home

search

23. Le saut de l’ange

  Une longue robe vert clair, ses longs cheveux remontés dans un chignon, et voilà Tsukinoko partie se poser dans son arbre avec une couverture, confortablement installée contre le tronc. Elle passa le reste de l'après-midi à lire et finit le livre de Kakashi juste avant le coucher du soleil.

  Elle le ferma doucement, puis se moqua tout à coup en fixant l'horizon. L'histoire n'était pas si terrible en soi, mais terriblement niaise et douteuse. Elle s'amusa qu’il puisse adorer ce genre de romans.

  Les rayons pourpres du soleil envahissent le ciel, et elle sauta à terre. Kakashi l’attendait au pied du camphrier, ne la quittant plus d’une semelle depuis leur union, sans qu’ils n’aient pour autant rediscuté de leurs sentiments réciproques, se laissant avec réserve porter par les évènements.

  Elle le chambra au sujet de ses go?ts littéraires à l’eau de rose, mais il l’ignora et elle se jeta dans ses bras en rigolant. Pourtant, son étreinte ne lui était pas rendue, car il se morfondait après sa moquerie.

  - Tu tripotes mes fesses mais tu peux pas faire un calin ? rale-t-elle. C’est pas très galant.

  Il se braque encore en inspirant un grand coup.

  - Calin, ordonne-t-elle.

  - Lache-moi.

  - Juste un.

  Il finit par l’enlacer, de plus en plus fort, trop à son go?t, jusqu’à qu’elle implore une trêve avant d’être écrasée alors qu’il ricanait derrière son masque.

  Elle l’avait invité à d?ner chez elle, et ils cuisinèrent tous les deux puis se reposèrent ensemble. Kakashi ne portait pas son masque et ses cheveux cendrés tombaient sur son visage, allongé sur les genoux de Tsukinoko qui s’amusaient à les démêler. Ils passèrent la soirée à se confier l’un à l’autre, se dévoilant toujours plus, mettant à nu leurs cicatrices les plus profondes.

  Il s’était rassit pendant qu'elle l’admirait, impressionnée par sa persévérance. Son regard plein de bienveillance et de compassion plonge dans le sien et son c?ur se réchauffe encore grace à sa douceur.

  Ils se regardaient de longues secondes, avant qu’il ne rejoigne lentement Tsukinoko, qui s’enfonce dans le canapé sous son regard dominant. Appuyé sur le dossier d’une main, l’autre posée à c?té de sa tête, à califourchon au-dessus d’elle.

  Le c?ur palpitant et les mains tremblantes, le sang afflue sous leurs visages qui rougissent vulgairement, avant qu’elle ne parvienne à murmurer quelques mots, la poitrine comprimée par l’éréthisme dans son bas-ventre.

  - Aime-moi encore.

  Au beau milieu de la nuit, Kakashi prit appui sur ses hanches, à califourchon sur elle, embrassant des doigts ses creux de Vénus. Elle perdit son souffle sous son élan, à plat ventre sur le matelas, le drap serré entre ses mains. Ses jambes se remettent à trembler de plaisir, proche de l’apogée. Il se penche pour effleurer des lèvres la chair de poule sur son dos. Il remonte jusqu’à sa nuque, savourant sa peau imprégnée de l’essence salée mêlée à l’acide de son excitation, déposé par leurs doigts trempés au fil de la nuit. Les effluves emplissent ses sens et il s’allonge de tout son long sur elle, enfon?ant ses dents dans la chair tendue de son cou. Elle tourne la tête, posée sur le matelas, à la recherche d’air frais, ses gémissements parcourant lentement sa gorge pour atteindre les oreilles de Kakashi. De plus en plus bruyants, de plus en plus haletants, ce n’est que lorsqu’elle libère un puissant rale gorgé de plaisir, vibrante de tout son corps, qu’il lache prise, pour la remplir de son extase, le dos courbé et le visage enfoui contre sa nuque.

  Sous la douche, l’eau tiède apaisait les sens, laissant le sommeil gagner les jeunes amants épanouis qui retournèrent au lit.

  Calés au creux des draps, la couverture remontée jusqu’aux yeux, la fenêtre entrouverte laissait le froid s’emparer doucement de la pièce, sans les perturber dans leur nuit, blottit l’une dans les bras de l’autre. Pourtant, l’autre n’arrivait pas à fermer l’?il de son c?té, pour s’assurer que sa douce dormait paisiblement, l’impression d’être pris d’un rêve interminable où la pénibilité n’avait plus sa place, où la joie étouffait les remords.

