?
Plus de dix années auparavant, dans les vallées au nord du pays du Soleil
Un peu mieux dans sa peau même si la solitude était toujours aussi oppressante, Tsukinoko s’entra?nait seule de son c?té. Déterminée à devenir plus forte pour éradiquer quiconque oserait venir s'en prendre à sa famille, et un jour, elle l'espère, assez forte pour protéger tous ceux qui souffraient comme elle.
Un après-midi, elle jouait tranquillement dans le jardin devant la maison, installée dans des couvertures dans les hautes herbes avec ses nombreuses poupées et peluches. Pour tenter de combler son absence malgré sa proximité, Jinmuya avait déniché une mallette de peinture magnifique pour sa fille, lors d’une excursion secrète avant de dispara?tre dans la cave à nouveau.
Cet après-midi-là, Tsukinoko dessinait lorsque du bruit la tira de son inspiration. Planquée dans l’arbre au-dessus d’elle, une panthère l’observait en balan?ant sa longue queue juste au-dessus de sa petite tête. Terrifiée, elle fixait de ses yeux carmin l’animal. Ce même animal qui lui avait causé du tort l'année dernière et avait promis de ne jamais revenir.
La panthère se redressa, s'étira de tout son long comme un chat, avant de sauter devant les peluches. Tsukinoko ne la perdit pas des yeux en essayant d'anticiper ses mouvements, alors que la panthère reniflait curieusement les jouets et se pavanait entre les crayons de couleur.
- Comment tu vas p’tite ? demanda tout à coup la panthère.
Tsukinoko hésita à répondre, mais elle n'avait pas l'impression que l'animal était hostile cette fois-ci.
- Qu'est-ce tu veux ?
- J'ai repensé à toi l'autre jour en allant dévorer des veaux, je me demandais comment t’allais.
- Qu'est-ce t'en as à faire ?
- Tu m'intrigues, grogna-t-elle. C'était la première fois que je voyais des Negin.
- Comment tu sais c'est quoi ? s'étonna-t-elle en fron?ant les sourcils.
- Je sais c’est tout.
Tsukinoko, perplexe, s'exclama aussit?t d’un air vantard.
- J'ai ?a depuis que tu m'as attaquée. Je sais que t'as eu peur et tu t'es enfuie à cause de mon pouvoir.
La panthère grogna face à elle, les babines retroussées.
- Si si, tu t'es enfuie, s'amusa-t-elle en balan?ant les pieds, insensible à son agressivité.
- Je suis une panthère des neiges, ma?tre de ces montagnes, crois-tu que j’aie peur d’un chaton comme toi ?! T’es qu’une morveuse à qui j’arracherai la tête d’un coup de patte !
La panthère feula violemment et Tsukinoko se cacha derrière ses mains, avant de retourner dans son dessin en marmonnant dans sa barbe.
- Pourquoi tu vas plus garder les proies ? demanda-t-elle curieusement. Elles ont disparu maintenant.
- J'ai pas le droit, je dois rester cachée, dit-elle tristement.
- Cachée ?
Tsukinoko lui expliqua alors na?vement la situation.
- On peut jouer ensemble si tu veux, propose rudement la panthère. Tu te battais bien.
- Je veux pas me bagarrer avec toi ! s'offusqua-t-elle. T'es un monstre !
La panthère grogna puis scruta les alentours avec un air curieux, avant de tomber sur son dessin. Encore une esquisse, il s’agissait de la panthère. Tsukinoko commen?ait à s'agacer de sa présence.
- Pourquoi tu pars pas ? demanda-t-elle. T'as pas d'amis ?
- Si, pas comme toi, dit-elle avec arrogance. Je veux réessayer de me battre avec toi.
- Tu veux être ma copine ? Je joue à la bagarre que avec mes amis. à cause de si tu veux m'attaquer mais si on est amies je sais que on joue donc je veux bien me bagarrer, mais sinon alors ?a veut dire que tu veux m'attaquer mais si t'es ma copine alors je sais que on joue mais sinon-
- J'ai compris imbécile, grogna-t-elle. Et je suis un mec.
- T’es un gar?on ? s'étonna-t-elle. De tou'fa?on on peut pas, haussa-t-elle les épaules. J'ai pas le droit de sortir du jardin. Et si on joue ici Maman elle va entendre et elle va te chasser.
Toujours allongée en balan?ant les pieds, Tsukinoko se détendit peu à peu avec la bête. Sa compagnie, même féroce, était plus agréable que le silence solitaire. Alors qu'elle allait continuer, sa mère l'appela depuis la fenêtre de la cuisine. Elle sursauta et enfon?a la tête de la panthère parmi les hautes herbes.
- à qui tu parles depuis tout à l'heure ? continua Nukade.
- Euh... Mes poupées ! cria-t-elle en levant la tête. C’est rien ! On joue à la cérémonie du thé !
- Ah d’accord. Amusez-vous bien.
La fenêtre de la cuisine se referma et la panthère se redressa enfin en grognant. Tsukinoko découvrit la douceur de son poil et s'agenouilla pour la caresser encore, mais le félin se tortillait pour l’éviter.
- Je suis pas une peluche, dégage !
Tsukinoko lui gratouillait le front et le menton en même temps. La panthère se laissa finalement faire et se mit même à ronronner. Tsukinoko continuait en s'amusant avec sa peluche grandeur nature qui ne l'effrayait plus du tout désormais.
- Eh, les panthères elles ont un prénom ?
- Oui... ronronnait-il.
- C'est quoi ton prénom ?
- Yukihyō.
- Moi c’est Tsukinoko !
- Je sais, j'ai entendu ta mère beugler.
- T'as quel age ?
- En age humain ?a fait... Douze ans je crois.
- T'es grand ! Moi j'ai bient?t sept ans ! Tu veux être mon ami ?
- Ben... songea-t-il. T'es une gamine encore mais pourquoi pas.
- Je suis plus un bébé ! bouda-t-elle.
- T'as l'age d'un chaton.
- D’accord, c’est mignon les chatons, mais alors tu dois pas faire mal à personne !
Tsukinoko avait arrêté ses caresses pour la regarder droit dans les yeux en prenant un air mena?ant mais Yukihyō ricana.
- C’est mignon, ton nez se retrousse quand tu t’énerves.
- Hein ?! s'impatienta-t-elle.
- Ouais ouais, soupira-t-il. Tu voudras bien qu'on s'entra?ne alors ? Avec tes pouvoirs je vais pouvoir devenir plus fort que mes cousins, se vantait-il.
- Je veux pas te donner mes pouvoirs ! s'offusqua-t-elle.
- Mais nan, mais ?a va bien m'aider de m’y confronter.
Tsukinoko accepta le contrat, réjouie à l'idée d'avoir enfin un ami, malgré sa férocité. Et puis, ses parents ne devraient pas être contre qu'elle ait un animal de compagnie, même s'il parlait.
