Après la visite du Haruo à Somitto, le Haut Conseil de Hanamaru décida de classer cette affaire et de la garder confidentielle. Bien que Sagi ait demandé que Tsukinoko re?oive un avertissement pour avoir transgressé les principes de la Colonie, Harue Kato avait étonnement pris sa défense et le conseil avait reconnu sa valeur, mais elle avait désormais interdiction de se rendre au pays des montagnes.
A l’accueil de la Résidence, Midareta questionna le réceptionniste sur son amie qu’il n’avait pas revue depuis longtemps, et il comprit qu’il parlait de Tsukinoko.
Après s’être reposé, Kakashi se rendit à l’h?pital et se posa sur le rebord de la fenêtre de la chambre de Tsukinoko, caché par le rideau, en attendant d’entendre les nouvelles des médecins. Il fut coupé dans sa lecture par une infirmière qui discutait avec un petit gar?on dans la chambre.
- Est-ce que c’est elle ton amie ? hésite-t-elle.
Midareta lui embo?te le pas et court voir Tsukinoko mais s’arrête brusquement en la voyant. Les nombreux bandages sur sa tête, le masque respiratoire sur son nez et plusieurs perfusions dans ses bras reliés à d’effrayantes machines, sa jambe dans un platre, tout cela lui fit peur.
- Est-ce qu’elle fait dodo ? hésite Midareta.
- Oui, lui répond l’infirmière. Elle a été amenée ce matin, elle a été blessée en mission. Allez viens, je te raccompagne dehors.
Mais il l’ignore et grimpe sur le lit en se mettant à califourchon sur son ventre avec un air inquiet, et l’infirmière peste et l’attrape par la main pour le sortir.
- Laisse-moi ! s’énerve-t-il en la repoussant.
Il s’allonge sur Tsukinoko et enfouit son visage en larmes dans son cou. L’infirmière allait encore le tirer mais une voix vient calmer les esprits.
- Laissez-le, tout va bien.
- Haruo Sato, salue-t-elle.
Le Chef était avec un médecin, qui remercie l’infirmière. Midareta sanglotait de panique en serrant Tsukinoko dans ses bras. Le Chef pose la main sur son dos pour le consoler.
- Allons allons, tu savais que ton amie est militaire ? Elle risque sa vie pour le bien du village.
- C’est pas juste... Elle va se réveiller quand ?
- D’ici quelques jours, répond le médecin. Elle souffre d’une commotion cérébrale et de nombreuses blessures, et elle est très affaiblie, mais elle s’en sortira sans séquelles.
Le Chef remercie le médecin puis jette un coup d’?il à la fenêtre entrouverte avant de sortir de la pièce.
- Cela ne sert à rien de veiller ici jusqu’à temps, ton agent ne sera pas disponible avant quoi qu’il arrive. Tu seras informé de son réveil, en attendant, raccompagne-le chez lui.
Midareta grimace en se demandant à qui il parlait, puis tripote nerveusement la couverture de Tsukinoko sans savoir quoi faire, espérant qu’elle se réveille à tout moment. Il finit par fouiller toute la chambre, curieux du haut de ses cinq ans, avant de tomber sur un petit paquet qui tr?nait tout à coup sur le lit à c?té d'elle. Il s’agissait d’un carnet à spirales et de crayons de couleurs. Midareta grimpe à nouveau sur le lit de Tsukinoko et s’installe sur ses jambes pour dessiner, avant de s’endormir dans la soirée, recroquevillé sous son bras qu’il agrippait comme un doudou. Au petit matin, il n’arrivait plus à respirer et se réveille brusquement. Tsukinoko lui bouchait le nez d’un air amusé, son sourire se devinant à travers le masque transparent.
- Grande s?ur ! T’es réveillée ! hurle-t-il.
Il saute de joie sur le lit alors qu’elle tourne la tête après avoir senti Kakashi dehors, juste avant qu’il ne s’éclipse. Tenry? avait soigné sa protégée, à ses dépens, soucieux de son état. Midareta se rendort avec elle, avant de partir dans la matinée, chassé par les infirmières pour de bon.