  Le lendemain matin, Tsukinoko se réveilla à la sensation d’une main caressant son visage, puis ouvrit les yeux, seule chez elle et la fenêtre ouverte.

  Après avoir passé la journée à surveiller Hanamaru, Tsukinoko alla, dans sa sombre tenue, son masque laissé aux quartiers de la Colonie, retrouver Hina pour d?ner.

  Elle sépare ses baguettes et dévore son repas mais ses cheveux tombent dans l'assiette et elle se fait rapidement un chignon. Elle continue à s'empiffrer jusqu'à entendre Hina glousser.

  - Tu t'amuses bien au travail ? lance-t-elle avec un petit sourire.

  - Hein ? De quoi tu parles ?

  - Fais pas l'innocente, s'amuse-t-elle.

  Hina pince rapidement son cou et Tsukinoko comprend alors de quoi elle parle. Déposée la veille, une profonde marque de morsure rougeatre tr?nait sur son cou, qu’elle cachait derrière ses cheveux. Tsukinoko n'ose pas répondre et rougit de honte devant elle.

  - C’est un bleu...

  - C'est ?a, s'écrie-t-elle.

  Tsukinoko se braque mais essaye de faire mine de rien, terriblement gênée. Hina grimace devant son air bête mais ne lache pas l'affaire.

  - Alors ? Attends laisse-moi deviner ! Disons... Kakashi ? sourit-elle malicieuse.

  Tsukinoko avale de travers, surprise par sa perspicacité, ce qui valida les soup?ons de son amie.

  - C'est pas cliché de sortir avec son chef ? s'amuse-t-elle en voyant sa tête. C'est depuis la semaine dernière, c’est ?a ?

  - N'importe quoi. Qui te dit que c'est lui... lance-t-elle effrontée.

  - Avoue ! Il t'a pas loupé, lance-t-elle en tendant la main vers elle à nouveau. Ren avait raison ! Mais tu m'as rien dit ! se vexe-t-elle.

  - Ah ! panique-t-elle. Je... Je sais pas si on est ensemble... Tu crois ?! s’intimide-t-elle. Mais il m’a pas demandé officiellement...

  - Ah bon ? Raconte-moi, glousse-t-elle.

  Tsukinoko lui raconte alors brièvement les évènements, avouant son amour br?lant, mais une crainte trottait dans la tête de Hina qu'elle s'empresse de vérifier.

  This book is hosted on another platform. Read the official version and support the author's work.

  - Attends... s'inquiète-t-elle. Tu devrais faire attention quand même ma puce. Quand a fini ton cycle ?

  - ?a ? ?a a jamais commencé.

  - Quoi ? Jamais ?

  - Ben non... ? répond-elle perplexe.

  - Pourtant... C'est étrange. T'as bient?t vingt ans quand même.

  - Bah c'est comme ?a, hausse-t-elle les épaules.

  Tsukinoko reprend son repas, peu importunée mais Hina continue à insister et lui recommande d'aller chez le médecin pour être s?re que tout allait bien.

  Le lendemain matin, de repos, Tsukinoko se rend à l'h?pital pour voir son médecin. Hina avait réussi à semer le doute dans son esprit, et comme sa visite de contr?le annuelle arrivait, elle décide donc de faire d’une pierre deux coups.

  En blouse bleue de papier, après plusieurs examens, et un entretien avec un psychologue, Tsukinoko commence à s'impatienter dans le cabinet mais le médecin revient enfin. Elle se rhabille, avec son chaud kimono rembourré et une énorme écharpe qui lui servait à moitié de cape, puis rejoint le médecin à son bureau.

  - Mademoiselle Sato, en effet comme votre amie vous l'a expliqué il n'est pas normal que vous n'ayez toujours pas démarré vos menstruations. Cela résulte du traumatisme que vous avez vécu il y a un peu plus de sept ans, période à laquelle la puberté démarre. Cela a créé un blocage psychique qui a été traduit par un blocage physiologique par votre organisme, et même si vous allez mieux aujourd'hui, on pourrait dire que... votre corps a loupé le coche, vous comprenez ?

  - Je crois ? plisse-t-elle les yeux.

  - Ecoutez. Je suis au regret de vous informer que vous ne pourrez jamais avoir d’enfants, étant donné que votre corps n’est pas préparé à donner la vie. Est-ce que vous comprenez ?