Sa petite main pleine de peinture tendue, Yukihyō grima?ait avant de tendre la patte pour conclure leur amitié. Ses coussinets englobaient la main de Tsukinoko, qui se mit à glousser en appuyant dessus. Surexcitée d'avoir un nouvel ami, elle bavardait et lui montrait toutes ses poupées pour qu'ils fassent connaissance. Yukihyō se prêta au jeu et fit mine d'être impressionné pour l'apprivoiser.
- Ouais ouais ! dit-il en détournant la tête. Bon allez, on s'entra?ne ?
- Bah... Nan, haussa-t-elle les épaules. Ici je peux pas et je peux pas m'éloigner-
- Tu te fiches de moi ! s'énerva-t-il. Saleté.
Yukihyō, contrarié, tourna les talons mais Tsukinoko le retient par la queue, blessée et dé?ue. Ayant durement compris qu’il n’était là que pour ses propres intérêts, les larmes inondaient ses joues de dépit. Le félin la dévisagea avant de faire demi-tour pour lui lécher les joues en espérant stopper la fuite qui coulait de ses yeux, car la sensation qu’il en percevait était désagréable. Surprise par la rugosité de sa langue, Tsukinoko se calma aussit?t.
- Tu dois rentrer à ta maison ? Tu vis où ? Dans la montagne ? T'as une famille ? C'est des panthères comme toi ? Tu-
- Oh, grogna-t-il en secouant la tête. Oui je rentre.
- Tu vis où ?
- Tu connais pas.
- C'est où ?
- Dans... Une autre dimension. Enfin non, c’est compliqué.
- Quoi ?
- Fais chier... marmonna-t-il. Laisse tomber, j'y vais.
- Tu veux plus jouer ?
- C'est pas mon truc la poupée.
- Tu reviens jouer demain alors ? gloussa-t-elle en lui caressant le cou. T'es tout doux !
- Bon... On verra si-
- Ma fille ! cria brusquement Nukade depuis l’autre bout du jardin. ?a va être l'heure du bain, rentre.
- Oui ! cria-t-elle. Tu viens demain ? redemanda-t-elle à Yukihyō en tapotant son nez rose. Hein ? Oui ?
Secrètement attendri par la petite Tsukinoko qu'il trouvait adorable avec ses grands yeux et sa petite bouille, Yukihyō n’en perdit cependant pas ses objectifs de vue. Il bondit dans les arbres, la laissant là sans réponse.
Le lendemain, Tsukinoko retourna s'amuser dans le jardin après son entra?nement en espérant le retour de Yukihyō. Assoupie au milieu de ses poupées, une sensation rugueuse lui lécha le visage. Elle rouvrit les yeux et le nez rose de Yukihyō lui bouchait la vue, ronronnant dans ses oreilles.
La semaine passa et Yukihyō la regardait s'entra?ner tous les jours, planqué dans les feuillages. Malgré son élocution sous-développée qui laissait penser à de faibles capacités, les mouvements de Tsukinoko ne trompaient pas ses aptitudes de combat.
Un après-midi, alors que Tsukinoko avait fini ses corvées, Yukihyō lui annon?a qu’il avait trouvé une solution pour qu’ils puissent s’entra?ner sans être dérangés. Il était revenu avec un gros parchemin accroché sur le dos, et le déroula à ses pieds. Tsukinoko allait pouvoir venir chez lui pour s’entra?ner.
- Chez toi ? Mais je peux pas partir de la maison ! rala-t-elle.
- Je sais ! Mais en théorie tu ne franchiras pas les limites de ta maison, donc ?a peut marcher, roula-t-il des yeux.
- Hein ?
- Tu vas juste changer de dimension pour te téléporter dans mon Royaume, mais sans sortir de ton jardin.
- Hein ?
Yukihyō soupira devant son ignorance tandis que Tsukinoko jetait un coup d'?il chez elle pour vérifier que la voie était libre. Anxieuse à l’idée de désobéir, elle tenta alors de le convaincre de s’entra?ner ici après avoir demandé l’autorisation à son père, mais le félin ne faisait pas confiance aux humains.
A tel point qu’il allait tromper sa jeune amie sans aucun remord. Prétextant devoir être inscrite dans le registre des visiteurs de son Royaume, Yukihyō la poussa à inscrire son nom complet dans le parchemin reliant les invocateurs à Janguru, au-dessus de sa propre empreinte. Tsukinoko trempa son pinceau dans de la peinture bleue à paillettes et s'avan?a à quatre pattes pour écrire son nom, mais Yukihyō envoya valser son pinceau en grognant.
- Arrête ! Pas comme ?a !
- Ben ? Fais-toi alors, dit-elle en ramassant son pinceau.
- Non plus. Tu dois l'écrire avec ton... sang.
- Berk ! Pourquoi ? Vous êtes bizarres les panthères... le dévisageait-elle en grima?ant.
- Tends ton doigt.
Il sortit une de ses longues griffes et elle tendit la main avant de pousser un cri alors qu'il lui avait planté le bout du doigt en un éclair. Le petit bobo se mit à saigner, prêt à servir d’encre, mais Tsukinoko se mit à pleurer. Ses pleurs aigües arrivèrent jusqu’aux oreilles de sa mère à l’autre bout de la maison. D’un coup de tête, Yukihyō ordonna à Tsukinoko de se débarrasser d’elle pour ne pas foirer son coup.
Tsukinoko réécrit ensuite son nom complet par-dessus la peinture pailletée puis y laissa ses empreintes par-dessus celle de son ami. Le parchemin se retrouva taché de sang et de paillettes, mais Yukihyō n’était pas là pour faire dans la dentelle.
Tsukinoko se releva pour retourner à l’intérieur en su?ant son doigt et pleurnichant. Yukihyō commen?ait à désespérer mais Tsukinoko revint enfin, une sucette à la main et son doigt dans un bandage surfait.
- C'est bien chaton, s'amusa-t-il. Bon, t'es prête ?
- Oui ! Comment on-
Elle n'e?t pas le temps de finir sa phrase qu'il les téléporta tous les deux dans le sanctuaire en une seconde.
Tsukinoko regardait autour d’elle, perdue, avant de s'émerveiller devant le paysage. L'endroit ressemblait à une jungle immense avec des montagnes, des petites huttes, et un grand palais au sommet d'une colline au bout du chemin devant eux.
Janguru, le territoire des Félins sauvages, introuvable sans avoir signé de pacte avec le Royaume. Perdu au milieu des montagnes, là où ceux qui s’y aventurait se perdaient sans pouvoir retrouver leur chemin. Les alentours du Royaume étaient truffés d’une essence qui désorientait, afin de faire tourner en rond les curieux qui approcheraient trop près.