Dans l’après-midi, après une batterie d’examen et des pansements neufs, Kakashi était venu voir Tsukinoko quelques minutes, accompagné de Nezumi, pour lui expliquer les mesures prises à la suite de cette affaire.
- Bon bah, soupire-t-elle. Eh, t'es qui toi ? sourit-elle à Nezumi.
- C'est la nouvelle recrue, s'exclame Kakashi. Nezumi Karumin.
Un frisson parcourt tout le corps de Tsukinoko et elle cache son étonnement mais garde la face devant eux. Les deux agents étaient là pour s’assurer que Tsukinoko n’avait délivré aucune information sur Hanamaru lors de sa capture. Nezumi, grace à ses Negin, devait s’infiltrer dans son esprit pour sonder ses souvenirs. Ordres du Haut Conseil, Tsukinoko ne pouvait y échapper bien que son responsable la cr?t sur parole. Ce dernier s'assied sur le lit à c?té du sien pour lire en attendant. Nezumi s'avance vers Tsukinoko avec ses Negin mais elle remonte le drap sur son visage comme un bouclier et cherche un échappatoire, angoissée.
- Nan attend ! crie-t-elle à Kakashi.
- Quoi ?
- Et s’il voit... Des trucs gênants... ? grimace-t-elle l'air de rien.
- Quels trucs ? soupire-t-il. Il ne regardera que ce qui concerne cette affaire.
Sans rien laisser para?tre, Tsukinoko était folle d’inquiétude. D’autant plus qu’elle avait eu recours à ses Negin à Somitto, ce que Nezumi risquait de découvrir. Incapable de regarder Nezumi dans les yeux, elle fixait son gilet de protection gris.
- Alors euh... Je suis arrivée à Somitto le jour même puis je suis restée cachée, lui dit-elle.
- J’en prendrais compte, s'exclame Nezumi. Allongez-vous s’il-te-pla?t.
Elle abandonne et s'allonge, crispée au plus haut point et Nezumi avance encore mais elle fuit son regard. De force, elle croise le regard de Nezumi qui signait d'une main mais elle sent son Pouvoir pénétrer dans son esprit et le bloque aussit?t, terrifiée. Nezumi recommence mais elle le bloque à nouveau en devenant pale et tremblante. Il fronce les sourcils devant sa résistance.
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- Commandant Tsukinoko, c'est la procédure, insiste-t-il.
Priant qu'il n'aille pas chercher plus loin, les larmes aux yeux, elle se laisse succomber. Quelques secondes s’écoulent puis Tsukinoko secoue la tête après son passage, comme pour le chasser de là. Alors qu’elle se calme, à c?té d’elle Nezumi n’avait pas bougé d’un pouce, les yeux toujours rivés sur elle et aussi pale que la chambre d’h?pital.
Kakashi le sort de ses pensées en exigeant le résultat, et son bleu se met au garde à vous face à lui pour annoncer que tout était en ordre. Tsukinoko soupire discrètement de soulagement et s'affale sur le lit après toutes ces émotions. Kakashi s'en va mais Nezumi restait à mi-chemin dans la chambre. Tsukinoko se redresse en voyant qu'il ne bougeait pas.
- Commandant Tsukinoko... dit-il enfin de dos. Vous... vous-
- Arrête de me vouvoyer, glousse-t-elle, c'est pas moi le Boss.
Nezumi ne répond pas, la tête baissée, avant de renifler discrètement comme s’il pleurait. Inquiète, Tsukinoko craint qu’il n’ait subit psychiquement ses tortures après avoir passé en revue les interrogatoires musclés menés par Somitto.
- Je ferais de mon mieux pour m’adresser à vous comme il se doit, se reprend-il. Merci pour tout.
- Hein ? Tout quoi ?
Il ne répond pas et dispara?t. Penaude, Tsukinoko passe outre la timidité et la réserve cinglantes de Nezumi. Dans l’après-midi, Hina et Asuma étaient passés prendre de ses nouvelles, et sa meilleure amie était finalement restée pour la nuit, apportant un peu de chaleur dans les chambres froides de l’h?pital.
