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7. La première mission

  Le lendemain, Tsukinoko était arrivée à l'heure au lieu de rendez-vous avec sa nouvelle brigade, son brassard à la main. Un Adjudant accompagné de deux gar?ons de son age discutaient au milieu du terrain d’entra?nement.

  L'un avait les cheveux noirs ébouriffés et trois bandages sur le menton, habillé d’une tunique bleue sans manches et d’une écharpe blanche, l'autre avait un bonnet bleu marine avec la plaque de Hanamaru dessus, ses cheveux bruns mi longs en dépassaient, et un pull gris clair avec son haut qui recouvrait le bout de son menton.

  L'appréhension et la timidité la prenaient aux tripes, et elle se réfugie derrière un arbre en se rappelant la veille. L’adjudant aper?u Tsukinoko et la pointa du menton en parlant à ses élèves. Les moqueries ne manquèrent pas et Tsukinoko finit recroquevillée dans les buissons.

  Les rires s’arrêtèrent alors que l’adjudant était soudainement accroupi juste devant elle. Il avait une queue de cheval haute qui tenait ses cheveux noirs, une cicatrice sur le c?té gauche de son visage, des yeux noirs et un bouc, des boucles aux oreilles. Habillé d’un gilet sans manches en peau d'animal, mal taillé, porté par-dessus la veste militaire et d’un t-shirt en mailles.

  Il tente de la rassurer en lui tendant un brassard blanc flambant neuf, et elle esquisse un petit sourire avant de le nouer autour de la tête.

  - Le Chef m'a dit de te donner ceci, dit-il avant de retourner auprès des autres. Bon, nous allons chacun nous présenter ensuite vous allez me montrer vos progrès. Commence, dit-il à celui avec les bandages. Dis-nous ce que tu aimes, ce que tu n'aimes pas, et la technique que tu ma?trises.

  - Yo, moi c’est Hagane Takeshi. J'adore me reposer, j'aime pas travailler, et ma spécialité c'est les armes, dit-il en brandissant avec fierté ses kuna?s géants.

  - Moi c’est Kamizuki Mikio. J'adore la salade de radis blanc et les ?ufs ! Et ma spécialité c'est le Katana et le maniement de l’eau, ricane-t-il en checkant son ami.

  Ils se tournent vers Tsukinoko en attendant sa présentation, qui se mit à balbutier quelques mots inaudibles tout en se tordant les doigts de timidité.

  - T'as vu comment elle rougit, s'amuse Mikio, trop chou.

  - La ferme, soupire l’adjudant. Alors ? demande-t-il à Tsukinoko.

  - Moi c’est Tsukinoko, murmure-t-elle. J'aime dessiner, j'aime pas la guerre et... J’aime pas la guerre et ma spécialité c'est... Euh...

  - C'est quoi ? s’impatiente Takeshi sous son nez.

  - Deux secondes je choisis putain ! s'agace-t-elle en le repoussant. C'est les armes aussi !

  - Bon, coupe l’adjudant. Je suis Betto Shikaru, chef du clan Betto. J'aime m'occuper de mes cerfs et parier aux dés, et je n'aime pas les imbéciles, alors tenez-vous bien. Vous êtes ma première brigade de jeunes soldats depuis la grande guerre, et j’espère la dernière. Soyez sages, plus vite j'arrive à faire de vous des soldats plus vite je pourrais retourner à mon boulot tranquille, se vante-t-il. On manque d'effectifs depuis l’Attaque de Ky?me alors je suis bien obligé de répondre présent.

  Un Adjudant à l’esprit calme et raisonné, purement stratégique, précautionneusement choisi par le Chef.

  - ?a s'annonce bien... grimace Mikio.

  - Quelle motivation, lui lance Takeshi à voix basse. Il veut se débarrasser de nous pour être tranquille !

  - C’est vrai ? crie Tsukinoko en l'entendant. Pourquoi tu veux te débarrasser de nous ma?tre ?

  - Tais-toi, t’es bête ou quoi ?! s'affolent-ils.

  - Hein ?! se vexe-t-elle. C’est vous les imbéciles !

  Shikaru leur donne une tape sur la tête et le creux de leur tête résonne en s’entrechoquant, coupant court à leur querelle.

  - Comme je disais, ma spécialité c'est le maniement des ombres. Bref, aujourd'hui vous allez me montrer un peu ce que vous savez faire.

  Sans se faire prier, les gar?ons se lancent pour vanter leurs performances auprès de Shikaru, tandis que Tsukinoko restait en retrait. Les deux employaient une tactique combinée avec leurs armes, qui se solda par un échec. Quelques conseils leur furent donnés puis vint le tour de Tsukinoko. Intimidée devant les deux gar?ons qui semblaient si à l'aise, elle n’osait pas se lancer.

