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21. Amaterasu

  La veille de No?l, Tsukinoko se réveille t?t et surexcitée pour la fête. Au nord du pays, une grande ville tenait une immense foire pour l’occasion, et ils avaient prévu d’y aller avec ses amis.

  Vêtue d’un kimono d'hiver blanc avec des bottes rembourrées et d’une énorme écharpe rose pale, elle fourre quelques affaires dans un petit sac à main avec une longue chaine en argent et sort à grands pas retrouver ses amis.

  Alors que cela faisait plus d'une heure qu'elle attendait à l'entrée du village, elle décide de passer voir à l’Académie s'ils ne seraient pas en train de travailler en ayant oublié. Hina et Ma? avaient d? partir en mission ensemble, Mikio et Takeshi étaient chargés de trier les archives, et J?net préparait de nouvelles recherches.

  D'humeur maussade et la mine renfrognée, elle quitte la résidence en tra?nant des pieds, dé?ue de louper la fête. Alors qu'elle passe la porte principale elle bute contre quelqu'un, un soldat habillé d’une chaude cape beige. Comme s’il s’était arrêté brusquement, elle lève les yeux vers Kakashi, qui lui demande confus ce qu’il se passe.

  - C’est horrible... renifle-t-elle.

  - C'est grave ?

  - Super grave ! Je devais aller à la foire de No?l avec les autres dans la grande ville au nord mais ils sont tous occupés ! se lamente-t-elle.

  - Ce n'est pas une urgence ?a, soupire-t-il.

  - Mais si ! C'est la veille de No?l, je dois y aller ce soir ! crie-t-elle révoltée.

  Il la contourne pour entrer mais elle trouve aussit?t un compromis et le retient par le bras. Elle hésite une seconde puis se lance timidement avec un grand sourire.

  - Dis Kakashi, tu as quelque-

  - Non.

  - Super ! Vite, je t'accompagne te changer et-

  - Non, je ne t'accompagnerai pas, reprend-il en récupérant son bras.

  - Pourquoi ?! se lamente-t-elle. Allez... sanglote-t-elle. C'est si beau, j'y suis jamais allée je veux tellement fêter No?l au moins une fois ! Et c'est nul d'y aller seule on pourrait y aller tous les deux hein, dit-elle l'air de rien, ?a a l'air tellement bien il y a plein d'animations et de nourriture ! On va trop s'amuser Kakashi promis tu seras pas dé?u je veux faire la grande roue avec toi ! Allez Kakashi, steuplait... supplie-t-elle les larmes aux yeux.

  Il la regarde d'un air détaché de longues secondes mais elle ne lache pas.

  - Une fête de No?l... marmonne-t-elle en secouant son bras. Kakashi allez... Ka-ka-shiii...

  Il ferme les yeux et souffle un grand coup puis s'écrie juste avant de dispara?tre.

  - Je te retrouves à la sortie dans vingt minutes.

  Seule mais sautillant sur place d'excitation, elle s'empresse d'aller l'attendre.

  Il y avait plusieurs heures de marche sur la route enneigée jusqu’à la grande ville, et Tsukinoko bavardait sans s'arrêter tout du long. La coutume souhaitait que l’on offre des cadeaux à ses proches pour No?l, mais elle n’avait rien prévu pour lui, alors qu'il venait d'accepter gentiment de l'accompagner. Mine de rien, elle essaye alors de lui soutirer des informations pour savoir ce qui lui ferait plaisir alors qu'il est plongé dans son livre.

  - Dis Kakashi ?

  - Quoi encore ?

  - Eh... se vexe-t-elle. De quoi tu aurais besoin là maintenant ?

  - Comment ?a ? demande-t-il en levant les yeux.

  - Imaginons qu'un marchand ambulant arrive et qu'il ait exactement la chose dont t'as besoin en ce moment, ou ce dont t'as envie, n'importe quoi, ce serait quoi ?

  Il reste silencieux puis se replonge dans son livre et répond enfin.

  - Pourquoi tu ne me poses pas la question directement ? De ce qui me ferait plaisir comme cadeau.

  - Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?

  - Je ne sais pas, répond-il du tac au tac.

  Elle reste sans voix puis pose son doigt sur sa bouche pour se retenir de l'insulter après sa réponse forte utile.

  Arrivés à la foire, Tsukinoko pousse un cri de joie et gigote dans tous les sens avant de tirer brusquement Kakashi par la main pour y aller en courant. Ils explorent les stands de nourriture les uns après les autres, Kakashi trimballé derrière elle. Déboussolé, il récupère son bras en s'arrêtant net.

