Le port maritime au sud du pays était gigantesque comparé aux autres ports du littoral, sur cette presqu’?le frontière du sud du pays du Soleil. Tsukinoko déambulait entre les quais sur le dos de Yukihyō à la recherche du bateau qui l’emmènera jusqu’au pays de la Mer.
La mer d’huile reflétait les nuages, d’un bleu profond, qu’elle découvrait pour la première fois. Un jour et une nuit en mer plus tard, elle se précipita sur la terre ferme pour retrouver ses sens, baladée par la houle qui lui donnait la nausée.
L’?le Mère, la plus grande, abritait de nombreux marchés aux poissons et des commerces d’articles de pêche, ainsi que la capitale.
La police locale, commanditaire de la mission, re?u Tsukinoko avant de la rediriger vers les marins du port, supposés témoins des disparitions qui avaient eu lieu près de l'?le Aloe. Les familles des victimes n’apportèrent pas plus d’information, après avoir passé plusieurs jours à les interroger.
Tsukinoko d?na dans un restaurant et en profita pour récapituler les informations, mais aucun point commun ne pouvait s’établir entre les disparus, si ce n'est le lieu où cela s’était déroulé, l’?le Aloe, où plus personne n’osait y mettre les pieds.
L’?le Aloe était déserte, mais ses récifs riches en coraux en faisaient un lieu de pêche convoité par le pays de la Mer. Un vieux pêcheur gateux écoutait Tsukinoko se plaindre de bon matin, à moitié sénile.
- Cette ?le est maudite, tu devrais laisser tomber, plus personne n'ose y aller, dit-il enfin.
- Je dois découvrir pourquoi tout ?a se produit ! C'est pour ?a que je suis ici ! s'écrie-t-elle déterminée en lui montrant son brassard marqué de l’emblème de Hanamaru.
- Tu sais naviguer ? demande-t-il tout à coup.
- Ben nan ?
- Je t'aurais bien loué ma barque, mais tu n'atteindras jamais l'?le si tu ne sais pas comment naviguer. Et vu les rumeurs, rien ne garantit que tu en reviendras vivante.
- Sérieux ? se réjouit-elle. Apprends-moi à naviguer !
Le pêcheur hésita mais finit par céder, et la regarda partir au loin, debout sur le quai, avant de faire demi-tour en priant.
La cale de la barque raclait les récifs, accrochée à un des nombreux pontons abandonnés de l’?le Aloe. Tsukinoko s'engouffra dans l'?le mais n'y trouva personne, jusqu'à tomber sur une caverne. Elle sentit une atmosphère étrange à l’intérieur qui la poussa à s’y aventurer, lampe torche à la main.
Les murs devinrent semblables à un tunnel creusé, avant de déboucher sur une sorte de repaire. Elle fit des croquis de ses observations, jusqu’à arriver dans une pièce immense qui d?t servir de laboratoire. Une odeur nauséabonde emplit ses poumons et elle retint sa respiration, observant ce qui servait aux expérimentations, des tonnes de poissons, crustacés, des restes qui semblaient humains, au pire.
Plus loin, cachée dans les tunnels, une morgue enfermait des dizaines de corps démembrés, ab?més par des expériences dont on ne souhaitait pas conna?tre le procédé. Impassible mais tremblante, Tsukinoko sortit la liste des disparus, la plupart des corps présents correspondaient aux descriptions. Au vu de la situation, mieux valait noter les trouvailles à part du rapport qui sera remis au commanditaire.
Une fois à l’air libre, elle assimila ses découvertes, nauséeuse malgré qu’elle les pieds sur la terre ferme cette fois-ci. Derrière la grotte, de petites cabanes abandonnées étaient érigées parmi les arbres. Une puanteur s’échappa de la première, et Tsukinoko compris qu’elle se rapprochait du but.
