remarquer tous les deux que la marche n’était plus là, laissant derrière elle une furtive empreinte de chakra.

  - Putain ! s'agace-t-elle. C'est quoi ce traquenard !

  - Ils doivent profiter de la tempête pour attaquer les voyageurs, ne tra?nons pas.

  - Oui mais-

  Sans la laisser finir, l’homme abat subitement son katana sur elle mais Shikaru le pare à temps, et lui ordonne d’avancer. Elle s’exécute, avec appréhension. Shikaru ne pouvait utiliser ses techniques dans l’immédiat, car le soleil ne pénétrait pas à travers le brouillard pour faire de l'ombre.

  Mis en difficulté par la situation, Tsukinoko fait demi-tour pour aider son ma?tre mais il la repousse en arrière. Sa cheville enflée la ralentissait, et la douleur la faisait bo?ter à chaque pas. D’un geste, Yukihyō est appelé à la rescousse.

  A califourchon sur son dos, Tsukinoko s’agrippe à sa fourrure. Deux explosions simultanées au pied de la montée les font sursauter, et Tsukinoko s’horrifie en ne ressentant plus la présence des deux agents. Forcés de s’avouer vaincus, les agents s’étaient suicidés pour ne pas laisser Somitto s’emparer d’eux. Le mauvais pressentiment se fait de plus en plus oppressant. Des agents de la Colonie ne pourraient se faire avoir par de simples brigands de fortune.

  Yukihyō s’élance à même la falaise, au-dessus de l’escalier, avant que les brigands n’arrivent jusqu’à eux.

  - Va voir si Shikaru va bien, sinon ramène-le au village, ordonne-t-elle à voix basse.

  - Et toi ?

  - Y a un truc qui cloche, je dois vérifier. File !

  Telle une ombre, Yukihyō descend de la falaise sans faire de bruit et glisse juste avant l’homme armé, avant de rejoindre Shikaru. Tsukinoko, aussi silencieuse que le brouillard, restait accrochée à la falaise.

  Juste en-dessous, l’homme semblait la chercher, sentant sa présence toute proche. Elle se laisse glisser jusque sur les marches pour s’y asseoir. Le brouillard ne laissait rien voir, pas même ses propres mains tendues. Grace à son troisième ?il, Tsukinoko distinguait nettement les mouvements du brigand, qui semblait s’impatienter. Tout à coup, il hurle à travers la montagne.

  - Ohé Jōki, vas-y doucement, j’y vois plus rien du tout ! Jōki ? Qu’est-ce qu’ils foutent encore, rale-t-il, je vais jamais retrouver cette sauvage avec son brouillard...

  Quelque chose n’allait pas et Tsukinoko sentait que la situation lui échappait. Le sort de Hanamaru était en jeu. A contre c?ur, elle se relève et approche à pas de loup de lui. Un souffle lui balaye la nuque, et il se retourne brusquement. Face à deux yeux vermeilles remplis de haine, son sang se glace. Les pupilles luisaient dans le brouillard. Il ne parvenait pas en décrocher son regard et ne voyait rien d’autre. Aucun son ne sort de sa bouche, paralysé de la tête aux pieds par ce regard per?ant. Tsukinoko pénètre son esprit grace à son pouvoir et prend la forme d’un dragon aux écailles grisatres, arborant des améthystes au regard supérieur. Perdus entre les étoiles, l’homme ne réalisait pas qu’il était victime d’un sort et perd ses moyens.

  - Que faites-vous là ?

  - Ce sont les-les ordres de-du Chef de Somitto... marmonne-t-il en essayant de résister.

  - Quels ordres ?

  - Capturer Tsukinoko, la disciple du Chef d’Hanamaru.

  - Pourquoi ?

  - Je l'ignore.

  De retour sur la terre ferme, l’homme reprend ses esprits mais une douleur atroce le met à genoux. D’un mouvement incontr?lé, il était en train de se poignarder à deux mains avec sa propre arme. Incapable de résister, il hurle à l’aide, seul au milieu du chemin, avant que sa voix ne s’étouffe par la douleur.

  Plus haut, Tsukinoko avait repris son ascension, lentement, le visage caché derrière le capuchon de sa cape qu’elle avait empruntée. Yukihyō s'était éloigné avec Shikaru, et les quatre autres étaient à ses trousses. Le brouillard s’était dissipé et la tempête interrompue. Les quatre militaires la rattrapent mais avant qu’ils ne puissent l’interpeller, son corps s’étire pour prendre la forme d’un dragon juste sous leurs yeux.