Tsukinoko se dirigeait vers la sortie de l’établissement. Prête à appeler Yukihyō à la rescousse, adossée contre la grille, une petite voix l’interpelle en la faisant sursauter.
- Le Commandant Kakashi m'envoie vous prévenir que Haruo Sato demande à vous voir immédiatement après votre sortie de l'h?pital.
Nezumi, de son air fermé, se tenait à c?té d’elle. Il portait l’uniforme de la Colonie avec le brassard de Hanamaru sur le front derrière des mèches de cheveux noirs. Ses cheveux étaient presque aussi longs que ceux de Tsukinoko, noués dans le dos par un élastique. Droit devant elle, il semblait attendre ses ordres, ou une initiative de sa part.
Elle se retient de rire car, certaine que Kakashi avait dégoté un larbin à qui confier ses corvées, et s'apitoie de sa na?veté.
- Nezumi, arrête de me vouvoyer je t'ai dit, dit-elle en reprenant sa route.
- Pardonnez-moi.
Elle lève les yeux au ciel devant sa mine confuse. Il marcha à c?té d'elle jusqu’à son rendez-vous. Une fois terminé, le Chef souhaitant surtout se rassurer de la voir sur pieds, Tsukinoko sort du bureau mais sursaute à nouveau alors que Nezumi l’attendait dans un recoin sombre du couloir, la fixant sans rien dire.
- Vous avez besoin d'aide pour rentrer chez vous ?
- T’inquiètes, je vais appeler mon ami. Mais je veux bien que tu m’accompagnes à la sortie.
Avec un petit sourire, il s'exécute, semblant honoré de l’aider. Devant la Résidence, Tsukinoko appelle Yukihyō et Nezumi restait en retrait durant leurs échanges pleins d’affection. A califourchon sur le dos de la majestueuse panthère, Nezumi admirait sa confiance en elle, presque arrogante. Tsukinoko le salue, ayant hate de se débarrasser de lui car sa présence la perturbait, mais il semble chercher ses mots avant de s’écrier vivement.
- Vous accepteriez que je vous raccompagne ?
- Je suis déjà escortée, ?a ira, lance-t-elle.
Nezumi détourne le regard, mal à l'aise.
- Je... J'aurais aimé que nous fassions un peu plus connaissance, avoue-t-il gentiment. Vous êtes la seule avec le commandant Kakashi qui ne me ressentez pas à cause... du clan. J'ai eu accès à votre parcours lors de l'affaire avec Somitto, et j'aimerais vous demander quelque chose.
Il s'agenouille devant elle et baisse la tête.
- Fa?tes de moi votre disciple.
Elle le regarde avec de gros yeux puis explose de rire, surprise de sa plaisanterie. Mais Nezumi était on ne peut plus sérieux.
Tsukinoko n'avait aucun intérêt à avoir un disciple, ni la motivation, encore moins s’il s’agissait de lui. Leur proximité indicible tendait tous ses muscles, sur ses gardes involontairement depuis leur première rencontre car effrayée de leur point commun.
Nezumi, toujours un genou à terre et le regard rivé au sol, retenait sa respiration en attendant une réponse. Finalement, elle l’invite à l’accompagner, et Nezumi grimpe derrière elle, les mains crispées dans la fourrure du fauve.
Dans le plus grand des silences, seules les exclamations des habitants en apercevant Yukihyō parader sur les toits des immeubles animaient le trajet.
Tsukinoko se lance enfin, mal à l’aise au plus haut point, et s’assure qu’il n’était pas vexé avant de demander la raison de cette requête. Nezumi baisse les yeux en réfléchissant puis la regarde à nouveau d'un air déterminé.
- Après tout ce que vous avez traversé, et vos capacités... Je veux que vous soyez mon ma?tre. Je veux apprendre de vous, ma?tre Tsukinoko. Vous êtes parmi les militaires les plus douées de Hanamaru, et vous-
- Oh doucement, soupire-t-elle en le coupant.