L’odeur venait d’un cadavre, abandonné au milieu de la cabane vide. Il s’agissait d’un enfant, inconnu au registre. L'état de décomposition indiquait qu’il était décédé depuis plus d’une semaine. Une trace étrange sur sa nuque attira l’attention de Tsukinoko. Composée de deux ratures, Tsukinoko reproduisit la marque sur son carnet puis s'empressa de ressortir pour vomir, incapable de se retenir plus longtemps. Elle reprit son souffle à l'air libre puis referma la porte, pour aller inspecter les autres cabanes mais la même scène se répétait.
Tous des enfants, tous morts depuis un bon moment, la même marque griffée dans la nuque. Seule la dixième cabane était vide. N’ayant rien trouvé de plus et bouleversée par ses découvertes, Tsukinoko retourna par la plage jusqu'au ponton sous la lumière du coucher de soleil.
En chemin, des traces de pas reposaient sur le sable, à moitié balayées par la mer. Curieuse, elle les suivit jusqu'à tomber sur une fille de son age, agenouillée dans le sable face à la mer. Elle avait la peau bronzée, des yeux marron et des cheveux bruns plut?t courts, attachés en une queue de cheval. Un petit pendentif qui ressemblait à un croc de serpent ornait son cou, attaché par une épaisse corde. Mais la fille ne réagissait pas, en état de choc et tremblante de tout son corps. Tsukinoko s'accroupit auprès d’elle avant qu’elle s'évanouisse.
Les bouts de bois faisaient crépiter le feu sur la plage, réchauffant doucement la jeune fille installée dans le sac de couchage de Tsukinoko.
La fille possédait aussi une marque dans la nuque, la sienne palpitante et suintante. Sans faire de bruit, Tsukinoko avait doucement posé la main dessus, mais un violent ressenti la fit bondir en arrière, sur ses gardes tout à coup. La marque renfermait un chakra malfaisant, qui s’avérait alors être un sceau.
Sans attendre, elle se concentre pour le rompre, mais son esprit est envahi par la vision d’un homme à la peau aussi verte que la vase, visqueuse et froide comme un serpent. Sans résultat, elle retire sa main alors que la fille semblait reprendre ses esprits. Elle apprend à Tsukinoko venir d’Hanamaru.
- Hein ? s'étonne-t-elle. Qu'est-ce que tu fais là alors ?
- Je... Je sais plus, se lamente-t-elle. J'étais avec mon ma?tre, je l'aidais pour ses recherches mais je me rappelle plus rien...
- C'est qui ?
- Hebimaru.
Tsukinoko grimace, perplexe car il s’agissait d’un des anciens élèves du Chef, membre du trio légendaire. Elle lui sort un bol de riz et lui explique la raison de sa venue sans rentrer dans les détails. Toute l’?le avait été fouillée, et il n’y avait, presque, plus personne ici.
- Quoi ? Mon sensei serait pas parti sans moi ? s'afflige-t-elle.
Tsukinoko hausse les épaules en n'osant pas l'affirmer mais la fille se met à pleurer, dépitée, alors que Tsukinoko continue.
- J'allais rentrer demain au village, tu devrais venir si tu viens de Hanamaru. Peut-être qu’Hebimaru est rentré aussi. Vous faisiez quoi comme travail ?
- Je sais pas... Mais ?a me fait frissonner rien que d'y repenser, angoisse-t-elle.
- On part demain à l'aube, repose-toi cette nuit, ordonne-t-elle doucement. Au fait, tu t'appelles comment ?
- Mochi J?net... marmonne-t-elle. Et toi ?
- Tsukinoko, sourit-elle.
De retour sur l'?le principale, Tsukinoko avait rendu sa barque au vieux pêcheur qui n’avait pas su réagir, comme s’il était face à une résurrection. Un rapport sans résultat avait été remis aux autorités locales.
