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5. La capricieuse

  Tous les jours en fin d'après-midi, Le Chef veillait personnellement à l’éducation de Tsukinoko pendant quelques heures. Il l'aidait à développer ses techniques et canaliser ses accès en combat. Un mois plus tard, elle commen?ait à trouver le temps long. Dessiner, méditer pour retenir ses pulsions, s'entra?ner tranquillement et lire, sans cesse la même routine. Elle repensa au Chef et se demandait en quoi consistait son travail et comment lui occupait ses journées.

  Le Chef recevait les soldats en journée dans une grande salle de l’Académie, pour les envoyer en mission ou récupérer leurs rapports. Il était assis au fond de la salle au centre d'une longue table, un assistant de chaque c?té, et lève le nez de sa paperasse alors que sa petite disciple était debout au milieu de la pièce.

  - Je m'ennuie, annonce-t-elle les bras croisés.

  - Continue à te documenter sur Hanamaru et le pays du Soleil, nous n'avons pas rendez-vous avant plusieurs heures.

  - J’ai déjà tout lu à la bibiliothèque ! rale-t-elle.

  Elle soutenait son regard avec insistance. Les deux assistants attendaient le dénouement, mais à leur grand dam il l’installe au bout de la longue table. Alors qu'elle revient à sa place, les bras chargés de rapports à trier et vérifier, l'assistant de gauche de semblait soucieux.

  - Mon Chef, ce sont des rapports confidentiels de mission.

  - Et il s’agit de ma disciple, conclut-il sans lever les yeux.

  Tsukinoko sourit fièrement puis mima sa tête soucieuse à travers une grimace outrageante avant d’aller s'asseoir. L’assistant se vexe mais se remet au travail, et elle se met à trier soigneusement les rapports.

  Ils décrivaient chaque mission qui constituaient le travail des soldats. Classées de D à A, le rang le plus élevé qui requérait des soldats expérimentés et discrets, jusqu’à S pour les missions spéciales et confidentielles réalisées majoritairement par la Colonie. Un rapport de mission de rang A attire son attention et elle s’appuie sur le dossier de sa chaise pour en lire les détails.

  Pendant ce temps, les soldats défilaient devant le Chef et ses assistants, demandant quelques fois qui était cette petite fille, le félicitant pour son courage et posant de nombreuses questions. Soudain, Tsukinoko se relève.

  - J'ai fini ! crie-t-elle fièrement en faisant sursauter la salle.

  - Déjà ? s'étonne un des assistants.

  - Eh ouais !

  Haruo Sato sent son regard et soupire en voyant qu'il était à peine quinze heures. Il pose son pinceau, réfléchit quelques secondes puis l’invite à c?té de lui.

  Après avoir plus ou moins compris en quoi consistait une mission, Tsukinoko allait pouvoir en attribuer des catégories selon les demandes venant des habitants, des seigneurs, même de petits pays alentours qui n’avaient pas de propres soldats et donc dépendaient des puissances militaires. S’en suivit alors un cours politique sur la hiérarchie qui règne entre les pays.

  Les quatre grands pays, les petits pays sans capitale mais avec une force militaire, et les autres. Tsukinoko posait sans cesse des questions, curieuse. Les allées et venues se faisaient plus rares, et Le Chef re?oit les derniers arrivés avant de saluer ses assistants qui fermeront la salle.

  Le lendemain, Tsukinoko arrivait en courant à l'Académie en début d’après-midi, surexcitée comme à son habitude, mais se cogna contre quelqu'un en tournant dans le couloir.

  - A?e putain ! peste-t-elle. Pardon...

  Elle se braque devant Harue qui la dévisage, accompagnée de Shoji. Elle esquisse un grand sourire pour les amadouer.

  - Que fais-tu ici ? demande sèchement Harue.

  - Euh... Je viens voir Jījī.

  - Pour quel motif ? Il est occupé à travailler.

  - Je sais, je vais le voir pour-

  - Tu as déjà de la chance qu'il s'occupe de toi, n'abuse pas de sa gentillesse.

  - Mais si ! Je peux venir plus t?t-

  - Que ne comprends-tu pas ? s'agace-t-elle. Il est Chef, il a énormément de travail.

  - Mais je sais ! s'agace aussi Tsukinoko. Je viens-

  - Je me demande bien ce qu'il lui trouve, souffle-t-elle à Shoji.