  Déjà aux prises de son illusion, ils tombent à la renverse devant l’imposant monstre qui leur rugissait dessus. Leurs cris esseulés résonnaient dans la montagne blanche, criant au monstre. Comme si l’empathie avait quitté son corps, Tsukinoko esquisse un sourire aigri, les yeux remplis d’adrénaline. Le dragon fonce sur les hommes, traversant leur corps en le br?lant de l’intérieur. Le sort cesse, et les hommes tombent comme des feuilles mortes aux pieds de Tsukinoko.

  Les séquelles de son attaque mentale emplissent leurs bouches d’écume et leurs muscles de spasmes. Les yeux de Tsukinoko avaient repris leur lueur habituelle et elle s’assied un instant, épuisée.

  Enfin arrivée à Somitto, elle loue une chambre dans l’auberge la plus délabrée du village, à l’abri des curieux. Déterminée à faire payer au Chef de Somitto, qu’elle juge responsable, son affront d’aujourd’hui. Après une bonne douche qui lui adoucit les nerfs, elle se fait une atèle à la cheville et arrache un des barreaux de la tête de lit pour en faire une canne.

  Arrivés après deux jours de cavale, Yukihyō se reposait sur le camphrier en attendant que Shikaru reprenne connaissance à l’h?pital. Haruo Sato f?t appelé dès son réveil, et le questionna sur la raison de son état.

  - Chef, souffle-t-il. J’assume la pleine responsabilité dans cette mascarade.

  - Et les autres ? Où sont-ils ? Tsukinoko ?

  - Je ne sais pas si les agents s'en sont sortis, mais Tsukinoko a réussi à s'enfuir. Je l'espère.

  - Tu es s?r qu'elle n'a rien ? demande-t-il inquiet. Je fais aussit?t envoyer une nouvelle équipe là-bas-

  - Ma?tre Haruo.

  Yukihyō était à la fenêtre, les faisant sursauter par sa présence alors qu’il n'avait pas fait un bruit, malgré ses griffes plantées dans le rebord.

  - Vos hommes sont bien morts, mais les quatre autres étaient encore en vie quand je suis parti. Et Tsukinoko aussi. Elle est blessée mais je pense qu'elle a réussi à s'enfuir.

  Ils s'étonnent tous les deux et réfléchissent un instant mais Yukihyō continue.

  - Je ne pense pas que de simples brigands puissent venir à bout de deux agents spéciaux et d’un adjudant. Et cette tempête avait une odeur particulière...

  - Une odeur ?

  - Oui, cela ne sentait pas l’humidité et la lourdeur de l’atmosphère, comme d'habitude, si vous préférez.

  - Miséricorde, souffle Shikaru devant la panthère des neiges. Ce sont des spécialistes de la foudre. Haruo, aviez-vous prévenu que je venais avec elle ?

  - Bien évidemment, s'étonne-t-il. Pourquoi donc ?

  - C'est pour cela qu'ils ont créé ce brouillard, je ne pouvais pas utiliser mon maniement des ombres. C'était-

  - Un piège, grogne Yukihyō. Tsukinoko l'a compris.

  - Vous pensez ? s'étonne Shikaru.

  - Elle devait savoir que vos agents avaient péri, car elle ne m'a pas demandé d'aller les chercher. Tsukinoko a voulu vous éloigner car ils en avaient après elle seulement.

  - Il faut aller la sortir de là-

  - Attendez un instant, interrompt Shikaru. Dans le registre il était stipulé qu'ils la voulaient vivante, donc elle ne craint rien si jamais ils l'ont attrapée. Et Tsukinoko conna?t les enjeux de notre venue, je suis s?r qu'elle agira en conséquence pour ne pas échauffer les esprits.

  - C'est une agent de la Colonie, Shikaru ! s'affole-t-il. Un agent ne peut se faire capturer.

  - Je sais bien, soupire-t-il. Mais si elle le fait, elle laisse le risque que la situation dégénère. Elle n'y était pas sous couverture, ils doivent ignorer qu’elle est un agent. Et qu’elle est elle-même Shinigami no Hikari, l’arme redoutable, si l’information aurait déjà fuitée. Je suis convaincu qu'elle sait ce qu'elle fait, Chef, il faut lui laisser une chance.