Le seul accès se trouvait au sud du pays des montagnes, au-dessus du pays du Soleil. Le pays était composé de nombreuses montagnes escarpées et étroites, qui se fondaient en une cha?ne jusqu’au pays du Soleil. C’est ainsi que Yukihyō s’était retrouvé dans la vallée où vit Tsukinoko.
Les humains n’avaient pas le droit de pénétrer dans le Royaume, et Yukihyō insista donc auprès de Tsukinoko pour qu’elle ne s’éloigna pas. Il partit quelques minutes dans la bibliothèque derrière l'esplanade pour remettre le parchemin à sa place, avant que l’on remarque son absence. Le temps de revenir, Tsukinoko avait disparue.
Il feula de colère et s’aida de l'odeur de sa sucette pour la retrouver, cavalant en sa direction. Tsukinoko s'était engouffrée dans la jungle et avait grimpé la colline en sautillant pour voir de plus près le gros palais, curieuse. Il n'y avait pas de portes mais un large escalier qui donnait sur une grande salle tamisée, pleine de tapisseries griffées, de coussins et de plumes.
A peine entrée, un feulement impressionnant surgit du fond de la salle. Ses Negin scrutaient l'énorme masse recroquevillée sur l’estrade. Apeurée mais téméraire, Tsukinoko avan?a vers la menace. La masse prit forme, et une immense panthère noire se devina. Tsukinoko rebondit sur les coussins géants pour approcher des deux grands yeux jaunes qui la fixaient. Une voix sourde et mena?ante gronda sur elle.
- Bonjour ! cria-t-elle en sautant devant elle. Moi c’est Tsukinoko Karumin, je suis une visiteuse. Oups, je dois pas dire mon nom... grima?a-t-elle en se tapant la tête.
- Quoi ? Que fais-tu ici-
- C'est ta maison ? demanda-t-elle en levant le nez au plafond. T'es une panthère géante ?
Elle approcha un peu plus en rendormant ses yeux maintenant qu'elle était habituée à sa présence mais la panthère retroussa les babines et se remit à grogner.
Tsukinoko trébucha entre deux coussins et s'étala devant la panthère en faisant tomber sa sucette. La panthère défroissa lentement le museau, se demandant vraiment si cette enfant représentait une menace devant son air niais, la dévisageant avec mépris. Elle se releva avec déception devant sa sucette pleine de poils.
- Je t'en donnerai une autre si tu me dis comment tu es arrivée ici, gamine, rusa la panthère.
- Moi c’est Tsukinoko j’ai dit. C'est quoi ton prénom ?
- Daitan.
Tsukinoko se planta devant la panthère, alors qu'elle n’était même pas plus haute que sa truffe, puis écarquilla tout à coup les yeux en pointant du doigt son oreille gauche à moitié déchiquetée et ses nombreuses cicatrices.
- Bobo ? Comment t’as fait ?a Daitan ?
- En défendant mon territoire.
- Pour protéger ceux que tu aimes ? demanda-t-elle avec innocence.
- Oui, c'est ?a, s'étonna-t-il après réflexion.
- Ici y a la guerre ?
- Plus maintenant. Assez, explique-moi comment-
- Attends ! T'as vraiment des bonbons ? Les animaux ?a mange pas des sucettes, douta-t-elle en croisant les bras.
La panthère rugit d'agacement et Tsukinoko en tomba à la renverse.
- Ma patience à des limites, tu l'auras voulu, grogna-t-il en se relevant.
- Eh attends ! cria-t-elle en panique. Je vais devoir rentrer ?
- Oui !
- Pourquoi ? C'est joli ici ! s'écria-t-elle tristement. Je veux venir jouer ici, je m'ennuie chez moi Daitan...
La panthère la dévisageait encore devant sa candeur et lui laissa une dernière chance de s'expliquer avant de la dévorer pour en finir.
- Si tu m'expliques comment tu es arrivée ici, tu pourras rester un peu.
- C’est vrai ?
- Parle !
- C'est mon ami qui m'a montré le parchemin pour que je m'enregistre sur la liste des visiteurs pour venir jouer et m'entra?ner chez lui, avoua-t-elle d'une traite. C'est ici qu'il vit et-
- Qui est ton ami ?
- Yukihyō ! Il a douze ans et il-
- Yukihyō... ! rugit de colère la panthère. Ce misérable avorton !
- Misé- quoi ? demanda Tsukinoko en tripotant ses moustaches.
La panthère secoua la tête et se rallongea en soupirant d'agacement.
- La liste des visiteurs alors ? Quelle bêtise il a encore-
- Oui, s'écria Tsukinoko en l'écoutant à moitié. Moi j'ai sept ans et on est amis ! T'as quel age ?
La panthère ne répondit pas et demeurait tout à coup calme, comme si sa présence ne la dérangeait plus. Tsukinoko exigeait une réponse, curieuse, et elle sauta alors sur le sommet de son crane. Mais Daitan secoua la tête et elle glissa sur ses c?tes en gloussant en croyant qu'il jouait.
Par de grands gestes, elle lui caressa la joue et s'enfon?a dans son pelage rêche et vieilli. Daitan ne bronchait plus et lui répondit calmement.
- Tu peux rester ici jusqu'à ce qu'il arrive, après vous serez bannis tous les deux.
- Quoi ?! s'arrêta-t-elle brusquement. Pourquoi ?
La panthère ne répondit pas et Tsukinoko se remit à la caresser pour l'amadouer et la faire changer d'avis. Alors que le félin semblait ronronner, une ombre se faufila dans le palais. Yukihyō avan?ait la queue entre les jambes jusqu'à eux et Tsukinoko le reconn?t aussit?t et le nomma joyeusement en le pointant du doigt.
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- Je sais, c’est mon stupide neveu, grogna Daitan.
- Ah bon ? Je peux t'appeler Tonton ?
Tsukinoko tomba dans les coussins puis rejoint Yukihyō en crapahutant. Elle se cachait derrière lui, légèrement terrorisée et anxieuse à l'idée des remontrances qui s'annon?aient. Mais Yukihyō n'osa pas répondre et se retourna au contraire vers elle en grognant.
- Je t'avais dit de rester avec moi ! Maintenant tu pourras plus revenir, imbécile !
- Mais...
Blessée par ses accusations, elle lui tourna le dos en boudant. Yukihyō avoua alors la vérité à son oncle, qui le rappela à l'ordre.
Janguru était son Royaume, il avait ordonné qu'aucun contrat ne soit signé avec des militaires dorénavant, et encore moins avec des membres du clan Karumin. Yukihyō expliqua sa condition d'autarcie en essayant de le rassurer et alors que Daitan les mena?ait d'exécution tous les deux, il prit tout à coup la défense de sa petite amie.
- Foutaises !
- Pourtant j'avais jamais vu d'humain te gratter les oreilles avant, lan?a-t-il avec insolence.