  - Quoi ?! s'énerve Tsukinoko. Il a dit que-

  - Retourne t'occuper seule en attendant, Sukinoko, s'écrie-t-il.

  - C'est Tsukinoko putain ! Et vous allez m'écouter à la fin sales fossiles ?! crie-t-elle en tapant du pied.

  Un silence pesant s’était installé après sa crise digne d’une enfant de sept ans. Elle se recroqueville, morte de trouille alors qu'ils s'offusquaient de plus belle. La grande salle était à quelques pas de là mais Harue la retient par le col avant qu’elle ne file et la soulève dans les airs. Tsukinoko essaye de se débattre alors qu'elle la tenait à bout portant.

  - Arrête ! Lache-moi putain ! crie-t-elle en gesticulant dans les airs.

  - ?a suffit insolente ! s'écrie-t-elle.

  - Au secours ! Les fossiles m’attaquent ! Jījī !

  Alors que les soldats dans le couloir se retournent en l'entendant brailler, Harue écarquille les yeux alors que Tsukinoko s’apprêtait à la frapper du revers du pied, mais le Chef appara?t et pare à temps son coup. Harue lache Tsukinoko qui s'écrase à leurs pieds.

  - A?e ! C'est quoi ton problème vieille fol-

  - Assez ! gronde le Chef. Que se passe-t-il ?

  Tsukinoko ne décolère pas et bondit sur ses pieds en criant, remontée contre les deux anciens.

  - Je venais te voir mais ils veulent pas me laisser tranquille !

  - Que se passe-t-il ? leur demande-t-il niais.

  - Monsieur Sato, soupire Shoji. Nous lui faisions comprendre que le Chef n'a pas tout son temps à accorder à une petite sauvageonne comme elle, d'autant plus que vu son niveau d'indiscipline il vaudrait mieux la confier à quelqu'un qui saura l'éduquer.

  - Quoi ?! s'offusque-t-elle. J'ai pas besoin d'être-

  The narrative has been taken without authorization; if you see it on Amazon, report the incident.

  - ?a suffit Tsukinoko, dit-il en fron?ant les sourcils.

  Le Chef renforce son expression grave et sérieuse puis se retourne vers elle.

  - Présente-leurs tes excuses, et va m'attendre dans la salle.

  - Hein ? Jamais ! C'est eux qui ont commencé, boude-t-elle en leur tournant le dos.

  - Peu importe, tu ne t'es pas adressée à eux correctement, insiste-t-il. à ton age, je ne devrais pas avoir à t'apprendre la politesse.

  Alors que les conseillers la regardaient hautainement en attendant ses excuses, devant les soldats aux premières loges qui observaient la scène d'un ?il curieux, Tsukinoko refuse de perdre sa fierté et croise les bras d’un air effronté.

  - Nan.

  Le Chef commen?ait à perdre patience. Du coin de l’?il, son regard furieux écrase Tsukinoko, qui retient un sourire crispé de panique devant la pression.

  - Par’on, marmonne-t-elle à peine.

  - Comment ? insiste Le Chef.

  - C'est bon putain ! peste-t-elle.

  Partie en boudant dans la salle sous les yeux médusés de tout le monde, le Chef quant à lui baisse les bras, dépité. Cachée derrière la porte, Tsukinoko épiait leur conversation alors que chacun reprend ses occupations.

  - Excusez-nous, soupire-t-il. Tsukinoko ne vous a pas expliqué que nous avions rendez-vous ? Je lui ai dit de venir cet après-midi pour la faire travailler avec moi, explique-t-il en plissant les yeux.

  - Elle ne nous en a rien dit.

  - Quoi qu'il en soit, elle est sous ma responsabilité, donc vous n'avez pas besoin de prendre la peine d'intervenir. Merci, insiste-t-il. Je dois retourner travailler, je suis débordé.

  Tsukinoko court à c?té de la table au fond de la pièce l'air de rien, sous l'?il jugeur des assistants alors qu’il revient. Il se rassoit puis allume sa pipe en s'enfon?ant dans son fauteuil. Alors qu'elle allait s'excuser, il envoie ses assistants chercher des fournittures sans rouvrir les yeux.

  - Jījī, pardon ! crie-t-elle soudain. Mais ils voulaient pas me laisser expliquer ! Je-

  - Je sais. Je vous entends depuis que tu es arrivée dans le couloir, avoue-t-il en tirant sur sa pipe.

  - Ah bon ? Pourquoi t’as rien dit ?!