  - Si elle n'est pas revenue demain ou que nous ne recevons pas de nouvelles, j'irais moi-même-

  - Haruo, pas de précipitations.

  Shikaru fixait ses mains en réfléchissant et essayait de le calmer en même temps, comprenant son inquiétude malgré tout.

  - L'homme m'a épargné, il aurait pu en finir alors que j'étais sans défense, réfléchit Shikaru. Ils voulaient un témoin qui rapporte un fait de banditisme et faire croire que Tsukinoko se soit enfuie. à Somitto, en supposée sécurité. Si elle va bien, elle nous préviendra rapidement.

  - Et si ce n'est pas le cas ?

  - Ils seront forcés de faire en sorte pour acheminer leur plan. Sinon nous pourrions rompre le traité de paix pour tromperie, enlèvement et vol de techniques secrètes. Et pour l'instant, cette option est la seule que nous possédons si nous ne voulons pas nous faire doubler. Une seconde fois. à l'inverse, si nous tentons quoi ce soit, ils pourraient prétendre que ces hommes n'ont rien à voir avec Somitto et que Hanamaru les accuse à tort pour déclarer la violation du traité. La situation est trop compliquée pour tenter quoi que ce soit pour l'instant.

  - Tu as raison... soupire-t-il le visage fermé.

  - Monsieur, cela va plus loin. Elle est entre leurs mains. L'enjeu est maintenant-

  - D'éviter d'avoir à déclarer une guerre pour la récupérer. Je vais réunir une cellule de crise ce soir, rejoins-nous dès que tu peux.

  - Permettez-vous que je m'y joigne ? s'exclame Yukihyō. Lorsque Tsukinoko a choisi de protéger Hanamaru il y a cinq ans, Janguru a fait de même, par alliance avec elle. Et la situation devient critique. Nous ferons tout pour la protéger, elle et Hanamaru.

  Le Chef le regarde longuement dans les yeux et voit sa détermination, puis accepte d'un signe de tête.

  Le Chef, même s’il ne laissait rien para?tre, était mort d’inquiétude pour sa disciple, ainsi que pour la sécurité du village. Dans la salle de réunion de la Résidence, il encha?nait nerveusement les pipes de tabac en attendant que tous arrivent.

  Yukihyō s'était allongé derrière lui pour lui servir de dossier et le rassurer, partageant son inquiétude. Assis en tailleur sur l'esplanade avec Yukihyō tapis derrière lui, il accueille le Haut Conseil et le commandant de la Colonie, accompagné des deux escouades d'assassinat, dont Ro et sa nouvelle recrue. Shikaru était assis devant l'esplanade à c?té du Chef, un bandage couvrant sa poitrine.

  La réunion à huis clos commence dans l'incompréhension et le silence. Il tira longuement sur sa pipe puis s'exclame.

  - La raison de cette cellule est complexe, prend-il enfin la parole. Hanamaru a la responsabilité de libérer un otage, tout en évitant une guerre contre Somitto et donc le pays des montagnes. Nous sommes ici pour établir des plans de riposte et récupérer l'otage.

  Alors que toute la salle échange des regards et des exclamations, Sagi s'exclame à son tour.

  - Que se passe-t-il ? Qu'est-ce que Somitto a à voir là-dedans ? Shikaru, n'étiez-vous pas censés-

  Alors que Sagi s'emporte, Yukihyō se met à grogner derrière le Chef. Il relève lentement la tête et tout le monde s'étonne de le voir là, l’ayant pris pour un vulgaire canapé. K? et Y?ji échangent un regard, puis Kimaru donne à son tour un discret coup de coude à Kakashi en reconnaissant la panthère. Ce dernier restait sto?que, comprenant maintenant pourquoi Tsukinoko n'avait pas répondu à l'appel de ce soir.

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  - Que fait cet animal ici ? Qui est-ce ? demande Sagi.

  - Il s’agit de Yukihyō, Commandant général de Janguru. La dimension avec laquelle Tsukinoko est liée, répond le Haruo. Et le Commandant est ici aujourd'hui en tant qu'allié, afin de signer officiellement une alliance avec Hanamaru. C'est le premier ordre à traiter lors de cette réunion.

  - Et pourquoi devrions-nous signer ? s'écrie Harue Kato. Qu'est-ce que Janguru a à offrir à Hanamaru ?