  - Tu as le droit d'utiliser tes techniques avec moi.

  - Enorme ! lance Takeshi alors qu’elle dégaine ses sabres qui sifflent l’air.

  Flattée, son grand sourire vantard intimide son camarade au point de le faire détourner le regard, les joues rouges d’embarras. Tsukinoko teste un peu Shikaru, puis opte pour une autre tactique.

  Elle range ses sabres, signe des incantations aléatoirement en feignant d’être lente, et alors qu’il surgit derrière elle comme prévu, son aura rayonne, chargée d’électricité. Shikaru dégage brusquement en comprenant sa ruse, après s’être pris un coup de jus dans le doigt.

  Les sabres à nouveau en main, Tsukinoko prend son élan mais se trouve subitement incapable de bouger davantage. L’ombre de Shikaru au sol s’étendait jusqu’à la sienne, reliées devant lui qui signait l’incantation du rat.

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  Un sourire en coin et le regard moqueur, Tsukinoko le narguait depuis qu’elle avait compris sa technique. Shikaru se prend au jeu et la provoque, mais elle glousse avec ironie. Avant qu'il ne puisse renchérir, son aura s'étend en deux bras qui foncent sur lui, s’arrêtant net devant ses yeux.

  - Si t'arrêtes ta technique pour esquiver je saute avec mes sabres, et si tu continues ta technique je t'électrocute avec mon aura ! Hein ? J'ai gagné ! crie-t-elle hilare, toujours ligotée.

  - Mais oui... ! s'étonne Mikio. C'est vrai que le chakra ne fait pas d'ombre !

  Shikaru ricane et se redresse. Mimant de lever les bras derrière la tête, Tsukinoko range alors ses sabres sous son emprise.

  - Pas tout à fait, car lorsque j'esquiverai ton attaque tu ne pourras toujours pas bouger, je contr?le tes mouvements comme tu peux le voir. Mais tu as de bonnes intuitions, continue-t-il.

  La nouvelle brigade reprit ainsi toute la matinée, le bin?me adeptes de l’eau était inséparable, Tsukinoko de son c?té. Juste avant midi, pour officialiser, un portrait de la brigade est pris pour figurer au registre du village.

  Takeshi en avait profité pour faire des oreilles de lapin à Tsukinoko, qui était alors partie sans les saluer, vexée, après que Shikaru leur ait donné quartier libre, ayant prétexté une affaire importante pour aller se reposer.

  L’après-midi entamée, Tsukinoko avait appelé Yukihyō au pied du camphrier pour partir en dehors du village, à l’abri des regards. Quelques branches de l’arbre lui avaient suffi pour tailler un arc de chasse la veille au soir.

  Au coucher du soleil, le félin était retourné au village avec plusieurs trophées sanglants dans la gueule. Le Chef les attendait au pied de l’arbre, le visage serré. Yukihyō s'arrête devant lui en le confrontant du regard, alors que Tsukinoko saute honteusement à terre.

  - Pardon Jījī... Mais regarde ! continue-t-elle en sentant la tension entre son ami et lui. On a attrapé tout ?a, glousse-t-elle en brandissant de pauvres faisans devant lui.

  - Tu me promets de ne plus sortir du village, Tsukinoko. Je te l'ai déjà dit, j'espère que je n'aurai pas à te le rappeler une troisième fois. Je suis déjà forcé de te faire surveiller à chaque instant.

  - Ouais ouais, marmonne-t-elle en faisant la moue. Tu me montres ce soir alors comment les cuisiner !

  Elle s'élance chez elle par les toits avec son gibier à la main et son arc dans l'autre. Le Chef tirait longuement sur sa pipe en observant sa silhouette sombre évoluer sur les toits, sous le ciel orangé, Yukihyō assis à c?té de lui.

  - Est-ce qu'elle se confie de temps en temps à vous et vos cousins ? demande enfin le Chef. J'espère qu'elle réussira à se faire des amis maintenant qu'elle est jeune soldat. Car même si elle ne me dit rien, je sens bien qu'elle souffre de sa solitude.

  Yukihyō soupire longuement. Son regard avait perdu de sa clarté malgré le feu du ciel qui s’y reflétait. Tsukinoko n’avait personne avait le Chef, que ses parents et les panthères.

  - Je suis optimiste, elle s'en sortira, elle tient à ce village. Malgré cela, aurais-je besoin de m'inquiéter ?

  - Que voulez-vous dire ? Ne lui avez-vous pas déjà imposé suffisamment de restrictions ?