  - Quoi qu’il en soit, reste polie avec eux, d’accord ? demande-t-il calmement. Essaye de ne pas t'attirer d'ennuis, je ne peux pas passer mon temps à te surveiller. Et cela vaut pour tout le monde. Je t'ai expliqué que tu ne dois pas te faire remarquer.

  - Oui, capitule-t-elle. Pardon...

  Elle se calme et se tourne les pouces en comprenant la situation, penaude après ses bêtises.

  - C'est la dernière fois qu’un incident de ce genre n’arrive, Tsukinoko, est-ce clair ?

  - Putain... grimace-t-elle. Promis oui.

  - Bien, tu es venue pour travailler n'est-ce pas ?

  - Pourquoi ils m'aiment pas ? J'ai rien fait de mal... demande-t-elle tout à coup tristement.

  - Eh bien mon petit... Après la catastrophe, le village est un peu sur le qui-vive, vois-tu. Et comme tu ne viens pas de Hanamaru, ils se méfient. Comporte-toi bien, et tu sauras gagner leur confiance.

  Au fil du temps, Tsukinoko finit par conna?tre par c?ur le fonctionnement du village. Lorsque le Chef n’était pas au travail dans la grande salle, il l'emmenait dans la bibliothèque de la Résidence et lui parlait du village, des clans, des Grandes Guerres, des autres pays. Elle l'écoutait toujours attentivement, buvant ses paroles.

  Les jours passaient et elle se sentait plus légère. Il lui arrivait toujours de temps en temps de ne pas dormir de la nuit, prise de mélancolie et de tristesse. Mais peu à peu, les fissures enfouies commen?aient à cicatriser.

  Le Chef l'emmenait chaque vendredi manger chez Teuchi, et elle appréciait chaque soirée passée avec lui. Lors de son temps libre, elle ?uvrait de son c?té pour mieux contr?ler ses pulsions en méditant, et tenter de gagner la confiance du village, un jour.

  Au début du printemps, Tsukinoko s'entra?nait à l'endurance pendant des heures sous l’?il attentif du Chef. La nuit était tombée depuis longtemps, mais ils continuaient l'entra?nement.

  Lui fumait sa pipe, habillé d’un confortable yukata noir, alors que Tsukinoko était en short et t-shirt, trempés de sueur, au milieu d’un cercle tracé dans l’herbe. Il avait allumé un feu et sorti de quoi grignoter avant de l'appeler pour faire une pause, presque arrivée au bout de cinq cents encha?nements parfaits.

  Le feu éblouissait Tsukinoko à force de l’admirer. Amusée, elle essaya de reproduire les aspects imaginés dans les flammes. Assise un mètre devant le feu les mains tendues, elle se concentrait pour manipuler la forme des flammes, comme si elle avait les pouvoirs magiques des héros de ses livres préférés.

  Un lapin, un chat, un lézard puis un loup, pendant que le Chef la regardait faire d'un ?il curieux. Subitement, la tête d'un dragon s’échappe du brasier avant de voler dans les airs. Une braise éclate et surprend le dragon qui se dissipe dans la fumée. Tsukinoko est soudain prise d'un violent essoufflement et ses mains br?lées.

  - Bobo... reniflait-elle comme un bébé.

  - Eh bien, cela va faire mal les prochains jours. Va les mettre dans l'eau quelques minutes, nous arrêtons là l'entra?nement.

  Les pieds qui se balan?aient en l’air, Tsukinoko était allongée sur la rive pour laisser ses bras tremper dans l'eau, dépassée par sa bêtise.

  Le Chef avait rangé leurs affaires mais un doute lui traversa l'esprit. Il s'assied là où était Tsukinoko à son tour. La chaleur du feu vint doucement lui caresser les mains, sans lui br?ler les doigts même s’il serait resté là le reste de la nuit, avant qu’il ne l’éteigne.

  - Tsukinoko, qu'essayais-tu de faire avec le feu ? lance-t-il.

  - Moi ? grimace-t-elle. Rien, je m'imaginais que je faisais des formes d'animaux. Un chat, un loup, glousse-t-elle, comme dans le livre !

  - Je vois, sourit-il. Rentrons, je te raccompagne chez toi, il est si tard que le soleil va bient?t se lever.

  Le Chef f?t surpris en voyant sa disciple débouler dès le lendemain, ses mains déjà guéries. Au taquet, ils allèrent au terrain malgré un orage qui avait détrempé le gazon, et une atmosphère lourde.