  - Oui... répond-elle perplexe.

  Le médecin finit de lui expliquer ses recommandations puis Tsukinoko rentre enfin chez elle, perturbée. Elle déjeune et alors que le soleil pointe le bout de son nez, elle décide d'aller peindre dans son arbre, maintenant que la neige d'hiver avait fondue, malgré les ricanements persistants du vieux Dragon ce jour-ci.

  L’escouade Ro avait été envoyée en mission quelques semaines plus tard, en plein mois de février. Une équipe de soldats avait échoué à récupérer des documents volés. Seul l’un d’entre eux était revenu vivant, pour le moins que l’on puisse dire.

  Un adversaire inhumain, qui portait une cape noire, avait décimé son équipe sans sourciller. Selon leurs renseignements, il s’agissait d’Hebimaru. L’escouade ne devait pas l’arrêter mais seulement récupérer les documents, et ne pas le retenir s’il s’enfuyait. Les agents sont surpris mais ne posent pas plus de questions et s’en vont.

  Au bout de deux jours, ils retrouvent sa trace, sortant d’une auberge. Il s’était métamorphosé en un vieil homme bossu, de petite taille. Il avan?ait lentement et ils le prennent en filature toute la journée, jusqu’à ce qu’il fasse halte dans un village relai à la frontière avec le pays de la Terre.

  A la tombée de la nuit, Hebimaru rencontre un homme habillé d’une discrète cape à l’arrière d’un batiment. Le mercenaire lui tend les parchemins volés, en l’échange d’une importante somme d’argent. L’homme capé s’éloigne et Tsukinoko allait le surprendre pour récupérer les documents mais Kakashi la retient. A une seconde près, elle se serait retrouvée transpercée à la place de l’homme capée.

  Hebimaru le tenait dans les airs, par une pique en métal acérée d’une pointe d’où ruisselait le sang de l’homme. Il récupère les documents volés par ses soins à Hanamaru et quitte les lieux, de sa démarche lente. L’escouade reste sur le qui-vive, puis K? part fouiller l’homme à terre avec Kimaru pendant que Kakashi continue la filature avec Tsukinoko.

  L’homme décédé était un Commandant de Doro, la capitale du pays des roches, envoyé par son village. Kakashi ordonna de passer à l’action pour récupérer les documents.

  A eux deux, ils coincent le terrible mercenaire, juste avant le crépuscule, au bord d’une falaise qu’il longeait pour semble-t-il admirer le paysage. Pris en étau, Hebimaru restait immobile et ne disait pas un mot.

  - Remettez-nous les documents que vous avez dérobés, ordonne Kakashi derrière son masque en porcelaine.

  - Je n’aurais cru que vous continueriez à suivre ma trace, s’écrie-t-il. Je vous prenais pour des agents de Doro, je me suis trompé. Ne me faites pas davantage perdre mon temps, souffle Hebimaru d’une voix grave.

  - Rendez les documents, je ne le répéterais pas.

  - Finissons-en rapidement, je suis pressé.

  Tsukinoko décide d’en finir et elle se dissimule sous terre pendant que son clone reste en surface à faire diversion. Alors qu’Hebimaru passe au-dessus d’elle, elle surgit de terre et glisse sa main sous sa cape à la recherche des parchemins. Hebimaru bondit dans les airs et lance sa pique sur elle. Elle bloque sa lancée, mais la force de Hebimaru la fait déraper au sol en tentant de le repousser.

  Rapide, il lan?ait son arme sur eux, arrivant à tenir tête aux deux agents. Tsukinoko lance un regard à Kakashi, et ils s’éloignent de quelques pas, avant qu’elle brandisse les parchemins récupérés plus t?t.

  - Toi ! enrage Hebimaru. Rendez-moi les documents et je vous laisserai vous enfuir saufs.

  - Tu rêves, on va s’enfuir, avec les parchemins, rigole Tsukinoko.

  Kakashi fait exploser des fumigènes pour couvrir leur fuite et ils disparaissent. Hebimaru voit rouge et fonce après eux. Pensant être hors d’atteinte, le mercenaire dégaine une autre tactique. La pointe de son arme articulée s’ouvre, pour révéler un canon qui tire une pluie d’aiguilles au hasard dans le nuage opaque. L’un d’eux blesse Kakashi, lui éraflant le bras. Une blessure insignifiante qui ne l’arrête pas.