  - Son soutien dans le cas d'une éventuelle guerre. C'est un retour de faveur pour ce qu'a fait Tsukinoko il y a un temps pour eux. Somitto risque soit de faire pression sur Hanamaru grace à cet otage, s'il décide de révéler sa manigance à son avantage, soit de réagir immédiatement en plaidant l'innocence si nous les accusons d'enlèvement. Nous ne savons pas exactement quelle est leur position, mais nous devons nous attendre à tout.

  L’étonnement s’empare de la pièce à nouveau. Shoji Fujita s'exclame gravement alors qu’il tirait sur sa pipe, les yeux cachés par son chapeau.

  - Haruo, qui est l'otage ?

  - Je pense que je n'ai pas besoin de prononcer son nom une troisième fois.

  Le Haut Conseil soupire gravement puis Yukihyō s'avance vers eux avec un parchemin et un pinceau. Le parchemin contenait le contrat d’alliance, déjà signé par le Chef et le Commandant.

  - Nous avons besoin de la signature du Haut Conseil de Hanamaru, pour équivaloir à la gouvernance de Janguru.

  Shoji Fujita consulte le document avant de le passer à Harue Kato puis Sagi, qui s'exclame.

  - Je souhaite que l'on nous explique la situation avant quelconque signature ou affolement en raison d'une supposée guerre.

  Yukihyō se met à grogner devant eux, les babines retroussées. Tout comme sa protégée, il ne supportait pas cet homme, dont son comportement l’aga?ait au vu de la gravité de la situation.

  - Commandant, permettez, s'exclame Shikaru.

  Yukihyō retourne s'asseoir derrière sans oublier de grogner sur eux. Shikaru explique alors toute la situation, avec les scénarios envisagés en conséquence.

  - Pourquoi n'a-t-elle pas fuit pour retourner à Hanamaru ? demande Harue Kato.

  - Parce qu'elle est têtue-

  Yukihyō sort les crocs à nouveau mais Shoji Fujita continue malgré tout.

  - De la bonne fa?on, ajoute-t-il. Tsukinoko savait qu'en fuyant, Somitto aurait alors trouvé un moyen de nous accuser à tort. Disant que Hanamaru a menti et envoyé seulement son Commandant, repéré à temps, ou encore que Hanamaru refuse de s'expliquer et est donc officiellement accusée de tromperie, faute de preuves. Je dois reconna?tre que nous nous sommes laissés bernés par le Chef de Somitto, dont la situation est à son avantage. Somitto aurait alors demandé une extradition pour Tsukinoko qui ne serait qu'une bombe à retardement. Nous ne sommes pas à l'abri d'une supercherie de leur part, connaissant leur passé. Tsukinoko est une puissante arme de guerre, et détient de nombreuses informations sensibles sur Hanamaru en tant qu'assistante personnelle du Chef. Et Somitto doit bien être au courant de tout cela pour l'avoir enlevée.

  - Et comment pouvons-nous être certains qu'elle est retenue là-bas ? A-t-elle tenté de nous contacter depuis ? demande Sagi.

  Le Chef souffle lourdement sa fumée, et Harue Kato comprend que cela aurait déjà été fait en temps normal. Elle saisit le pinceau en interrogeant du regard les conseillers qui acquiescent, et signe enfin le traité d'alliance avec Janguru. Yukihyō invoque un lionceau qui récupère la copie du contrat et dispara?t avec.

  La réunion se poursuit et la cellule établit plusieurs stratégies selon différents scénarios toute la soirée, se servant de Tsukinoko comme monnaie d’échange. Yukihyō permit finalement à Haruo de l'invoquer pour avoir un lien direct avec le village en cas d'urgence. Mais alors que ce dernier déroulait le parchemin pour y inscrire son nom, Yukihyō le lui reprend violemment. La dernière identité inscrite était celle de Tsukinoko, sa réelle identité. D’un regard, il fait comprendre à Yukihyō qu’il n’avait pas à s’inquiéter, avant de sourire d’un air familier devant le papier taché de peinture à paillettes. Alors que la nuit touchait à sa fin, il l'invita à rester dans son bureau, non pas qu'il soit contre un peu de compagnie, même si celle-ci était moins bruyante que sa disciple.