  Tsukinoko avait du mal à se concentrer et le Chef l'arrêta au bout d'un moment car elle ne réussissait pas à méditer comme elle le souhaitait à cause des orages de chaleur qui remplissaient l'air de tension.

  - C’est intéressant. Et bien je te laisse quelques minutes pour réaligner tes chakras, ensuite nous reprenons. Si tu médites correctement, les perturbations extérieures ne devraient pas t'interrompre, enseigne-t-il.

  Tsukinoko se remit en tailleur pour signer l’incantation du tigre et reposer son esprit. Derrière les arbres en lisière de la clairière, quelque chose qui grattait le sol la fit rire.

  - Y a des bébés sangliers dans la forêt, ils ont l'air mignons, murmure-t-elle.

  - Des marcassins, la corrige-t-il. Tu arrives à les sentir ?

  - Ouais, y en a quatre, avec leurs parents.

  - Que vois-tu d'autre ? demande-t-il curieux.

  Tous les animaux de la forêt, derrière sur l'autre terrain d'entra?nement une brigade de jeunes soldats motivés. Son aura émanait alors que ses cheveux se hérissent lentement. Plus ou moins facilement, Tsukinoko percevait presque tout Hanamaru, mais ne distinguait pas les gens, entremêlés dans des amas de chakra.

  - Tu sembles être dotée d'un bon sens sensoriel, comme un troisième ?il. Continue à t'exercer dessus, insiste-t-il.

  Dans la salle de travail personnelle du Chef, Tsukinoko était allongée sur les coussins au fond de l’estrade. Sans savoir le nombre d’heures qui s’étaient écoulées, elle se réveille lentement, brumeuse. Il travaillait sur la table basse devant elle, et pointe un plateau repas sur le c?té.

  La joue appuyée sur son épaule en machant, elle faisait trembler son écriture mais il ne dit rien, après qu’elle ait fait un malaise dans la matinée à force d’avoir puisé dans ses forces. Tsukinoko lui expliquait ce qu’elle avait réussi à distinguer, puis il repose son pinceau.

  - Tu es capable de percevoir le chakra à longue distance. Nous allons travailler sur une nouvelle technique dorénavant. Tu vas méditer pour arriver à mieux distinguer les éléments autour, chaque personne, chaque habitant.

  - D’accord ! s'écrie-t-elle motivée.

  Elle s’installe en tailleur derrière lui. Sans se déconcentrer malgré les allées et venues des soldats, les jours défilaient sans que la fatigue ne se fasse sentir grace à son état second. Petit à petit, chaque personne dans l'immeuble se distinguait des autres, capables d’être énumérées au Chef. Son périmètre de vision s’étendait, petit à petit.

  Dans la journée, Sh?d? vint pour discuter avec le Chef qui se terrait dans son bureau pour surveiller Tsukinoko, accompagnée de son assistante, Shizune, à peine plus agée que sa semblable.

  - C'est ma récente disciple, Tsukinoko, s'écrie le Chef. Elle travaille sur une technique de perception depuis quelques jours.

  - Intéressant, Furoggu avait raison en disant qu'elle a fait fondre ton c?ur, s'amuse Sh?d?. Elle a l’air épuisée. Mais depuis quand est-elle comme ?a ? insiste Sh?d?.

  - Cela va bient?t faire quatre jours, répond-il sans lever le nez.

  - Quatre jours d’affilé ? Sans pauses ?! crie-t-elle.

  - Ce n’est pas nécessaire, elle me dira lorsqu'elle en aura besoin.

  - Ohé gamine, arrête-toi et reviens !

  Tsukinoko n'arrivait plus à se concentrer alors que Sh?d? la secouait par l'épaule. Tsukinoko avait une mine affreuse, les lèvres gercées et les cernes noirs après n’avoir ni dormi, ni mangé pendant quatre jours. Sh?d? criait sur son ancien ma?tre ignare, feignant être arrivée à temps avant que le cerveau amateur de Tsukinoko ne lache.

  Tsukinoko reprit ses esprits, à l’h?pital et pleine de perfusions à nouveau. Anxieuse, Shizune la rassurait puis parti s’occuper des autres malades. Elle se reposa jusqu'à l'arrivée du Chef mais lui sauta dessus à peine entré.

  - J’ai réfléchi à cette technique pendant ton rétablissement. Je lui ai même trouvé un nom. Kenja no Daisan'nome.

  Le troisième ?il du Sage

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