Après le voyage en mer, les félins appelés pour les escorter jusqu’à Hanamaru firent demi-tour à peine arrivés devant l’h?pital de Hanamaru, car la marque dans la nuque de J?net risquerait d'attirer l'attention. Tsukinoko l’invita chez elle, la laissa prendre une bonne douche puis lui prêta un pyjama. Mais la douleur dans son cou ne faiblissait pas et J?net se crispait en boule dans les draps.
Le Chef était dans son bureau officiel alors que Tsukinoko entre par la fenêtre en dérapant à quatre pattes sur le parquet. Sans s’interrompre dans son travail, habitué à son agitation, il allait la saluer mais elle pose brusquement son rapport sous son nez, le visage remplit de haine. Tsukinoko resta silencieuse jusqu'à ce que il finisse de lire, puis il leva les yeux d’un air perplexe.
- Tu n'as pas trouvé d'explications aux disparitions alors ?
- C’est le rapport que j’ai donné au commanditaire. Mais j’en ai un autre pour toi Jījī.
Le bureau se retrouve noyé sous les croquis, avec l’appareil photo, alors que Tsukinoko vidait son sac pour trouver le rapport destiné au Chef.
- Tu as fait autant d’observations ?
- Ah oui non, glousse-t-elle, j’ai pris trop de photos souvenir sur le port alors j’ai d? tout dessiner. Tiens !
Son visage se crispait de plus en plus en lisant, en même temps qu’il épluchait ses croquis glauques.
Le regard fixé au plafond sur les Agents de la Colonies dissimulés dans les combles, Tsukinoko ne souhaitait pas parler devant eux pour protéger J?net mais le Chef la rassure. Elle sort alors le portrait de l’humano?de serpent terrifiant qu'elle avait dessiné d'après ses visions.
- Et bien, cela ressemble à Hebimaru, dit-il en plissant les yeux.
- Comment... Tu sais où il est ?! crie-t-elle révoltée. Il est ici ?!
- Oui, s'étonne-t-il. Il est revenu il y a quelques jours, juste après ton départ. Qu’a-t-il à voir là-dedans ?
- Il est pas clair Jījī, il a abandonné son élève sur une des ?les ! Et je crois qu'il lui a mis une espèce de sceau ! crie-t-elle en tapant du poing sur la table. Il était sur l’?le tout ce temps, c’était son laboratoire !
- De quel élève-
- L'?le où y a toutes les disparitions ! J'ai trouvé un village abandonné là-bas mais il y avait plus personne à part la morgue avec les disparus, et les neuf enfants. Regarde !
Elle glisse les portraits des enfants qu'elle avait esquissé sous son nez et le Chef les regarde un par un, avant d’appeler un Agents de la Colonie qui saute du plafond. C'était celui aux cheveux gris et au masque aux motifs rouges, de la garde personnelle du Chef. Il analyse les croquis puis demande à Tsukinoko.
- Quel age ont-ils ?
- Avaient, reprend-elle durement. Entre onze et douze ans je dirais. Ils étaient tous morts, dit-elle gravement, depuis deux semaines maintenant.
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- Chef, vous pensez qu'ils correspondent aux rumeurs d'expérimentations ?
- Quelles rumeurs ? Jījī c'est pas tout ! crie-t-elle en sortant le croquis de la marque. Ils dégageaient quelque chose de bizarre, en plus de l'odeur... Ils avaient tous cette marque dans le cou ! Elle fout les jetons, même s'ils sont morts ! Et la fille aussi ! Mais elle est en vie, mais elle souffre vraiment, s'inquiète-t-elle. Et elle a dit qu'elle était sur cette ?le avec Hebimaru, son ma?tre, qu'il a d? l'abandonner là, mais elle se rappelle rien, on dirait qu'elle a perdu la mémoire, elle est choquée, et-
- Doucement mon petit.
Le Chef réfléchit un instant, perturbé devant cette marque familière, puis souffle sa fumée avant de répondre.
- Qui est-elle ?
- J?net Mochi, mais elle se sent pas bien Jījī ! Il faut la soigner et-
- Impossible, s'étonne-t-il. Hebimaru a dit qu'elle avait péri il y a quelques semaines. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? reprend-il gravement en analysant le croquis de la marque.