  à Somitto, Tsukinoko était partie faire autant de repérage qu'elle pouvait, puis retourne à l'auberge. En temps normal, elle aurait passé la nuit à espionner le village pour repérer son Chef et le surprendre lorsqu'il serait seul, mais dans son état il faudra faire autrement. Mais alors qu'elle passe la porte du batiment, deux militaires de Somitto discutaient avec le réceptionniste.

  Plut?t jeunes, l'un était pale avec un carré blond et l'autre avait des cheveux blancs ébouriffés et la peau mate, avec des tatouages plein les bras. Les deux hommes montraient une photo au réceptionniste, celle de Tsukinoko.

  Alors qu’elle enfonce la capuche sur sa tête et s’apprête à monter, le réceptionniste la pointe innocemment du doigt. En garde, les deux lui ordonnent de ne pas bouger, mais elle fait exploser à terres des bombes fumigènes et s’enfuit à l’étage.

  Elle s’enferme dans sa chambre pour récupérer ses affaires et attache ses sabres dans le dos. Elle abandonne la cape et enfile un court manteau beige qu’elle avait arraché à un des h?tes dans sa fuite. Elle entend les deux jeunes dans le couloir, à la recherche de sa chambre.

  - Le réceptionniste a dit qu’elle boitait, elle est s?rement blessée. Elle n’ira pas bien loin, s'exclame le blond.

  - Si c'est bien elle, car les autres n'ont pas fini de fouiller la montagne pour s’assurer qu’elle ne s’y cachait pas, Ken... soupire l'autre.

  - C'est forcément elle Sora ! Cette femme se pointe quelques heures après la capture puis s’enfuit en nous voyant ?! à d'autres ! s'esclaffe-t-il s?r de lui.

  En équilibre sur les rebords de l’auberge, Tsukinoko était passée par la fenêtre pour rejoindre la rue de l’extérieur. Mais elle était beaucoup trop haute pour sauter, incertaine de se réceptionner correctement avec sa cheville blessée.

  Alors qu’elle continuait d’évoluer à la recherche d’une fenêtre ouverte, Ken et Sora enfoncent la porte de sa chambre. Ils se précipitent à la fenêtre pour l’apercevoir quelques mètres plus loin.

  Sans issues, Tsukinoko réveille ses pupilles dans l’action avant de franchir lentement le coin de l’auberge puis saute dans la ruelle derrière. Elle se retient de crier de douleur en atterrissant sur ses deux pieds et dispara?t dans la foule.

  Les deux collègues, toujours appuyés sur la rambarde, reprennent leurs esprits en se demandant ce qu’ils faisaient là. Sans se poser plus de questions, ils reprennent leurs recherches dans le village.

  Tsukinoko rendort aussit?t ses yeux mais s'agace de les avoir utilisés sans réfléchir, tentant de se calmer avant de réveiller de malsaines habitudes. Alors qu’elle s’énervait seule au milieu de la foule, submergée, elle s’engouffre au hasard dans un troquet pour s'y cacher et se calmer. Attablée dans un coin sombre avec un thé, elle médita tranquillement en réfléchissant à une solution toute la nuit.

  Elle n’avait aucun moyen de prévenir Haruo. Mais elle ne rentrera qu’une fois sa mission réussie. Il fallait trouver le Chef de Somitto, co?te que co?te. Elle négocie avec le patron de l’établissement, contre une belle somme, d’être cachée dans les arrière-cuisines pour le reste de la journée.

  A la tombée de la nuit, Tsukinoko reprend ses recherches. Errant au hasard dans les rues, elle se retrouve dans une rue de la soif, particulièrement fréquentée par des militaires. Avant de s’y aventurer, elle fait une pause sur un banc à l'écart pour espionner leurs conversations. Un groupe de jeunes militaires discutaient, attablés devant un restaurant. Ils débattaient sur les rumeurs de l’espion envoyé par Hanamaru qui s’était infiltré dans leur village, ou encore que cette personne aurait dérobé les pouvoirs du troisième Chef de Somitto. Alors qu’ils argumentaient vigoureusement, l’un d’eux les interrompt brusquement.

  - Chut ! s'affole-t-il. Il arrive !

  - Et ? rale l'autre. On est en repos.

  - Il a l'air énervé...

  Ils se relèvent immédiatement en faisant mine de partir travailler alors qu'un imposant homme à la peau mate, le visage marqué orné d’une barbichette et d’une moustache blanches comme ses cheveux courts arrivait en leur sens. Ils le saluent sur son passage, accompagné de sa jeune assistante.