Il esquiva le violent coup de griffes de son oncle. Tout de même, il continua à se défendre en lui racontant sa rencontre avec Tsukinoko, son courage, ses conditions d'épargner les animaux, et finit en s'allongeant même de soumission devant lui pour le convaincre.
- C'est encore un chaton, elle-
- Je suis plus un bébé, pesta-t-elle en se retournant.
- La ferme toi ! Ce n'est pas une militaire, mon Oncle. Je suis s?r qu'il n'y a rien à craindre d'elle. Je veux m'entra?ner avec elle !
- Pourquoi faire ?
- Pour m'améliorer, dit-il en détournant le regard.
- Pourquoi ? insista-t-il.
- Je-
- Il veut gagner contre ses cousins à la bagarre, rapporta innocemment Tsukinoko.
- La ferme ! Saleté...
- Tiens. Et toi tu es d'accord pour ?a ? demanda-t-il à Tsukinoko.
- Ouais, haussa-t-elle les épaules. Je vais bient?t m’entra?ner avec Papa, c’est s?r, on pourra s'aider avec Fréro !
- Papa ?
- Laisse tomber, soupira Yukihyō.
- Une minute... Qui est ton père ? D'où sors-tu ?
Tsukinoko hésita à répondre. Il la scrutait de haut en bas puis retroussa les babines en hérissant ses poils. Un mauvais pressentiment était survenu devant cette enfant aux traits familiers.
- Je... Je peux pas ! Papa a dit que je devais le dire à personne, paniqua-t-elle.
- Pourquoi ?a ? Le clan Karumin est fondateur du village caché de Hanamaru, ils vivent là-bas en toute impunité. Tous sauf un, leur ancien chef, qui a déserté le village il y a-
- Six ans, réalisa Yukihyō en écarquillant les yeux. Mais il est parti seul...
- Qu'en sais-tu ? Comment s'appelle ton père ? rugit encore Daitan. Répond avant que je te transperce sur place !
Tsukinoko se mit à pleurer sous la pression, prise au piège, et finit par tout avouer en espérant qu'ils arrêteront.
- Damnation... murmura Daitan stupéfait d’entendre le nom de Jinmuya.
Il poussa un rugissement de colère qui fit trembler les murs du palais. D’un coup de patte, il envoya valser son neveu à travers la pièce. Tsukinoko se précipita à son secours et réveilla ses yeux dans l'action.
- Allez-vous en d'ici, tous les deux ! rugit-il.
Mais Tsukinoko ne l'entendait pas de cette oreille et bondit en garde devant son ami, puis cria pleine de courage.
- Jamais ! C'est sa maison, il a le droit de vivre ici ! Et pourquoi tu m'aimes pas ? J'ai rien fait ! C'est à cause de mon pouvoir ? Papa a raison, t'es rongé par la haine ! cria-t-elle alors qu'il s’étonna de ses paroles. Moi je veux jouer ici avec mon ami ! J'ai rien fait, répétait-t-elle en colère alors que son aura clignotait de plus en plus vivement. Et tu lui as fait bobo, c'est toi le monstre ! Je te laisserai pas faire encore bobo à mon frérot !
- La ferme ! grogna Yukihyō en se relevant. Arrête de le provoquer !
Finalement, la jeune panthère se sentit mal en la voyant aussi bouleversée après l'avoir attirée ici. Pensant que son plan serait réussi, il préféra écourter la conversation en entendant son oncle grogner juste derrière elle, de peur qu'il s'en prenne à elle.
- Je savais que j'avais pas le droit de faire ?a, c'est ma faute. Viens je te ramène-
- Nan ! Je veux pas que tu sois puni à cause de moi, s'écria-t-elle les larmes aux yeux. T'es mon ami je dois te protéger !
- C’est bon je te dis, bouge-toi ! s'aga?ait-il. De toute fa?on si c'est vraiment ton père on pourra plus se voir.
- Quoi ?! Pourquoi ? sanglota-t-elle sto?que. Il a rien fait Papa !
- Tu veux rire ?!
Il f?t coupé par Daitan qui rugit bruyamment, comme pour l’empêcher de prononcer des vérités qui ferait perdre toute adoration d’une fille envers son père. Alors qu'il avan?ait d'un pas mena?ant vers eux, Yukihyō chopa Tsukinoko par sa robe pour s'enfuir mais Daitan s'exclama.
- Pas un pas de plus. Petite, pourquoi dis-tu que tu dois le protéger ?
- Bah parce que c'est mon ami, dit-elle comme une évidence.
- Et les amis de Yukihyō, tu les protégeras ?
- Bah oui ! Si c'est ceux qu'il aime alors je dois les protéger, s'écria-t-elle déterminée, balancée dans les airs.
- Et toi, le rejeton défectueux, ferais-tu pareil pour elle ?
Tsukinoko le regardait avec de grands yeux brillants et larmoyants. Yukihyō repensa à sa courte amitié avec elle, les rêves de son défunt père, puis s'exclama s?r de lui.
- Oui. Je la protégerai, surtout de toi, fron?a-t-il les sourcils en lui tenant tête.
Tsukinoko pesta de satisfaction face à Daitan, pendue dans le vide, mais ce dernier resta silencieux un instant.
- Et Jinmuya, que fait-il dans cette montagne ?
- Papa ? Il lit beaucoup de livres et il travaille dans son bureau dans la cave, il va chasser des fois. Euh... Des trucs comme ?a. Pourquoi-
- Qui aurait cru que le terrifiant Jinmuya Karumin deviendrait un docile agneau, ricana Daitan hautainement. Et il ne dit rien par rapport au fait que tu sois ici ?
- Il sait pas... Maman non plus. Mais je vais devoir le dire à Papa parce que si je m'entra?ne avec lui, enfin maintenant il va m’entra?ner, j’en suis s?re, donc je dois lui demander du temps de jeu pour venir ici parce que si on s'entra?ne tout' la journée j'ai pas de temps pour venir ici avec Yukihyō donc si je veux m'entra?ner avec Yukihyō je dois le dire à Papa pour qu'il me laisse du temps parce que on va faire des entra?nements toute la journée et-
- Il a compris imbécile, grogna Yukihyō entre ses dents.
- J'ai des fourmis dans les pieds, chuchota-t-elle en gigotant.
Il la redéposa sur la terre ferme et elle se réfugia aussit?t entre ses pattes pour se consoler, en remuant les orteils d'un air simplet. Daitan les regardait longuement tous les deux, alors que Yukihyō léchait ses joues trempées de larmes pour la calmer, puis lui demanda une dernière fois s’il était s?r de son choix et le mit en garde des conséquences.
- ?a veut dire qu'elle peut revenir ? s'étonna-t-il.
- Je dois d'abord m'assurer que Janguru ne court aucun danger si elle est liée à nous. Tu n'as pas choisi humain de n'importe qui, abruti ! Va chercher le parchemin des registres.