  - Tu vas me déboiter le bras, s'énerve-t-il. Calme-toi, on vient d'arriver.

  - J'ai faim ! se lamente-t-elle les larmes aux yeux.

  - Prends quelque chose à manger alors.

  - Mais je sais pas quoi choisir ! Il y a tellement de trucs, est-ce que je prends du salé ou du sucré ? Ou les deux ! s'écrie-t-elle en faisant de gros yeux. Il est à peine quinze heures, c'est plus le déjeuner mais trop t?t pour le go?ter. Là ! crie-t-elle d'un coup en pointant un stand du doigt derrière lui. Des daifukus ! Ils en ont presque plus !

  Il n'a pas le temps de répondre qu'elle s'en va comme une furie vers le stand. Mais elle fait aussit?t demi-tour et le tire avec elle, manquant de le faire tomber sous son élan. Après avoir dévalisé le forain, Kakashi profite qu’elle se gave pour reprendre des forces et tenir toute la journée auprès de son infatigable amie. Mais elle s’empresse de vouloir faire la grande roue, du patin à glace, des manèges, tout à la fois.

  Il soupire en se remettant en route avec elle qui bavarde sans s'arrêter, accrochée à son bras pour ne pas le perdre dans la foule.

  La foire était remplie de monde, venus des quatre coins du pays pour admirer les décorations, les animations, alors que les lieux étaient composés de nombreuses cabanes de bois pour chaque marchand, chargées de branches de sapin, de guirlandes, de décorations de toutes les couleurs, le tout sous une couche de neige fra?che. Devant un stand de décorations qui scintillaient de mille feux, elle observe curieusement toutes les figures. Kakashi remue son bras au bout d'un moment, puis lui montre du doigt une boule géante accrochée au plafond. Magnifiquement décorée, la boule de verre était teinte en bleu nuit, au c?ur de laquelle se trouvait une lampe qui donnait l’impression que les décors peints dessus dansaient. Tsukinoko s’émerveille, d’autant plus après avoir deviné que Kakashi souriait sous son masque, heureuse et rassurée qu'il s'amuse aussi.

  La foule était dense et ils avaient du mal à se suivre tranquillement. Kakashi attrape sa main et croise ses doigts avec les siens, d’une main de velours, pour ne pas la perdre.

  Baladée à son tour, Tsukinoko se sentait toute petite mais tellement heureuse d'être avec lui. Après plusieurs parties de jeu sur divers stands, ils arrivent devant la patinoire géante, enfilent des patins puis Tsukinoko s'avance s?re d'elle jusqu'à l'entrée mais il la retient par le bras.

  - Tu sais en faire ?

  - Hein ? De quoi ? s'étonne-t-elle.

  - Tu n'en as jamais fait, réalise-t-il blasé.

  - T’inquiètes, glousse-t-elle. Regarde c'est facile ! s'écrie-t-elle en pointant du doigt les gens en train de patiner.

  - Oui car eux-

  Mais elle ne l'écoute pas et se précipite sur la glace. Patiner n'était pas aussi facile que ce qu’elle pensait, et elle chancelle plusieurs fois avant de tomber sur les fesses. Avachie sur la glace en glissant lentement, elle tente de se relever mais baisse les bras et reste assise sur les fesses en grima?ant. Kakashi explose de rire derrière elle, accompagné de quelques visiteurs, et elle se vexe aussit?t.

  - Arrête de rire connard ! crie-t-elle en le pointant du doigt. T'as qu'à venir toi si ?a t’amuse on verra bien qui fait encore le malin !

  Avec autant d’aisance que s’il marchait, Kakashi la rejoint et s'accroupit devant elle mais elle se met à bouder, frustrée et jalouse de ses talents.

  - Tu t’es fait mal ?

  - Comme si t’en avais quelque chose à faire, peste-t-elle en tournant la tête.

  - Viens, je te montre comment faire.

  L'impression d'être ridicule, elle ne bouge pas. Il se relève en soupirant, mais son soupir résonne différemment à ses oreilles. A la fois moqueur et tendre.

  Il avait baissé son masque, pour révéler un sourire affectueux, et elle reste envo?tée une seconde. Son visage, orné d’un grain de beauté sur la joue dévoilé pour la première fois, lui témoignait sa sincérité. Comme hypnotisé par son air qui se veut rassurant, elle tend les bras vers lui.