Le Chef lève les yeux un instant et l'autre agent de la Colonie descend au garde à vous devant lui, puis il se tourne tout à coup vers Tsukinoko.
- La vision que tu as eu d'Hebimaru, d'où vient-elle ? Tu ne l'as jamais rencontré. Comment peux-tu affirmer qu’il soit lié à tout ?a ? était-il sur l’?le ?
Tsukinoko lui expliqua alors ce qu’elle avait ressenti en tentant de rompre le sceau de J?net, ce qui fit bondir Haruo de sa chaise.
- Prévenez le Conseil, Furoggu et Sh?d? ! Et préparez la salle d'interrogatoire, crie-t-il brusquement. Cette histoire est confidentielle tant qu'elle n'est pas élucidée. Le pays c?tier ne doit strictement rien en savoir !
- A vos ordres, obéissent les Agents de la Colonie.
- J’aurais d? envoyer une escouade de la Colonie sur cette mission, si j’avais su j’aurais demandé des observations supplémentaires, réfléchit-il. Tsukinoko, tu ne dois parler de cette histoire à personne. Et va chercher J?net Mochi, ordonne-t-il. Elle est chez toi, n'est-ce pas ? Je vous attends toutes les deux ici, sois discrète avec elle. Tu n'as pas trouvé de traces d'Hebimaru sur l'?le ?
- Nan, tout a été effacé, Mais toutes les affaires étaient encore là, du coup j’ai deviné que c’était lui comme elle a dit qu'elle était là-bas depuis un moment avec lui, hausse-t-elle les épaules. Tu savais pas Jījī ?
- Je n’en savais rien, soupire-t-il. Mochi J?net est partie quelques mois après l'Attaque de Ky?me avec Hebimaru pour l'accompagner dans ses recherches. Tu as bien fait de m'en parler directement. Bon travail mon petit, dépêche-toi.
Dans le sous-sol du Centre de recherches, au milieu de la salle d'interrogatoire, J?net était attachée sur une chaise. L’interrogatoire ne menait à rien et J?net f?t rendormie de force jusqu'à l'arrivée de Sh?d?, craignant une réaction de son étrange marque. Le Chef quitte alors la pièce mais Tsukinoko ne le lachait pas d'une semelle jusqu’à la Résidence en le harcelant de questions.
- Tu m'as dit tout ce que tu savais ? demande-t-il fermement au bout d'un moment. Sh?d? va la garder sous surveillance quelques jours. La marque que tu as vue est une des expérimentations d'Hebimaru. Son travail commence à prendre des tournures inquiétantes. Cette histoire avec J?net et ces enfants n'est pas normale, s'agace-t-il. Mon petit, tu dois garder ?a-
- Ouais je sais, dit-elle en mimant qu'elle zippe sa bouche.
La marque maudite d’Hebimaru. Seul l’invocateur du sceau pouvait le briser. J?net devra alors faire preuve de patience et courage pour arriver à dominer la marque, n’ayant pas d’autre choix.
Le Chef était retourné à son bureau, où l’y attendaient le Commandant des forces spéciales, un Agent de la Colonie portant une cape beige et un masque d'ours aux traits violets, et Sagi. A peine fait-il un pas à l’intérieur que Tsukinoko se trouvait assise sur son bureau, les bras croisés. Il marque une pause avant de rejoindre Tsukinoko puis reprend.
- Tsukinoko va surveiller les faits et gestes d'Hebimaru pendant les prochains jours. Ta technique doit être au point maintenant, c'est le moment de l'essayer en conditions réelles, lui dit-il.
Tsukinoko était résolue à découvrir ce que mijotait Hebimaru, furieuse qu'il ait abandonné J?net. Avalant tout un paquet de biscuits en même temps qu’elle s’étire, elle écoutait d’une oreille Sagi se plaindre.