  - J’ai repéré en elle un potentiel et des capacités que l'on ne voit que rarement. Mais à l'inverse, elle donne l'impression d'être capable de balayer tout un monde du revers de la main par pur caprice. Je ne sais comment vous l'expliquer. Je me retrouve contraint à la surveiller et la brider, principalement pour la protéger des autres et d’elle-même.

  Yukihyō observait Hanamaru, cherchant ses mots, avant d’esquisser un tendre mais discret sourire du coin de ses babines noiratres.

  - Vous n'avez pas besoin de vous inquiéter, Chef. Déjà depuis notre rencontre, lorsqu'elle avait à peine six ans, Tsukinoko a toujours eu un seul nindo, transmis par ses parents. La guerre, les conflits en tous genres sont des monstruosités impardonnables. Cependant, pour protéger ceux que l'on aime, pour protéger sa famille et ses amis, rien n’est interdit, tout sera mis en ?uvre pour qu'ils soient en sécurité. Hanamaru est sa famille désormais. Tsukinoko a toutes ces qualités car elle a un c?ur immense, impossible à corrompre ou à décourager.

  Le dernier rayon de soleil emporta derrière la forêt les songes du Chef. La panthère avait disparue. D’un pas serein, il descendit lentement les marches de l’étroit escalier sculpté contre la falaise, se remémorant les étapes de sa recette favorite de faisan farci.

  La première journée de travail de la brigade Shikaru finie, Tsukinoko fit un détour par la Résidence avant de rentrer. Plantée devant le bureau du Chef sans rien dire, le regard fixé au sol, il s'inquiétait de sa mine déconfite.

  Les premières missions de jeune soldats étaient d’un niveau simple, pour leur permettre de faire connaissance et découvrir le fonctionnement d'une mission de manière ludique.

  - Je m'en fiche, je veux plus en faire aucune du tout.

  - Pourquoi donc ?

  - On s’en fou, j’ai dit je veux plus en faire putain ! Les autres sont chiants, débiles, je veux pas être dans leur brigade de merde ! crie-t-elle.

  - Explique-moi, mon petit fauve.

  Le calme de sa voix raisonne Tsukinoko, qui soupire en s’affalant sur le haut bureau, la tête écrasée sur ses bras.

  - En fait ils se sont moqués de moi... Toute la journée. En fait, je m'en fiche, je veux juste rentrer chez moi de toute fa?on. Laisse tomber ton contrat, lance-t-elle subitement en tournant les talons. J'en ai marre de cet endroit.

  Avant qu’elle ne franchisse la porte, la fumée du tabac du Chef semble l’encercler et ce dernier l’interpelle fermement.

  - Si je pars putain ! crie-t-elle à nouveau. Je veux retourner chez moi et revoir mes parents ! Je suis s?re qu'ils sont vivants, ils m'ont pas abandonnée ! avoue-t-elle. Même s’ils ont des rides comme toi maintenant ! Je vais les retrouver et je-

  - Tu n’as plus de ? chez toi ?. Ta maison est détruite, où comptes-tu donc aller ?

  Touchée dans le mille, Tsukinoko restait interdite en le fusillant du regard, avant de détacher son brassard pour le jeter avec rage aux pieds du bureau. Le Chef douta un instant des paroles de Yukihyō, avant de comprendre que les objectifs de sa jeune disciple n’étaient pas ceux qu’il lui avait confiés.

  A bout de nerfs, elle n'arrivait plus à se retenir et les larmes dévalaient ses joues, le regard noir. D’un geste de la main, il l’appelle auprès de lui et elle capitule, avant de s’effondrer sur ses genoux.

  Soulagée par ses paroles réconfortantes mais le c?ur lourd, elle ne disait rien et se contentait d’enfouir son chagrin dans les fibres de son kimono. Elle ne pouvait partir, n'ayant nulle part d'autre où aller.

  Tant bien que mal, ils encha?nèrent ensemble les missions et les journées d'entra?nement, avec de rares querelles, mais finirent par se supporter. Au fur et à mesure, Tsukinoko prit confiance en elle et se montra de plus en plus assidue.

  Lorsqu'elle n'était pas avec sa brigade, elle allait voir le Chef et l'embêtait dans son travail en lui racontant ses missions. Il faisait mine de la chasser mais ne bronchait pas alors qu’elle s’asseyait en tailleur à ses pieds en continuant à bavasser. Un mois après leur première mission, la brigade se retrouva avec six missions de rang D, deux missions de rang C et une de rang B effectuées, grace aux capacités de Tsukinoko.

  Voie du ninja, code de conduite

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