  Il remet son masque jusque sur son nez et la relève pour lui apprendre à patiner, à son rythme. Tsukinoko finit par s'en sortir, comme elle peut, mais tombe une énième fois et préfère arrêter là avant de se briser un os.

  La nuit était tombée depuis un moment, et ils s’attablent avec deux gaufres noyées de chocolat et crème fouettée et deux chocolats chauds pour se réchauffer. Prétextant une envie pressante, elle file discrètement dénicher un cadeau qu'elle cache dans son sac. A son retour, elle le voit discrètement piquer une cuillerée de crème fouettée de sa gaufre et même se resservir. Elle s'offusque mais décide de le prendre au piège et se rassoit l'air de rien, le remerciant d’avoir surveillé ses affaires.

  - Personne a touché à ma gaufre ?

  - Personne, annonce-t-il sérieusement.

  - Je vois... Et la crème que tu m'as piquée avant que j'arrive ? lance-t-elle en le fusillant du regard.

  Il ne sait pas quoi dire mais elle explose de rire avant de lui retirer son masque pour étaler de la crème sur son nez.

  This tale has been unlawfully lifted from Royal Road; report any instances of this story if found elsewhere.

  - Régale-toi, glousse-t-elle.

  Il lève les yeux au ciel, et l'abandonne une minute pour aller se rincer. Elle finit de dévorer sa gaufre puis l’attend de longues minutes, avant de le rattraper alors qu’il venait d’un stand.

  - Tu fichais quoi ? s’agace-t-elle.

  - La foire va bient?t fermer, il faudrait aller faire la grande roue avant que ?a ferme, dit-il sans lui répondre.

  Elle plisse les yeux puis abandonne. Tous les deux, ils s'émerveillent de la vue au sommet de la grande roue, qui dévoilait l’immensité enneigée autour d’eux. Les stands ferment un à un dans les rues et Tsukinoko baille avant d'esquisser un grand sourire en s'étirant.

  - C’était génial... ! J'ai hate d'aller dormir.

  - Tu as réservé une auberge ?

  - Euh... réalise-t-elle. Merde ! Comment on fait ?! Tu crois qu'il reste des places ? panique-t-elle. J'ai la flemme de rentrer maintenant et on va congeler dehors et on va pas dormir dans la rue quand même et-

  - Doucement, soupire-t-il.

  Toutes les auberges du coin étaient complètes. Ils quittent la ville pour trouver un endroit où dormir, et empruntent un chemin esseulé qui indiquait la direction d’une ville voisine.

  Le petit chemin débouche sur la forêt, jusqu'à une petite clairière, devant des maisons abandonnées. Ils échangent un regard hésitant puis continuent. Le ciel se couvre et il se met à neiger, mais peu incommodée, Tsukinoko marche les mains tendues au ciel pour attraper les flocons, jusqu’à tomber sur les berges d’une rivière, complètement gelée. Sur le ponton abandonné, les lampadaires étaient pourtant toujours alimentés, et éclairaient le paysage.

  Tout était magnifique, blanc de pureté, comme enchanté, la neige scintillant dans leurs yeux. Tsukinoko sort aussit?t son carnet pour dessiner des croquis, debout au bord de la glace. Kakashi la regarde faire un instant, debout à c?té d’elle, puis sort son livre pour lire, adossé contre le lampadaire.

  Il lève les yeux en entendant des bruits de glace craqueler au loin. Tsukinoko, réduite à une silhouette sombre tellement elle s’était aventurée loin, était pétrifiée et à genoux au milieu de la rivière, alors que des fissures se propageaient tout autour d’elle dans la glace.

  Il grimace puis se précipite pour la sauver, juste à temps de retour sur la berge. Il la regarde d’un air blasé mais elle se met à bouder, honteuse, et tourne les talons en pestant. Il lève les yeux au ciel mais ne peut s’empêcher de se moquer silencieusement, insatiable de sa maladresse. Elle aper?oit tout à coup une étoile filante et s'écrie doucement en pointant sa position du doigt avant qu'elle ne file.

  - T'as vu ? sourit-elle. Tu as fait un v?ux ?

  - Non...

  Il se replonge dans sa lecture mais elle se redresse brusquement et le regarde avec de gros yeux, alors que l’horloge abandonnée sonnait minuit. Elle fouille dans son sac et en sort un paquet cadeau et le lui tend avec un grand sourire.

  - Tiens ! Joyeux No?l Kakashi.