  - Chef de Somitto, s'exclament-ils en ch?ur, Mei.

  Le voilà enfin. Il les ignore et Mei les salue d'un mouvement de tête. Tsukinoko l'observait discrètement, dos aux restaurants. Il n’y aura s?rement pas de seconde chance.

  Alors qu’ils avancent à son niveau, son imposant chakra la fait hésiter, mais elle finit par l’interpeller d’une voix franche. Il l'ignore à son tour. Mei se retourne en la regardant de haut en bas, dubitative.

  Tsukinoko retire sa capuche et la regarde droit dans les yeux. L’assistante la reconna?t et peine à retenir un petit cri de surprise. Le Chef de Somitto se retourne aussit?t et dévisage Tsukinoko. Ses traits se durcissent et Mei restait en retrait alors qu’il s'avance vers Tsukinoko.

  - Je fais le déplacement au plus vite suite à votre invitation et c'est comme ?a que vous me recevez ? demande-t-elle sèchement. Discutons, insiste-t-elle en voyant son air.

  - Laisse-nous, dit-il à Mei.

  Mei hésite à partir et fait quelques pas à reculons avant d'aller attendre au bout de la rue, inquiète. Le Chef de Somitto s’assoit sur le banc, qui penche sous son poids. Tsukinoko se lance à voix basse, sans laisser para?tre ses émotions alors qu’il pourrait lui broyer le cou d’une main.

  - Quelle était la raison de ce comité d'accueil ? Nous venions de bonne foi, ce n'était pas nécessaire, dit-elle sérieusement.

  - Comité ? s'exclame-t-il tout à coup. Si vous parlez des bandits qui-

  - Si on arrêtait la comédie, hein ? Je suis venue sans déguisement, alors enlevez le v?tre. Votre cinéma a co?té la vie à deux de mes hommes, et le troisième est, je l’espère, retourné vivant à Hanamaru.

  Il ne dit rien mais elle jurerait l'avoir entendu grogner alors qu'il serrait les doigts sur ses bras croisés.

  - Monsieur, je suis ici pour éclaircir la situation. Il aurait suffi de peu pour que je fasse demi-tour à Hanamaru et déclare la violation du traité de paix. Ma patrie ne vous a rien volé, ni elle ni moi, s'exclame-t-elle calmement. Et si vous vous posiez des questions sur mes techniques, mon aura ne fonctionne en rien comme votre bouclier que vous nommez ? mode éléctrique ?, d'ailleurs.

  Il la regardait sans rien dire, attendant la suite.

  - J'excelle au maniement de chakra, et je suis de nature Foudre. Et cela s'arrête là. Il n'existe pas que deux personnes au monde qui ont ces facultés, même si nous possédons tous deux la nature de chakra la plus rare. Quatre jours de voyage et deux jours de fuite pour de simples explications, croyez-vous que toute cette agitation f?t nécessaire ?

  Elle se lève pour renforcer ses positions mais il dispara?t aussit?t alors que sa phrase résonne à sa place vide.

  - Je vérifierai tes dires de moi-même.

  Aussi rapide qu’un éclair, il la propulse d'un coup de poing à l'autre bout de la rue. Tsukinoko permute avec des tabourets de bar au passage et roule au sol dans son élan, alors que les tabourets s’écrasent contre l’immeuble à sa place. La machoire engourdie et la lèvre ouverte après son coup si rapide qu'elle n'avait rien vu venir, elle se relève difficilement au milieu des militaires surpris.

  Toute la rue la fixait curieusement et certains s'exclament en la reconnaissant. Pour prouver sa bonne foi, malgré l'entêtement du Chef, elle reste à genoux et lève les mains en l'air, signe qu'elle se rendait. Il la rejoint et au lieu d’approuver son geste comme elle espérait, il la soulève dans les airs. Attrapée comme une vulgaire poupée de chiffon dans ses mains gigantesques, Tsukinoko se fait aplatir au sol de toutes ses forces.

  Inconsciente, la prisonnière est emmenée dans la prison de Somitto par la garde rapprochée. Les cellules étaient éparpillées dans des caves nichées dans les sommets de la montagne.

  Tsukinoko est torturée pendant plusieurs jours pour obtenir des informations confidentielles sur Hanamaru et les secrets de ses propres techniques, sous les yeux du Chef de Somitto. à force de coups de poing, étranglements et étouffements répétés.