  Sortie du nuage, au beau milieu de la forêt, Tsukinoko cherche des yeux Kakashi mais ne le trouve pas. Elle sent son essence toujours au bord de la falaise, et s’arrête un instant en se demandant ce qu’il faisait. Espérant qu’il ne soit pas parti en finir avec Hebimaru malgré les ordres du Chef.

  Discrètement, elle retourne sur ses pas, mais reste cachée derrière un arbre en voyant l’agent de la Colonie pris au piège, tenu fermement dans les airs par Hebimaru.

  - Allez, rends-moi les parchemins mon enfant, et j’éviterai une chute mortelle à cet agent, lance-t-il en ayant deviné Tsukinoko toute proche.

  Ses aiguilles étaient imprégnées d’un poison paralysant, rien de mortel, mais suffisant pour faire des meilleurs soldats de bons pantins.

  Tsukinoko sorti de sa planque, et avan?a lentement jusqu’à lui. Elle lève le bras derrière la tête, et Hebimaru, pensant qu’elle allait décocher un sabre, fait basculer Kakashi au-dessus du vide. Lentement, elle tend le bras vers le mercenaire, les deux parchemins en main. Ne pouvant parler ni bouger, totalement annihilé, Kakashi observe Tsukinoko agir, hors de lui.

  Compromettre la mission pour le sauver, cela était à l’encontre du code soldat, à l’encontre de la Colonie, où les agents ne pouvaient céder au chantage, devant laisser mourir leurs camarades sans exprimer une once d’hésitation ou de culpabilité. Là résidait le c?ur de leur métier, la noirceur de leur devoir qui avait déjà fait renoncer de nombreux agents anonymes.

  Face à Hebimaru, Tsukinoko lui donne les parchemins, sans hésiter. Le voile de la nuit tombait sur les environs, mais elle ne perdit pas des yeux Kakashi, tenu dans le vide.

  Hebimaru prend les parchemins, puis s’en va d’un pas serein, mais alors qu’il dépasse Tsukinoko, il desserre sa prise, laissant Kakashi chuter dans le vide. Les bras en avant, elle se jette de la falaise après lui.

  Tsukinoko avait rattrapé Kakashi par le plastron, chutant à toute vitesse. Désespérément, elle racle la falaise avec son sabre dans l’autre main, tentant de stopper leur descente, des kilomètres au-dessus de la terre ferme. La lame est poncée par la pierre, puis finit par casser. La pesanteur dans leurs ventres s’alourdit, mais elle ne le lache pas.

  Son aura se révèle doucement autour d’elle. D’un mouvement, elle tire Kakashi et le plaque contre elle, enroulant ses bras autour de sa tête et ses jambes autour de son ventre. Utilisant son propre corps comme bouclier contre l’impact imminent.

  Hebimaru avait fait quelques pas puis déroulé les parchemins, mais ils explosent dans sa main, se révélant être de vulgaires cailloux métamorphosés. Trompé, il enrage et retourne au bord de la falaise, mais n’aper?ut que l’aura de Tsukinoko qui éclairait le bord de la falaise sur leur passage.

  Telle une étoile tombée du ciel, la lueur violacée fon?ait à toute vitesse. Elle se penche en arrière, la tête la première, observant le sol qui se rapprochait de plus en plus vite.

  Elle dispara?t derrière son aura qui s’épaississait. A travers son ?il, Kakashi vu tout le chakra de Tsukinoko se rediriger vers son aura, le condenser pour parvenir à les envelopper tous les deux, abandonnant son corps au dépit de sa survie.

  La tête à l’envers, il la suppliait d’arrêter, mais ses lèvres ne bougeaient pas.

  Les siennes prononcèrent de doux mots, révélateurs, et il se contentait d’implorer du regard Tsukinoko.

  A des kilomètres au bout de la plaine, des paysans étaient sortis de leurs demeures pour admirer, ébahis, cette curieuse étoile s’écraser au pied de la falaise. La collision si brutale dissipa dans l’air une énergie légère, qui illumina un instant le flanc entier de la falaise d’une voile parme, les laissant croire à un mirage.

  Le bruit de l’impact remonta jusqu’à Hebimaru, qui tourne définitivement les talons, son butin détruit à ses yeux.

  - Prodigieux spectacle, souffle-t-il. Cela valait finalement la peine de prendre un peu de retard.

Recommended Popular Novels