- J'ai pas choisi, se défendit-il avec arrogance, c'est le destin.
Daitan rugit et il obéit en détalant à toute vitesse. Tsukinoko se releva pour le suivre mais Daitan lui barrait la route avec sa queue. Elle essuya son visage dans sa robe, alors qu’il demandait qui était sa mère. Elle hésita encore à répondre. Pour obtenir des réponses, et ne pas la contrarier en connaissant sa valeur sensible désormais, il laissa la petite Tsukinoko s'allonger sur son crane. Finalement, elle lui répondit en faisant l'ange de neige dans son pelage, amusée.
- Maman elle s’appelle Nukade Anba, elle a dit que elle a un cousin qui s'appelle Hashirama, mais ils habitent loin... très loin ! Toi aussi t’as des cou-
- Comment... se figea-t-il brusquement.
La panthère se mit à cogiter en en perdant ses mots mais Tsukinoko continuait.
- Il faut le dire à personne qui c'est Maman et Papa. Enfin je dois le dire à personne, et toi aussi. Promis ?
- Tu ne vis pas à Hanamaru ? demanda-t-il sèchement.
- Hanamaru ? C’est quoi ?a ? Un pays ?
- C'est- Un pays voisin, oui, mentait-il devant son ignorance. Je me demandais si tu avais déjà voyagé.
- Voyager ? C'est les oiseaux migrateurs qui voyagent, pas les humains. Promis tu dis à personne pour Maman et Papa, hein promis ?
- Compte sur moi, ricana-t-il. Dis-moi, tu ne vas pas à l'école ?
- C'est quoi l'école ?
- Je comprends mieux, ta vision si étroite.
- Hein ?
Tsukinoko, dissipée, gloussa en oubliant sa question et s'activa pour faire ses caresses monumentales alors que Daitan se laissait dociliser pour la première fois, non pas qu'il trouvait cela désagréable. Tsukinoko vivait coupée du monde et cela rassurait un peu le souverain, se disant que son terrible père avait rendu les armes, de ce qu'il y paraissait.
- Tu m'aimes un petit peu quand même ? demanda-t-elle timidement au bout d'un moment. Ou tu me détestes... ?
- Je ne te déteste pas chaton. C'est... Compliqué.
- C'est à cause du pouvoir de mes yeux ?
- Principalement. A cause de tes origines, les clans d’où tu es issue. Vous avez causé beaucoup de dégats, depuis des siècles. Mais tous les clans ont leurs tords dans ces histoires.
- Mais moi j'ai rien fait... s'offusqua-t-elle. Pas vrai ? On est amis alors ? se réjouissait-elle.
- On verra avec ton père.
Yukihyō revint avec le parchemin et grimpa sur l'épaule de Daitan. Il annula brusquement son invocation en les téléportant avec Tsukinoko, là où elle se trouvait au départ.
Brusquement apparues dans le jardin de la maison de Tsukinoko, les panthères, et particulièrement Daitan à la taille démesurée, ne passaient pas inaper?us. Tsukinoko paniqua aussit?t, d’autant plus que Daitan venait de déraciner un arbre en balan?ant na?vement la queue autour de lui.
- C’est quoi ce cirque ?!
Nukade avait fait irruption sur le porche, alertée par le fracas. Elle retroussa ses manches puis avan?a dans le jardin d’un pas décidé, furieuse.
- Tsukinoko ! Où es-tu ?! Qu'est-ce que vous lui avez fait sales bêtes ! mena?a-t-elle en hurlant.
- Je suis là Maman ! cria-t-elle à genoux sur la tête de Daitan. Je... C'est lui la bête que je t'avais dit qui avait mangé le petit veau ! cria-t-elle en pointant du doigt Yukihyō. Ils-
Tsukinoko se t?t immédiatement alors que Jinmuya était apparu sur le toit de la maison, au même niveau que Daitan. Ses yeux rouges brillaient d’animosité. Yukihyō s'hérissa, feulant par défense, mais Daitan prit calmement la parole.
- C'est donc toi le tristement célèbre Jinmuya Karumin. J'aimerais m'entretenir avec toi.
Jinmuya ne réagit pas. D’un clignement des yeux, il se retrouva devant le nez de Daitan, tant? en main. Ce dernier esquiva à temps son attaque et bondit en arrière. Jinmuya retomba au sol, devant Nukade, et sa voix grave s’éleva jusqu’à lui.
- Relache cette enfant.
- Je suis venu pour discuter avec toi, à propos d'elle justement. Ta fille ne risque rien.
- Je ne le répéterai pas, grondait-il.
Daitan restait immobile mais Tsukinoko descendit de son épaule pour se cacher derrière Yukihyō, apeurée de leur affrontement. Elle n’avait pas revu son père depuis des mois, et les émotions s’emmêlaient dans sa tête. Prête à le rejoindre, Yukihyō la retint au dernier moment pour la faire grimper sur son dos. Il sauta à terre avec elle puis s'éloigna de quelques pas après avoir déposé le gros parchemin devant Daitan. Jinmuya surgit devant lui et récupéra en un éclair Tsukinoko dans ses bras, et le souleva par le cou de l'autre.
- C’est assez Jinmuya, dit doucement Daitan. Il ne lui veut aucun mal. L’issue de cette histoire ne dépend que de toi, dit-il en posant la patte sur le parchemin. Ils vont aller attendre avec sa mère le temps que nous discutions du contrat d’invocation que Yukihyō a fait signer à Tsukinoko.
- Le contrat ? s’offusqua Jinmuya. Je réduirai en cendres votre territoire avant que vous n’y retourniez.
Etranglé, Yukihyō se mit à couiner et gesticuler dans les airs, oppressé par la force imposante de Jinmuya. Tsukinoko se redressa et tira sur le bras de son père, les larmes aux yeux, suppliant la clémence pour son ami.
- Peut-être pas si docile que cela, cette brebis galeuse, souffla Daitan plus loin.
A deux doigts de lui briser la nuque, Jinmuya le relacha enfin en le jetant violemment contre un des arbres. Nukade se précipita pour récupérer Tsukinoko et sauta avec elle sur le porche. Yukihyō attendit que Jinmuya, fon?ant vers Daitan, le dépassa pour se faufiler vers la maison en rasant le sol. Nukade recula en voyant la panthère approcher mais Tsukinoko sauta de ses bras pour aller voir son ami. Méfiante, elle finit par prendre pitié de l’animal qui suffoquait à ses pieds. Tsukinoko prit la main de sa mère pour la poser sur la tête de Yukihyō et expliqua la situation. Daitan avait réussi à calmer Jinmuya en lui déroulant le parchemin, qui révélait le nom de Tsukinoko écrit à l’encre indélébile, et donc qu’une discussion s’imposait.