  Tsukinoko se réveille un après-midi, terriblement engourdie et ankylosée, ayant perdu le compte des jours écoulés. La bouche en sang et un ?il si gonflé que la lumière n’y pénétrait plus. Encha?née jusqu’aux pieds, laissée à même le sol.

  Une écuelle rouillée contenait de l’eau où un bout de pain trempé flottait au centre. Puante de saleté et de transpiration, de sang séché et de larmes, elle se soulage dans un coin de sa cellule où un trou avait été creusé, pas assez profondément pour retenir l’odeur nauséabonde qui s’échappait aussi des nombreuses cellules de la prison. Son instinct de survie passait outre l’indécence des lieux.

  Deux gardes surveillaient sa cellule. Elle tente de faire émaner son chakra pour détecter d'autres présences, elle réessaye, encore et encore, tente même d'invoquer Yukihyō mais rien ne se passait.

  à Hanamaru, un Anbu avait été chargé de surveiller l'arrivée de nouvelles de Somitto depuis la fauconnerie. En fin de journée, il fait brusquement irruption dans le bureau du Chef. Un message était signé de la part de Tsukinoko. Kakashi, chef de l'escouade Ro, était de garde avec lui, mais il s'interroge après avoir vu sa réaction.

  Sans donner d’explications, ce dernier se lève de sa chaise pour aller farfouiller dans des archives au fond du bureau, avant de comparer les documents d’un classeur avec le message re?u. Kakashi approche, curieux, et il lui fait lire les deux documents. Sans qu’il n'ait besoin d'apporter de précisions, Kakashi fait aussit?t réunir la cellule de crise. Quelques minutes plus tard, tous les concernés étaient réunis dans le bureau.

  - J'ai re?u ce message de la part de Tsukinoko à l'instant, annonce-t-il avant de lire,

  << Chef Sato,

  Je suis bien arrivée à Somitto. Nous avons été attaqués par des bandits en chemin. Aucune nouvelle de Shikaru Betto ni de l'escorte suite à l’incident. Je suis en attente pour m'entretenir avec le Chef de Somitto, je vous tiens au courant au plus t?t.

  Tsukinoko >>.

  - Nous savons maintenant que Tsukinoko est retenue de force à Somitto. Nous allons procéder à son extraction comme convenu, vivante ou non.

  - Que racontes-tu ? s’étonne Harue Kato. Il est évident qu'elle détient la situation sous contr?le vu ces informations, pourquoi parles-tu d'extraction ?

  - Elle n'est pas l'auteure de ce message, devine Shikaru. Ils essaient juste de gagner du temps.

  Le conseil échange un regard interrogateur et Haruo fait signe à Kakashi d'approcher, qui donne un autre message aux conseillers.

  - C'est un message que Tsukinoko a envoyé il y a trois mois lors d'une mission avec deux jeunes recrues, pour me tenir au courant de la situation à la suite d’un imprévu. Shoji Fujita, lisez à voix haute, je vous prie, souffle-t-il.

  - Bien.

  << Jījī, les deux nabots se sont blessés donc j'y vais seule et je les récupère au retour, compte un jour de plus et leur paie est pour moi,

  Ta meilleure disciple >>

  L'escouade sourit derrière leurs masques avec Shikaru, après qu’il ait marmonné la description d’une figure aux yeux en forme de monnaie dessinée avec. Les conseillers échangent un regard en comprenant la supercherie.

  - Je vois... s'étonne Harue Kato. Quel professionnalisme.

  - Certes, soupire Haruo, mais c'est sa nonchalance qui la sauve aujourd'hui.

  - Il faut reconna?tre que lu par quelqu'un d'autre que vous, il s'agirait presque d'un message codé, s'exclame Sagi. Même en essayant, personne n'aurait pu l'imiter parfaitement. Et je tiens à préciser que Tsukinoko n'utilise pas le vouvoiement individuel, chers conseillers, j'ai d? moi-même le lui souligner maintes fois. Il serait donc absurde qu'elle l'utilise avec Sato qu'elle n'a jamais vouvoyé auparavant.

  Ce dernier acquiesce puis continue.

  - Nous allons donc procéder à son extraction comme convenu.

  - N'est-il pas préférable d'attendre pour voir s'ils la libéreront d'eux-mêmes ? Nous n'aurons donc pas à prendre de risques.