Elle le regarde droit dans les yeux avant de ricaner à nouveau sans pouvoir se retenir, et balaye la main d'un air taquin. Il rougit aussit?t, embarrassé, et détourne le regard pendant qu'elle continue.
- ?a suffit avec les éloges, glousse-t-elle. Et arrête de me prendre pour un ancien avec tes politesses, je vais finir par croire que j'ai des rides.
- Pardon...
- Et c'est pas contre toi, mais ?a m'intéresse pas d'avoir un disciple, grimace-t-elle. Pourquoi tu demandes pas à Kakashi, ou... Je sais pas moi, c'est qui ton ma?tre d'habitude au fait ?
- Mon père, Masaru Karumin.
- Il te suffit pas ? C'est le chef du clan, souffle-t-elle.
- Ce n'est pas le chef légitime, s'écrie-t-il sérieusement.
Elle reste figée puis le regarde en plissant les yeux, ne sachant pas quoi penser. Tout ne se résumait pas qu’à elle. Peut-être y avait-il des conflits ou des cachotteries au sein du Clan Karumin.
- T’insinues quoi ? demande-t-elle sérieusement.
Le visage de Nezumi se détend et il répond enfin.
- C'était une fa?on de dire que je ne le considère plus assez fort, désormais.
- C'était une blague ? Tu sais qu'on doit rire, en général... grimace-t-elle. Pourquoi tu dis ?a ?
- D'après un ami, j'aurais dépassé ses compétences. C'est pourquoi je veux que ce soit vous qui m'entra?niez dorénavant.
- Tu estimes que c'est toi le chef maintenant ? hésite-t-elle. Attends, tu me considères plus forte que le chef du Clan ? s'esclaffe-t-elle. J'ai pas vos capacités, dit-elle sèchement, je te serai d'aucune aide.
- Si vous le d?tes... dit-il en baissant le regard. Alors, quelle est votre réponse, commandant Tsukinoko ?
Elle fait la moue quelques secondes, perturbée, alors qu’il attendait impatiemment sa réponse.
- Pardon mon petit Nezumi, je sais que je suis la plus classe de ce village, mais ?a m'intéresse pas.
- D’accord, s'écrie-t-il respectueusement.
Tsukinoko lui fait un grand sourire et lui propose de venir s’entra?ner avec Kakashi, Kimaru et elle à la place. Elle détourne la tête pour souffler un grand coup, puis s’écrie.
- Au fait, pourquoi tu m'as remerciée hier ?
- Pour votre initiative à Somitto, la fa?on dont avez réussi à régler le conflit malgré ce que vous avez subi, dit-il respectueusement. Vous avez l’étoffe d’un Chef.
- Ah ?a... ?a m’intéresse pas non plus. Dis, parle-moi un peu de toi alors, sourit-elle. T'as quel age ?
- Onze ans.
- Hein... Quoi ? s'étonne-t-elle. Mais on a pas le droit d'entrer à la Colonie avant treize ans normalement.
Il hausse les épaules. Ils discutent sur le reste du chemin et Nezumi demande timidement comment ils se sont connus avec Yukihyō, puis débattent ensemble de la définition réelle de la paix un moment.
Alors que Yukihyō tourne dans une rue, Tsukinoko crie tout à coup et glisse à terre. Ils l’observent tous les deux sauter dans une patisserie. Elle ressort aussit?t surexcitée et demande à Nezumi ses patisseries préférées. Des dangos.
Yukihyō grognait car les gens n'arrêtent pas de le dévisager.
Enfin arrivés sur sa terrasse, elle fait signe à Nezumi de descendre, lui lance le sac avec les dangos restants, puis rentre chez elle.
Tsukinoko passa les deux semaines suivantes au repos, à lire au chaud. Pourtant, Nezumi et le clan occupaient ses pensées nuits et jours. Ses vieux démons étaient revenus l'embêter tard dans la nuit.
Hina était venue à la rescousse quelques jours lui tenir compagnie et lui changer les idées, puis même le reste de la bande pour fêter la nouvelle année.