- Chef Haruo, êtes-vous s?r ? C'est un travail d'agent spécial, insiste le Commandant.
- Vous attendrez son signal.
Dans son coin, Tsukinoko imprégnait un shuriken de son chakra avant de le donner au Chef.
- Es-tu s?r, Haruo ? insiste Sagi. J'exige de comprendre comment elle compte s'y prendre, nous ne pouvons risquer qu'Hebimaru s'en sorte à cause de l'incompétence d'une enfant.
- Tsukinoko a toutes les compétences requises avec sa technique, Kenja no Daisan'nome. Elle n’a jamais rencontré Hebimaru, c’est un atout que nous ne pouvons pas ignorer, il ne la suspectera jamais.
Elle tire la langue aux deux autres, mais alors qu'elle allait partir le Chef l’arrête, pipe en bouche.
- Tsukinoko, le Conseiller demande que tu lui expliques ta technique.
- Bon... soupire-t-elle. Je malaxe mon chakra comme si je méditais avec mon aura pour augmenter mes capacités sensorielles, s'écrie-t-elle d'un air terriblement lassé, et je peux renfermer mon chakra dans un objet et quand je médite ?a me permet de faire passer des messages avec. Voilà.
- Comment ? insiste-t-il.
- Mon chakra enfermé va résonner avec le mien, si je le perturbe volontairement alors l'objet va aussi être perturbé, continue-t-elle du même ton.
Elle pointe du doigt le shuriken sur le bureau puis signe l’incantation du tigre en faisant émaner son aura. Son aura vibre dans l’air, provoquant un éclat clignotant au même rythme autour du shuriken.
- Selon l'intensité de la perturbation et la fréquence j'ai pu créer tout un code pour communiquer à distance. Des questions ? s'écrie-t-elle hautainement.
- Donne-leur-en un aussi. S'il y a une vibration toutes les 0,5 secondes, c'est en cas de danger imminent car elle est repérée, toutes les 1 secondes si la cible lui échappe, et toutes les 2 secondes lorsqu'elle aura fini et pourra fournir son rapport. Gardez-les sur vous et restez prêts à réagir avec vos hommes en cas de complications.
- Intéressant. Ta disciple a l'air plus prometteuse qu'il n'y para?t, s’exclame Sagi.
Tsukinoko grimace, vexée, et saute debout sur le bureau. Mais le Chef l’interrompt encore une fois alors qu’elle prenait son élan.
- N'oublie pas de faire une pause toutes les trois nuits, au plus.
- Je sais, souffle-t-elle. A plus !
Elle s'accroche au cadran de la fenêtre pour se balancer en l'air et atterri sur le toit de la Résidence, avant de dispara?tre dans l’Académie adjacente. Prête à méditer jour et nuit, puisant dans ses capacités de concentrations qui se révélaient pertinentes, lorsqu’elle le voulait.
Assise en tailleur au centre de la petite conciergerie poussiéreuse, Tsukinoko souffle un grand coup. Son chakra s’élève, comme la flamme d’une bougie. Petit à petit, différents chakra étaient ressentis autour d’elle. Les élèves sortant de l'Académie, les professeurs finissant leur travail, les parents ouvrant grand les bras pour accueillir leurs enfants, Sagi descendant tranquillement les escaliers en sa direction.
Il fit discrètement glisser la cloison, planqué derrière pour observer Tsukinoko. Sa présence la perturbait et elle électrise son aura juste devant lui. Le claquement des petites décharges le fait reculer, puis il finit par dispara?tre.
Quelques minutes plus tard, Hebimaru est enfin repéré. Il était dans les laboratoires de l'Académie. Son essence la fait frissonner de dégo?t, glace son sang. Sa peau devint poisseuse, verdatre, et des sifflements envahissent la pièce, comme si elle était remplie de serpents. Tsukinoko rouvre brusquement les yeux, caressant ses bras pour se réchauffer un instant avant de reprendre, seule. Hebimaru était surveillé, nuit et jour, ainsi que le moindre agissement suspect dans le village par la Colonie.