  - Il faut s'y rendre au plus vite et si l'extraction échoue, il faudra alors l'éliminer si elle ne l'a pas déjà fait d'elle-même, s'exclame Sagi. Elle détient des renseignements secrets sur Hanamaru, si elle est fidèle à ce village ce devrait déjà être fait. La sécurité de Hanamaru est plus importante que-

  - Elle saura prendre les mesures nécessaires, s'écrie le Chef flegmatique. Et les services de renseignement de Somitto ne sont pas aussi développés que les n?tres, à part sous la torture ils n'arriveront pas à obtenir d'informations.

  - Que faisons-nous alors ? s'impatiente Harue Kato.

  - Les deux escouades et Yukihyō escorteront notre Chef et moi-même jusqu'à Somitto, s'exclame Shikaru. Nous demanderons sur place un entretien de négociation avec leur Chef, qui sera forcé d'accepter sous l'effet de surprise. Pendant que nous discuterons avec lui, les agents seront divisés entre l'unité d'escorte et l'unité d'extraction composée de l’escouade R? qui saura plus facilement retrouver la trace de Tsukinoko. Une fois qu'ils l'auront récupérée, quel que soit son état, ils attendront notre signal pour se montrer avec elle. Il n'y a pas le droit à l'échec, et le Chef de Somitto ne tentera rien si Haruo Sato se déplace lui-même, au risque de déclencher aussit?t un conflit à la première provocation.

  - Qu'il ne souhaite pas, vu leurs man?uvres. C'est donc notre moyen de chantage, ajoute ce dernier.

  - Je ne juge pas qu'il soit nécessaire ni sage que le Chef se rende lui-même sur place, s'exclame Sagi.

  - Je n'endosse pas seulement le r?le de Chef mais aussi de Ma?tre et parrain, Sagi, réplique-t-il. Je te rappelle que Tsukinoko est sous ma tutelle, j'ai une double responsabilité dans cette affaire.

  - Elle est majeure aux yeux du code Militaire.

  - Elle reste ma disciple, qui porte haut le nom du clan Sato.

  Les conseillers réfléchissent un instant alors que l'escouade R? s'étonne, n'étant pas au courant de tout.

  - C’est convenu, conclut Harue Kato. Le but étant de rappeler à l'ordre le pays des montagnes et renégocier le traité de paix grace à l'extraction, insiste-t-elle. S'ils comprennent que nous n'avons rien fait à leur encontre, la balle revient au centre. Allez-y, soyez prudents.

  Le convoi se met en route le soir même après s'être préparés pour palier à n'importe quelle situation. Quelques minutes après être sortis du village, une bande de sept félins, composée de trois panthères des neiges, trois cougars et un lynx boréal, tous aussi grands que des poneys, sortent de la forêt et avancent à leur rencontre. Les agents se braquent devant les bêtes jusqu’à ce qu’elles fassent une révérence devant Yukihyō. Le Chef l'interroge alors du regard.

  - Sauf votre respect pour cette aide, Commandant, nous ne partons pas en guerre. Pour l'instant, souffle-t-il.

  - Vous êtes trop lents, grogne-t-il. La situation presse.

  Chaque félin approche deux agents et leur indique d’un signe de la tête de grimper sur son dos. La situation vire presque à l'affolement devant les félins qui ne cessent de grogner contre les agents peu habiles à califourchon. Shikaru rejoint Haruo, portés par Yukihyō. Avant de partir en tête, il leur glisse quelques mots qui ne les rassureront pas.

  - Tsukinoko a tenté de m'invoquer il y a quelques jours, dit-il doucement. Son chakra était trop faible et brouillé pour réussir. Je n'ai pas envie de savoir pourquoi, grogne-t-il. Le temps presse. Nous avons signé une alliance, il est vrai, mais Janguru refuse de perdre son Ambassadrice de la Paix au profit de pitoyables voleurs. Même si nous n'aimons pas nous mêler de vos sordides histoires d'humains, notre Reine a ordonné de mobiliser tous les moyens nécessaires pour la récupérer.

  Haruo ne dit rien mais mille questions fusaient dans son esprit. La petite armée s'élance dans la neige à toute vitesse. Sur le chemin, il insistait auprès de Yukihyō pour comprendre ce qu'avait pu faire Tsukinoko pour être si précieuse à leurs yeux. Il lui raconta alors sa rencontre avec elle qui annon?ait déjà les prémisses de ses idéaux, puis celle avec ses cousins, nostalgique.

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