Le contrat d'invocation serait maintenu en respectant les conditions de Jinmuya, et à Janguru, Tsukinoko devait rester discrète et ne pas révéler son identité non plus. Tsukinoko cacha sa joie en fixant ses pieds, redoutant de se faire disputer après leur départ. Jinmuya s'accroupit devant elle en lui relevant la tête. Il la regarda longuement dans les yeux puis retourna à l'intérieur. Elle resta penaude, jusqu’à ce qu’il revienne avec un pinceau de calligraphie et un petit pot d'encre. Daitan fit rouler le parchemin jusqu'à lui et il attrapa son poignet gauche pour y reproduire le sceau d'invocation correspondant à Janguru. Certains combattants utilisaient cette méthode pour ne pas perdre de temps. Cela permettait de ne pas signer d’incantation correspondant au sceau, ce qui dans ce cas aidera Tsukinoko à pouvoir réaliser ses invocations plus facilement, car elle ne ma?trisait pas encore l’enseignement des sceaux.
- C'est ce qu'il a demandé, expliqua Daitan. Cette brebis galeuse est plut?t protectrice envers sa progéniture, après tout, songea-t-il.
- C'est ?a oui, répondit ironiquement son neveu, il a tué des centaines de personnes mais il-
- Jinmuya va lui apprendre à malaxer correctement son chakra d’ici peu pour que vous puissiez vous entra?ner rapidement ensemble, le coupa-t-il sèchement. Et je compte sur toi pour surveiller la petite, qu'elle ne nous amène pas de malheurs.
- Oui mon Oncle, dit-il honteusement. Pardon, mon Oncle...
- C’est quoi ce truc ? demandait Tsukinoko en frottant sa peau plus loin.
Jinmuya ne répondit pas et la tira par le bras pour qu'elle rentre, mais elle résistait.
- Attends Papa, je peux jouer chez Yukihyō demain ? demanda-t-elle timidement. S’il-te-pla?t...
- Hors de question. Il reviendra, plus tard, insista-t-il en le regardant.
Elle fit un rapide calin à Yukihyō puis à Daitan en serrant sa haute patte et fila rejoindre sa mère. Jinmuya fusillait du regard Yukihyō.
- Je vous autorise à vous entra?ner au combat ensemble. Cependant, si elle se retrouve en danger par ta faute ou que tu lui fais même un semblant de peine, ta fourrure ornera le sol de mon armurerie et ton nom dispara?tra même de la mémoire de ton Oncle.
Pendant ce temps, Tsukinoko était partie au bain avec sa mère, pleine de poils et de bave. Elle retourna dans sa chambre en pyjama mais sursauta en voyant son père en tailleur sur son lit, qui semblait l'y attendre.
- Pardon Papa... dit-elle doucement en grimpant sur ses genoux. Je suis punie ?
Il soupira longuement, puis croisa les bras et releva la tête.
- Ce n'est pas toi, qui pr?ne pourtant que les mensonges sont mauvais ?
- J'ai pas dit de mensonge à toi... se défendit-elle.
- Mais tu nous as caché tout ?a. Et tu as désobéi, je t'avais interdit de parler de nous à quiconque.
- Je sais... Mais c'est mon ami, je lui fais confiance, se désola-t-elle. Il est gentil !
- Ton ami ? Cela te fait plaisir d'avoir un ami ? hésita-t-il.
- Oui ! sourit-elle. C’est mon meilleur ami Yukihyō !
- Soit. à partir de maintenant, plus de secrets entre nous, d’accord ?
- D’accord... T'es faché ?
- Tout va bien, soupira-t-il. Tu as un c?ur bien trop pur pour que je puisse éprouver de la ranc?ur envers toi, dit-il doucement en lui caressant la tête. Fais-moi voir ton poignet, je vais t'expliquer, changea-t-il de sujet. Je vais reprendre sérieusement ton entra?nement dès demain, j'espère que tu as des progrès à me montrer.
Elle se retrouva écrasée dans ses bras, incapable de bouger sous l’emprise de son étreinte, mais finit par s’y endormir tendrement, épuisée après la longue journée.
Certains après-midi, Tsukinoko en profitait pour appeler Yukihyō pour qu'il lui tienne compagnie pendant qu'elle dessinait en se servant de lui comme d'un doux coussin. Jinmuya avait prévu un programme riche de techniques, mais aussi pour exploiter sa nature de chakra et lui apprendre quelques-unes de ses techniques personnelles, ce qui l’amena à ma?triser également l’élément du feu.
Tsukinoko se rendait désormais à Janguru et explorait avec la panthère le territoire. Comme ce jour-ci, un an plus tard, où elle s'entra?nait à grimper dans un arbre gigantesque à l'aide de son chakra.
Alors qu'elle retourna à terre, elle entendit soudain un grognement derrière elle. Nez à nez avec une panthère noire encore plus grande que Yukihyō, Tsukinoko resta immobile.
La panthère rugit de plus belle puis bondit mais avant qu'elle ne puisse réagir, Yukihyō sauta de l'arbre et se jeta sur son confrère pour la défendre.
Les panthères se battaient en rugissant, avant que la noire ne bondisse sur le c?té. Elles s'affrontèrent du regard en rasant le sol et Tsukinoko restait cachée derrière l'arbre, terrorisée devant cette agressivité.
Un second grognement résonna derrière elle et elle se retrouva cette fois-ci devant un léopard en colère. Elle s'enfuit en courant devant Yukihyō et l'autre panthère qui s'élan?a à son tour à sa poursuite. Yukihyō bondit devant eux et fit sauter Tsukinoko sur son dos à l'abri, avant de leur faire face en feulant de toutes ses forces.
Elle s'accrochait à lui et dévisagea les panthères, terrifiée. Ils s'affrontaient tous les trois du regard en grognant, les babines retroussées, puis la panthère noire se mit à parler. Appelant Yukihyō son cousin, elle le mena?a des représailles lorsque Daitan découvrira la présence d'un humain sur le territoire, mais Yukihyō leur avoua qu’il était déjà au courant et l’acceptait.
Il leur résuma rapidement la situation et elles échangèrent un regard perplexe mais restèrent sur leurs gardes.
- Elle est différente, se défend-il.
- N'importe quoi ! C'est une pourriture comme ceux de son espèce.
- Hein ?! s'offusqua Tsukinoko. Vieille merde toi-même !
La panthère resta pantoise devant son insulte alors que Yukihyō ricanait.
- Elle est inoffensive, continua-t-il. C'est encore un chaton.
- Je suis plus un bébé !
- La ferme !
- Et tu comptes faire quoi de ?a ? s'aga?ait la panthère.
- Eh, c'est qui eux ? lui chuchota Tsukinoko.
- Je suis Hyō, Princesse souveraine de Janguru, répondit-elle aussit?t, et mon petit frère, Pansā, Prince souverain de Janguru.
- Oh ! C'est tes cousins ? s'écria Tsukinoko.
- Alors Tsukinoko, dégage avant que je m'occupe de ton cas personnellement.