Alors que la nuit tombe une seconde fois, Hebimaru sorti du laboratoire mais emprunta un chemin différent, tout en effa?ant ses traces sur la route. Il pénétra finalement sur le terrain de la mort, s'engouffra dans le creux d'un arbre gigantesque puis disparu subitement. Impossible de retrouver sa trace, la cachette devait être scellée ou protégée.
Il ne ressortit qu’à l'aube, directement au-delà de l’enceinte du village. De faibles traces avec lui appartenaient à plusieurs personnes qui, jusqu’à ce qu’un serpent gigantesque soit invoqué pour les dévorer, sans en laisser une miette. Tsukinoko cr?t se tromper, il ne pouvait s’agir d’êtres humains. Hebimaru retourna le soir-même dans son repaire caché, et Tsukinoko, à bout de forces, fit vibrer son aura.
Quelques minutes plus tard, le Chef, Sagi et le Commandant la rejoignirent, accompagnés d’un quatrième enquêteur, Furoggu. Tsukinoko murmurait ses explications, les autres tendaient l’oreille, puis le Chef se relève avec un air grave sur le visage.
- Bien. ?a suffira mon petit, dit-il en lui donnant de l’eau fra?che.
Son aura se dissipe et ses cheveux retombent, et elle se dégourdit lentement les jambes avant de rouvrir les yeux.
- Je meurs de faim... Jījī ?
Le Chef fixait la sol. La colère se lisait sur son visage, et Tsukinoko vide la bouteille d'une traite en attendant qu'il réagisse. Sans dire un mot, il s’en va à grands pas dans le couloir, suivi des autres. Tsukinoko se relève en titubant mais Furoggu l’attrape dans ses bras avant qu’elle ne chute. Le Chef s’arrête enfin sur le toit de la Résidence et fait demi-tour jusqu’à Tsukinoko, suffocante de fatigue à terre.
- Sais-tu qui étaient ces traces que tu as senti ? demande Furoggu.
- Attendez, ne faisons pas de conclusions hatives !
Tsukinoko se tourne lentement, engourdie. Sh?d? les avait rejoints et lui demande de réexpliquer ses observations.
- Les traces que tu as vu sont peut-être des marqueurs cellulaires, comme des cellules de peau laissées après une poignée de main, explique-t-elle. Les cellules humaines ne survivent pas plus de quelques minutes en dehors du corps humain, tu n'aurais donc pas pu percevoir de chakra sans une personne entière avec elles ou immédiatement après son passage. Cependant, certaines cellules peuvent survivre dans le corps même après la mort, pour quelques heures. C'est la seule fa?on d'expliquer ces traces que tu as vu. à quoi ressemblaient-elles ?
- Euh... Il y avait presque rien, c’étaient plusieurs paquets qu'il avait avec lui puis il les a laissés là, par terre, murmure-t-elle en commen?ant à réaliser. ?a ressemblait à... Des amas de microscopiques étoiles de mer ?
- Comme des nerfs cérébraux ?
Tsukinoko n'osait l’affirmer, épouvantée devant l'évidence. Elle lève les yeux vers Sh?d? qui lit dans son regard.
- Comment peut-il... marmonne-t-elle révoltée. Tu n'as vu personne d'autre entrer ou sortir de cette cachette ?! Qui sait depuis quand sont-ils enfermés ! crie-t-elle.
- Il est allé trop loin. C’est assez ! ordonne Haruo révolté. Sh?d?, dit-il en pointant du menton Tsukinoko.
Rejoint par une unité d’agents spéciaux, il redescend dans la Résidence sans attendre. Tsukinoko s’était relevée pour le suivre, indignée, mais après avoir passé trois jours sans manger, ni boire, ni dormir, Sh?d? la rattrape à temps alors qu’elle s’évanouit.