  Il avait plut?t l'air de s'y attendre et fouille à son tour dans sa sacoche pour en sortir un petit sac cadeau. Il le lui tend et elle s'étonne, avant de se réjouir de célébrer véritablement No?l.

  - Tiens d'abord ! glousse-t-elle surexcitée.

  Il défait précautionneusement le papier cadeau et découvre un livre de développement personnel, sous forme de carnet de suivi avec plein de conseils et d'étapes à franchir dans sa vie, plus complet encore que le sien qui avait déjà quelques années. Il lit curieusement le résumé à l'arrière mais elle s'explique aussit?t.

  - T'es la personne la plus solitaire que je connaisse, mais aussi une des plus gentilles, sourit-elle. Je sais que t'es pas vraiment comme ?a par choix Kakashi, mais tu m'as laissé voir le vrai toi petit à petit, celui avec qui je viens de passer une journée géniale ! glousse-t-elle timidement. Et j'aimerais tellement que tu puisses être comme ?a tous les jours, que t'ailles mieux et que t'avances dans ton deuil. Tu prends ton temps, mais je me suis dit qu'un petit coup de pouce c'est toujours utile, pas vrai ? dit-elle doucement.

  - C’est vrai... murmure-t-il en la regardant.

  - ?a te pla?t au moins ? hésite-t-elle. On se conna?t depuis bient?t quatre ans mais ?a fait à peine quelques jours que je t'ai vraiment entendu rire pour la première fois, ?a change de t'entendre soupirer, glousse-t-elle. Je suis chiante je sais, mais j'ai enfin réussi à voir ta tête derrière ton masque, et je sais que des fois je t'amuse, hein ? sourit-elle moqueuse.

  Il hausse les épaules mais elle devine un petit rictus sous son masque et sourit aussi, satisfaite de son cadeau. Il se retenait toujours, et elle soupire doucement en regardant les étoiles.

  - Tu mérites d'être heureux Kakashi. Et puis je te considère comme... mon ami, hésite-t-elle timidement. Et je veille à ce que tous mes amis soient heureux. Je sais que depuis que t’as perdu tes premiers amis tu n’oses plus accepter d’en avoir à nouveau. Tu en souffres... Mais je te l'ai déjà dit, t'es pas tout seul. Que ce soit à trois heures du matin parce que tu suffoques seul dans ta chambre, ou quand tu trouves le trajet trop silencieux en rentrant du travail, si t'as besoin de discuter ou même juste de ne pas être seul, tout simplement, tu sais où me trouver, sourit-elle. On a tous nos démons, nos propres batailles, mais ?a veut pas dire qu'on doive se battre chacun de son c?té.

  Incroyablement touché, il ne sait pas quoi dire, et continue à la regarder en cherchant ses mots. Elle sent qu'il est gêné et attrape le cadeau qu'il avait pour elle pour changer de sujet, plonge à peine la main dans le sac qu’il essaye tout à coup de le lui reprendre.

  - Je-je me suis trompé, s'affole-t-il, je-

  - Tant pis, glousse-t-elle, la foire est fermée c'est trop tard pour changer !

  Le cadeau était une minuscule peluche porte-clés d'un léopard. Il devient rouge de honte, confus, alors qu'elle analyse la peluche en faisant la moue.

  - Pardon, c'est un cadeau stupide... Après ce que tu m'as offert je me rends compte que-

  - Ah mais si ! crie-t-elle brusquement sans l'écouter. Il a les yeux verts de Pansā, tu t'en es rappelé ! sourit-elle ravie. Merci Kakashi !

  - Tu... ?a te pla?t vraiment ? hésite-t-il.

  - Ouais, j'ai pas de clés mais je lui trouverai une place, glousse-t-elle en tripotant la peluche.

  - Si tu le dis, marmonne-t-il en s'en rappelant bêtement.

  - Qu’est-ce que t’as ?

  - C'est juste que... ton cadeau a une vraie valeur, il me servira et c'est une attention particulière, alors que le mien c'est... une peluche.

  - Qui est toute mimi et tu savais que ?a me ferait plaisir parce qu'elle ressemble à Pansā et que tu sais qu'il compte pour moi, pas vrai ?

  - C’est vrai, mais tu n'as même pas de trousseau de clés, se désole-t-il.