- Hein ?! J'ai le droit d'être ici ! s'écria-t-elle vexée. Regarde !
Elle brandit fièrement son poignet en l'air et Hyō retroussa les babines devant le sceau, alors que Yukihyō la regardait s'énerver d’un air supérieur.
- Pourquoi vous aimez pas Yukihyō ? demanda Tsukinoko en prenant un air mena?ant.
- Parce qu'il a déclenché une guerre civile avec son père il y a huit ans, répondit sèchement Hyō.
- Quoi... s'étonna Tsukinoko. Pourquoi Fréro ?
- C'était mon père, dit-il doucement, il était en désaccord avec Daitan sur la manière de diriger le Royaume.
- Pourquoi ?
- Il voulait prendre sa place sur le tr?ne, insinua sèchement Hyō.
- Sérieux ? Au fait, pourquoi tu parles de lui au passé ?
- Parce qu'il a été assassiné, dit-il agressivement en regardant ses cousins.
Tsukinoko poussa un soupir d'effroi et se pencha aussit?t pour lui faire un gros calin. Hyō leva un sourcil alors qu'elle demandait timidement.
- Par qui ?
- Il a été tué par Daitan.
- C'est à cause de ?a qu'il lui manque une oreille ? Mais attends... c'est son frère ! s'attrista-t-elle.
- Il n'y a pas de place pour les tra?tres ici, déclare Hyō. Ni les fils de tra?tres-
Elle f?t coupée par Pansā qui grogna légèrement, en désaccord avec son a?née.
- C'est vrai que t'as fait la guerre ? demanda tristement Tsukinoko.
Yukihyō hésita à répondre en voyant la déception dans ses yeux mais il ne put lui mentir, clamant de venger la mort de son père. Hyō se mit à grogner et retroussa les babines avec son frère devant sa déclaration et Tsukinoko se redressa, soucieuse.
Personne ne bougeait et Tsukinoko se planta devant lui en tournant le dos à ses cousins pour qu'il l'écoute.
- Reste derrière ! grogna-t-il.
- Nan ! Pourquoi tu fais ?a ?!
- Parce que leur père a tué le mien, il voulait seulement aider le Royaume ! cria-t-il en colère.
Tsukinoko se retourna alors vers Hyō et Pansā et les fusilla du regard sans ciller.
- C'est pas parce qu'on est pas d'accords qu'on est ennemis ! s'écria-t-elle. Maman elle déteste les haricots mais moi j'aime ?a, mais on est pas méchantes avec l'autre à cause de ?a, dit-elle fièrement.
- Qu’est-ce que tu racontes ? Casse-toi sale rat ! s'aga?ait Hyō.
- Abrutie ! pesta Tsukinoko. Pourquoi vous fa?tes pas la paix ?
- Jamais ! lan?a Yukihyō.
- Tu veux refaire une guerre avec ta vengeance ? demanda Tsukinoko en fron?ant les sourcils.
- Mais non ! s'offusqua-t-il. Je veux protéger Janguru et venger mon père en prenant la place de Daitan-
- Laisse-moi rire ! s'esclaffa Hyō accompagnée de Pansā. Tu peux rêver ordure. Ce sont nous les héritiers, et on ne te laissera jamais-
- Mais vous voulez la paix aussi, non ?
- Bien s?r ! s'écria Hyō. Mais-
- Donc vous voulez la même chose, s'exclama-t-elle en levant les bras au ciel. Pourquoi vous fa?tes pas la paix ?
- Cela n'a rien à voir, grogna Hyō.
- Bah si, dit Tsukinoko avec un air effronté. Vous-
- Ferme-la ! Va-t’en d'ici toi ! rugit Hyō.
- Pas avant que vous fassiez la paix avec mon Fréro.
- C'est pas ton frère idiote ! s'énerva Hyō. T'as rien à faire ici !
- Moi je l'aime pareil ! déclara-t-elle. On se protège et je-
Hyō rugit et brandit sa patte en l'air pour la faire taire mais Yukihyō se jeta à nouveau sur elle avant qu'elle ne puisse. Ils roulèrent sur plusieurs mètres et atterrirent contre l'arbre en se remettant à se battre violemment.
Tsukinoko s'énerva et rentra en crise en les voyant se battre, apeurée pour son frère d'adoption en danger sous ses yeux. Son chakra se mit à émaner sous la tension et deux bras de chakra surgirent tout à coup au-dessus d'elle alors qu'elle leur hurlait d’arrêter en tapant du pied.
Ses bras de chakra foncèrent sur les panthères pour les immobiliser à distance l'une de l'autre. Les fauves s'arrêtèrent net et dévisagèrent Tsukinoko, alors que Pansā s'allongea derrière elle en couinant, apeuré par son aura qui soufflait autour d'elle.
Son chakra se densifia sous la colère et les panthères couinaient en se sentant écrasées. Tsukinoko reprit ses esprits en les entendant et les relacha aussit?t. Elle accour?t vers Yukihyō mais Hyō était prête à se jeter sur lui à nouveau. Tsukinoko s’interposa, sabre en main, et lui ordonna de dégager.
- Il veut la paix comme toi, et c'est pas sa faute si son père a fait une bêtise ! Il a rien fait lui ! cria-t-elle en lui tenant tête. En plus il est triste parce que son Papa est mort... dit-elle doucement. Vous devez être gentils avec lui ! Et la vengeance c'est nul Yukihyō ! lui cria-t-elle. C'est Daitan qui doit s'excuser, on règle pas la violence par la violence, c'est Maman qui dit ?a ! Maintenant fa?tes la paix ! ordonna-t-elle.
Pansā avan?a doucement pour s'asseoir aux c?tés de Tsukinoko. Le léopard lui donna un gentil coup de tête en ronronnant et elle se rassura de comprendre qu'il la soutenait, ce qui lui donna un grand sourire plein d'espoir.
- Vous voulez tous les deux protéger Janguru, alors fa?tes-le ensemble, dit-elle en posant les mains sur les hanches. Imbéciles, réfléchissez ! Si vous le fa?tes ensemble, y aura deux fois plus de protection. Maman dit que quand on est en famille on est plus forts, la famille c'est fait pour aider pas pour se bagarrer, dit-elle fièrement. Hein ?
Les deux félins restaient pantois devant elle, le bec cloué et perturbés par son petit discours maladroit aux allures de trêve de guerre. Tsukinoko se mit à douter en voyant qu'ils restaient silencieux, mais alors qu'elle allait continuer Daitan sauta tout à coup depuis l'arbre juste derrière. Soulagée de le revoir, elle baissa son arme alors que les trois félins s'inclinèrent devant lui.
- Hyō, Yukihyō, cela suffit, dit-il gravement. Je vous observe depuis un moment, avoua-t-il. La petite a raison. Cela a assez duré.