Tsukinoko se réveille dans la pièce de travail du Chef, fermée à clef et fenêtres verrouillées, sans pouvoir juger du temps qui s’était écoulé. Sans attendre, elle force la serrure. Il était dans son armurerie, au dernier étage de la Résidence, et tourne la tête en entendant Tsukinoko reprendre son souffle sur le palier.
- Tu iras te reposer dans mes appartements cette nuit, dit-il en enlevant son haori. Ren va assurer ta protection. Je suis fier de toi, dit-il après une pause, tu as été d'une aide précieuse dans cette affaire. Tu as fait preuve de sérieux et de ténacité.
- Et maintenant ? On va où ? demande-t-elle sans attendre.
- Je dois discuter avec Hebimaru. Garde un ?il sur la petite J?net en attendant, ici, d’accord ? dit-il doucement en allant pour se changer derrière le paravent.
- Discuter ? grimace-t-elle en se tournant dos à lui. Dans ta tenue de combat ? C'est grave ce qu'il a fait, hein ? dit-elle tristement. De l'abandonner là-bas et dire qu'elle était morte, puis les enfants et les traces de vie... Tu crois qu'il a vraiment tué des gens ? C’était son laboratoire ? Tu vas l'arrêter ?
- Mon petit fauve, soupire-t-il. Je vais d'abord lui demander des explications sur les informations que nous avons.
- Pourquoi tu mets ton armure alors ?
Il ne lui répondit pas et continua à se préparer, puis elle jette un coup d'?il alors qu'il ressort du paravent dans son ensemble noir par-dessous ses protections de combat.
- Ren t’attend, dépêche-toi. Cette histoire ne te concerne plus, tu n’es pas autorisée à en savoir plus.
- Il est dangereux, laisse-moi venir avec toi Jījī ! C'est un monstre, il doit pas rester ici ! Et il va payer pour ce qu'il a fait à J?net ! crie-t-elle furieuse. Il-
- Nous sommes prêts, Chef.
Tsukinoko avait été coupée par trois Agent de la Colonie dans le couloir, apparus sans faire de bruit. Elle est étonnée de retrouver celui aux cheveux gris, alors que son collègue la dévisageait derrière son masque.
- Chef, cette enfant est avec vous ? Avez-vous besoin que je la ramène chez elle avant d'y aller ?
- Tsukinoko loge ici le temps que nous nous occupions de cette affaire.
- Tsukinoko... ? se répète-t-il peu s?r d’avoir bien entendu.
- Sa disciple, lui souffle le gris.
- Tsukinoko ! s'étonne-t-il. Vu ce que tu m’as dit je pensais pas que c'était une gamine, cette Tsukinoko, lui glisse-t-il.
- Tsukinoko, Tsukinoko, tu veux encore le répéter imbécile ? crie-t-elle en croisant les bras.
- Ohé, tu-
- Quoi ?! J'ai qu'une envie c'est d'y aller, j'ai juste à te briser les chevilles et j'irai à ta place alors me cherche pas ! menace-t-elle.
Le Chef ricane dans sa barbe en sortant fin prêt.
- Respecte tes supérieurs.
Il la calme en posant la main sur sa tête alors qu'elle avait sorti son aura pour immobiliser la Colonie, qui n'osait pas riposter contre la disciple du Chef.
- Vous ne deviez pas récolter puis effacer tous les éléments de cette affaire de son esprit ? lance discrètement un agent au Chef.
- Ce n’est pas nécessaire. Elle est déjà assez choquée, je ne veux pas la contraindre à cette intervention.
Tsukinoko restait collée à la rambarde, suivant des yeux les silhouettes du groupe qui cavalaient sur les tuiles. Ren la rejoignit avec un repas chaud, et lui avoua que J?net était une connaissance, soulagé de la savoir vivante et en ce moment-même avec les médecins. Selon lui, Le Chef voulut effacer sa mémoire pour son propre bien, car certaines histoires sont bien plus sombres et violentes qu’on ne le pense.