  - Malheureusement t'es tombé sur la seule habitante de Hanamaru qui entre par sa fenêtre, glousse-t-elle. Je me souviens lors de ma première mission avec toi, quand Pansā avait failli te refaire la figure, tu te rappelles ? s'amuse-t-elle. Quand je suis arrivée aux quartiers au tout début, tu m'avais dit que je lui ressemblais quand je m'énervais. Tu savais que les panthères comptent beaucoup pour moi, et t'as essayé de me rassurer en disant ?a, à ta fa?on. Et là presque quatre ans après, tu t'en rappelles encore. C'est l'intention qui compte Kakashi, pas le cadeau, sourit-elle chaleureusement.

  Il est ému par sa bienveillance, même si la honte était toujours présente. Il voudrait la remercier mille fois, mais fixe son nouveau livre sans savoir quoi faire, frustré et mal à l'aise.

  La situation l'atteint beaucoup et il perd ses moyens alors qu'un blanc s'installe. Il est tiré de ses pensées par Tsukinoko qui pose délicatement le nez de la petite peluche sur celui de Kakashi, les yeux brillants. Il se fige, surpris et perturbé par son geste, mais elle desserre doucement ses doigts crispés sur son livre en souriait tendrement.

  - Tout va bien Kakashi, dit-elle sereinement. Je sais que c'est dur pour toi, de passer du temps avec les gens, d'avoir des relations à nouveau. Rien que le fait que tu m'aies accompagné aujourd'hui, c'est le plus beau des cadeaux que tu pouvais me faire, rougit-elle. Merci, vraiment, sourit-elle timidement.

  Il est paralysé et ose à peine la regarder, bouleversé de voir que quelqu'un le comprenait après toutes ses années de solitude alors qu'il n'avait eu besoin de s'expliquer.

  Quelqu’un qui savait comment se comporter avec lui.

  Il serre les dents pour ne pas éclater en sanglots alors qu'il est traversé par un flot d'émotions toutes plus perturbantes les unes que les autres. Il repense aux derniers cadeaux qu'il avait re?u de sa défunte équipe, et qui leur avaient tous finalement sauvés la vie. Presque tous.

  Il est convaincu que le cadeau de Tsukinoko, son amitié pure, allait le sauver à nouveau, et la remercie un millier de fois dans sa tête en se rendant compte qu'elle l'avait percé à jour bien avant ce soir finalement. Il cherche ses mots mais elle le tire par la main pour partir, avant d’hater le pas pour rentrer.

  Un temple délabré tr?nait à l’arrière du village, où la neige et la poussière y avaient élu domicile. De nombreuses statues étaient érigées à l’entrée, rendant les lieux imposants et majestueux.

  Tsukinoko gravit les marches, curieuses, puis pénètre à l’intérieur. Elle s’agenouille devant l’autel pour se recueillir un instant, pendant que Kakashi reste debout derrière elle. Elle rouvre les yeux en soufflant doucement.

  - Tu viens souvent prier ? demande-t-il curieusement.

  - Du tout, j’ai senti l’énergie que dégageait ce lieu en arrivant et j’avais envie de me vider la tête un moment. Merci d’avoir attendu. Tu devrais essayer, sourit-elle en levant la tête vers lui.

  Il reste de marbre et elle insiste alors.

  - Tu peux prier, méditer, ou simplement dire tout bas ce que tu as sur le c?ur. C'est un lieu spirituel, de recueil, tu peux t’imprégner du calme qui règne ici.

  Finalement, il s'agenouille à c?té d'elle et pose les mains sur ses genoux pour essayer de se vider la tête, mais il est renvoyé vers ses vieux démons de fil en aiguille et rouvre les yeux en fron?ant les sourcils. Tsukinoko avait aussit?t ressenti ses émotions et alors qu’il allait se relever pour partir, elle pose la main sur les siennes pour le retenir.

  - N’aie pas peur, dit-elle doucement. Si tu fais marche arrière et que tu t’enfuies à chaque fois que tu es confronté à tes peines, t’arriveras jamais à les surmonter. C’est comme arracher le pansement d’une plaie, tu peux le laisser là pour toujours parce que tu as peur d’avoir mal, mais tu te sentiras vraiment bien que lorsque tu l’auras enlevé. La plaie va cicatriser et tu ne penseras plus au pansement, et tu n’auras plus mal. Kakashi, dit-elle doucement, personne ne va te forcer à accepter de l’aide, mais tu dois accepter le fait que tu en as besoin. C’est grace aux gens autour de toi que les brèches de ton c?ur guérissent, ils viennent combler les vides. Quand tu attraperas les mains qu’on te tend, je te promets qu’elles te tireront assez fort pour te faire sortir la tête de l’eau.