Il baissa tout à coup la tête et dit d'une voix solennelle.
- Yukihyō, mes paroles ne suffiront pour exprimer mon regret mais sache que je n'ai jamais voulu en arriver là.
Yukihyō releva brusquement la tête en l'entendant, bouche bée devant ses excuses qu'il n'espérait plus.
- Ton père voulait protéger le Royaume mais nous étions en désaccord, tout cela est vrai. Mais cette guerre n'était pas nécessaire et elle a été la raison de son déclin. C'était un accident. Aujourd'hui encore, j'essaye de rattraper nos erreurs.
- Je sais que tu essayes de faire ce qu'il aurait voulu, dit-il en pointant du menton Tsukinoko. Mais ?a pardonne pas ton geste, dit-il sèchement.
- Je comprends. Je ne m'attends pas à ce que tu me pardonnes. Cependant, je te demande une chose, et à toi aussi Princesse. Fa?tes ce que la petite a dit. Sinon le résultat finira par être le même qu'il y a dix ans. Et vous aurez alors échoué tous les deux, comme nous avons échoué avec ton père, Yukihyō. Ne fa?tes pas les mêmes erreurs que nous. C'est en vous que nous avons placé nos espoirs, pas nos échecs, dit-il d'un ton solennel.
Les deux adolescents baissèrent la tête en réfléchissant à leurs actes et à ses paroles. Ils échangèrent un regard embarrassé et Tsukinoko s'écria en les voyant.
- Allez fa?tes la paix ! Vous devez vous serrer la main !
- J'accepte, mais seulement pour le bien du Royaume, dit Hyō la tête haute.
- Moi aussi. Mais... Avan?ons ensemble alors, dit timidement Yukihyō en détournant le regard.
- Si t'es moins têtu, pourquoi pas-
- Tu veux rire, c'est toi qui es butée ! se vexa-t-il.
- Espèce de-
Daitan grogna à nouveau et les adolescents firent immédiatement la paix. Après un regard sincère, ils posèrent leurs fronts l'un contre l'autre quelques secondes. Tsukinoko poussa un petit soupir d'étonnement devant leur geste mais se précipita tout à coup vers eux pour les prendre dans ses bras.
Un calin, c’est mieux.
Tsukinoko se mit à tripoter le museau de Hyō en gloussant, orné d’un nez aussi noir que son pelage. Les panthères se mirent en route pour rentrer, suivies de Tsukinoko qui finit par grimper jusque sur la tête de Daitan à cause de leur allure rapide.
Les jeunes félins le dévisageaient, choqués, mais il évitait leurs regards et laissait la petite faire l'air de rien.
- Maintenant que vous avez fait la paix, on est tous amis ! se réjouit-elle à genoux sur son perchoir. Et je vous aide à protéger le Royaume moi aussi, pas vrai Daitan ?
- Bien s?r chato- Oui, se reprit-il sèchement.
- Génial, gloussa-t-elle joyeusement.
Les trois adolescents se marraient dans leur coin en l'ayant entendu. Tsukinoko vit le soleil se coucher de là-haut et descendit en glissant sur son dos. Elle s'accrocha au cou de Yukihyō en s'adressant à ses cousins avec un grand sourire.
-Dis, vous venez jouer avec nous demain ? Après mon entra?nement on va jouer à-
- La ferme ! cria Yukihyō affolé.
- Hein ? s'étonna-t-elle. C'est marrant de jouer à la cé-
- Non ! cria-t-il en panique.
- à quoi ''chaton'' ? insista Hyō avec un sourire narquois. Dis-nous, ?a nous intéresse.
- à la cérémonie du thé ! s'écria-t-elle avec un grand sourire. Maman fait des beignets !
Hyō et Pansā fixèrent une seconde Yukihyō avant d'exploser de rire. Tsukinoko ne comprenait pas tout et interrogeait Yukihyō du regard qui grognait sur eux en ayant l'air terriblement gêné.
- Tu joues à la poupée aussi ? s'esclaffa Hyō. Je rêve...
- Non il aime pas mais il fait la sieste avec Sushi !
- La ferme ! Putain...
- Sushi ? pouffait Hyō. C'est quoi ?a ?
- Mon doudou, il est en forme de maki ! Avec Papa on savait pas comment l’appeler mais on préfère les sushis tous les deux alors on a décidé de l’appeler Sushi même s’il a une forme de maki ! Maman elle préfère les makis alors quand on mange du poisson avec Papa on fait les makis et Maman les sushis, et on donne les restes à Yukihyō ! Après il a tellement mangé qu’il va dormir avec Sushi devant la cheminée !
Hyō hurlait de rire avec Pansā et Daitan peina même à retenir un ricanement, quelques pas devant eux. Yukihyō rugit de honte et s'avan?a pour rentrer mais Tsukinoko le retint par la queue. La bouderie de sa petite protégée eut raison de lui. Daitan discuta rapidement avec ses enfants de son c?té en leur révélant qui était Tsukinoko et les conditions à sa présence ici, mais ils acceptèrent difficilement. Yukihyō se remit en route et il glissa discrètement à Tsukinoko à cheval sur son dos.
- Bon oui je viens demain, mais-
- On jouera ? Faut que je dise ce soir à Maman de faire les beignets ! Alors ? insista-t-elle.
- On peut venir aussi ? s'amusa Hyō pour le provoquer.
- Trop bien ! Mais... Ils peuvent Daitan ? lui cria-t-elle. Je demanderai à Papa ce soir !
Il accepta d’un hochement de tête et Tsukinoko sautillait de joie sur le dos de Yukihyō. Alors que les fauves adolescents continuaient à se chamailler sur le chemin, Daitan les observa un instant avancer tous les quatre vers le Palais sous le soleil couchant, l'esprit paisible et plus léger en voyant ses successeurs enfin réconciliés. Du haut de la colline, il admirait son Royaume.
- Mon frère, murmura-t-il au vent. Tu avais raison. J'ai l'impression que cette curieuse petite fera de grandes choses. Je ne te remercierai assez... Pardonne-moi.
Le vieux fauve ferma les yeux avec sagesse et soulagement, s'autorisant enfin à faire son deuil.
?
De retour à l’époque actuelle, dans les montagnes escarpées menant à Somitto
Yukihyō termina son récit. Durant son enfance, Tsukinoko rejoignait quelques fois Daitan pour l'embêter, mais se retrouvait à régler les soucis entre les habitants qui venaient le consulter pendant ce temps, car elle était outrée de sa solution à lui qui était de les chasser d'un coup de patte. Au fil du temps, beaucoup finir par venir la consulter en personne pour implorer son aide, d'où son titre actuel d’Ambassadrice de la Paix.
Même si elle ne s'en était jamais rendue compte, du haut de sa dizaine d'années, Tsukinoko avait aidé à résoudre des litiges entre des habitants à Janguru qui duraient parfois depuis des décennies.