  Elle relache ses mains puis s’appuie sur les siennes, souriant sereinement en regardant la somptueuse divinité sculptée devant eux.

  - Si tu as besoin de quelqu’un, et même si tu n’en as pas besoin, je serais toujours là.

  Le silence s’installe et elle tourne doucement la tête en se demandant s’il avait compris, mais il lui tournait le dos en fixant le sol.

  Elle sent qu’il est en proie à la peur et l’angoisse, la culpabilité, la colère, la tristesse, comme si un manteau de ténèbres était posé sur ses épaules. Elle ne sait pas quoi faire pour l’aider et reste silencieuse un instant, puis proclame fermement.

  - Lève la tête Kakashi. La divinité devant toi est Amaterasu. C’est la déesse du soleil, elle apporte la lumière, la chaleur, elle veille sur nous des premières lueurs de l’aube jusqu’au crépuscule. Elle, elle ne te laissera jamais dans les ténèbres. Tout ce que tu es en train de ruminer au fond de toi en ce moment, tout ce poison et cette bile qui te rongent de l’intérieur, lève les yeux et parles-lui-en. Dis-lui tout, crie-lui tes regrets, crie jusqu’à en perdre la voix. Tu n’as pas besoin de mentir ici, de te cacher, tu peux être toi. Lorsque l’aube se lèvera, Amaterasu t’enveloppera de sa chaleur pour faire dispara?tre les ténèbres autour de toi et te guider vers la lumière.

  Il ne bouge toujours pas.

  Tsukinoko se relève lentement et sort du temple pour lui laisser de l’intimité. Malgré elle, elle ressent la douleur de Kakashi et ses larmes cristallines coulent seules sur ses joues.

  L’aube se lève et alors que le soleil vient éblouir ses yeux, per?ant l’horizon, elle retourne le voir, inquiète de l’avoir blessé ou tourmenté.

  Toujours agenouillé devant la sculpture, appuyé sur ses mains et le regard dans le vide, il n’avait pas bougé, les mains aussi glacées que le sol. Elle s’agenouille lentement à c?té de lui et retire rapidement son manteau pour le poser sur ses épaules, l’aide à se relever et l’amène dehors en le laissant s’appuyer sur elle.

  Enveloppé de sa chaleur, il est ébloui par le lever de soleil, devant lequel se tenait Tsukinoko, face à lui. Réchauffé tout à coup jusqu’au plus profond de son c?ur, il se sentait plus léger dès sa sortie du temple, et la vision devant ses yeux le remplit d’un sentiment indescriptible, ayant presque l’impression qu’il allait tomber à genoux face à la divinité qui l’avait sauvée.

  Sur le chemin, Tsukinoko tenait d’une main la petite peluche qui se balan?ait au rythme de ses pas, et de l’autre la main de Kakashi, qu’elle n’avait pas laché après qu’il l’ait aidée à enjamber des buissons, sans s’en être rendue compte, mais ce dernier n’avait rien dit.

  Arrivés à Hanamaru au petit matin, Kakashi la raccompagne jusqu’au pied de son immeuble. Le visage de Tsukinoko s’illumine, et son sourire radieux contamine Kakashi, qui laissa entendre un petit rire surpris étouffé derrière ses lèvres closes.

  Tsukinoko ria à son tour sans s’en cacher, réjouie. Elle avait envie de passer tous les jours avec lui, elle se sentait en sécurité, comme lorsqu’il était caché dans l’ombre à la surveiller, souvent posté sur le toit de son immeuble. Elle voulait retourner le monde pour qu'il se sente bien. Elle se hisse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue. Elle dispara?t aussit?t chez elle, le laissant là, les joues si rouges et l’ame si fervente que l’on jurerait que la neige fond autour de lui.

  Un thé br?lant posé à c?té d’elle, elle s’était assise au milieu de son salon pour peindre. L’inspiration la tient éveillée toute la journée. Sur sa toile, la rivière enneigée se faufilait devant le Monument des Chefs, et Kakashi sur la berge au premier plan, était debout les mains dans ses poches. Peint abstraitement, tourné vers la lumière de l’aube dos au paysage qui l’éclairait en ne laissant aucune ombre. Il était accompagné de ses défunts amis, toujours là pour le soutenir, comme des nuages flottants à c?té de lui. Satisfaite du résultat, elle laisse sécher sa toile toute la nuit puis part la déposer discrètement sur le Mémorial où il allait se recueillir tous les matins, juste avant son arrivée.

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